15 Déc Philippe Cibois, président de 2009 à 2011
Philippe Cibois a réuni sur son site personnel différents documents relatifs à l’histoire de l’AFS, dans la rubrique « Matériaux pour l’histoire de l’AFS« . En complément, il propose ici un « rapport d’activité » de ses années en tant que président de l’association.
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Élu à la présidence de l’AFS par l’Assemblée générale en 2009, j’envoie une lettre en juin 2009 qui indique le programme sur lequel je m’étais présenté et qui donne la liste des membres du comité exécutif :
« Depuis la création de l’AFS, les présidences successives ont mis l’accent sur la nécessité de participer aux colloques et congrès internationaux. Ce que je voudrais souligner est que cette participation ne se fera pas par injonction mais sera la conséquence d’une manière de faire la sociologie qui a changé depuis les années 80. En effet, à cette époque, la sociologie française se voyait portée en avant par des maitres prestigieux. Certains ont pu penser alors que ce qui se faisait en dehors de la France comme sociologie n’était qu’adaptation au plan local de concepts que la sociologie française avait conçus (ou revisités).
Ces temps sont révolus, la sociologie est mondiale comme le reste de la science, et faire de la recherche ou la mettre en œuvre, c’est d’abord être au courant de ce qui se fait ailleurs, dans le monde entier. Les divisions sont thématiques, non régionales et la lecture de revues et de livres dans d’autres langues que le français est la première étape avant d’aller dans des rencontres internationales.
La deuxième étape est de produire des textes en anglais de communication internationale (ou globish) et de s’insérer dans des réseaux internationaux où nos pairs, ceux dont nous recherchons l’estime, ne sont pas les collègues de l’université où les anciens d’une École prestigieuse, mais tous ceux qui cherchent dans le même domaine que nous, aussi éloignés soient-ils géographiquement, mais maintenant à portée d’un courrier électronique.
L’AFS est maintenant en ordre de marche pour continuer sa tâche : les réseaux thématiques ont pour la plupart renouvelés leurs responsables lors du congrès d’avril dernier et l’AFS les aidera à aller de l’avant. Le Comité exécutif nouvellement élu s’est réuni et s’est distribué les tâches à accomplir : vous trouverez en annexe de cette lettre la liste des responsabilités qui ont été réparties et les groupes de travail qui se sont constitués.
Répartition des responsabilités à l’intérieur du Comité exécutif élu le 16 avril 2009 :
Jérôme Berthaut, relations avec la presse, Isabelle Bourgeois, CASP, Comité d’Action Sociologie Professionnelle, Sylvie Célérier, Réseaux thématiques, Philippe Cibois, présidence, Lise Demailly, Socio-logos, Sylvia Girel, information doctorants et jeunes docteurs, Pierre Lenel, OFIS, Observatoire du Fonctionnement des Institutions de la Sociologie, Claude Martin, vice-présidence, international, Olivier Martin, trésorerie, Odile Piriou, Observatoire du Fonctionnement des Institutions de la Sociologie Ariel Sevilla, secrétariat général. »
Crise au CNU 19e section
Dès octobre suivant nous sommes confrontés à la crise du CNU 19 où un certain nombre d’autopromotions ont été jugées scandaleuses par des membres de la commission qui ont démissionné. Une réunion du 19 octobre avec l’ASES aboutit au communiqué suivant signé également par l’ensemble des organisations syndicales :
La rencontre organisée le 16 octobre 2009 à l’initiative de l’AFS et de l’ASES a permis de prendre toute la mesure de la crise que traverse actuellement la 19e section du CNU. De fait cette section ne peut plus fonctionner aujourd’hui alors même que va s’ouvrir la campagne de qualification des MCF et Pr. Il s’agit d’urgence de redonner à la section les moyens d’assurer ses missions. Les organisations soussignées soutiennent les démissionnaires et appellent les membres restants à démissionner immédiatement. Elles demandent au ministère d’examiner avec leur concours les conditions du renouvellement complet de la section.
Le Ministère contacté rejette le scénario d’une dissolution suivi d’élections spécifiques pour la section 19 et n’envisage qu’une cooptation. Cette procédure est envisagée par l’AFS, l’ASES ne s’y associant pas. Elle se fit sous forme d’un appel aux volontaires dont certains furent nommés par le Ministère et d’autres cooptés. La session put se poursuivre mais la communauté des sociologues avait marqué par le geste fort des démissions le refus de pratiques d’auto-promotions.
Cette décision a divisé le CE : certains ont noté que c’était la politique à suivre dans la mesure où cela a permis d’assurer le déroulement des qualifications, d’autres pensent que l’AFS en la personne de son Président s’est isolée des syndicats et de l’ASES, et que l’initiative qui en a résulté a débouché sur une relégitimation d’un CNU qui demeure discrédité dans la réalité de sa composition.
Le premier mars 2011, le Sgen, le Snesup, l’Ases et l’Afs décideront de faire une liste commune pour le renouvellement du CNU.
Les rapports avec l’APSES
Le projet des programmes de Sciences économiques et sociales proposés par le Ministère pour la Seconde (et signé d’un certain Jean-Michel Blanquer, Directeur général de l’enseignement scolaire) sous forme d’Enseignements exploratoires pose beaucoup de problèmes à l’APSES qui souhaite l’aide de l’AFS pour que la socio, ses méthodes spécifiques et sa méthodologie puissent faire partie de cette initiation.
Le 16 juin 2010, après discussion sur deux textes, le CE soutien à l’unanimité que dans le projet du Ministère pour la classe de première : « la pluralité des paradigmes théoriques est mise à mal, dans un programme qui fait la part belle aux démarches issues de l’individualisme méthodologique, au détriment des autres traditions de la sociologie contemporaine. Pour toutes ces raisons, le comité exécutif de l’AFS demande au groupe d’experts réuni auprès du Ministre de l’Éducation Nationale de reprendre sa copie, en s’inspirant notamment des propositions formulées par l’APSES qui répondent de manière beaucoup plus réaliste aux objectifs fixés aux enseignements de SES de la classe de première, tant en matière de préparation aux études post-baccalauréat qu’en matière de formation citoyenne ».
Le Congrès de Grenoble
Le 10 et 11 juin 2010 Sylvie Célérier, Philippe Cibois et Ariel Sevilla se sont rendus à Grenoble pour visiter le campus universitaire, connaître les installations mises à disposition de l’AFS en vue du prochain congrès et prendre un premier contact avec l’équipe locale et les autorités de l’université.
Le 24 janvier 2011, une réunion avec les responsables des RT-GT finalise l’organisation du Congrès qui aura lieu à Grenoble du 5 au 8 juillet 2011: l’ouverture du Congrès sera faite par Andrew Abott (Université de Chicago), la matinée suivante sera consacrée à des États généraux de la discipline, les deux dernières matinées à des semi-plénières, chaque RT-GT pouvant organiser sept sessions (l’usage des posters est recommandé s’il y a beaucoup de contributions). Sont également précisés les tarifs et les délais d’inscription.
Le Congrès se déroule effectivement du 5 au 8 juillet : son thème est « Création et Innovation ».
Le nombre des participants a été de 1 469 dont 117 invités (intervenants à une séance semi-plénière ou membres du Comité exécutif de l’Association Internationale de Sociologie), 468 doctorants ou post-doctorants auxquels un tarif réduit a été proposé et 884 inscrits au tarif normal.
On peut suivre son déroulement sur le volume du Congrès remis à chaque participant disponible ici sous forme d’un PDF. On trouvera ci-dessous les points marquants du Congrès en plus des semi-plénières et des contributions dans les RT-GT.
Mardi 5 juillet, séance d’ouverture, « Savoirs : quels critères pour les sciences sociales », conférence d’ouverture d’Andrew Abbott (Professeur de sociologie, Université de Chicago) :
Résumé : Comment définir des critères qui favorisent la connaissance et les échanges entre les savoirs ? Il semble désormais évident, et ce depuis longtemps, que la cumulativité ne peut être un critère central pour les sciences sociales. Bien que les connaissances puissent croître à l’intérieur de paradigmes locaux, et que des synthèses partielles puissent y être réalisées, ces cumulations locales se heurtent toujours à d’autres résultats eux-mêmes cumulés mais dont les présupposés sont très différents. Dans cette conférence, je présente un nombre des critères alternatifs pour étudier le processus de connaissance : esthétique, nouveauté, plénitude, pouvoir opératoire, élégance scientifique, etc. Je distingue entre les critères relatifs aux travaux individuels et les critères relatifs au processus collectif de création de connaissance. J’analyse la question de l’excellence diachronique et le défi qu’elle pose aux critères de l’excellence synchronique. Enfin, je distingue les critères relatifs aux résultats de la connaissance et ceux qui évaluent les processus de connaissance (le savoir comme nom ou comme gérondif). In fine, je conclus en montrant qu’aucune question n’est résolue, sinon celle, centrale, de l’importance desdits critères.
Ce même mardi en soirée un cocktail est offert par la ville à l’Hôtel de ville de Grenoble : Andrew Abott et le Président de l’AFS sont faits citoyens d’honneur de la Ville par Michel Destot, Député-Maire de Grenoble.
Le Mercredi 6 juillet : repas traditionnel des responsables de RT-GT à un restaurant sur le site de La Bastille.
Jeudi 7 dans l’après-midi : assemblée générale de l’AFS au cours duquel est élu le nouveau Comité exécutif : Alex Alber, Jérôme Berthaut, Anne Bory, Isabelle Bourgeois, Philippe Coulangeon, Bruno Cousin, Lise Demailly, Didier Demazière, Marie Doga, Dan Ferrand-Bechmann, Florent Gaudez, Solenne Jouanneau, Prisca Kergoat, Yvon Lamy, Frédéric Lebaron, Pierre Lénel, Iris Loffeier, Frédéric Neyrat, Odile Piriou, Romain Pudal, Delphine Serre, Ariel Sevilla. Comme je ne souhaitais pas me représenter, Didier Demazière fut élu président.
Il ne me reste plus qu’à remercier Sylvie Célérier qui a organisé pendant ces deux ans tout ce qui concerne les RT-GT et Florent Gaudez qui en tant que membre du CE et professeur à Grenoble a assuré le lien avec l’Université Pierre-Mendès-France et son département Sciences sociales & humaines.
J’ajouterais enfin un salut à Haby Doumbia, fidèle secrétaire de l’AFS présente à Grenoble et à Cyril Brizard, doctorant de sociologie, qui fut le responsable efficace de l’équipe locale des étudiants qui permit au Congrès de fonctionner. Il sortit vite de son statut de doctorant puisque le lendemain de la fin du Congrès, j’assistais à la soutenance de sa thèse « Le monde du métal symphonique : vers une sociologie de l’œuvre comme création continuée, l’exemple de Nightwish » qui lui valut les félicitations du jury.