AAC RT35 “Sociologie des mondes associatifs” - Congrès 2025 de l'AFS
Appel à communication du RT35 “Sociologie des mondes associatifs”
11ème congrès de l’AFS « Environnement(s) et inégalités », Toulouse, 8 au 11 juillet 2025
Le 11e congrès de l’AFS porte sur le lien entre “inégalités” et “environnement(s)”, ce deuxième terme étant entendu de façon large et plurielle. Le RT35 a ainsi choisi de mettre l’accent sur trois de ses acceptions - nature, environnement professionnel, environnement politique et institutionnel, autour desquels s’articulent les trois axes de cet appel :
Axe 1 : Les associations face à la crise écologique
Axe 2 : Les groupes professionnels associatifs à l’épreuve des inégalités environnementales (session croisée avec le RT1)
Axe 3 : Les associations aux prises avec leur environnement institutionnel et politique
Les propositions de communication devront préciser l’axe ou les axes dans le(s)quel(s) elles s’inscrivent. D’une longueur d’environ 3 000 signes (max 3 500), elles doivent être déposées sur le site de l’AFS avant le 15 janvier 2025. Les communications retenues s’appuieront sur un travail empirique (enquête de terrain, archives, statistiques, etc.), feront état des méthodes mobilisées ainsi que d’une problématique claire. Elles pourront interroger les phénomènes observés à des échelles locales, nationales et/ou internationales (quel que soit l’axe choisi).
Les propositions font l’objet d’une évaluation anonyme par au moins deux lecteur·trices (membres du RT35 ou membres extérieurs sollicités pour leur expertise).
Axe 1 : Les associations face à la crise écologique
Monde associatif et écologie semblent aller de pair : les acteur·trices associatif·ves ne sont-iels pas animé·es par la vertu et les associations n'ont-elles pas depuis toujours l’ambition de construire un monde meilleur ? Les associations semblent alors être des actrices toutes désignées de la lutte contre le dérèglement climatique. Ce premier axe vise à interroger cette apparente évidence, mais aussi à questionner les modalités de la prise en charge de cette cause en lien avec les inégalités sociales et économiques.
Les associations et la “crise écologique” comme problème public
Les communications permettant de retracer l’histoire et l’état actuel de l’appropriation des enjeux écologiques par les acteur·trices associatif·ves sont donc bienvenues. Il pourra s’agir d’interroger le rôle du monde associatif dans la construction de l’écologie comme problème public, en lien avec les sphères médiatiques, économiques et politiques : les associations jouent-elles un rôle moteur à ce sujet ou bien sont-elles le réceptacle de transformations qui adviennent d’abord ailleurs ? Cette interrogation résonne alors avec le débat autour de l’instrumentalisation du monde associatif, par la puissance publique (Cottin Marx et al, 2017) ou les acteurs privés (Bory, 2008), dans le contexte du néolibéralisme (Hély, Simonet, 2024), qu’on peut ici qualifier de “greenwashing”. Les communications peuvent porter sur des associations explicitement mobilisées sur ces enjeux (Greenpeace, Extinction Rébellion, associations de protection des animaux), mais également sur des structures ou acteur·trices associatif·ves qui participent à la construction de ce problème public de façon plus discrète ou indirecte, par exemple par le biais de la promotion de certaines pratiques alimentaires ou de consommation (ressourceries, biocoop, etc.) (Madon, 2024).
Associations et (dé)politisation des enjeux environnementaux
Dans cette même perspective, les réflexions autour des modalités de (dé)politisation des enjeux écologiques et climatiques (Comby, 2015) dans et par le monde associatif (Beurois, 2022) seront particulièrement appréciées : quel(s) diagnostic(s) sur les causes de la crise climatique sont véhiculé(s) dans et par le monde associatif ? Quelle(s) solution(s) sont alors préconisée(s), de l’injonction individuelle aux “petits gestes” à l’organisation collective en vue de “soulèvements de la terre”, en passant par l’appel à la “prise de conscience” des gouvernants ou des individus ? Quelle place est faite aux enjeux d’inégalités face à la crise écologique dans ces argumentaires ? Les communications pourront porter sur les ressorts des luttes internes au monde associatif sur ces enjeux. Elles peuvent aussi viser à documenter les évolutions de ces représentations et argumentaires, en lien avec la progression de la crise climatique et l’inaction étatique, et analyser la façon dont les notions d’“urgence”, de “catastrophe” les travaillent.
Transformations structurelles des associations à l’aune des enjeux environnementaux
Enfin, il s’agira de se pencher sur les transformations plus générales des pratiques associatives à l’aune de la lutte contre la crise écologique : quelle place est faite à ces enjeux à l’échelle organisationnelle et dans les pratiques quotidiennes des associations, qu’elles soient ou non spécialisées sur cette thématique. Comment cet enjeu y est-il articulé avec d’autres causes (féministe, antiraciste, …) ? Qu’est-ce qui se joue dans les interactions de face-à-face entre les travailleur·euses associatif·ves et leurs publics au sujet de l’environnement ? Comment ces enjeux sont-ils travaillés par l’inscription de ces acteur·trices dans les rapports de pouvoir, dans la mesure où les représentations et les pratiques environnementales diffèrent selon les ressources économiques et culturelles (Ginsburger, 2020) ?
Axe 2 : Les groupes professionnels associatifs à l’épreuve des inégalités environnementales (session croisée commune avec le RT1)
Coordination : Mauricio Aranda mauricio.aranda@univ-reims.fr (RT35) et Sophie Divay sophie.divay@univ-reims.fr (RT1)
Lutter contre les inégalités environnementales dans le monde associatif : une spécialisation de groupes professionnels
Dans quelle mesure l’essor des enjeux environnementaux transforme-t-il les groupes professionnels qui composent le monde associatif ? Sans définir a priori le terme « environnemental », il s’agira de mettre au jour les acceptions qui lui sont données au sein du monde associatif, sous l’effet des influences ou injonctions provenant des médias, des financeurs, des ministères et collectivités territoriales, de leur organisation nationale voire internationale, d’autres partenaires associatifs ou non, etc.
Il s’agira d’une part de se pencher sur l’évolution de l’emploi associatif : les communications documentant et analysant l’apparition de nouveaux emplois dans ce secteur, en lien avec l'émergence de nouveaux domaines d'intervention, l'évolution des salaires en lien avec celle des financements autour de ces enjeux, ainsi que la transformation des tâches et des juridictions professionnelles en lien avec la création ou reconversion des activités associatives autour de ces enjeux, sont bienvenues.
D’autre part, il s’agira de se pencher sur la professionnalisation liées à l’environnement, qui peut être entendue comme un processus à travers lequel les travailleurs du social ou de l’intervention qui sont salariés par les « entreprises associatives » (Hély, 2009) se construisent et se revendiquent en tant que groupe professionnel, à même de répondre à de nouveaux problèmes publics (Gusfield, 2009). Ou suivant la perspective interactionniste postulant que : « Les membres des professions ne se bornent pas à offrir un service, mais qu’ils définissent les besoins mêmes qu’ils servent. Ainsi, la vieille formule qui prétend que les professions satisfont les besoins et les désirs fondamentaux des gens et de la société est beaucoup trop simple. » (Hughes, 1996, p. 131). Comment alors saisir l’émergence de nouveaux métiers ou les reconversions professionnelles au sein du monde associatif en lien avec les questions environnementales ? Quel est leur degré de professionnalisation ? Celle-ci se produit-elle par en haut ou par en bas (« professionalization from above or below » (Evetts, 2018)) ? Quelles sont les modalités spécifiques de professionnalisation liées aux questions environnementales ? Est-ce qu’elles peuvent être comparées à d’autres types de professionnalisation associative (par exemple sur la cause des femmes (Romerio, 2022)) ? S’appuient-elles sur des connaissances scientifiques ou bien sur des ressources militantes liées à la cause environnementale ? Quelle est la crédibilité de ces professionnel·les, dans un contexte de dénonciation du greenwashing ou d'instrumentalisation des associations ?
Des groupes professionnels toujours féminisés ? Les effets de genre liés à l’introduction des questions environnementales dans le monde associatif
Fait bien connu : les groupes professionnels œuvrant dans le milieu associatif présentent globalement une forte surreprésentation des femmes dans leurs effectifs (salariés ou bénévoles) (Bessin, 2005, 2008). Nous pouvons, toutefois, nous demander si l’introduction des problématiques environnementales, au sens « climatologiques » ou « écologiques », impliquant des savoirs techniques souvent associés au masculin, modifie cette ancestrale et traditionnelle répartition quantitative sexuée. A-t-elle également une incidence sur la division sexuée du travail, logique sociale selon laquelle les tâches ne sont pas partagées indifféremment par les travailleuses.eurs – ici du monde associatif (Hély et al., 2013) –, y compris celles et ceux des groupes professionnels les plus régulés ou réglementés, soit ceux liés à l’assistance de service social, l’éducation spécialisée et l’animation socio-culturelle (Molina, 2019) ? Par ailleurs, des courants de pensée comme l’écoféminisme (Rimlinger, 2024) viennent-ils réaffirmer l’ordre traditionnellement genré du milieu associatif ?
Axe 3: Les associations aux prises avec leur environnement institutionnel
Les communications attendues dans cet axe visent à explorer les dynamiques entre les inégalités et l’environnement institutionnel et politique dans lequel évoluent les associations. Les relations entre les associations et la puissance publique, majoritairement « contractuelles » (Abrioux, 2010) et sur le mode du « partenariat » (Loison-Leruste & Hély, 2016), illustrent la « recomposition » de l’État (King & Le Galès, 2011), tant dans ses « désengagements » que ses « réengagements » (Cottin-Marx, Hély, Jeannot, Simonet, 2017). Ainsi les commandes publiques faites aux associations sont axées sur des prestations et non plus sur des subventions publiques (Prouteau & Tchernonog, 2017).
Il s’agira de questionner l’ampleur des inégalités que génère cette dynamique au sein du monde associatif, de part la mise en concurrence entre associations et l’avantage conféré aux plus grosses structures qui entrent dans « les canons du marché libéral », capables de répondre à cette bureaucratie concurrentielle (Angot & Cottin-Marx, 2015, p. 68).
La pluralité d’espaces où se matérialisent les liens entre associations et puissance publique, tant spatiaux que professionnels et politiques, invite à analyser plus largement les inégalités et les rapports sociaux qui s’y jouent. De quelles autres manières l’évolution des modalités d’attribution de financement de plus en plus impersonnels (Robelet, 2017) ou des attentes des pouvoirs publics vis-à-vis des associations participent-elles à privilégier certain·es acteurs·trices ? À l’inverse, certains espaces permettent-ils de modifier les rapports sociaux entre associations et pouvoirs publics ? Des communications pourront ainsi questionner les rapports sociaux qui se jouent dans les espaces dans lesquels associations et pouvoirs publics se rencontrent et les inégalités qu’ils induisent. Cet axe vise ainsi à questionner les contradictions et les dissensions qui émergent lorsque les associations deviennent « des partenaires étroits des pouvoirs publics » (Hamidi, 2017).
Calendrier
Mercredi 15 janvier : dépôt des propositions de communication sur la page du RT
Mi-mars 2025 : réponse du RT 35
8-11 juillet 2025 : congrès de l'AFS à Toulouse
Informations relatives à la participation au Congrès :
Pour participer au Congrès, il faudra adhérer à l’AFS et s’acquitter de droits d’inscription. Lors du précédent Congrès de 2023, l’adhésion s’élevait à 41€ pour les non-titulaires et 103€ pour les titulaires ; l’inscription au Congrès à 61€ pour les non-titulaires et 152€ pour les titulaires. Les tarifs pour le Congrès de Toulouse seront légèrement plus élevés (inflation). Les collègues non-titulaires qui ne peuvent être financé.es par leur laboratoire pourront, sur présentation de dossier, être exonéré.es des droits d’inscription et bénéficier d’une aide pour le transport et le logement. La procédure pour la demande d’exonération des droits d’inscription sera précisée plus tard.
L’accès au Congrès se veut le plus inclusif possible :
* Des dispositifs de lutte contre les violences sexistes et sexuelles seront mis en place.
* Si vous avez besoin de services d’accompagnement en raison d’une situation de handicap, vous pourrez le signaler dans le cas où votre communication est retenue. Le comité d’organisation mettra tout en œuvre pour essayer de répondre à vos demandes.
* Si vous avez besoin de services de crèche pendant le Congrès vous pourrez le signaler au moment de l’inscription. Le comité local essayera de proposer un mode de garde.
Références bibliographiques
Angot, S. et Cottin-Marx, S., (2015), Accompagner les associations. De l'éducation populaire aux politiques de l'emploi. Mouvements, n° 81(1), 60-69.
Abrioux, F., (2010), « Les relations entre associations et collectivités : vers quel avenir ? Introduction »,
Management & Avenir, n° 40, p. 186-204.
Bessin M., (2005), « Le travail social est-il féminin ? », in Ion J. (dir.), Le travail social en débat(s), Paris, La Découverte
Bessin M., (2008), « Les hommes dans le travail social : le déni du genre », in Y. Guichard-Claudic, D. Kergoat et A. Vilbrod, L’inversion du genre. Quand les métiers masculins se conjuguent au féminin… et réciproquement, Presses universitaires de Rennes.
Beurois, T., (2022), Une aide alimentaire apolitique ? Formes de (dé)politisation ordinaire au sein d’épiceries sociales en France et en Belgique. Participations, N° 33(2), 31-57.
Bory, A., (2008), De la générosité en entreprise : Mécénat et bénévolat des salariés dans les grandes entreprises en France et aux Etats-Unis, Thèse de doctorat, Paris I.
Comby, J.-B., (2015), La Question climatique. Genèse et dépolitisation d’un problème public, Paris, Raisons d’Agir
Cottin-Marx, S., Hély, M., Jeannot, G., Simonet, M., (2017), « La recomposition des relations entre l’État et les associations. Désengagements et réengagements », Revue française d’administration publique, 163, 3, p. 463-476
Evetts, J., (2018), Professions in turbulent times: changes, challenges and opportunities. Sociologia, Problemas e Práticas 43–59.
Ginsburger, M., (2020), “De la norme à la pratique éco-citoyenne. Position sociale, contraintes matérielles et diversité des rapports à l’écocitoyenneté”, Revue française de sociologie 61, 43–78.
Gusfield, J., (2009), La culture des problèmes publics. L’alcool au volant. Economica, Paris.
Hély, M., (2009), Les métamorphoses du monde associatif. Presses universitaires de France, Paris.
Hély, M., Simonet, M., (2013), Institutions et dynamiques historiques de l’économie et de la société, Université Paris Nanterre. Le travail associatif: [colloque, Nanterre, mars 2008. Presses universitaires de Paris Ouest, Nanterre, France.
Hughes, E.C., (1996). Le regard sociologique: essais choisis. Éditions de l’EHESS, Paris.
King, D. et Le Galès, P., (2011), Sociologie de l'État en recomposition. Revue française de sociologie, Vol. 52(3), 453-480. https://doi.org/10.3917/rfs.523.0453.
Lipsky, M., (1980), Street-Level Bureaucracy: Dilemmas of The Individual in Public Services. Russell Sage Foundation, New-York.
Loison-Leruste, M., & Hély, M. (2013). Des entreprises associatives en concurrence : le cas de la lutte contre l’exclusion. In M. Hély & M. Simonet (éds.),
Le travail associatif (1‑). Presses universitaires de Paris Nanterre.
Madon, J. (2024), Faire durer les objets : Pratiques et ressources dans l’art de déconsommer. Sciences po, les presses.
Molina, Y., (2019), Professionnalisations en tension et recompositions des professions sociales en France. Les Politiques Sociales 3–4, 34–46.
Rimlinger, C., (2024), Féministes des champs: du retour à la terre à l’écologie queer. PUF, Paris, France.
Robelet, M., (2017), Les transformations des modes de contrôle croisés entre associations et autorités publiques dans le secteur du handicap.
Revue française d'administration publique, N° 163(3), 599-612.
Romerio, A., (2022), Le travail féministe. Le militantisme au Planning familial à l’épreuve de sa professionnalisation, Rennes, Presses universitaires de Rennes.
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