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Ce que les questions environnementales font aux professions scientifiques et techniques : expertise, délimitation des frontières et réflexivité

Les questions environnementales constituent des opérateurs de transformation des professions académiques et techniques.   Les problèmes environnementaux sont de plus en plus appréhendés, en particulier depuis les années 1980, à l'aide de connaissances et de pratiques scientifiques et techniques (modèle de scénarisation du changement climatique, quantification des émissions de gaz à effet de serre dans l'atmosphère, calcul de l'élévation du niveau des mers...) Face aux questions environnementales, les groupes professionnels détenteurs de savoirs scientifiques et techniques sont particulièrement mobilisés.   Les problèmes environnementaux – et les solutions proposées – sont généralement construits, cadrés et traités de manière sectorielle : énergie, agriculture, déchets, transport... Toutefois, ces problèmes et solutions sont présentés comme nécessitant une approche interdisciplinaire et intersectorielle susceptible de bousculer les routines et identités professionnelles.   Cette session croisée inter RT1xRT29 s'intéresse, d’une part, à la prise en charge des questions environnementales par les groupes professionnels des sciences et techniques (ingénieur·es, technicien·nes, diplômé·es en sciences expérimentales) ainsi qu’à ceux situés hors du champ scientifique, et, d’autre part, aux métiers de l'expertise scientifique et technique sur les sujets environnementaux : e.g. professionnel·les (ingénieur·e comme "expert·e technique") et/ou scientifiques jugé·es compétent·es dans un domaine et convoqués pour construire une connaissance au service de la décision dans un contexte d'incertitude (Roqueplo, 1997).   L’existence de ces deux catégories de professionnel·les soulève de nombreuses questions : quels rapports entretiennent-elles entre elles ? Comment leurs cultures professionnelles et épistémiques se rapprochent-elles, se rencontrent-elles, se combinent-elles ou encore s’opposent-elles ? Des frontières sont-elles clairement tracées entre ces deux groupes professionnels ? Leurs divisions internes sont-elles identifiables, rendues visibles ou invisibilisées ? Quelles visions du monde, ou de « l’environnement », construisent-elles ? Quels problèmes et solutions énoncent-elles ?   Les propositions de communications pourront se situer autour des trois enjeux suivants :  
  • Quels effets de l'injonction à l'interdisciplinarité/intersectorialité ?
  Des groupes professionnels, historiquement et institutionnellement établis, composés de scientifiques-chercheur.es, se voient-ils confrontés à des remises en question de la légitimité de leurs savoirs et de la hiérarchie dans laquelle ils s’inscrivent (Foucault, 1969), notamment quand ils ont affaire à des actions et questionnements relevant d’engagements militants écologistes ? Les segmentations disciplinaires au sein du territoire scientifique (Abbott, 1988), sont-elles recomposées, débordées ou concurrencées par de nouvelles formes d’expertise ? Au-delà de ces rapports de force au sein d’un milieu professionnel, ces groupes professionnels, anciens et émergents, spécialisés dans « le domaine environnemental » ne sont-ils pas pris dans une « guerre des dieux » (Weber, 1965) traversant toute la société ?  
  • Qu’advient-il de l’autonomie professionnelle des universitaires?
  Comment les groupes professionnels scientifiques, notamment universitaires, réagissent-ils face à l’ensemble des réformes du secteur de la recherche, auquel s’ajoutent récemment celles édictées au nom de l'environnement (e.g. création d'autorités indépendantes, critique de l'efficacité du contrôle par les pairs dans l'émergence et la conduite de recherches sur les sujets environnementaux) ? Peut-on y voir un Cheval de Troie destiné à néolibéraliser (davantage encore) la recherche ?  
  • Les impensés de la recherche sociologique
  Les sociologues privilégient certains objets de recherche. Sociologues des sciences et sociologues des groupes professionnels portent-iels les mêmes regards sur la « question environnementale » socialement et politiquement construite ? Ces deux sous-groupes disciplinaires de la sociologie accordent-ils autant d’intérêt aux sciences de la nature et à leurs praticiens ? Tous les travaux portant sur différents groupes professionnels spécialisés dans « l’environnement » seront les bienvenus, avec une attente particulière à propos de leurs questionnements réflexifs sur leur choix d’objets, et notamment la légitimité et la valeur sociale dont ils sont empreints.     Références Abbott A., 1988, The System of Professions: An Essay on the Division of Expert Labor, Chicago, University of Chicago Press. Foucault M., 1969, L’Archéologie du savoir, Paris, Gallimard. Roqueplo P., 1997, Entre savoir et décision : l'expertise scientifique, Paris, INRA Éditions. Weber M., 1965, Essais sur la théorie de la science, Paris, Librairie Plon, (trad. et introd. de Julien Freund).     Modalités de soumission Les propositions de communication sont à déposer avant le 17 janvier 2025 sur le site de l’AFS. Elles ne dépasseront pas 3 500 signes espaces compris, hors bibliographie et titre. Elles seront déposées dans l’onglet “proposition” sur l’interface de l’AFS.   Contacts en cas de besoin : Anne-Gaëlle Beurier (RT29), anne-gaelle.beurier@sorbonne-nouvelle.fr, Antoine Bouzin (RT29), antoine.bouzin@u-bordeaux.fr, Sophie Divay (RT1), sophie.divay@univ-reims.frj     Modalités d’évaluation Les propositions devront articuler les approches sociologiques propres aux deux RT des sessions jointes. Leurs travaux devront être fondés sur les enquêtes de terrain. L'évaluation sera réalisée par les membres des deux RT.   Participation au Congrès Pour participer au Congrès, il faudra adhérer à l’AFS et s’acquitter de droits d’inscription. Lors du précédent Congrès de 2023, l’adhésion s’élevait à 41€ pour les non-titulaires et 103€ pour les titulaires ; l’inscription au Congrès à 61€ pour les non-titulaires et 152€ pour les titulaires. Les collègues non-titulaires qui ne peuvent être financé·es par leur laboratoire pourront, sur présentation de dossier, être exonéré·es des droits d’inscription et bénéficier d’une aide pour le transport et le logement. La procédure pour la demande d’exonération des droits d’inscription sera précisée plus tard.   L’accès au Congrès se veut le plus inclusif possible :
  • Des dispositifs de lutte contre les violences sexistes et sexuelles seront mis en place.
  • Si vous avez besoin de services d’accompagnement en raison d’une situation de handicap, vous pourrez le signaler dans le cas où votre communication est retenue. Le comité d’organisation mettra tout en œuvre pour essayer de répondre à vos demandes.
  • Si vous avez besoin de services de crèche pendant le Congrès vous pourrez le signaler au moment de l’inscription. Le comité local essayera de proposer un mode de garde.
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