Pour cette nouvelle édition du Congrès de l’Association Française de Sociologie, le réseau « Recherches en sciences sociales sur la sexualité » propose d’organiser ses réflexions autour de cinq axes principaux, en adoptant une acception large d’environnement. Ces pistes de recherches n’épuisent pas toutes les questions soulevées par la thématique du Congrès. Toute proposition mobilisant les outils des sciences sociales de la sexualité est bienvenue.
Axe 1. Les environnements sociaux de la sexualité
Ce premier axe entend questionner les différents environnements sociaux de la sexualité. Les propositions pourront mettre l’accent sur des
environnements relationnels. La sexualité est en effet façonnée par de multiples environnements relationnels qui sont à la fois des lieux de visibilisation ou d’invisibilisation de la sexualité, mais aussi des espaces de circulation, de diffusion et transmission de discours et de normes sur la sexualité. C’est par exemple le cas des familles, ou encore des groupes de pairs (réseaux amicaux, sphère professionnelle, loisirs) qui contribuent fortement à la circulation des normes sexuelles ainsi qu’au contrôle de la sexualité.
Environnements juridiques, politiques, médiatiques représentent d’autres cadres de la sexualité, plus institutionnels, qu’il conviendra également d’interroger. Quelles formes prend désormais l’encadrement de la sexualité par le droit ? Comment contourner un environnement juridique qui ignore certains groupes minorisés ou qui peut contribuer à leur oppression ? Cet axe accueillera également des communications sur les politiques de la sexualité : quelles inégalités permettent-elles de contenir ou, à l’inverse, engendrent-elles ? Dans quelle mesure l’ordre sexuel initié par #metoo se traduit-il par un nouvel environnement politique de la sexualité plus égalitaire ? Comment analyser en retour les résistances conservatrices et le
backlash qui expriment des résistances à ces changements ?
Axe 2. Spatialité, mobilités et environnement
Dans le cadre de ce deuxième axe, nous sollicitons des communications adoptant une
approche spatiale pour approfondir la compréhension de la sexualité. Aborder la sexualité par l’espace implique de s’interroger sur l’existence
d’environnements dédiés à la sexualité. Cet aspect pourra être abordé à partir de communications qui prennent appui sur l’étude de cadres sexuels : espaces de rencontres, lieux d’interactions sexuelles ou divers espaces (comme les quartiers gays par exemple) de production et de diffusion de la sexualité (pornographie notamment). Les outils numériques, comme les applications de rencontre géolocalisées ou encore les réseaux sociaux numériques, jouent un rôle crucial dans la réorganisation de ces dynamiques, en facilitant l’accès à des interactions à distance. Des travaux portant sur des espaces consacrés à des formes de protection de la sexualité (par exemple
safe spaces destinés aux sexualités minorisées ou visant à prévenir les violences sexuelles et sexistes) pourront également être proposés.
Aborder la sexualité par l’espace pose aussi la question des
mobilités géographiques et plus largement sociales. On pourra s’interroger tout d’abord sur ce que font les changements d’environnements à la sexualité. Les mobilités géographiques et sociales ont-elles des effets sur les expériences de la sexualité ? Inversement, on pourra se demander en quoi et comment les expériences des individus dans le domaine de la sexualité les conduisent à changer d’environnements sociaux. Enfin, cet axe pourra accueillir des travaux sur les mobilités dont la finalité est explicitement sexuelle (tourisme sexuel, marché matrimonial international, etc.).
Axe 3. Nature et sexualité
L’idée de « nature » est centrale dans la construction du genre et de la sexualité. Naturaliser la sexualité (hétérosexuelle en particulier) participe de la construction des hiérarchies sociales et des inégalités, que l’on pense à l’essentialisation des catégories de sexe, du genre, à l’infériorisation raciale passant par la sexualité, ou à leur articulation. Inversement, recourir à des discours essentialisant peut aussi être un moyen de légitimer les minorités sexuelles et de genre (notamment en revendiquant le fait d’être « née comme ça »). Si de nombreux travaux féministes ont participé à cette dénaturalisation, nous pouvons encore nous interroger sur les processus de naturalisation qui persistent dans certains discours sur la sexualité.
Un deuxième volet de cet axe porte sur les incarnations pratiques de ces naturalisations de la sexualité : comment l’idée de « besoins sexuels », ou les modes de contraception plus ou moins « naturels », etc. se traduisent-ils dans les pratiques des acteur·rices ? Quelle place occupent les politiques publiques dans ces mises en pratique ? On peut penser en particulier aux politiques natalistes, eugénistes et/ou (post)coloniales ciblant certains groupes ou pratiques, par exemple en incitant à la reproduction sexuelle de certain·es tout en la limitant pour d’autres. En miroir, des travaux portant sur l’impact environnemental des pratiques sexuelles (notamment de la fabrication et de l’usage de certains objets) seront les bienvenus.
Axe 4. Mobilisations, environnement et sexualité
D’autres communications pourraient interroger l’articulation entre engagements liés à l’environnement et ceux liés à la sexualité. Certaines mobilisations collectives témoignent d’une « convergence des luttes », à l’image des LGBT+ dans les mobilisations antispécistes et écologistes, des liens entre les mouvements indigènes de défense de la terre et les mobilisations féministes, des mouvements homosexuels de retour à la terre, etc. À une échelle plus individuelle, on peut aussi l’étudier à partir des modes de consommation des minorités de genre et de sexualité : pratique du végétarisme et du véganisme, efforts de réduction des empreintes carbone, etc. Tout en soulignant les ressorts sociologiques de cette articulation, les communications pourront prendre appui sur les travaux théoriques portant sur l’écologie déviante, l’écologie transféministe ou l’écologie queer. D’autres pourraient aussi étudier les usages conservateurs de l’écologie, utilisée notamment pour contrer l’extension des droits reproductifs ou les droits des personnes trans et non-binaires. Enfin, des travaux portant sur des pratiques et courants hétéroclites inspirés du « New age », visant à repenser à la fois le rapport à la nature et le rapport à la sexualité (astrologie, ésotérisme, etc.), pourraient être présentés.
Axe 5. Concepts et méthodes
Enfin, notre réseau pourra également accueillir des communications plus théoriques ou consacrées à des enjeux méthodologiques. Il pourra s’agir par exemple de questionner les concepts sociologiques ou issus d’autres sciences sociales comme la géographie – qui peuvent être mobilisés pour penser l’articulation entre environnement, sexualité et inégalités.
Les communications soulevant de manière privilégiée des questions de méthodes traversant les quatre axes ci-dessus sont également les bienvenues. Il s’agira par exemple de se demander quels enjeux méthodologiques soulève l’étude des environnements de la sexualité: l’environnement social est-il toujours traversé par la sexualité ? Comment l’envisager et le montrer ? Comment enquêter sur des espaces « à distance » de la sexualité ? Comment enquêter sur des espaces « sexuels », tant en ligne que hors ligne ? Les méthodes classiques de la sociologie (ethnographie, entretien, observation, statistique, etc.) permettent-elles de saisir les environnements de la sexualité ? Quels enjeux se posent pour les chercheur·ses dans l’étude de ces espaces ?
Envoi des propositions de communications :
Les propositions de communication, d’une taille maximale de 2 500 signes (espaces compris), devront préciser les principales questions de recherche abordées, les concepts utilisés et les matériaux empiriques mobilisés. Les propositions sont à déposer sur le site de l’AFS selon les modalités communes à tous les RT, avant la date limite fixée au 15 janvier 2025.
Les propositions devront impérativement comporter les informations suivantes :
Nom, Prénom
Statut (EC, doctorant·e, docteur·e...)
Institution de rattachement
Adresse mail de contact
Éventuel(s) axe(s) souhaité(s)
Titre de la communication
Pour toute précision, vous pouvez contacter les responsables du réseau : Estelle Fisson estelle.fisson [at] gmail.com, Lus Prauthois lus.prauthois [at] dauphine.psl.eu et Wilfried Rault wilfried.rault [at] ined.fr
Informations pratiques
Pour participer au Congrès, il faudra adhérer à l’AFS et s’acquitter de droits d’inscription. Lors du précédent Congrès de 2023, l’adhésion s’élevait à 41€ pour les non-titulaires et 103€ pour les titulaires ; l’inscription au Congrès à 61€ pour les non-titulaires et 152€ pour les titulaires. Les tarifs pour le Congrès de Toulouse seront légèrement plus élevés (inflation). Les collègues non-titulaires qui ne peuvent être
financé.es par leur laboratoire pourront, sur présentation de dossier, être
exonéré·es des droits d’inscription et bénéficier d’une aide pour le transport et le logement. La procédure pour la demande d’exonération des droits d’inscription sera précisée plus tard.
L’accès au Congrès se veut le plus inclusif possible :
* Des dispositifs de lutte contre les violences sexistes et sexuelles seront mis en place.
* Si vous avez besoin de services d’accompagnement en raison d’une situation de handicap, vous pourrez le signaler dans le cas où votre communication est retenue. Le comité d’organisation mettra tout en œuvre pour essayer de répondre à vos demandes.
* Si vous avez besoin de services de crèche pendant le Congrès vous pourrez le signaler au moment de l’inscription. Le comité local essayera de proposer un mode de garde.