Appel à communications du RT 49 – Histoire de la sociologie XXIe Congrès de l’AFS, Toulouse, 8-11 juillet 2025 « Environnement(s) et inégalités »
La thématique générale du Congrès nous invite à réfléchir aux notions d’« environnement(s) » et d’« inégalités » mais aussi à leur articulation. Nous proposons de les aborder avec les perspectives de recherche qui sont celles de l’histoire de la sociologie de plusieurs manières.
D’abord l’environnement de travail des sociologues peut constituer un premier axe de réflexion. Prendre pour objet d’étude la matérialité du travail des sociologues permet d’examiner ce qui fait l’environnement du savoir sociologique, au sens de la relation entre le renouvellement des outils et celui des opérations cognitives. Dans quelle mesure les outils ont transformé le quotidien du travail savant et de la recherche ? Comment ont-ils contribué à transformer les fondements épistémologiques du travail sociologique ? Comment les sociologues au XIXe siècle travaillaient-ils par exemple ? Quels outils mobilisaient-ils pour s’informer, ici ou ailleurs, collecter des données ou les « faire parler » ? Comment les connaissances issues des revues, ouvrages, conférences, notes de recherche circulaient-elles à cette époque ? Il s’agira aussi de s’interroger sur les modes de transmission orale de ces connaissances et leur évolution (cours magistral, séminaire, journée d’étude, conférences). Comment l’évolution technologique a-t-elle transformé ou pas le travail du sociologue et son écosystème, qu’on pense aux techniques de fiches de lecture, à la construction de dispositifs d’observation, aux anciennes fiches perforées pour les tris croisés, à la machine à écrire, à l’ordinateur, aujourd’hui Internet, le numérique et l’intelligence artificielle ? Rendre compte de l’environnement de travail des sociologues tirerait avantage également à souligner les variations qu’un tel environnement est susceptible de connaître de manière synchronique : la très large diffusion, à partir des années 1960, et plus encore après, à partir des années 1990, de l’enseignement de la sociologie dans des cursus spécifiques ou non de l’enseignement supérieur a-t-elle signifié que tous les sociologues ont été conduits (et soient conduits aujourd’hui) à l’enseigner dans les mêmes conditions face au même public, dans les mêmes contraintes imposées par les mêmes maquettes de diplômes, etc. ? De son côté, l’espace de la recherche a-t-il été (et est-il aujourd’hui) un espace uniforme, sans différence et sans inégalités, en termes de ressources dont disposent les sociologues répartis dans les espaces nationaux et internationaux ? A-t-il toujours (et assure-t-il aujourd’hui) à toutes et tous les sociologues les mêmes conditions ? Celles-ci ont-elles été (et sont-elles de manière plus contemporaine) de nature à peser sur ce que cherchent les sociologues et comment ils l’ont fait dans le passé et le font aujourd’hui ?
Dans ses dimensions matérielles aussi bien qu’intellectuelles, l’environnement disciplinaire de la sociologie peut également donner à réfléchir en matière de relations avec les autres espaces scientifiques avec lesquels des sociologues, dans le passé lointain ou proche dans l’histoire de la sociologie comme discipline d’enseignement et de recherche, ont proposé des rapprochements ou, au contraire, des détachements dans une visée heuristique et/ou une quête d’autonomisation de leurs intérêts scientifiques. On présente parfois par exemple la révolution sociologique de la fin du XIXème siècle comme l’émancipation de la sociologie par rapport à la philosophie. Le XXème siècle de la sociologie a-t-il été pour autant un siècle sans philosophie ? On peut aussi songer aux sciences du vivant avec lesquelles il a pu être considéré comme nécessaire pour la sociologie de se tenir à distance à un moment donné pour traiter d’un ordre de phénomènes propre ou, au contraire, à d’autres moments, de s’en rapprocher dans la perspective de croisements utiles à comprendre la spécificité des sociétés humaines. On peut enfin penser aux sciences cognitives au sens des neurosciences et aux échanges ou conflits (récents ou plus anciens) que les sociologues ont entretenus avec leurs spécialistes. De quelle manière, la science de la connaissance, et donc partant la science cognitive qu’est aussi la sociologie, a-t-elle frayé avec eux ? Des emprunts techniques et conceptuels ayant émaillé l’histoire de la sociologie avec les espaces scientifiques cités ci- dessus et bien d’autres encore (histoire, science politique, anthropologie, économie, mathématiques, etc.) ont pu contribuer à l’orientation de cette histoire ou, à tout le moins, aux pratiques de la sociologie, dans un sens ou dans un autre, d’une façon plus ou moins profonde, de manière circonscrite dans le temps ou de manière plus durable, dans l’espace aussi, etc. Quels ont été ces emprunts et leurs termes précisément ? Qu’ont-ils permis de faire, de voir ? Quelles inflexions ont-ils favorisé dans l’histoire de la sociologie ? Dans les pratiques sociologiques d’hier et d’aujourd’hui ? Notamment, eu égard à la thématique du Congrès, en matière d’analyse des inégalités (de classes, de genre, de race, etc.) ?
Dans le cadre du Congrès à venir, traiter de sociologie et d’environnement peut enfin s’entendre au sens du domaine de recherche spécialisé de la sociologie de l’environnement comme on parle, de manière tout à fait routinisée aujourd’hui, de domaines relativement propres de la sociologie du travail, de la sociologie de l’école, de la sociologie de la famille, etc. (avec les sociologues qui en sont spécialistes, leurs manuels, leurs revues, etc.). Un tel domaine de la sociologie de l’environnement existe-t-il vraiment ? Quelle genèse peut-on en faire le cas échéant ? Qu’est-ce qui a pu en favoriser l’émergence puis le développement ici et ailleurs ? Et pour quelles approches ? Parler d’« environnement » ou de « nature » est-ce la même chose par exemple ? Qu’est-ce qui a pu, ici et ailleurs également, en retarder l’avènement ? Quelle a pu être l’influence de l’économie dans le déploiement de ce domaine ainsi que celle de mouvements sociaux et politiques environnementaux dans toutes leurs déclinaisons thématiques et d’époques ? Comment les axes de recherche de ce domaine ont- ils évolué pour prendre en compte les défis actuels et l’avènement de ce qu’il est convenu d’appeler aujourd’hui « l’anthropocène » ? Il faut aussi sans doute mobiliser des explications proprement liées à la dynamique de fonctionnement et de transformation des champs de savoirs spécialisés en sociologie pour comprendre le développement d’un tel domaine dans
ses modalités et ses temporalités. Quel rôle ont pu jouer à cet égard les travaux de l’École de Chicago, l’« écologie humaine », l’« écologie urbaine »? Sont-ils encore présents ? Quels autres travaux sont revendiqués comme constituant une filiation dans laquelle se situent des travaux en cours actuellement dans ce domaine ? L’intitulé même du Congrès de juillet 2025 à Toulouse laisse entendre que le croisement avec une sociologie des inégalités (dans telle ou telle de leurs dimensions possibles) constitue une telle filiation. Quelle genèse peut-on faire d’une ou de sociologies des inégalités environnementales ?
Ainsi, nous proposons 3 axes de réflexion qui pourront donner lieu à différentes sessions, ainsi qu’un 4e axe, hors thématique générale, sur l’actualité de la recherche en histoire de la sociologie :
1. L'environnement de travail des sociologues et ses inégalités
2. L'environnement disciplinaire de la sociologie et les inégalités
3. L’histoire de la sociologie de l'environnement et des inégalités environnementales
4. L'actualité de la recherche en histoire de la sociologie
Pour participer au Congrès, il faudra adhérer à l’AFS et s’acquitter de droits d’inscription. Lors du précédent Congrès de 2023, l’adhésion s’élevait à 41€ pour les non-titulaires et 103€ pour les titulaires ; l’inscription au Congrès à 61€ pour les non-titulaires et 152€ pour les titulaires. Les tarifs pour le Congrès de Toulouse seront légèrement plus élevés (inflation). Les collègues non-titulaires qui ne peuvent être financé.es par leur laboratoire pourront, sur présentation de dossier, être exonéré.es des droits d’inscription et bénéficier d’une aide pour le transport et le logement. La procédure pour la demande d’exonération des droits d’inscription sera précisée plus tard. L’accès au Congrès se veut le plus inclusif possible : * Des dispositifs de lutte contre les violences sexistes et sexuelles seront mis en place. * Si vous avez besoin de services d’accompagnement en raison d’une situation de handicap, vous pourrez le signaler dans le cas où votre communication est retenue. Le comité d’organisation mettra tout en oeuvre pour essayer de répondre à vos demandes. * Si vous avez besoin de services de crèche pendant le Congrès vous pourrez le signaler au moment de l’inscription. Le comité local essayera de proposer un mode de garde.
Le bureau du RT49
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