RT41

AAC RT 41 Lille 2021 : Des corps, des techniques, des changements

Le RT41 travaille une problématique spécifique, à l’entre-deux des corps et des techniques, en abordant de manière transversale la relation étroite, les entrecroisements et les intrications, les couplages qui les relient. Depuis plus de dix ans, nous interrogeons les possibles mutations anthropologiques portées par les nouveaux dispositifs socio-techniques, et les manières dont elles contribuent à modifier les liens sociaux (RT41 : https://www.pantheonsorbonne.fr/unites-de-recherche/cetcopra/recherche/seminaires/body-technology-society/ ). Ce XIe congrès, consacré aux formes et conditions du changement, sera donc pour nous l’occasion de : - tenter de dresser un état des lieux de la problématique générale ; - opérer des retours sur expérience ou revisiter des terrains de recherche déjà explorés, afin d’en engager de nouvelles analyses entrecroisant des corps et des techniques ; - proposer quelques orientations spécifiques pour penser ce « jeu » des corps et des techniques où se nouent des enjeux parmi les plus importants que notre discipline ait à penser. Dans les sociétés techniciennes contemporaines gouvernées par les biopolitiques, les techniques sont souvent mobilisées, pour accompagner, provoquer, accélérer les évolutions et les mutations auxquelles les corps sont soumis, dans leur destin biologique et historique, depuis la plus fine modification, jusqu’aux métamorphoses. Pour les comprendre, nous devons examiner les conditions sociales, politiques, économiques des modifications des corps par et avec les techniques ; des processus, des échelles, et des résultats de ces transformations ; des acteurs mobilisés, des liens sociaux travaillés, et des identités en construction. La question du changement, aux fondements-mêmes du RT 41, loin de n’être qu’une histoire de temps, a aussi fort à voir avec des enjeux spatiaux (migration, conquête mais aussi assignation à domicile) en lien avec des transformations environnementales, sanitaires, techniques ou politiques (réchauffement climatique, désertification, inondations, épidémies, guerres, régimes politiques, etc.), mais aussi biographiques. Pour ce congrès 2021, nous invitons les contributrice·eur·s à travailler autour des trois axes suivants ou de leurs convergences :

Axe 1 : Distances, distanciations, rapprochements

Le contexte sanitaire mondial actuel est l’occasion en même temps que le théâtre d’une généralisation des techniques au service des « télé-activités » : téléphonie, télévision, télétransmission, télémaintenance, télésurveillance, télémédecine et téléconsultation, télétravail, téléenseignement, téléjustice, télécommerce, téléreligion, mais aussi télé-visite de son parent ou sa parente hospitalisé·e, téléapéritif entre ami·e s, téléamour. Ce sujet pose la question de l’agir à distance sans toutefois s’y réduire. Sur quelles techniques et matérialités (corps et objets) prennent appui les téléactivités ? Quels sont les dispositifs, articulation de discours, corps, techniques, institutions, espaces et temporalités, à l’œuvre ? Comment les engagements corporels, sensoriels, émotionnels en sont-ils affectés et engagés ? Les corps sont-ils niés, oubliés, alors qu’ils sont toujours bien présents ? Quels changements de rapport à l’espace et au temps (différé ou « direct » ; allongement des cadres des activités, connectivité permanente, etc.) et conséquences sur les corps observe-t-on ? Le changement ne peut-il pas conduire à une autre répartition du pouvoir entre les acteurs, à des co-constructions ? La variété des terrains examinés, comme par exemple le cadre de la formation institutionnelle, la religion ou encore des situations de handicaps, donneront à voir et à comparer les mises en place du « distanciel » ? Quelles techniques sont abandonnées ou adoptées ? Comment sont transformés des matériaux, des gestes, des habitudes ? Comment sont reconfigurées les relations sociales, de pouvoir, de genre par les techniques de distance-rapprochement ? Comment s’articule la mise à distance du corps de l’autre et possibilité du lien ? Quelle est la part de chacun dans la transformation ; la part de la technique, de l’autre, de l’environnement, des règles du jeu, des normes ? Comment le changement favorise-t-il une redistribution de l’expertise : ce qui était vécu comme un handicap peut-il devenir une qualité voire une compétence ?

Axe 2 : Co-constructions des changements et des transformations

Les techniques peuvent être des vecteurs de transformations, de modifications des corps. Subies ou au contraire mobilisées volontairement, elles sont des outils pour des changements esthétiques ou d’identité, y compris des identités de genre, des améliorations, des augmentations, des aides à la mobilité, à l’autonomie, des voies vers des guérisons, auxquels ne peut donner accès la seule sociologie des usages. Le monde médical est bien entendu très présent dans l’univers de ces modifications, mais celui de l’ingénierie, de la robotique, de la biologie, de la recherche scientifique le sont aussi. Les processus de mise au point des techniques et des outils conduisent à des collaborations créatrices d’objets, de techniques, de pratiques et de liens au sein de réseaux d’acteurs (dont les associations de malades, et d’éducation thérapeutiques par les pairs, par exemple). Sans omettre les effets d’imposition, il sera donc intéressant de considérer les co-constructions, co-élaborations de techniques et de protocoles, où là encore la question de l’expertise est posée. Il peut s’agir de techniques spécifiques, mais aussi de modes plus ordinaires des pratiques du corps, comme l’alimentation, le bien être, le sport. À une autre échelle, les enchevêtrements des corps et des techniques (incorporées ou objets connectés) construisent les sujets et les techniques. Les engagements corporels dans la technique métamorphosent les sujets, sans qu’il ne soit nécessaire de parler de transhumanisme ou de cyborg : le corps n’est jamais suffisant pour agir sur le monde et s’y déployer, mais on peut supposer que selon les techniques auxquels il est couplé, les effets divergent. Construction d’un système efficace, d’un sportif performant ; d’un « complexe corps-arme, corps-instrument, corps-machine » où corps et objets sont « amarrés » par le pouvoir; couplage notamment au service d’une modalité de collaboration au travail.

Axe 3 : Transformer la société et les mondes

Il s’agit, dans ce troisième axe, de rassembler des questionnements soulevés par les deux premiers pour réfléchir plus spécifiquement aux enjeux de construction des groupes sociaux, des sociétés, mais aussi de mondes propres à travers les changements techniques, les transformations corporelles et les entrecroisements « corps-techniques ». Comment ainsi les façons de co-construire des dispositifs transforment-elles les vécus, les techniques, les liens sociaux et les enjeux de pouvoir ? Au-delà, c’est la construction des sociétés, des mondes communs et du faire ensemble qui en résultent que nous souhaitons réinterroger. Si ces questions ont été posées par exemple à travers les nombreux travaux concernant les « communautés virtuelles » et les « communautés de pratique virtuelles » à partir des années 1990, il nous intéresse de prolonger les débats pour mettre en lumière les façons dont les sujets s’emparent de ces questions pour jouer le jeu ou créer d’autres configurations sociales, ou résister ou, enfin, pour produire de « nouveaux nouveaux-mondes ». Nous voudrions poser ici la question du « faire corps », de la nécessité d’ancrer les pratiques dans des matérialités partagées. Dans les téléactivités, en général, comment faire lien quand on ne peut ni toucher, ni sentir, ni être dans un même espace, ni partager les mêmes environnements sonores, tactiles, olfactifs, visuels, ni travailler, ni prier ensemble, ni enseigner, ni manifester, ni performer dans l’art… quand a priori seuls les sens du contact à distance sont mobilisables ? Historiquement, comment les nouvelles technologies ont-elles ouvert un regard sur de nouveaux mondes : sur nos environnements en transformant l’écoumène, comme diraient les géographes ; sur nos corps en permettant de nouvelles explorations, visualisations, imaginaires (microbiote, cellules, lésions…) ? Enfin, comment les constructions et les pratiques de mondes « virtuels » (jeux-vidéos, simulation en formation, en « rééducation », serious games, par exemple), réinterrogent-t-elles nos perceptions du monde, et en retour, nos corps, nos techniques, les matières, nos émotions ? D’autres pistes sont possibles et nous ne souhaitons pas limiter ici les propositions éventuelles qui pourraient nous être faites. Nous insisterons cependant sur la nécessité d’appuyer les propositions de communication sur des données d’enquêtes solides, quelles que soient la nature des matériaux analysés et les méthodes mises en œuvre : nous nous intéressons ainsi à la présentation d’activités précises, finement, voire pluridisciplinairement documentées, où les descriptions des sujets, des institutions, des techniques ou dispositifs concernés sont clairement exposés. Compte tenu de la thématique générale du congrès, il parait nécessaire de préciser l’inscription temporelle de l’objet présenté. Tous les publics de chercheurs et chercheuses, enseignants-chercheurs et d’enseignantes-chercheuses, de doctorant·e·s, sont concernés par cet appel. Le RT 41 est composé de sociologues, anthropologues, philosophes et historien·ne·s et toutes les disciplines des sciences humaines et sociales sont les bienvenues, dans la mesure où les thèmes des communications s’inscriront dans ceux des trois axes énoncés ci-dessus.   Consignes aux auteurs Les propositions de communications (titre, résumé, proposition) seront entièrement gérées à partir du site de l’AFS. Il sera donc nécessaire d’ouvrir un compte sur le site avant tout dépôt de proposition. Les rubriques du site prévoient l’enregistrement : Du (des) nom(s) et prénom(s) du ou des auteurs et autrices Des adresses de courriel Du titre de la communication D’un résumé de communication : en 3000 signes maximum, espaces comprises. D’une proposition : Pourront figurer dans cette rubrique les développements que les auteurs et autrices souhaiteront apporter quant à l’objet de leur recherche, les données théoriques, méthodologiques, analytiques qu’elles et ils déploient, et qui n’auraient pas pu figurer dans leur résumé.   Les propositions de communication sont à déposer avant le 30 janvier 2021 sur le site de l’AFS (voir en bas de cette page) Toutes les propositions seront examinées par les membres du bureau du RT41 qui fera connaître ensuite sa décision. Les réponses seront délivrées à partir de la fin du mois de février 2021. Une proposition acceptée pour le congrès ne sera effectivement prise en compte que dès lors que les conférenciers et conférencières auront satisfait aux exigences de l’Afs :
  1. adhérer à l’Association Française de Sociologie (ou en s’assurant que leur adhésion est à jour) ;
  2. s’inscrire au congrès.
sur le site : https://www.afs-socio.fr/   Contacts : Marina Maestrutti (Université Paris1 – Cetcopra) marina.maestrutti@univ-paris1.fr Valérie Souffron (Université Paris1 – Cetcopra) valerie.souffron@univ-paris1.fr Céline Rosselin-Bareille (Université d’Orleans – Cetcopra) celine.rosselin@univ-orleans.fr Maire-Pierre Julien (Université de Lorraine – 2L2S) marie-pierre.julien@univ-lorraine.fr












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