RT40

AAC RT40 Lille 2021

Le réseau thématique n° 40 de l’Association Française de Sociologie a pour objectif de développer une conceptualisation de la notion d’institution dans une perspective de sociologie générale et comparative. Telle que nous l’entendons, la sociologie des institutions se présente comme transversale par rapport à différentes sociologies spécialisées basées sur les découpages de la vie sociale (telles que la sociologie de la famille, la sociologie de l’éducation, la sociologie du travail social). Relevant d’une sociologie générale, cette approche vise à analyser les manières dont les rapports politiques au sens large du terme instituent les rapports sociaux à travers la prise en charge d’enjeux sociétaux. Si les questionnements ont porté de façon privilégiée au cours des dernières années sur les institutions publiques, on vise une réflexion plus large sur les formes sociales instituées et institutionnalisées des sociétés contemporaines. Nous faisons le pari que la mise en perspective de travaux portant sur différents secteurs de la vie sociale permettra de révéler des processus transversaux voire structurants. Depuis 2008, les publications du RT 40, souvent en lien avec les thématiques des congrès successifs de l’AFS, ont interrogé la capacité des institutions à faire partie d’outils d’émancipation, en particulier s’agissant des populations affaiblies. Elles ont aussi interrogé leur rapport à la violence. Ayant posé comme préalable la reconnaissance de la fragmentation interne des institutions, elles ont questionné l’innovation institutionnelle, ainsi que la contribution de l’activité institutionnelle ordinaire à la production, reproduction, résorption des asymétries de pouvoir. Cette interrogation n’a enfin pas épargné la sociologie envisagée également comme une institution susceptible de contribuer à la production du monde social. Ainsi, la thématique générale du Congrès 2021 de l’AFS, « Changer » s’inscrit-elle pleinement dans le type problématiques qui animent le RT 40. Nous attendons donc des communications sur les axes de réflexion suivants.

Axe de réflexion 1. Les transformations des institutions publiques contemporaines

Les institutions publiques occupent une telle place dans notre société, qu'elles ne peuvent pas échapper aux rhétoriques du changement, que ce soit pour l'appeler de ses vœux ou pour le regretter. Cette question est donc au cœur de luttes symboliques intenses. Mais qu'en est-il de cet enjeu lorsqu'on le soumet à l'épreuve des faits : - Quelles sont les évolutions observables dans les mandats, les catégories de pensée, les modes de faire, les organisations des institutions publiques, ainsi que dans leurs rapports avec les populations et publics-cibles ? Peut-on repérer des transformations transversales, des mouvements de fond qui affectent la plupart des institutions ? Au contraire, peut-on discerner des singularités dans la trajectoire de certaines institutions ? Comment les changements d’une institution peuvent-ils affecter le devenir des autres ? Et par ailleurs, comment interpréter les différents changements observés ? - Quelles méthodologies peut-on mobiliser pour établir et documenter ces changements ou ces non-changements ? Quel rôle peut jouer la comparaison entre les institutions, entre les territoires, entre les pays, d'une époque à l'autre (sur quel pas de temps ?) ? Quelles sont les conditions nécessaires et quel est l’apport des études diachroniques des institutions publiques pour observer en temps réel leurs (non)transformations ? - De quelles théories, de quels concepts de quelles hypothèses dispose-t-on pour expliquer ces changements : place de l’événement, des structures, des configurations, des réseaux, des champs, des luttes, des mouvements sociaux, des inventions lexicales, des fictions, etc. ?

Axe de réflexion 2. Quelle(s) place(s), quel(s) rôle(s) des institutions publiques dans les changements sociaux ?

Les institutions publiques ont pour particularité d’inclure dans leur mandat un  « travail sur autrui » qui implique des changements individuels et/ou collectifs, que ce soit en éduquant les enfants, en aidant les pauvres, en enfermant les délinquants ou encore en nous incitant à modifier nos usages ordinaires de l’énergie et des ressources en eau… Cette dimension des institutions publiques fait souvent l’objet d’investissements idéologiques (par exemple la « passion égalitaire » des Français pour l’institution scolaire), ainsi que de sévères critiques, des désillusions ou encore des sentiments nostalgiques (« c’était mieux avant »). Mais comment peut-on décrire voire mesurer la capacité réelle (ou l’incapacité) de différentes institutions publiques « à changer le monde » ? La question se pose à un niveau tant individuel que collectif. On peut aussi s’intéresser classiquement aux mécanismes de reproduction (plutôt que de changement) et aux effets pervers (aux changements non-voulus) auxquels participent certaines institutions. Quel est le rôle singulier des institutions publiques dans la persistance et les recompositions de l’ordre social dans sa multidimensionnalité (ethno-racial, genre, classe, classe d’âge) ? Mais on pourra aussi faire porter l’attention sur la faible puissance voire l’impuissance des institutions publiques, sur les changements minoritaires en leur sein, ou au contraire massifs mais qui s’opèrent « sans » voire « contre » les institutions publiques.

Axe de réflexion 3. Quelle place de la sociologie et du sociologue dans l’institution des changements sociaux ?

 Par ailleurs, comment les sociologues sont-elles et ils affecté.es par les transformations des institutions contemporaines ou par les changements sociaux voulus et planifiés par ces dernières ? Que deviennent les savoirs produits sur les institutions ? Comment comprendre qu’elles et ils puissent parfois faire l’objet d’une certaine indifférence, faisant craindre que notre discipline soit de moins en moins audible auprès d’institutions qui ont pourtant plus que jamais besoin de l’imagination sociologique ? On pourra aussi se pencher sur les configurations dans lesquelles certains savoirs sociologiques produits sur des institutions en pleine évolution (L’École, la Police, La Justice, le travail social, etc.) sont distordus, instrumentalisés, voire attaqués, mis en concurrences avec d’autres types de savoirs présentés comme plus légitimes, souvent en fonction des logiques dominantes ou contraintes qui président aux dites évolutions.  Il pourra enfin être intéressant de se pencher sur des cas, dans lesquels le savoir sociologique participe de ces transformations des institutions et / ou de changements sociaux escomptés par elles ? Cela peut s’opérer, entre autres, à travers des formes de recherches collaboratives, dont il s’agira de décrire les formes et la portée effective. Quoi qu’il en soit, il s’agira de se demander ce que cela fait à la sociologie d’élaborer des savoirs « pour le changement » et non plus seulement « sur le changement » ?

Axe de réflexion 4. Session commune RT15 et RT40

Au fil de l’histoire, la jeunesse est souvent représentée comme actrice du changement, que celui-ci soit perçu de manière péjorative si on se place du point de vue de l’ordre social ou positive de celui des mouvements révolutionnaires. Elle est également perçue comme une période où les jeunes traversent des changements successifs d’identité jusqu’à l’âge adulte, dans une période moratoire entre minorité et majorité faite d’expérimentations. Pour autant, pour une partie de la jeunesse, ces seuils d’âge sont loin d’être vécus en termes d’expérimentation individuelle et sont normés par les institutions qui les encadrent. Cette session qui réunit le RT jeunesse et le RT institutions questionnera la jeunesse dite institutionnalisée (Parron, Sicot, 2009) et les cadres normatifs du changement qui leur sont imposés dans un glissement sémantique provenant du monde de l’entreprise et de ses catégories gestionnaires (Lacroix, 2016). Que l’on pense à la contractualisation croissante des dispositifs, à l’approche par projet qu’elle implique ou aux normes d’« autonomie » et d’« indépendance » au cœur des référentiels d’action publique, il serait intéressant d’interroger ces notions qui engagent un jugement social sur les personnes et les situations (Dumollard, Lima, 2016) et qui ont pour effet d’exclure les jeunes qui ne « collent » pas aux attentes institutionnelles (Muniglia, Rothé, 2012) ou aux critères d’évaluation utilisés (Carayon, Mattiussi, Vuattoux, 2018). On s’interrogera alors sur les changements attendus chez les jeunes par les différents dispositifs d’aide et donc par les institutions qui les mettent en œuvre, que l’on s’intéresse au contrat jeune majeur en protection de l’enfance (Jung, 2010 ; Guimard, Petit-Gats, 2011), au RSA jeune, au Fonds d’aide aux jeunes FAJ (Lima, 2016), à la Garantie jeune (Couronné, Sarfati, 2018) dans le champ de l’insertion, ou aux dispositifs qui ciblent par exemple les jeunes migrants. Quelles inégalités ou ressources produisent-ils ? Sur quelles normes et quels discours les agents s’appuient-ils pour produire leur évaluation ? Nous travaillerons également sur la manière dont les jeunes se saisissent ou rejettent les dispositifs qui leur sont dédiés, sur les stratégies qu’ils mettent en place pour ajuster leurs récits aux attentes normatives des institutions et sur les formes de résistance qui existent. Cette session commune sera l’occasion d’aborder ces questionnements sans pour autant qu’ils ne soient exhaustifs. Pour ce thème, les propositions de communication sont à déposer sur la pape dédiée à cette session croisée.   Les propositions de communication (1 page, environ 3.500 caractères, bibliographie et espaces compris) sont à déposer avant le 30 janvier 2021 sur le site de l’AFS (voir en bas de cette page). Elles seront examinées par les membres du bureau qui reviendront vers vous à la mi-mars 2021. Précisant l’axe dans lequel elles s’inscrivent, les propositions de communication, indiqueront la problématique, la méthodologie et les données mobilisées, voire les principaux résultats, qui seront présentés lors du congrès. Elles comporteront également les nom, statut, affiliation et coordonnées de leurs auteur·e·s.












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