06 Déc Afrânio Garcia Jr (1948-2024)
C’est avec une très grande tristesse que nous vous annonçons le décès de notre ami et collègue Afrânio Garcia Junior, survenu ce samedi 30 novembre.
Anthropologue et économiste de formation, ayant fait une partie de ses études en France entre 1966 et 1968, Afrânio Garcia Junior a effectué la première partie de sa carrière à Rio de Janeiro, en particulier au Museu Nacional. Avec sa compagne, Marie-France Garcia, rencontrée à Nanterre, il a mené des recherches en études rurales et enseigné au Brésil pendant plusieurs années, circulant entre le Brésil et la France, où ils ont finalement poursuivi leur carrière universitaire, lui à l’EHESS et elle à l’INRA. Très lié à José Sergio Leite Lopes et à Moacir Palmeira, Afrânio Garcia a entretenu des relations précoces avec le Centre de sociologie européenne (CSE), qu’il rejoint pour un long séjour de recherche à partir de 1983, puis pour des séjours plus brefs. En 1986, il publie un premier article en français, issu de l’enquête qu’il menait dans les régions sucrières du Nordeste du Brésil, dans Actes de la recherche en sciences sociales, sous le titre « Libres et assujettis », titre qu’il conservera pour son livre paru en 1989 aux Éditions de la Maison des sciences de l’homme. Afrânio Garcia restera très attaché à cette revue où il publiera par la suite des articles sur les intellectuels brésiliens et la conscience nationale (1993), sur l’économiste Celso Furtado (1998), sur l’essai Le Brésil, terre d’avenir de Stefan Zweig (2011). Il se souciera de l’évolution de la revue qui avait réussi à constituer un « réseau international » qu’il jugeait très précieux et sans équivalent. Il noue aussi dans les années 1980 des relations fortes et durables avec plusieurs membres du CSE, comme Jean-Claude Combesssie, Jean-Pierre Faguer, Francine Muel-Dreyfus, Michel Pialoux, Louis Pinto, Monique de Saint Martin ou Abdelmalek Sayad. Il contribuera beaucoup à ce que la plupart d’entre eux viennent au Brésil présenter leurs travaux et parfois mener des recherches en collaboration avec des collègues brésiliens.Installé en France au milieu des années 1990, il est élu à l’EHESS. Il poursuit des recherches sur le champ du pouvoir brésilien, sur les stratégies internationales des élites brésiliennes, notamment à travers les mobilités étudiantes, et sur les rapports de genre, de classe et de race au Brésil. Ces travaux donnent lieu, entres autres, à deux ouvrages codirigés : Estratégias educativas de elites brasileiras na era da globalização (2013); et Relações de gênero, raça, classe e identidade social no Brasil e na França (2013). En français, il publie des articles sur les intellectuels brésiliens et la conscience nationale (1993), sur l’économiste Celso Furtado (1998), sur la trajectoire de Fernando Henrique Cardoso de la sociologie à la présidence de la République, ou encore sur l’essai Le Brésil, terre d’avenir de Stefan Zweig (2011). Tout en continuant à participer à des activités du CSE, il s’investit, entre 1996 et 2009, dans le Centre de recherches sur le Brésil contemporain (CRBC) qu’il dirige, d’abord avec Ignacy Sachs, puis seul. Il contribue alors aux échanges franco-brésiliens. En 2009, il devient membre à titre principal du CSE (devenu en 2010 le Centre européen de sociologie et de science politique après la fusion avec le CRPS). Il participe à des entreprises collectives comme Le Guide de l’enquête globale en sciences sociales (CNRS Editions, 2015), le Dictionnaire international Bourdieu (CNRS Editions, 2020) ou encore le colloque autour des travaux d’Yves Dezalay (Cultures et conflits, 2021). Il a également codirigé l’ouvrage collectif Bourdieu et les Amériques. Une internationale scientifique : genèse, pratiques et programmes de recherche, issu d’un colloque tenu en 2019, et publié en 2023 aux Editions de l’IDHEAL. Très engagé dans la recherche et les activités scientifiques, Afrânio Garcia a continué, après son départ à la retraite, à s’impliquer dans les relations franco-brésiliennes, animant le Groupe de recherche sur le Brésil contemporain et accueillant des chercheur-es et doctorant-es brésilien-nes au CESSP. Il est resté très attentif, et ce malgré l’épreuve de la maladie, à l’avenir de cette entité, encourageant les nouvelles générations de membres du CESSP à perpétuer les échanges transatlantiques initiés par la génération précédente. Malgré son état de santé aggravé, il est encore intervenu il y a quelques jours au colloque d’hommage à Ignacy Sachs, qu’il avait organisé.
Nous adressons nos condoléances les plus sincères à sa compagne Marie France Garcia, ses enfants, ses proches et toutes celles et ceux pour qui Afrânio comptait.
Texte publié sur le site du CESSP : https://cessp.cnrs.fr/une-triste-nouvelle/