12 Nov AAC RT38 Sociologie de l’environnement et des risques – Congrès AFS Lyon 2023
Appel à communications – RT38 Lyon 2023 :
Sociologie de l’environnement et des risques
Le réseau thématique « Sociologie de l’environnement et des risques » inscrit ses prochaines sessions dans le cadre du 10e congrès de l’AFS qui se tiendra du 4 au 7 juillet 2023 à Lyon. Nous engageons à questionner les liens entre société et environnement, en se saisissant du thème du congrès « Circulations et intersections ».
Les manières d’appréhender l’environnement et les risques renvoient à une pluralité d’interconnexions, de ces « circulations et intersections » proposées à la discussion. En sociologie de l’environnement spécialement, parce que l’approche nécessite une interdisciplinarité forte, les entrecroisements entre une diversité d’entités s’avèrent de mise : institutions, laboratoires de recherche, mouvements sociaux représentant des taxons ou des territoires de biodiversité… Se joue aussi un travail de démarcation entre groupes d’acteurs et entre les visions qu’ils portent. Les communications pourront dès lors proposer d’approfondir ces entrecroisements, d’une part entre les entités sociales et politiques qui s’investissent ou s’opposent au nom du non-humain, d’autre part entre les écosystèmes eux-mêmes et les systèmes sociétaux qui les ont pour partie produits, mais qui conjointement en dépendent.
Si cet appel à communication est résolument ouvert aux analyses des dynamiques, comme des interactions entre ces systèmes dont on perçoit toujours plus l’imbrication, les réorganisations multiformes, les hybridations et les appropriations, il invite aussi à en examiner « les conséquences sur l’environnement » lui-même, pour reprendre le texte de l’AFS, notamment en termes de « contestations ». Réfléchir aux effets de ces dynamiques transfrontalières requiert en effet d’investiguer les conflictualités en résultant, et ce quant à leurs profils, formes et temporalités, voire vis-à-vis des reconfigurations qui en résultent.
Les travaux et réflexions sociologiques s’inscrivant dans les thématiques du RT38 pourront de la sorte s’ancrer dans des temporalités et des spatialités variées. Elles seront tant globales et internationales, tels les exodes climatiques, comme plus locales, internes aux États à travers par exemple des territorialisations renouvelées des ruralités et urbanités, le tout à l’aune de transformations normatives aux effets et échelles spatio-temporels divers, que ce soit du point de vue des rapports sociaux ou des impacts environnementaux.
Ces multiples imbrications entre systèmes posent également la question des opérations de traduction, d’un milieu à l’autre, mais aussi celle des acteurs qui procèdent à ces traductions, se positionnant parfois à l’intersection de plusieurs mondes, au sens des grilles d’interprétation de la réalité. Être à l’intersection implique en effet des désencastrements quant aux grilles préexistantes, des décontextualisations-recontextualisations, voire une « scalabilisation » qui peut générer des positions plus radicales, féministes, des suds ou plus généralement un rejet de l’extractivisme dans la gestion et la protection de la nature et de ses ressources.
Un autre axe pourra concerner les mots et expressions supports des tensions existantes. Ainsi, face au succès actuel de termes comme « sobriété », « transition », « planification écologique », « adaptation », « résilience », etc., les sociologues de l’environnement sont invités à proposer des contributions montrant primo, les transformations historiques qu’ont connu ces termes (au moins depuis le rapport Meadows), secundo leurs circulations et usages au sein des milieux militants, techniciens ou gouvernementaux et tertio la signification pratique que leur donnent les acteurs de terrain qui les mettent en œuvre ou les subissent. Cela permettra de souligner les « champs de force » qui s’opposent autour de la définition des pratiques légitimes versus illégitimes, tout en mettant l’accent sur les continuités et les basculements.
De manière complémentaire, la circulation des connaissances produit des espaces sécants nouveaux où apparaissent de nouvelles problématiques en matière de justice environnementale. Il s’agira ici de poursuivre les débats autour des processus de dominations, des inégalités et de leurs contestations à l’aune des dégradations que subit l’environnement et des populations directement impactées. L’enrichissement de cette branche de la sociologie de l’environnement, par des apports critiques renouvelés, est attendu pour les enjeux soulevés en termes d’équité devant les efforts demandés, et ce au moment où s’ouvre la COP27.
Cet appel souhaite également prolonger l’intérêt du RT 38 pour l’analyse des formes de réflexivité sociale. Cet intérêt intégrant tant les travaux épistémologiques consacrés aux concepts et théories que les construits critiques produits socialement. Les contributions à cet axe pourront aborder les circulations des termes et concepts environnementaux (agroécologie, sobriété, petits gestes…), que ce soit dans les politiques publiques, entre différents groupes et individus, ainsi qu’en sociologie et dans ses rapports aux autres disciplines. Car en participant au débat relatif aux multiples façons de penser les relations entre natures et cultures, la sociologie de l’environnement est venue discuter l’explication du social par le social (et uniquement par lui, selon la tradition sociologique française). À l’heure où l’environnement s’invite dans la plupart des thématiques scientifiques, y compris sociologiques, cette circulation fait du RT38 un lieu d’intersection qui pose entre autres la question de la « spécificité » du regard des sociologues de l’environnement. Des communications proposant leurs interprétations des conséquences épistémologiques, théoriques et méthodologiques de ce succès en reconnaissance, sont donc tout à fait bienvenues.
Les propositions de communication (résumé d’une page, incluant titre, mots-clés, présentation synthétique du contexte du travail, de son approche, des méthodes et de la conduite de la recherche, résultats principaux ou questions circonscrites, références éventuelles) sont à déposer avant le 30 janvier 2023 sur le site de l’AFS (voir en bas de cette page).