11 Juil Qui encaisse le travail gratuit ? Exploitations, adhésions et résistances au sein du monde associatif
Journée d’études Inter-RT 16 24 35
1er avril 2022 – LEST, Aix-Marseille Université́
Argumentaire de la journée
Cette journée était consacrée à l’étude des processus de gratuitisation du travail spécifiquement à l’œuvre dans le secteur des associations et des ONGs. D’abord, car celui-ci est historiquement et structurellement caractérisé́ par le recours au travail non rémunéré́ aux côtés de statuts d’emploi diversifiés (Hély, 2012 ; Muehlebach, 2012). Ensuite, parce qu’il a été et demeure le relais privilégié de politiques publiques d’(in)employabilité (Ihaddadene, 2018a). Nous proposons ainsi de saisir le monde associatif comme un vaste laboratoire de mise au travail gratuit observable dans différents domaines (sport, éducation, santé, social, humanitaire) (Zalzett et Fihn, 2020).
Issue d’une volonté́ de réflexion conjointe entre trois réseaux thématiques de l’Association Française de Sociologie – les RT 35 (sociologie des mondes associatifs), 16 (sociologie clinique) et 24 (genre, classe, race. Rapports sociaux et construction de l’altérité́) – cette journée d’étude se proposait d’interroger les ressorts de la mise au travail gratuit dans le monde associatif au prisme des rapports sociaux de pouvoir.
En particulier, il s’agissait de mettre l’accent sur ses effets, d’un côté́ pour les institutions qui en « encaissent » les bénéfices, de l’autre pour les individus qui l’« encaissent » et dont la force de travail est exploitée. Les travaux présentés visaient à explorer, dans une perspective sociologique, anthropologique, économique ou historique, les dynamiques de gratuitisation du travail associatif observables en France ainsi que dans d’autres contextes nationaux.
Au cours de 3 séquences, les communications et discussions ont porté sur les axes suivants :
- Profits et circuits du travail gratuit
- Rapports et rétributions différenciées au travail gratuit
- Tensions dans la lutte pour la rémunération du travail militant.
Déroulé
1. Profits et circuits du travail gratuit
Discutant.e.s : Estelle Miramond (RT24) ; Delphine Vincenot (RT16)
Maud Hetzel: De multiples formes de travail au service de l’entrepreneuriat écologique : le monde associatif comme médiateur de travail gratuit.
Doctorante au Centre Georg Simmel (UMR 8131, EHESS-CNRS)
Collecter et traiter des déchets alimentaires en région parisienne donne lieu à de multiples formes de travail, encadrées par des acteurs divers – la collectivité publique, l’entreprise privée prestataire de cette collectivité mais aussi les acteurs associatifs présents dans le quartier, eux-mêmes prestataires de l’entreprise. Ces activités de travail sont réalisées sous des statuts variés, qui vont de l’emploi salarié classique au travail domestique gratuit de tri des déchets, en passant par toute une série de statuts aux marges de l’emploi.
A partir d’une enquête par entretiens et observations participantes, cette communication montre comment le travail gratuit et le travail subventionné par l’État permettent à une entreprise privée de se développer, et ce, par le truchement d’un réseau associatif (associations de quartier et associations d’insertion notamment).
Le projet de collecte occasionne différentes formes de travail gratuit :
- le travail de tri réalisé par les habitantes, complètement gratuit et encouragé par une variété d’acteurs (collectivité, entreprise prestataire, associations de quartier) ;
- le travail de sensibilisation mis en œuvre par deux associations de quartier, partiellement gratuit ;
- le travail de collecte et de traitement réalisé en partie par des travailleurs en insertion, rattachés aux associations d’insertion et non pas directement à l’entreprise.
Ces formes complexes de travail, qui s’inscrivent dans une zone grise entre le travail gratuit et l’emploi salarié classique, permettent d’envisager des chaînes de valeur complexes, où des organisations aux statuts multiples sont prestataires les unes des autres.
La mise en lumière du travail réalisé par les habitantes et des travailleurs disqualifiés par le biais d’associations permet également de mettre à distance la figure de l’entrepreneur, qui assumerait tous les risques économiques. Adossé au système salarial, l’entrepreneuriat bénéficie ici aussi de formes de travail qui excèdent le cadre salarial.
Louise Lacoste : L’insertion par le travail des personnes sans-domicile : une carte ou un menu ? Travail gratuit des personnes accompagnées et gratuitisation du travail d’intervention sociale dans le dispositif Premières heures à Paris.
Doctorante à l’IDHES à Nanterre
Cette deuxième communication, sous-titrée “Travail gratuit des personnes et gratuitisation du travail dans le dispositif Premières heures (DPH) à Paris” interroge un travail gratuit réalisé au nom de l’emploi : le DPH est un dispositif d’insertion par le travail destiné aux personnes sans-domicile de la capitale. Entre 300 et 400 personnes sans domicile sont accompagnées chaque année dans une quinzaine d’associations. L’objectif initial du dispositif est de permettre des parcours sur-mesure et avec un accompagnement social renforcé.
Le volume horaire travaillé par les personnes est très flexible, car les personnes sont recrutées en intérim d’insertion/portage salarial par des associations intermédiaires. En théorie, il devrait augmenter de mois en mois pendant l’année d’accompagnement, créant un accompagnement « à la carte ». Mais le mode de financement du dispositif contraint les pratiques d’accompagnement des associations, dont les marges de manœuvres financières sont déjà très réduites. Cela conditionne un « menu » restreint d’options pour les parcours d’insertion.
Le DPH devient alors une variable d’ajustement économique interne pour les associations porteuses, qui ont des choix de support d’activité et de recrutement différenciés en fonction de leurs intérêts économiques. Les personnes accompagnées sont une main-d’œuvre quasi-gratuite pour les structures. Les destinataires du dispositif travaillent gratuitement « au nom de l’emploi ». Par ailleurs, le DPH est en général déployé dans les associations sans augmentation du nombre des travailleur.ses de l’intervention sociale qui les encadrent, augmentant d’autant le travail d’accompagnement et d’encadrement de ces dernièr.es et gratuitisant leur travail. En fonction des arbitrages réalisés par les structures (taux d’encadrement, existence d’un accompagnement dédié, support d’activité), le travail gratuit peut donc reposer sur les destinataires, les intervenantes sociales ou les coordinateur.ices. Par exemple, un salarié d’une association enquêtée explique aller finir (gratuitement) les tournées des destinataires du programmes quand ces derniers ne les ont pas achevé.
Par ailleurs, la gratuitisation au sein du dispositif est inégalement répartie en fonction du genre des individus et pèse plus lourdement sur le travail des femmes, encadrantes et en insertion.
Noemi Martorano : Mise au travail endogène et autoreproduction du système d’accueil. Une analyse des parcours d’intégration au travail des réfugiés au sein des institutions de l’accueil.
Doctorante à l’IDHES – Université Paris Nanterre et à la FISPPA Université de Padoue
Cette troisième communication analyse les parcours d’intégration au travail des réfugié·es au sein d’associations et de coopératives liées à l’accueil en Italie. Elle propose d’appréhender la mise au travail de ces réfugié·es à partir des outils théoriques de la reproduction sociale, en s’inspirant notamment des travaux de Federici ou de Bhattacharya. Cette communication se base sur l’observation participante des activités d’insertion professionnelle menées par les coopératives et les associations d’accueil, ainsi que sur des entretiens semi-dirigés avec des travailleurs sociaux (31), et des entretiens libres avec des bénéficiaires ou anciens bénéficiaires des programmes (46).
Dans un premier temps, les dynamiques de sélection des “bénéficiaires” de ces programmes de mise au travail sont mises au jour, de même que l’assignation à différentes tâches qui opère dans ce cadre. Puis, sont décortiquées les différentes formes de profits que réalisent les coopératives et associations à travers ces programmes.
La communication revient donc tout d’abord sur les stages effectués dans les institutions de l’accueil elles-mêmes, qui incitent les réfugié·es perçus comme particulièrement “vulnérables”, ainsi que ceux/celles catégorisé·es comme “employables” à travailler. Ces réfugié·es sont dès lors assigné·es à des tâches de manutention ou de nettoyage du centre qui les héberge ou des bureaux du projet d’accueil, mais sont également conduit·es à travailler pour des projets “annexes” mis en place par les coopératives, en travaillant par exemple dans un “Eco hôtel”.Cela permet dès lors au tiers secteurs de profiter d’un bassin de main-d’œuvre bon marché, et de bénéficier d’un financement ministériel.
La communication montre en effet bien, dans un deuxième temps, comment les coopératives et associations de l’accueil dégagent différents types de profits via ces formes de mise au travail endogène. Le caractère socialement vertueux de leurs activités “humanitaires” et “d’insertion professionnelle”, largement publicisées, leur permettent à la fois de retirer du profit symbolique et de bénéficier de financement publics liés au mandat qu’elles accomplissent dans le cadre d’un “projet d’intégration”. Ces financements permettent de prendre en charge le (maigre) salaire des stagiaires réfugié·es, desquel·les les associations et coopératives retirent gratuitement la force de travail. En outre, les coopératives et associations externalisent les coûts de l’encadrement des nouveaux/elles stagiaires aux ancien·nes, conduisant les réfugié·es à gérer et prendre en charge leur propre “intégration professionnelle”.
Enfin, l’analyse de cette mise au travail endogène et de cette autoreproduction du système d’accueil en Italie relève combien l’ensemble des dynamiques qui structurent ces phénomènes sont traversées par des rapports sociaux de race, de classe et de genre.
2. Rapports et rétributions différenciées au travail gratuit
Discutant.e.s : Agnès Aubry et Florence Ihaddadene
Jennifer Deram : Le fardeau du colibri Le travail associatif dans les recycleries, de l’enchantement à la désillusion.
Les recycleries semblent incarner la réponse idéale aux défis contemporains que sont l’exclusion, le chômage et la crise écologique. Néanmoins, comme l’ensemble du monde associatif, elles sont également en proie à des questionnements sur les finalités réelles de son action. En mobilisant une enquête qualitative effectuée auprès d’une trentaine de salarié-e-s dans une dizaine de recycleries et ressourceries en Drôme et en Ardèche, Jennifer Deram a montré le passage de l’enchantement à la désillusion. En effet, loin de la promesse de « travailler autrement », ces salarié-e-s se retrouvent confronté-e-s à un travail parfois pénible, voire aliénant, en échange d’une rétribution moindre en comparaison du secteur privé (Hély,2008). Par ailleurs, si les tâches sont semblables, l’enquête a révélé de fortes disparités du sens vécu face à ce travail en fonction des statuts et des trajectoires. Ainsi, selon le type de contrat et les trajectoires des personnes, le sens donné aux formes de travail gratuit (Simonet, 2018) ou dévalorisé (Falquet, 2009 ; Talbot 2017) par les salarié-e-s peut passer d’un rapport enchanté proche du don de soi à une forme de distanciation, voire de cynisme à l’égard des vocations affichées des structures employeuses. Ainsi, la communication de Jennifer Deram a montré qu’il devient alors possible de s’interroger sur les destinataires effectifs du récit enchanté de l’économie sociale et solidaire.
(Absent) Angel Baraud : Entre délégitimation du droit à l’ emploi et injonctions au travail gratuit. Ethnographie des relations des femmes des classes populaires immigrées au secteur associatif.
Annabelle Berthiaume : Implication parentale et contribution des mères dans les associations : une notion polysémique aux frontières du travail gratuit.
Professeure en travail social, Université du Québec à Trois-Rivières
La communication s’est focalisée sur le monde des associations , espace dédié à soutenir la parentalité et lieu de compréhension de la mise en pratique de la notion d’« implication parentale ».
À partir des résultats d’une enquête ethnographique dans un quartier de Montréal (Berthiaume, 2020), la communicante a exposé le caractère polysémique de l’implication parentale. Plus précisément, elle a montré comment, parmi les mères impliquées dans les associations « enfance famille » (maisons de la famille, halte-répit, concertation locale, etc.), un certain groupe d’entre elles, qui s’avèrent typiquement être des femmes blanches des classes moyennes, ont rapporté des implications dont la nature s’apparente à une forme de
« gratuitisation » du travail associatif. A. Berthiaume a alors mis en lumière que l’ implication pour ces « super mamans » bénévoles représente une manière de performer en tant que mère mais aussi de participer à la production de services qui leur ressemblent ou d’investir une vie de quartier « à leur image ». Cette implication a été mise en dialogue avec la notion de citoyenneté active valorisée pour ces mères et leurs enfants.
Bien que ce terrain vienne interroger une classe privilégiée, la mise en forme de l’implication étudiée est en fait indissociable d’activités assumées par des intervenant‧e‧s, salarié‧e‧s ou stagiaires non-rémunérées. La communicante a ainsi conclu que cet apport, avec les biais de classe et de genre qu’il implique, est également une manière de poser ces mères en tant qu’un des maillons de la chaîne du travail gratuit dans les associations, au-delà des perspectives d’empowerment promises par les politiques d’intervention.
NB : référence de la communicante : Berthiaume, Annabelle. 2020. « Le déploiement de la perspective de l’investissement social dans les politiques “enfance famille” au Québec : co-construction, engagement parental et mixité sociale ? » Thèse en travail social, Université McGill.
3. Tensions dans la lutte pour la rémunération du travail militant
Discutant.e.s : Simone de Cecco ; Emily Lopez Puyol
Léo Manac’h, Clément Soriat : Gratuisation du travail salarié, salarisation du travail gratuit ? La porosité entre bénévolat et salariat à Aides comme enjeu de lutte pour la définition du travail qui mérite salaire.
Doctorant en anthropologie (Ceped, U. de Paris) & post-doctorant en sciences politiques (Ceped, U. de Paris)
Cette communication a montré les différents mécanismes par lesquels l’association Aides articule une« gratuitisation » du travail salarié à une « salarisation » du travail gratuit : le salariat serait. L’un des enjeux fort de cette articulation est notamment la relation entre les volontaires (équivalent de bénévoles à Aides) et les salarié.es. En effet, les volontaires peuvent voter et être élu·es dans les instances représentatives (présidence des lieux de mobilisation, conseils de régions, conseil d’administration). Ces dernier.es sont incité·es par les formateurs (lors d’une formation initiale obligatoire pour volontaires et salarié.es) à ne pas laisser passer des pratiques qui dérogeraient au cadre fixé par Aides qui est très codifié et ritualisé et à communiquer avec les directions aux échelles locales, régionales et nationales.
Cette communication a permis ainsi de questionner à l’aune des rapports sociaux les enjeux de pouvoir entre“volontaires” et “salarié.es” et ce qui se jouent dans les moments de formation. En effet, il existe à Aides une certaine ambiguïté sur le caractère professionnel ou militant de l’organisation de nature à favoriser l’intériorisation de leur exploitation par ses salarié·es, en particulier des groupes sociaux minorisés pour lesquels les enjeux de survie économique et de légitimation au sein de l’institution se posent avec davantage d’acuité.
Sarah Demart : Le financement de la lutte contre le racisme en Belgique, l’exploitation épistémique et la capitalisation des savoirs militants.
Sociologue, Université libre de Bruxelles
Dans cette communication, Sarah Demart mobilise une approche féministe et décoloniale afin d’analyser les tensions inhérentes à la révendication d’une tarification de l’expertise militante dans le cadre de l’antiracisme politique belge. Une ethnographie de longue durée au sein du collectif de femmes noires “Bamko” permet à Demart de dégager une lecture originale de la lutte pour la rémunération des interventions militantes avancée par ce collectif depuis 2015.
Le contexte belge se caractérise par l’avènement d’une demande institutionnelle autour de la diffusion de la “parole des Afro-descendant·e·s” dans différents espaces (académie, école, événements publics, etc.). Si la visibilité associée à la diffusion de la parole minoritaire rend possible une forme de reconnaissance publique, cette reconnaissance est néanmoins fortement limitée. En effet, la reconnaissance liée à la visibilité et à l’éducation antiraciste tend à “épuiser les corps des militant·e·s sans pourtant produire des changements structurels” : la
gratuité des interventions militantes, au nom de la lutte politique et de l’impératif de “sortir de l’invisibilité”, ne modifie nullement les conditions souvent précaires du militantisme.
Lorsque les membres du collectif Bamko proclament : “C’est fini, on fait plus rien gratuitement”, elles mettent en lumière le double travail militant qui leur est exigé : le travail de construction des savoirs militants d’un côté, et celui de relation avec les institutions et le “public” de l’autre côté. En revendiquant une tarification de leurs interventions militantes, elles visent alors à obtenir une modalité différente de reconnaissance de leur expertise, susceptible de leur conférer un “statut épistémique et social”.
En outre, la demande de rétribution de la parole militante modifie les relations entre le collectif et les institutions et rend possible un ensemble d’usages tactiques et stratégiques. En particulier, la volonté de conditionner l’accès à la parole militante à une rémunération permet aux militantes de mettre en œuvre des tactiques de contournement ou d’“esquive” de certaines propositions d’intervention, en exigeant par exemple des montants trop élevés. Mais la demande de rétribution s’accompagne également à la revendication avancée par le collectif Bamko d’obtenir un agrément en Éducation permanente, afin de formaliser et systématiser la monétarisation de leurs interventions militantes.
Demart conclut en proposant d’analyser la lutte pour le financement des expertises militantes antiracistes comme une forme de résistance à “l’exploitation épistémique” (Berenstain) qui caractérise le capitalisme racial contemporain : une exploitation liée à l’appropriation et la capitalisation des savoirs minoritaires, étroitement imbriquée avec la dimension de la gratuité.
Clotûre
Maud Simonet a clôturé cette journée par une intervention soulignant ses apports et les pistes ainsi ouvertes.
Son existence même traduit une légitimation de la notion de “travail-gratuit” dans le champ universitaire, loin d’aller de soi. Questionner la logique du profit dans le monde du non-profit produit du désenchantement ; cette démarche peut se voir reprocher son caractère réducteur ou économiciste. Le caractère provocateur de l’intitulé retenu traduit la connaissance de ces enjeux par les organisatrices et organisateurs et la volonté de s’y confronter. Comme les communicantes et communicants l’ont démontré, les acteurs et actrices sociaux sont bien conscients de ces enjeux.
Maud Simonet a souligné les apports de chacun des axes : Le premier a en particulier fait apparaître la centralité de la notion de “circuit” (économique, symbolique, institutionnel) pour penser les chaînes de coût et de valeur complexes engendrées par le travail gratuit. Plusieurs configurations ont été étudiées : l’association comme médiatrice de travail gratuit, la mise au travail gratuit interne aux associations, sans négliger le rôle de l’Etat, producteur du cadre dans lequel s’exerce ce travail.
Les communications du deuxième axe ont contribué à l’analyse des rapports différenciés au travail gratuit, des dominant·es comme des dominé·es. En effet, elles ont abordé les dynamiques d’assignation et de contrainte, mais également la question de la dimension symbolique valorisante du travail gratuit. La question « Qui peut se permettre de travailler gratuitement ? » est heuristique et appelle à la prise en compte des temporalités dans l’analyse.
Enfin, le troisième axe a permis de mettre l’accent sur les voies de dégagement du travail gratuit. Deux pistes sont à explorer plus avant dans une perspective de contestation. D’un
côté, celle de la “facture” : qu’elle soit adressée à l’Etat, au conjoint, aux associations, elle met en jeu la visibilité du travail gratuit et contribue à sa mise en valeur ; de l’autre, celle du “salaire” : poser la question du salaire contribue à dénaturaliser et politiser le travail et son analyse. Il s’agit de “ne pas sous-estimer le pouvoir du salaire et ne pas sous-estimer non plus le pouvoir de l’absence de salaire”.
Organisation
Comité́ scientifique :
Thierry Berthet, Anne Bory, Sébastien Chauvin, Marie-Anne Dujarier, Xavier Dunezat, Marie- Christine Félix, Camille Hamidi, Matthieu Hély, Florence Ihaddadene, Francis Lebon, Delphine Mercier, Alain Morice, Aude Rabaud, Nicolas Sembel, Maud Simonet.
Comité́ d’organisation :
Édouard Robin, Margaux Trarieux, Delphine Vincenot (RT16) Simone di Cecco, Anouck Manez, Estelle Miramond (RT24) Agnès Aubry, Emily Lopez Puyol, Alice Pavie (RT35)
Journée co-financée par l’AFS, l’URMIS, le LCSP et le LEST