Thématique et RT choisis
RT n°7 : Vieillesses, vieillissement et parcours de vie
Thématique n°1 « Vieillesses et vieillissements : entre parcours de vie et environnements »
Résumé
Pousser les personnes âgées à conduire au-delà de 80 ans est l’intérêt des constructeurs automobiles comme des multinationales de l’énergie. En leur fournissant diverses aides à la conduite, les constructeurs automobiles contribuent à ce que les personnes âgées ne changent rien à leur mode de vie et maintiennent leurs habitudes de déplacement le plus longtemps possible. Les représentants des générations du baby-boom ayant vécu les 30 glorieuses ont plutôt envisagé l’automobile comme un bien « démocratisé » conduit par toutes et tous. Ils placent volontiers la liberté au sommet de leurs aspirations. Conduire jusqu’à trépas devient-il la nouvelle frontière ? La perspective de l’avènement d’un véhicule électrique totalement autonome vient-elle rebattre les cartes ? Pour répondre à ces questions, nous avons souhaité donner la parole aux premièr.es concerné.es. Comment sont reçues aujourd’hui les innovations d’assistance à la conduite automobile censées prolonger l’usage de l’automobile des seniors ? Les résultats de notre enquête longitudinale (2020-2024) quantitative (panel par questionnaire auto-administré + enquête par quota) et qualitative (par entretiens semi-directifs compréhensifs répétés auprès d’un panel de 27 ménages de plus de 65 ans) au sein de la Métropole Européenne de Lille, livrent une compréhension de la manière dont les ‘papy-boomers’ font évoluer leurs pratiques de déplacement à l’aune des changements technologiques qui concernent l’automobile et des actualités environnementales. Les premiers résultats nous permettent de penser que si le véhicule autonome finit par s’imposer dans les années à venir, ce sera sur un malentendu et non en réponse aux véritables attentes émanant des personnes âgées d’aujourd’hui.
Mots-clés
personnes retraitées, environnement technologique, mobilité, innovation, voiture, véhicule autonome, sociologie.
À partir de la catégorie générationnelle des ayants-droit dans les opérations de rénovation du logement minier, cette proposition examine l’ambivalence des politiques de peuplement dans le relogement des ménages âgés. L’approche « des deux côtés du guichet » permettra d’analyser les pratiques institutionnelles des acteurs chargés du relogement ainsi que les expériences vécues par les populations vieillissantes. Ce double regard permet de mieux comprendre les effets de ces politiques sur les trajectoires et expériences résidentielles et sociales des ménages concernés, tout en mettant en lumière les tensions entre les logiques institutionnelles et les attachements symboliques des habitant∙e∙s à leur environnement dans un contexte marqué par une histoire industrielle.
Le vieillissement de la population est à mettre au centre des questionnements sur la transformation de nos environnements, à l’échelle des territoires, des villes, et de l’habitat. Alors que cette problématique intègre peu à peu l’action politique[1], elle reste entravée par des injonctions contradictoires de mixité sociale, qui tendent à l’invisibiliser. C’est le cas notamment dans les QPV, qui concentrent les dissonances.
Depuis 2003, les politiques urbaines issues de l’ANRU[2] ont conduit à la démolition de milliers de logements et au relogement des populations dans les quartiers prioritaires, dont des personnes vieillissantes, alors même que l’attachement au quartier et la stabilité résidentielle les caractérisent[3]. En 2016, sur les 29 220 actions financées dans le cadre des contrats de ville, seules 2% concernent exclusivement des personnes âgées[4]. Les séniors vivant en QPV y sont décrits comme victimes d’un triple stigmate : celui d’être pauvre, vieux, et habitant d’un quartier dégradé. Or cette réalité a souvent été effacée au profit de publics plus jeunes[5], priorisés par les politiques urbaines.
Partant de ces constats et faisant suite à la crise sanitaire qui a mis en lumière l’extrême fragilité et isolement des publics âgés, le Conseil National des Villes (CNV) appelle dans la série de recommandations « Vieillir en quartier prioritaire – un enjeu de société »[6], à plus d’humanité dans la prise en compte des trajectoires résidentielles, notamment des personnes vieillissantes[7]. Ces prescriptions prennent par exemple la forme de dérogations à la règle de l’ANRU de non-reconstruction de logements sociaux en QPV afin que les personnes puissent demeurer dans leur quartier. Le CNV recommande également la systémisation d’un volet « personnes âgées » dans tous les projets de rénovation urbaine, intégrant une estimation du nombre de logements adaptés et l’accompagnement des bailleurs via une Stratégie Vieillissement globale au niveau national.
Quelles traductions opérationnelles de ces directives contradictoires chez les bailleurs et quels impacts sur les trajectoires résidentielles de nos ainés ?
Nous faisons l’hypothèse que l’environnement spécifique du QPV et les politiques qui s’y déploient sont potentiellement autant une source de renouveau qu’un frein au changement, pour les bailleurs comme pour les habitants[8]. Pour répondre à ces questions et vérifier notre hypothèse, nous proposons d’organiser notre communication en deux temps.
Dans un premier temps, en croisant les politiques de la ville et du renouvellement urbain aux dernières études et recommandations de la CNV et de l’ANCOLS, nous essaierons de mettre en évidence les particularités des QPV vis-à-vis de la question des vieillissements. La mobilisation de littératures scientifique et grise permettra notamment de caractériser (1) les stratégies des bailleurs sociaux quant à la prise en compte du vieillissement dans leur parc de logements (2) les trajectoires particulières et le vécu des habitants vieillissants en QPV.
Dans un second temps, nous nous attacherons à l’étude d’un cas particulier, celui du QPV d’Empalot à Toulouse. Une série d’entretiens avec le bailleur unique Toulouse Métropole Habitat et avec certains acteurs institutionnels intervenant sur ce site (CCAS, CAF, ANRU) nous conduiront à examiner les actions à l’œuvre en lien avec le vieillissement. Ensuite, des entretiens semi-dirigés avec les habitants (ainés ayant habité ou habitant Empalot, en logement social) permettront de recueillir la réalité des parcours de vie dans l’environnement QPV.
Ainsi, notre communication propose de décrire et comprendre les traductions de l’environnement QPV sur les stratégies des bailleurs, puis sur les trajectoires des personnes vieillissantes. Des situations d’attente vis-à-vis du relogement et/ou de rénovation du logement, de sous-occupation, de relogement effectif seront des cadres stimulants pour comprendre l’impact des politiques publiques et des stratégies des bailleurs sur « l’habituation » des habitants à la rénovation urbaine, entre opportunité de renouveau et résistance au changement. [1] Notamment la loi du 29 décembre 2015 relative à l’adaptation de la société au vieillissement, la loi ELAN du 23 novembre 2028 portant évolution du logement, de l’aménagement et du numérique, ainsi que la loi du 8 avril 2024 portant mesures pour bâtir la société du bien-vieillir et de l’autonomie [2] ANRU : L’Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine est un établissement public industriel et commercial (EPIC). Elle finance et accompagne la transformation de quartiers de la Politique de la ville dans toute la France : https://www.anru.fr/presentation-de-lanru [3] V. Caradec, « Les comportements résidentiels des retraités », synthèse des recherches réalisées dans le cadre du programme « Vieillissement de la population et habitat » du PUCA, 2009 ; et aussi C. Lelevrier, « La trajectoire, une autre approche des effets de la rénovation », dans Sylvie Fol, Yohan Miot, Cécile Vignal, Mobilités résidentielles, territoires et politiques publiques, Presses Universitaires du Septentrion, 2014, pp. 119-138. [4] CNV – Recommandations – Vieillir en quartier prioritaire – un enjeu de société – Septembre 2021, p. 5 [5] Ce qui participe à l’invisibilisation de ces publics. Au sein des QPV on relève en moyenne en 2016 (selon les chiffres de l’ONPV) que la proportion des 60 ans et plus est de 17,2% alors qu’elle est de 23,7% dans unités urbaines englobants ces quartiers ,et de 25,5% en France métropolitaine. En revanche, en QPV, la proportion de personnes âgées a augmenté de 1,7 points entre 2010 et 2016. [6] CNV : Le Conseil National des Villes concourt à la conception, à l’élaboration et à la mise en œuvre de la politique de la ville : https://agence-cohesion-territoires.gouv.fr/cnv ; l’étude en question date de septembre 2021 [7] CNV – Mixités : une richesse, une nécessité – Septembre 2021 [8] La notion « d’habituation » à la rénovation urbaine renvoie au travail de Maïlys Toussaint dans sa thèse de doctorat citée plus haut.Mot clés : Personnes âgées immigrées – Aidants familiaux – Solidarités familiales -Interculturalité
La présentation pour le congrès présente une recherche dans le cadre d’une thèse menée depuis octobre 2022. Elle s'appuie sur analyse de parcours de vie et sur analyse compréhensive afin de comprendre dans un premier temps, les dynamiques et les configurations de solidarités familiales dans l’accompagnement des personnes âgées et le vécu des aidants. Elle permet de comprendre la pratique culturelle, religieuse et familiale dans les relations d’aides.
Dans un deuxième temps, cette recherche vise à analyser la perception et les représentations sociales des acteurs de la société civile, des associations et des professionnels à domicile à l’égard des aidants familiaux d’origines maghrébines. Il est interessant de saisir les relations entre la France, la culture occidentale et les pays du Maghreb, ainsi que le point de vue que ces pays ont l'un sur l'autre concernant le modèle de solidarité familiale.
Cette contribution propose un retour analytique sur un processus d'innovation sociale visant l'inclusion des personnes âgées isolées et / ou souffrant de solitude, mené en partenariat avec le service santé et autonomie de la Ville de Strasbourg, les Petits Frères des Pauvres et nous-même en tant que sociologue, missionné pour accompagner la démarche par une recherche interventionniste. Suite à la période de COVID-19, la Ville mène une politique volontariste en termes d'inclusion des personnes âgées, notamment par le soutien d'actions portées par les centre socioculturels et associations dans les quartiers.
Nous interrogeons ce faisant la pertinence d'une innovation sociale visant à aménager l'environnement social urbain, en transformant les pratiques socio-culturelles selon une logique d'"aller vers" les publics vulnérables. Nous montrons notamment que la "fabrique des attachements" se joue d'abord d’abord et avant tout à l’échelle interindividuelle, sur le temps long, nécessitant de construire une relation de confiance. La mise en place d’organisations à l’échelle des quartiers de la ville, afin d’amener ces personnes à recréer du lien avec les habitants et à réinvestir l'environnement urbain ne va pas de soi. Nous observons en effet que le transfert des attachements interindividuels créés, afin de renforcer les attachements aux lieux et aux habitants du quartier, ne se décrète pas. Les personnes âgées souhaitent avant tout maintenir des liens avec les personnes ayant créé une relation de confiance et leur éventuelle resocialisation se fait avant tout dans des lieux tiers et sécurisants.
Nous montrons que la fabrique interindividuelle de l’attachement, repose sur une négociation de l’intimité relationnelle, chacun.e décidant de son implication dans la relation. Nous proposons ensuite une analyse critique du mode d’action publique consistant à aller vers les usagers, notamment dans la situation strasbourgeoise, impliquant un mode d’intervention hybride entre professionnel.le.s et bénévoles. Nous montrons toutefois que l’innovation en cours participe à désenclaver la vieillesse, pour en faire une problématique pleinement sociale et culturelle.