Dans cette communication, je me propose de questionner, à partir d’une recherche en cours, comment se construisent et se développent les liens entre les acteurs des établissements scolaires du second degré et les organisations oeuvrant dans le champ de la jeunesse, concernant la mise en œuvre du Parcours Citoyen des élèves.
Session 6 RT4 : Interaction entre famille, école et institutions éducatives : comment se construisent les dispositions scolairement rentables? (axe 2 Intersections et circulations entre l’école et le hors école). Animation / Discussion : membres du RT4
En parallèle
Session croisée RT4/RT19 : L\'injonction à l\'autonomie dans les champs de la santé et de l\'éducation (axe 2). Animation : Thibaud Pombet et Héloïse Durler et introduction de la session - La question de l\'autonomie à l\'école et en santé, perspectives croisées : Ghislain Leroy, Ruggero Iori, Sandrine Garcia, Marie David et Lila Le Trividic Harrache
Cette communication s’intéresse à la mise en place de pratiques psychocorporelles – autrement appelées « développement personnel » – au sein d’une Mission Locale. Ces dispositifs se posent comme des outils de diffusion des codes et normes de l’autonomie auprès de jeunes sans emploi ni formation. Les diverses postures adoptées par les jeunes face à ces pratiques nous informent non seulement des dispositions qui vont potentiellement favoriser ou non l’appropriation de ces pratiques, mais aussi des stratégies mises en place par les jeunes qui participent à remodeler ces outils selon des codes et attentes qui leurs sont propres.
Dans une logique de continuité avec les travaux qui ont contribué à étendre la portée du concept de forme scolaire (Vincent, Lahire & Thin, 1994) à des cadres institutionnels extérieurs à l’école (notamment Faure, 2000 ; Deslyper, 2018), cette communication se propose d’envisager la forme scolaire, en particulier la logique formelle qu’elle induit, au travers de pratiques qui se réalisent hors de tout cadre institutionnel (sur le mode d’une autodidaxie revendiquée). Le cas des compositeurs de « MAO » (musique assistée par ordinateur), dont le rapport formel à la pratique est envisagé sous l’angle d’une raison graphique (Goody, 1979) propre aux systèmes de notations contenus dans les logiciels qu’ils utilisent, constitue l’exemple, le terrain, sur lequel se fonde la problématique, à première vue contradictoire, d’un apprentissage « autodidacte » associé à une logique formelle.
L’analyse repose en premier lieu sur des entretiens approfondis et sur des observations de procédés compositionnels qui ont été menés auprès de 12 musiciens se revendiquant d’un apprentissage partiellement ou totalement autodidacte de leur pratique compositionnelle et dont l’instrument de prédilection est leur logiciel de composition musicale. Un questionnaire à destination des créateurs de musique (en un sens large), comptant un peu plus de 1150 répondants, a également été déployé afin de saisir des régularités plus larges entre, notamment, l’origine et la trajectoire sociales du musicien, sa formation musicale (type et niveau), ses supports/instruments de prédilection (numériques ou non), l’esthétique de ses compositions et sa propension à « apprendre seul » (livres, tutoriels en ligne, etc.).
Contre une approche substantialiste qui envisagerait l’apprentissage autodidacte comme le résultat d’une transmission d’abord permise par la matérialité du support utilisé (par exemple : Caron, 2011), la communication montrera dans un premier temps que le rapport formel à la pratique des compositeurs de « MAO » doit beaucoup à l’acquisition antérieure (familiale et institutionnelle) de savoirs et de dispositions scolaires, favorisant ainsi l’autonomie dans l’apprentissage de nouvelles techniques. On s’attachera ensuite à montrer que la revendication autodidacte qui s’en trouve associée se justifie principalement par le faible degré d’institutionnalisation des procédés compositionnels utilisés par une majorité de musiciens de « MAO », posant ainsi plus largement la question du processus d’institutionnalisation des techniques et de leur circulation, d’abord en tant que savoir-faire – l’état pratique – puis en tant que savoirs – l’état formalisé.