S’étant imposées comme libératrices du point de vue du travail ménager, l’usage des couches jetables suscitent en Russie des inquiétudes et des critiques. Les réticences exprimées conduisent parfois à adopter des méthodes de « l’hygiène naturelle infantile », appelées en russe vysazhivanie. Cette redécouverte de la « nature » en vue de l’accomplissement dans le projet parental est paradoxale : des imaginaires nostalgiques confortent ici des objectifs alignés sur des valeurs modernes, voire sur des calculs économiques. Cette communication étudiera les logiques qui sous-tendent ces pratiques de care « écologiques » et leurs effets sur le quotidien de mères. Il s’agira d’abord de retracer la genèse des théories de la parentalité « naturelle » dans l’espace post-soviétique, pour se centrer ensuite sur les cas de trois femmes aux profils socio-professionnels proches, mais de générations différentes. Les différences générationnelles permettront de montrer la redéfinition du travail maternel, marqué par un éloignement graduel des normes disciplinaires du contrôle du corps de l’enfant et une réorientation vers un accompagnement individualisé mais chronophage. La connaissance de ces pratiques « alternatives » peut également se transformer en une forme d’« expertise ».
À partir d’une enquête par entretiens menée auprès de 17 familles de classes moyenne et supérieure plutôt diplômées (au moins un des parents possède un diplôme de l’enseignement supérieur), ayant au moins un enfant en primaire et habitant en zones urbaines ou péri-urbaines de la région lyonnaise, cette communication propose de s’interroger sur la circulation et la réappropriation des normes alimentaires éco-responsables au sein des familles. On montrera que si ces normes sont plutôt bien acceptées par les familles, qui cherchent à les mettre en pratique dans le cadre de leur alimentation quotidienne, elles font néanmoins l’objet de négociations entre les mères, qui portent ces normes dans l’espace familial, les pères, qui y opposent plus souvent des formes de résistances, et les enfants, qui se font parfois les intermédiaires des mères dans la diffusion de ces normes dans l’espace familial.
A partir d’une enquête portant sur le travail des enseignants du premier et du second degré, nous nous interrogeons sur les effets des transformations de l’environnement de travail des enseignants du premier et du second degré sur l’articulation des temps sociaux, les effets sur les temps biographiques et notamment sur les formes de porosité entre vie familiale et vie professionnelle, ainsi que sur les conditions sociales de cette porosité. Nous montrons que l’articulation des temps sociaux est très inégale en fonction des enseignants et qu’elle dépend en partie de leurs caractéristiques sociales, que viennent travailler des configurations institutionnelles variées.
Maxime GUINEPAIN ATER (géographie et aménagement) à l’université Paris-Cité maxime.guinepain@posteo.net
Réponse à l’appel à communication du RT48, Axe 1 : « Temporalités et territoires ».Cette communication propose d’appréhender les jeux vidéo à l’aune de leurs dimensions matérielles et temporelles, en les saisissant depuis les quotidiens de personnes en situation de précarité et de classes populaires. Elle entend ainsi les inscrire pleinement dans nos environnements numériques contemporains, en tant qu’outils permettant une forme d’articulation temporelle et spatiale située, et portant également des enjeux économiques et de consommation pour les enquêté·es rencontré·es. Quelles mobilisations du jeu vidéo et de ses extensions culturelles et économiques sont opérées par ces dernier·es, et quelles contraintes mais aussi quelles ressources représentent-ils au sein de leurs trajectoires et de leurs conditions d’existence ? Tout en suivant le fil d’une entrée temporelle, intimement mêlée à une dimension matérielle, nous développerons deux situations contrastées : le recours au jeu dans des lieux publics par des hommes cisgenres, et le développement d’un travail en ligne lié aux univers vidéoludiques dans un cadre domestique par des femmes et minorités de genre.
La dématérialisation des démarches, inspirée des réformes du nouveau management public, vise à activer et autonomiser les usager·es mais tend à accentuer les inégalités d’accès aux droits. Peu étudiée pour les immigré·es et étranger·es, elle les affecte pourtant particulièrement. À partir d’une enquête ethnographique menée dans un centre social, et de plusieurs entretiens biographiques auprès d’immigré·es, cet article étudie les contraintes et effets des plateformes numériques de l’administration du séjour sur les personnes qui les utilisent, et sur leurs temporalités individuelles et familiales. La dématérialisation opérationnalise une politique migratoire de plus en plus sélective, en marginalisant les immigré·es en situation irrégulière et peu qualifié·es. La dématérialisation accentue les inégalités linguistiques, scolaires, matérielles et temporelles. Les tactiques différenciées pour faire valoir ses droits ne sont pas toutes adaptées aux exigences de la numérisation.
Mot-clés : immigré·es ; dématérialisation de l’État ; démarches administratives ; rapports ordinaires à la bureaucratie ; temporalités administratives