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RT34 - Sociologie politique
RT session 1
Ecologies populaires : quelles conditions d’émergence, de structuration, d’existence ?
mardi 10:30 - 12:30
- florian pietron - Écomarxisme et action sociale partisane en Italie du Sud. Les militants de Potere al popolo ! entre développement des savoirs citoyens et distinction militante.
Écomarxisme et action sociale partisane en Italie du Sud. Les militants de Potere al popolo ! entre développement des savoirs citoyens et distinction militante.
×En Italie, les régions du Sud sont caractérisées par une situation de « citoyenneté limitée » (SVIMEZ 2018) résultant de carences en matière de développement des services publics. Par conséquent, les habitants expérimentent des difficultés d’accès aux droits supposés garantis par la Constitution italienne. Ces inégalités sociales territoriales se traduisent sur le plan environnemental : les habitants du Mezzogiorno ont sensiblement moins accès aux transports publics, les villes méridionales sont très peu végétalisées et les pistes cyclables y sont rares (ISTAT 2024). Dans la ville sicilienne de Catane, les crises des déchets sont fréquentes et seuls 22% étaient recyclés en 2022 contre 65% au niveau national (ISTAT 2024). Aussi, en raison du manque de personnel et d’infrastructures, les institutions ne parviennent pas à faire respecter les normes légales. Cette situation de « légalité faible » (La Spina 2005) se traduit par des violations systématiques des normes sanitaires et environnementales. Par exemple en Campanie, le fleuve Sarno est considéré par les scientifiques comme le plus pollué d’Europe en raison des rejets illégaux de déchets industriels (Baldantoni et al. 2018). Les habitants du Mezzogiorno sont donc particulièrement exposés aux toxiques, ce qui engendre des conséquences sanitaires. Enfin, ils sont soumis à un processus d’ethnicisation reposant sur une lecture culturaliste des inégalités territoriales partagée par une majorité d’acteurs politiques, médiatiques et universitaires (Pietron 2023). Dans ce contexte, un réseau d’activistes issus des mouvements sociaux donna naissance à un modèle d’écologie « par le bas » en affirmant sa volonté de développer la participation politique des classes populaires (travailleurs précaires, migrants, étudiants). Articulant pratiques sociales, politiques et récréatives, les militants souhaitent reconflictualiser les rapports sociaux à travers le « mutualismo conflittuale » (mutualisme conflictuel). Il s’agit d’une approche réciprocitaire de la solidarité visant à développer le lien social dans le but de susciter des mobilisations politiques. Les militants fondent leur action sur le « controllo popolare » (contrôle populaire). Il s’agit d’une surveillance citoyenne visant à identifier les violations des normes légales et à faire pression sur les institutions afin que des actions politiques soient mises en œuvre. Ils recensent ainsi les entreprises qui ont recours au travail non déclaré ou les violations des droits des personnes migrantes dans les centres d’accueil. Sur le plan environnemental, le contrôle populaire consiste par exemple à repérer les dépôts illégaux de déchets dangereux dans les zones habitées. Ceci leur permet d’informer les autorités compétentes (inspection du travail, préfectures, municipalités etc.) et de faire pression sur les fonctionnaires afin d’obtenir des victoires politiques. En 2017, sur la base d’un projet alliant marxisme, environnementalisme et féminisme, les militants décidèrent de fonder l’organisation politique Potere al popolo ! (Pouvoir au peuple !). L’objectif était de fédérer des collectifs locaux autonomes en valorisant les pratiques de « démocratie horizontale » tout en agissant de concert dans un projet national. Ils fondèrent alors des Maisons du peuple au sein desquelles ils diffusèrent leur modèle mutualiste dans l’ensemble de la péninsule. Il s’agit désormais d’une forme d’action sociale partisane (Pietron 2023) puisque le parti politique organise en son nom des pratiques écologiques, solidaires et récréatives (nettoyage des espaces publics, récolte et distribution de vêtements, visites médicales gratuites etc.). Cette communication se fondera sur les données collectées dans le cadre d’un travail de doctorat en sociologie initié en 2019 et fondé sur des pratiques ethnographiques dans le sud de l’Italie (49 entretiens semi-directifs, 9 mois d’observation participante, 5 focus groups). Nous définirons l’écologie populaire comme une praxis permettant la participation politique des groupes dominés via l’articulation entre défense de leurs intérêts sociaux et lutte contre les effets environnementaux du capitalisme. Nous interrogerons donc les conditions d’émergence et de structuration de pratiques écologiques favorisant la participation des classes populaires au sein de Potere al popolo !. Nous analyserons les caractéristiques socio-culturelles des militants afin d’expliquer pourquoi il s’agit majoritairement de jeunes diplômés des classes moyennes. Ceci nous permettra de révéler la tension entre la logique avant-gardiste liée à la subculture marxiste universitaire des militants et leur volonté de susciter des processus d’émancipation au sein des classes populaires. La compréhension de cet enjeu constitue le principal facteur de développement d’une écologie réellement populaire permettant de susciter des processus d’empowerment radical (Bacqué et Biewener 2013) et de subjectivation (Touraine 1978, Tarragoni 2016) via le développement de savoirs citoyens (Nez et Deboulet 2013). Car des dynamiques de distinction militante (Rizet 2008) et une forme d’ethnocentrisme sont observables au sein des collectifs étudiés, ce qui limite leur potentiel d’action. Bibliographie : Bacqué, M.-H., & Biewener, C. (2013). L’empowerment, une pratique émancipatrice? La Découverte. Baldantoni, D., Bellino, A., Lofrano, G., Libralato, G., Pucci, L., & Carotenuto, M. (2018). Biomonitoring of nutrient and toxic element concentrations in the Sarno River through aquatic plants. Ecotoxicology and Environmental Safety, 148, 520‑527. Deboulet, A., & Nez, H. (Éds.). (2013). Savoirs citoyens et démocratie urbaine. Presses universitaires de Rennes. ISTAT. (2024). Ambiente urbano. Anno 2022. La Spina, A. (2005). Mafia, legalità debole e sviluppo del Mezzogiorno. Il mulino. Pietron, F. (2023). Action sociale partisane, ethnicisation et citoyenneté culturelle en Italie du Sud : Le cas d’étude d’une Maison du peuple dans un ancien hôpital psychiatrique judiciaire à Naples. Lien social et Politiques, 91, 111. Rizet, S. (2008). Qu’est-ce qui fait courir les militants de la Ligue communiste révolutionnaire ?: Sociologies pratiques, n° 15(2), 69‑81. SVIMEZ, Associazione per lo sviluppo dell’industria nel Mezzogiorno. (2018). Rapporto SVIMEZ 2018. L’economia e la società del Mezzogiorno. Rapporto e sintesi. Tarragoni, F. (2016). Du rapport de la subjectivation politique au monde social. : Les raisons d’une mésentente entre sociologie et philosophie politique. Raisons politiques, N° 62(2), 115‑130. Touraine, A. (1978). La voie et le regard (Le Seuil). - laigle lydie - De l’écologie ordinaire, à l’écologie associative et militante : circulation et tension entre ces trois formes d’écologie populaire à l’œuvre dans les quartiers (QPV) de Montreuil-Bagnolet
De l’écologie ordinaire, à l’écologie associative et militante : circulation et tension entre ces trois formes d’écologie populaire à l’œuvre dans les quartiers (QPV) de Montreuil-Bagnolet
×Issue d’une recherche appliquée d’un an sur les écologies populaires dans les quartiers « politique de la ville » (QPV) à Montreuil-Bagnolet, à la suite d’autres recherches menées à Saint-Denis et Aubervilliers depuis 2017, cette communication se propose d’analyser les conditions d’émergence de trois formes d’écologies populaires (ordinaire, associative, militante) qui se sont imbriquées au tournant des années 2020. Nous montrerons comment l’émergence, la circulation, mais aussi les tensions entre ces écologies populaires dépendent des dynamiques d’action collective suscitées par les habitants et le tissu associatif local, mais s’inscrivent aussi dans des mouvements plus militants considérant le rapport à l’écologie comme un enjeu de justice sociale. Si les circulation entre ces écologies ont pu un temps amplifier des causes communes, elles n’ont pas permis de dépasser des fractures de classes qui s’approprient des visions et pratiques différentes de l’écologie (Lajarthe et Laigle, 2024 ; Comby et Malier, 2021). - mathieu vigour - Penser les écologies morales des classes populaires rurales depuis les sociabilités locales. Le cas des habitant·es de la Thiérache axonaise.
Penser les écologies morales des classes populaires rurales depuis les sociabilités locales. Le cas des habitant·es de la Thiérache axonaise.
×Nom et prénom : Vigour Mathieu Rattachement institutionnel : Clersé (UMR 8019) Courriel de contact : mathieu.vigour.etu@univ-lille.fr Axe : Écologies populaires : quelles conditions d’émergence, de structuration, d’existence ? Titre : Penser les écologies morales des classes populaires rurales depuis les sociabilités locales. Le cas des habitant·es de la Thiérache axonaise. Cette proposition de contribution s’inscrit dans le cadre de ma thèse, qui cherche à analyser le rapport à l’enjeu environnemental des classes populaires habitant les « campagnes en déclin » [Coquard, 2019] – les territoires ruraux qui se dépeuplent et s’appauvrissent. Dans la continuité des travaux centrés sur des espaces ruraux localisés [Bruneau et al., 2018], je mène depuis plus d’un an une enquête ethnographique au sein de deux villages du nord de l’Aisne qui concentrent un fort taux de chômage, un taux de pauvreté élevé, un solde démographique négatif et une sur-représentation du vote en faveur du Rassemblement national. L’objectif est de saisir les formes « populaires » d’écologies rurales depuis les scènes de la sociabilité locale. Car malgré l’intérêt croissant pour les « écologies populaires » [Bocquet, 2023 ; Paddeu, 2024], les « écologies des classes populaires » [Comby et Malier, 2021 ; Mangin et Roy, 2023], ou les « écologies ordinaires » [Billen, 2023], force est de constater que ces travaux sont généralement centrés sur les espaces (péri)-urbains. En outre, les enquêtes étudiant les classes populaires (ou petites classes moyennes) rurales se focalisent sur des franges hautement politisées, comme les « gilets jaunes » [Flipo, 2021 ; Rubert, 2021] ou les « alternatifs » [Paranthoën, 2021 ; Pruvost, 2024], et moins sur les individus à distance [Bruneau et al., 2022] du politique qui constituent pourtant une large part de cette population. L’enquête ethnocomptable récente de Fanny Hugues [2023] pallie cette lacune en montrant que les pratiques de débrouilles rurales des ménages populaires ruraux sont des écologies en acte. Dans la continuité de ses travaux, je propose de caractériser les « écologies morales » [Jacoby, 2021] – concept qui permet d’étudier la proximité relative entre différentes conceptions de l’écologie à distance des « écologies dominantes » [Comby, 2024], ainsi que la diversité des politisations associées aux « écologies populaires » – des classes populaires rurales. Cependant, proposant un éclairage complémentaire, mon enquête est localisée et centrée sur les sociabilités locales – ce qui aide à saisir la circulation des pratiques et des représentations (non)-écologiques dans un espace donné. Ainsi, conformément à l’appel du RT34, l’intention de cette communication est de comprendre comment des conceptions populaires et rurales de l’écologie, conçues comme des « écologies morales », qui émergent dans des contextes dispositionnels et relationnels favorables aux styles de vie frugaux distants des écologies dominantes, reproduisent néanmoins des rapports sociaux de classe, de sexe et de race. D’abord, je décrirai les croyances, les pratiques et traditions « qui régissent la manière dont [les classes populaires rurales] interagissent avec l’environnement » [Jacoby, 2021, p. 17] : rejets des écologies dominantes, pratiques « hybrides » entre débrouilles rurales et consommations populaires, et connaissances concrètes du territoire et des souffrances environnementales. Ensuite, à partir de l’exemple des fêtes organisées localement, je montrerai que les « écologies morales » des classes populaires rurales entrent en concurrence au sein de l’espace villageois selon la fraction de classe (sur l’alimentation ou les déchets), le sexe (conflits masculins et division sexuelle du travail pendant les scènes d’entraide), et la race (articulation des logiques environnementales à des logiques « racistes » [Faury, 2024]). Bibliographie Billen Léa, « L’écologie ordinaire pour lutter à la fois contre les inégalités sociales et la crise écologique », Les Cahiers du Développement Social Urbain, n° 77, 2023, p. 7-9. Bocquet Denis, Aux racines de l’écologie populaire. Espaces et sociétés, n°188, 2023, p. 189‑197. Bruneau Iva,, Laferté Gilles, Mischi Julian, Renahy Nicolas (dir.), Mondes ruraux et classes sociales, Paris, EHESS, 2018. Bruneau Ivan, Durand Maeva et Mischi Julian, « Penser la production des distances au politique. Une entrée par l’analyse des relations entre le pouvoir local et les classes populaires en milieu rural », Politix, n° 137, 2022, p. 9-25. Coquard Benoît, Ceux qui restent, Faire sa vie dans les campagnes en déclin, Paris, La Découverte, 2019. Comby Jean-Baptiste et Malier, Hadrien, « Les classes populaires et l'enjeu écologique. Un rapport réaliste travaillé par des dynamiques statutaires diverses », Sociétés contemporaines, n°124, 2021, p 37-66. Comby Jean-Baptiste, Écolos, mais pas trop… : Les classes sociales face à l’enjeu environnemental, Paris, Raisons d’agir éditions, 2024. Faury Félicien, Des électeurs ordinaires. Enquête sur la normalisation de l’extrême-droite, Paris, Seuil, 2024. Flipo Fabrice, « Gilets jaunes et écologie : vers un écologisme des pauvres ? », Écologie politique, n°62, 2021, p.13-24. Hugues Fanny, « Getting by in rural France : la débrouille as a form of quiet popular resistance ? », European Journal of Cultural and Political Sociology, vol. 10, n°1, 2023, p. 127-151. Jacoby Karl, Crimes contre la nature. Voleurs, squatteurs et braconniers : l’histoire cachée de la conservation de la nature aux États-Unis, Toulouse, Anacharsis, 2021 [éd. orig. 2001]. Laferté Gilles, « Des études rurales à l'analyse des espaces sociaux localisés », Sociologie, vol. 5, n°4, 2014, p. 423-439. Mangin Gaëtan et Roy Alex, « L’écologie en milieux populaires : de la débrouillardise à l’action collective », VertigO - la revue électronique en sciences de l'environnement [En ligne], n°23, 2023. Paddeu Flaminia, « L’écologie populaire face à l’urbanisme olympique », Métropolitiques [En ligne], 2024. Paranthoën Jean-Baptiste, « Des reconversions professionnelles en train de se faire vers le maraîchage biologique. Ethnographie d’une formation », Travail et Emploi, n°166-167, 2021, p.103-129. Poupeau Franck, Siméant Johanna, Ronsin Gaëlle, Misset Séverine, Renahy Nicolas, Comby Jean-Baptiste et al., « Proceedings des journées d’études “Ecologie et classes sociales” », Ecologie et classes sociales, 2024. Pruvost Geneviève, La subsistance au quotidien. Conter ce qui compte, Paris, La Découverte, 2024. Rubert Aldo, « ‘Nous à la campagne, l’écologie, on la connaît’. Contestations et appropriations des injonctions environnementales par des Gilets jaunes ruraux », Politix, n°144, 2023, p. 67-97. - pachoud--janody elsa , nogera samuel,della sudda magali,walker etienne,levain alix - Au-delà de la « transition » ? Saisir les écologies populaires depuis les « cahiers de doléances » (2018-2019)
Au-delà de la « transition » ? Saisir les écologies populaires depuis les « cahiers de doléances » (2018-2019)
×Les premières analyses approfondies réalisées à l’échelle départementale (Della Sudda et al., 2023 ; Noguera, 2024) sur les "cahiers de doléances" mis en place durant la mobilisation des Gilets jaunes font état d’une présence significative de l’expression des préoccupations écologiques dans les contributions, sensiblement plus importante que celle identifiée dans les synthèses nationales réalisées en cours ou en fin de processus (AMRF, 2019 ; Cognito, Bluenove et Roland Berger, 2019). Ces écarts soulèvent à la fois des questions méthodologiques et interprétatives, que nous proposons d’éclairer à l’aide de l’analyse de deux corpus supplémentaires, issus des cahiers déposés aux archives départementales de l’Orne (666 contributions) et du Finistère (2730 contributions). Nous proposerons dans cette communication un retour critique sur la méthode retenue (codification inductive associée à une enquête qualitative auprès des scripteur·rices et collecteur·rices) pour l’identification des préoccupations, sensibilités et revendications écologiques à partir des formes socialement situées de leur expression et en l’absence d’informations sociologiques complètes sur les scripteur·rices. Notre enquête met en évidence les effets sensibles du cadrage des enjeux et préoccupations écologiques et de leurs conditions d’expression par les institutions politiques, notamment via la double imposition d’une thématisation écologique. Les analyses croisées entre Gironde, Orne et Finistère montrent par ailleurs d’importantes variations territoriales dans l’expression des préoccupations écologiques. Elles incitent à une vigilance méthodologique en ce qui concerne l’analyse lexicométrique et la thématisation des doléances, privilégiées à la fois dans les analyses réalisées à chaud à l’issue du Grand débat national, et dans les processus actuels de réappropriation de la « matière cahiers » dans des cadres partisans, associatifs et/ou académiques. - lucas faure - La mise au vert d’un groupe minoritaire : les mobilisations écologistes musulmanes en France et en Belgique
La mise au vert d’un groupe minoritaire : les mobilisations écologistes musulmanes en France et en Belgique
×Écologie populaire : quelles conditions d’émergence, de structuration, d’existence ? La mise au vert d’un groupe minoritaire : les mobilisations écologistes musulmanes en France et en Belgique Lucas Faure Post-doctorant au Germe, Université libre de Bruxelles Chercheur associé au Mesopolhis, UMR 7064 (Sciences Po Aix, AMU, CNRS) lucas.faure94@hotmail.fr Basée sur une recherche postdoctorale en cours, ma communication réfléchit au rapport au politique des musulmans européens en condition minoritaire en prenant appui sur le cas de celles et ceux qui s’engagent dans des activités écologiques, à Bruxelles et Marseille. Il s’agit de voir de quelles manières les engagements pour l’écologie s’agencent aux revendications historiques sur les inégalités et discriminations subies par les quartiers populaires (accès à un logement décent, revendication d’une meilleure mobilité à l’échelle de la ville, dénonciation des pollutions de certains quartiers, lutte contre l’islamophobie, etc.). Le croisement entre islam et écologie – qu’elle soit (auto)labélisée comme « populaire » ou non – représente une thématique émergente qui reste encore un chantier à défricher. Ma communication étudie comment s’articulent appartenance religieuse, assignation à un espace marginalisé et engagement en écologie. La condition minoritaire des musulmans européens se traduit-elle dans des formes inédites d’engagement écologique ? L’hypothèse défendue ici est que l’écologie s’affirme comme un mode de participation politique majeur, en particulier à l’échelle locale. L’écologie représente une nouvelle manière de faire entendre sa voix dans l’espace public, sans nécessairement mettre en avant les attributs distinctifs liés à l’appartenance à une foi. Dans des contextes nationaux où les musulmans européens sont tour à tour soupçonnés de désintérêt politique ou de vote communautaire, ces engagements témoignent d’un rapport inédit et encore non documenté au politique, tout en soulignant leur multipositionnalité. Autrement dit, lesdits musulmans ne sont pas uniquement des musulmans et ne s’engagent pas en mettant systématiquement en avant leur appartenance confessionnelle. Cette sociologie de la participation politique des Européens de confession musulmane et des militants écologistes, met en lumière les effets de la condition minoritaire sur les trajectoires d’engagement et les formes prises par l’action collective. Les interactions avec les pouvoirs publics façonnent les engagements en écologie des musulmans. À l’aide d’un terrain ethnographique multisitué, je propose une sociologie politique des militants écologistes musulmans, qui souligne tout à la fois leur diversité générationnelle, sociale et religieuse, et les enjeux communs auxquels ils et elles font face.
RT session 2
L’environnement des politiques d’égalité - Session 1 : Cibler un (des) territoire(s)
mardi 16:30 - 18:30
Discussion : Lucie Longuet (doctorante, ERMES, Université Côte d\'Azur, ATER, IRISSO, Université Paris-Dauphine) et Gwenaëlle Perrier (MCF, Université Sorbonne Paris Nord, chercheuse à l\'IRIS)
Discussion : Lucie Longuet (doctorante, ERMES, Université Côte d\'Azur, ATER, IRISSO, Université Paris-Dauphine) et Gwenaëlle Perrier (MCF, Université Sorbonne Paris Nord, chercheuse à l\'IRIS)
- charlène calderaro - Spatialiser pour racialiser : Les cadrages territoriaux du harcèlement de rue dans l’élaboration de la politique de pénalisation
Spatialiser pour racialiser : Les cadrages territoriaux du harcèlement de rue dans l’élaboration de la politique de pénalisation
×Cette communication analyse la façon dont les acteur·ice·s de politiques publiques, dans un contexte marqué par un répertoire « colour-blind » (aveugle aux différences raciales) (Bleich 2000; Mazouz 2017, 2021), mobilisent des cadrages spatialisés pour opérer une racialisation du sexisme dans l’élaboration d’une politique visant l’égalité de genre. À partir du cas de la pénalisation du harcèlement de rue, elle explore également les implications de ces cadrages en termes de résonance avec les discours de l’extrême-droite. Les travaux en sociologie ont montré que, dans un contexte de cécité raciale, les processus de racialisation se matérialisent notamment via un détour par le territoire. Ils ont souligné comment le territoire agit fréquemment comme un substitut–ou un « proxy »–des catégories raciales (Kirszbaum 2015; Béal et al. 2024), dans le cadre de nombreuses politiques sociales (Calvès 2004) et de dispositifs éducatifs visant à l’égalité des chances (Kirszbaum 2004; Askenazy and Martin 2015). Des recherches récentes ont également documenté les formes de racialisation opérant à travers la construction spatiale des violences sexistes dans l’espace public (Lieber 2018, 2021, Archat 2022). Ainsi, certaines zones territoriales sont construites comme des espaces à risques, renforçant la stigmatisation de groupes perçus comme menaçant sur le plan de l’égalité de genre. Toutefois, la recherche s’est encore peu penchée sur les mécanismes spécifiques par lesquels les acteur·ice·s de politiques publiques racialisent le sexisme dans un contexte politique et institutionnel marqué par un répertoire « colour-blind ». Quels types de cadrages, de représentations et de mesures ciblées participent à produire cette racialisation du sexisme dans un contexte où l’on ne dit pas les différences raciales ? De plus, les implications de ces cadrages spatialisés, notamment au regard de l’intégration croissante des enjeux de genre dans les agendas politiques d’extrême-droite (Mayer 2015, 2022; Scrinzi 2024), demeurent peu explorés. Comment ces cadrages résonnent-ils avec les stratégies discursives de l’extrême-droite visant à réorienter les débats sur l’égalité de genre vers des enjeux identitaires ? La communication s’appuie sur 56 entretiens menés avec des acteur·ice·s de politiques publiques actif·ve·s dans la pénalisation du harcèlement de rue, des militantes féministes engagées contre le harcèlement de rue, ainsi que des militant·e·s d’extrême-droite qui se sont appropriés la cause. Ces données sont complémentées par une analyse critique de documents officiels (rapports législatifs, comptes-rendus de séances parlementaires) et militants (articles, communiqués etc.). L’analyse montre que, dans un contexte de cécité raciale, la racialisation du sexisme liée au harcèlement de rue s’opère via une spatialisation du problème, matérialisée à travers des discours et des modes d’implémentation ciblés. Deuxièmement, ce proxy territorial s’articule à un proxy par la religion, où les groupes ethno-raciaux visés sont identifiés à partir de leur appartenance à l’islam. Troisièmement, ces cadrages spatialisés ne résistent pas aux contestations des militantes féministes, traduisant une imposition « par le haut ». Enfin, les résultats mettent en lumière les résonances et circulations entre les cadrages spatialisés de cette cause et les stratégies discursives de l’extrême-droite, qui déploie des discours prétendument non racialisés pour légitimer une racialisation du sexisme. - claire elazzaoui - La mise à l'agenda locale de politiques catégorielles d'égalité : l'exemple du vieillissement LGBT
La mise à l'agenda locale de politiques catégorielles d'égalité : l'exemple du vieillissement LGBT
×La communication s'intéresse aux facteurs favorisant la mise en œuvre locale de politiques catégorielles d'égalité, à partir du cas du vieillissement LGBT. Elle revient plus spécifiquement sur sa mise à l'agenda par deux collectivités territoriales (Ville de Paris, département de la Seine-Saint-Denis), apportant leur soutien à des dispositifs élaborés par des entrepreneurs de cause associatifs. Deux caractéristiques de ces configurations locales favorables sont développées. D'une part, les proximités entre acteurs militants et institutionnels, permises notamment par de fréquentes circulations entre les champs. D'autre part, le dépassement du frein à la reconnaissance de catégories minoritaires que représente le prisme de l'"universalisme républicain" par d'autres traits de l'action publique locale (affirmation d'un caractère "gay-friendly" comme stratégie de marketing territorial, recours ancien et institutionnalisé aux politiques catégorielles de lutte contre les discriminations). - aude-line gervais - Le plan « Marseille en Grand » : de la spatialisation à la territorialisation d’une politique d’égalité scolaire
Le plan « Marseille en Grand » : de la spatialisation à la territorialisation d’une politique d’égalité scolaire
×Cette communication interroge le déploiement territorialisé d’une politique présentée comme visant à lutter contre les inégalités scolaires, le plan « Marseille en Grand ». À travers une enquête de terrain qualitative, il s’agit de montrer que ce dispositif repose sur une prise en compte du contexte territorial dans des proportions jusque-là inédites, qui traduit un processus de « territorialisation » à distinguer de ce qui relève d'une « spatialisation » des politiques scolaires. - arno lizet - Personnalisation et inégalités des capacités politiques des municipalités rurales dans le déploiement des politiques d’égalité territoriale
Personnalisation et inégalités des capacités politiques des municipalités rurales dans le déploiement des politiques d’égalité territoriale
×- Nom, prénom du(des) auteur.e(s) : Arno Lizet
- Rattachements institutionnels : Centre d'études européennes et de politique comparée, Sciences Po / CNRS
- Courriel de contact : arno.lizet@sciencespo.fr
- Sous-axe souhaité : 3 / déploiement territorialisé et variabilité locale des politiques d’égalité
- Titre de la communication : Personnalisation et inégalités des capacités politiques des municipalités rurales dans le déploiement des politiques d’égalité territoriale
- adrien maret - Environnement contraint et institutionnalisation contrastée des politiques d’égalité : les interventions associatives dans et autour des prisons
Environnement contraint et institutionnalisation contrastée des politiques d’égalité : les interventions associatives dans et autour des prisons
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RT session 3
Syndicalisme et politique : troubles dans l'autonomie ?
mercredi 09:00 - 10:30
Discutant : Emilien Julliard (chargé de recherche CNRS, IDHE.S)
Discutant : Emilien Julliard (chargé de recherche CNRS, IDHE.S)
- thomas vaïsse - Syndicalisme dans la fonction publique territoriale : le cas marseillais
Syndicalisme dans la fonction publique territoriale : le cas marseillais
×En se basant sur une enquête ethnographique sur le syndicalisme municipal dans le cadre d'une thèse sur le travail des agentes municipales des écoles commencée en 2020, cette communication s'intéresse aux interactions et aux interdépendances entre le syndicalisme municipal et le champ politique, que ce soit le personnel politique ou administratif. Elle tend à les analyser aussi bien à l'aune de la configuration sociale actuelle et passée, mais aussi des évolutions politiques et économiques locales et nationales. Il s'agit ainsi de penser les possibles troubles existants comme représentatifs des relations clientélaires qui se reproduisent dans la gouvernance municipale mais aussi comme des possibles dernières voies d’intervention des classes dites populaires dans l’arène publique. - guillaume genoud - « Ni un appoint ni un alibi » : le Syndicat des travailleurs corses et la construction d’une légitimité syndicale autonome (1984-1991)
« Ni un appoint ni un alibi » : le Syndicat des travailleurs corses et la construction d’une légitimité syndicale autonome (1984-1991)
×GENOUD Guillaume Doctorant (Université d'Evry - Paris-Saclay, IDHE.S) guillaume.genoud@outlook.com - melaine robert - La fin des PTT en 1990 : une réforme produite à la croisée des champs politique et syndical
La fin des PTT en 1990 : une réforme produite à la croisée des champs politique et syndical
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RT session 3
mercredi 09:00 - 10:30
RT session 4
L’environnement des politiques d’égalité - Session 2 : Comment se forment des inégalités territoriales
mercredi 11:00 - 13:00
Discussion : Stéphanie Archat (postdoctorante, CRJ, Université Grenoble Alpes) et Lorenzo Barrault-Stella (CR CNRS, CSU-CRESPPA)
Discussion : Stéphanie Archat (postdoctorante, CRJ, Université Grenoble Alpes) et Lorenzo Barrault-Stella (CR CNRS, CSU-CRESPPA)
- buisson-fenet hélène - Mettre le PIAL au PAS : de la territorialisation à l’intersectorialité de « l’école inclusive »
Mettre le PIAL au PAS : de la territorialisation à l’intersectorialité de « l’école inclusive »
×Mettre le PIAL au PAS. De la territorialisation à l’intersectorialité de « l’école inclusive ». Hélène BUISSON-FENET (CNRS, Triangle - UMR 5206, ENS de Lyon) helene.buissonfenet@ens-lyon.fr Sous-axe 1 (de préférence) Dans le champ de l’inclusion scolaire « à la française » des élèves en situation de handicap, l’innovation récente des Pôles inclusifs d’accompagnement localisés consiste à structurer l’accompagnement de ces élèves selon une organisation conçue à l’échelon d’un territoire restreint. A partir d’une enquête qualitative, cette contribution vise à analyser les modalités selon lesquelles ces PIAL se sont déclinés dans l’académie de Lyon. Elle montre qu’au cadrage socio-éducatif initial des PIAL, fondé sur la croyance que la proximité permet un accompagnement plus qualitatif et assure une meilleure continuité du parcours scolaire, se substitue en pratique un cadrage gestionnaire, qui donne priorité à la rationalisation des services des Accompagnantes des élèves en situation de handicap (AESH), un personnel non-enseignant de statut précaire. La géométrie variable du dispositif rend alors possible un assez large répertoire de modalités de gestion de ce personnel, ce qui se solde par des fonctionnements de PIAL parfois fort différents d’une circonscription scolaire à l’autre. Cette variabilité locale nourrit la critique d’une politique « d’inclusion différenciée » (Lansade, 2021), au point que les PIAL sont réformés en Pôles d’appui à la scolarité (PAS) à l’issue de la Conférence nationale du handicap (CNH) du 26 avril 2023. La perte du « L » et le remplacement de la notion « d’accompagnement » par celle « d’appui » confirment symboliquement qu’on a affaire à un second glissement de cadre : une fois le principe de spatialisation établi, l’enjeu est désormais de faire travailler ensemble au sein des mêmes établissements scolaires le personnel de l’Education nationale et celui du médico-social. Ce faisant, l’étude montre que le passage du PIAL au PAS est révélateur d’une « politique d’organisation » formelle qui restitue à l’Etat scolaire certaines de ses capacités affaiblies par la départementalisation de l’action publique sur le handicap. Notre enquête a été menée entre septembre 2019 et mars 2022 auprès des trois Directions départementales de l’Education nationale qui composent l’académie de Lyon. Elle s’appuie sur une analyse de la documentation administrative, sur trois sessions d’observation non-participantes aux différentes réunions réalisées pour présenter et diffuser le déploiement des PIAL dans l’Ain et dans le Rhône. Ces données d’observation et l’analyse des documents affichés lors des séances (rapports d’activité, circulaires, notes administratives…) ont été complétées chemin faisant par 14 entretiens semi-directifs réalisés avec 12 personnes membres des établissements « têtes de PIAL » impliquées dans le déploiement du dispositif. Notre corpus d’enquêté·es comprend ainsi : 5 Inspecteurs ASH, 2 Inspecteurs de circonscription, 3 chefs d’établissement et 2 directeurs de Segpa. Ces personnes ont été recruté·es pour leur centralité dans le processus de définition du PIAL, soit parce qu’elles étaient responsables du pilotage ou de la coordination du dispositif, soit parce qu’elles étaient chargées d’exécuter les tâches liées à sa mise en fonctionnement. - emma de andreis - Délégation ou relégation ? La fonction publique territoriale face aux politiques nationales d’égalité
Délégation ou relégation ? La fonction publique territoriale face aux politiques nationales d’égalité
×Depuis plus d’une décennie, la fonction publique française déploie des politiques d’égalité professionnelle, comme les quotas introduits par la loi Sauvadet en 2012. Bien que ces dispositifs soient conçus pour l’ensemble des versants de la fonction publique – État (FPE), territoriale (FPT) et hospitalière – leur mise en œuvre révèle une centralité marquée de la FPE, qui bénéficie davantage des instruments et programmes développés au niveau national. Parallèlement, la FPT, bien qu’en charge du façonnement local de ces politiques, se trouve marginalisée dans leur conception nationale. Cette communication interroge les tensions entre délégation et relégation dans l’inclusion des collectivités territoriales aux dispositifs nationaux, en s’appuyant sur des observations réalisées au sein de la DIESE et sur une quarantaine d’entretiens avec des acteurs des deux versants de la fonction publique. - maité juan (cy cergy paris université),julie testi (cy cergy paris université),valérie becquet (cy cergy paris université) - Les politiques éducatives territorialisées en tensions : arbitrages institutionnels, luttes de classement et recompositions des hiérarchies associatives locales. Le cas des Cités éducatives franciliennes.
Les politiques éducatives territorialisées en tensions : arbitrages institutionnels, luttes de classement et recompositions des hiérarchies associatives locales. Le cas des Cités éducatives franciliennes.
×Déployées dans les quartiers prioritaires de la Politique de la ville, les Cités éducatives ont pour vocation de réduire les inégalités scolaires et de prendre en charge l’ensemble des enfants et des jeunes ciblés comme « vulnérables », dans, pendant et hors l’école. Si les Cités éducatives reposent sur un gouvernement partenarial des publics mobilisant largement les opérateurs associatifs, l’ancrage territorial de cet encadrement partenarial des publics tout autant que ses effets de modulation de l’espace associatif local, c’est-à-dire les logiques de recomposition de l’ordre des places et des rôles associatifs, demeurent des objets non explorés. A partir d’une enquête déployée dans 6 cités éducatives franciliennes, cette contribution ambitionne donc d’éclairer les variations socio-spatiales de l’encadrement partenarial des publics au prisme des intermédiaires associatifs enrôlés comme acteurs centraux de l’action publique éducative. - manon pothet - Des publics qui posent problème : analyse des négociations locales autour de la modification de la sectorisation à Paris
Des publics qui posent problème : analyse des négociations locales autour de la modification de la sectorisation à Paris
×Depuis les années 2000, la notion de « mixité sociale », promue par le ministère de l’Éducation nationale, est intégrée aux objectifs des politiques scolaires locales. À Paris, la révision régulière de la carte scolaire accompagne les évolutions démographiques, avec des ajustements visant à répartir les élèves entre les écoles en prenant en compte leur origine sociale. Cette communication s’appuie sur une enquête ethnographique menée entre 2021 et 2023 dans dix arrondissements parisiens, incluant l’observation de réunions entre élus, inspecteurs académiques, directions d’établissement et parents d’élèves. Nous analysons comment la « mixité sociale » est mobilisée pour justifier des ajustements différenciés de sectorisation selon l’origine sociale des élèves, les spécificités territoriales et les rapports de force locaux. Enfin, nous explorons les résistances et négociations des parents et directions, qui reflètent des usages stratégiques de cette notion pour défendre des intérêts parfois contradictoires.
RT session 5
Santé publique, normes biomédicales et (dé)politisation - Politisations et dépolitisations des politiques de santé
jeudi 09:00 - 10:00
Etienne Nouguez (CR CNRS/CSO)
Etienne Nouguez (CR CNRS/CSO)
- marianne woollven , abigail bourguignon - Soigner des troubles, dépolitiser le langage
Soigner des troubles, dépolitiser le langage
×Cette communication est consacrée au processus de dépolitisation du langage induit par la médicalisation des troubles du langage (trouble spécifique des apprentissages en lecture ou dyslexie, du trouble développemental du langage ou dysphasie et du trouble développemental de la fluence de la parole ou bégaiement). Elle s'appuie entre autres, sur le plan empirique, sur l'étude des pratiques de prise en charge de ces troubles par les professionnels de santé que sont les orthophonistes. - knecht cyril - Dérembourser pour améliorer le traitement des assuré·es ? La prévention du mal de dos, un exemple de dépolitisation de questions de santé publique.
Dérembourser pour améliorer le traitement des assuré·es ? La prévention du mal de dos, un exemple de dépolitisation de questions de santé publique.
×Cette communication propose d’étudier une politique de santé publique, de sa conception à sa mise en application par des médecins. Elle mobilise des matériaux récoltés dans le cadre d’une recherche doctorale. Cette politique publique est une campagne de prévention concernant le mal de dos. Elle a été élaborée par l’assurance maladie en coalition avec des médecins expert·es, épisode que je propose de documenter. Je montrerai ensuite que, focalisée sur la transformation des comportements individuels des patient.es et les pratiques de prescription des médecins, elle engendre, notamment par la mobilisation d’un registre scientifique, une dépolitisation des enjeux de protection sociale et de santé au travail. - isabel almeida prado , stephanie tabois,tatiana wargas de faria baptista - Congé menstruel et médicalisation du droit : une étude comparative entre le Brésil et la France
Congé menstruel et médicalisation du droit : une étude comparative entre le Brésil et la France
×En raison notamment des mobilisations féministes, la question des menstruations devient un sujet pour les politiques publiques. Dans le monde du travail, quelques institutions publiques ou entreprises privées proposent un « congé menstruel » à leurs employé.es. Sans décision globale à l’échelle des États, ce terme générique recouvre souvent une multiplicité de pratiques (en particulier concernant son champ d’application et ses conditions d’octroi[1]). Lorsque des mesures sont adoptées au niveau national, les modalités d’application relèvent de la pathologisation et de la médicalisation des corps menstrués.
Ainsi, comparer les projets de loi nationaux relatifs au congé menstruel au Brésil et en France (1249/2022, Brésil ; 1386/2023, France) peut démontrer la manière dont l'impérialisme biomédical traverse les Nords et les Suds. A la domination et à l’oppression patriarcale, s’ajoute, au Brésil, la culture d’une société colonisée et racialisée, qui vient, davantage encore, peser sur les personnes menstrués.
Cette recherche s’appuie sur l’analyse documentaire qualitative comparative (Cellard, 1997). Celle-ci permet, en effet, de prendre en compte les discours (registre de langage, termes, idéologies) qui soutiennent les propositions publiques concernant les corps menstrués et reconnaître des processus sociaux en cours. Au corpus principal, s’ajoute un travail sur les vidéos des discussions plénières et sur la communication des instances gouvernementales sur le congé menstruel. Le cadre conceptuel est adossé aux théories féministes (Federici, 2017 ; hooks, 2020) et féministes décoloniales (Paredes, 2020) ainsi qu’à l’épistémologie foucaldienne (Foucault, 2010).
Les résultats de la recherche doctorale en cours montrent que les fondements des deux projets de loi sont très différents ; ils apparaissent, en effet, dans une configuration historique, sociale, culturelle, politique et démographique distincte. Cependant, de part et d’autre, la complexité du sujet (e.g. les questions de sécurité sociale pour tout.es, les essentialisations du genre, etc.), génère une controverse sur la légitimité de la mise à l’agenda de la question. Les oppositions sont souvent imprégnées de discours patriarcaux, confortant une logique sexiste dans les relations sociales au travail.
Ensuite, un regard intersectionnel se focalisant sur la précarité du travail à l'ère néolibérale (sous-traitance, « uberisation », travail informel, chômage, etc.), nous permet d’observer le fait que les deux projets de loi manquent de lignes directrices plus précises sur leur application dans les secteurs fortement féminisés, comme la santé et l’éducation.
De plus, les projets mentionnent la production d’un certificat médical. Cela suggère une pathologisation des menstruations, niant les autres inconforts associés. Dans cette perspective, les troubles psychologiques, émotionnels et sociaux sont rendus invisibles.
Ainsi, la première partie de la communication sera consacrée aux types de discours qui entourent les discussions et les propositions de loi (discours biomédicaux, sur la politique de la protection sociale, sur les questions de genre, etc.) Dans la seconde partie, nous insisterons sur les spécificités du travail des personnes menstruées en régime néo-libéral. Enfin, la dernière partie portera sur le biais de pathologisation du corps des femmes (et hommes trans) dans l’octroi d’un droit.
[1] Notamment pour les hommes trans, ce qui explique le recours à l’écriture inclusive dans cette propositionRÉFÉRENCES
BOEUF Aline, « Avoir ses règles et travailler, cela n’est plus un problème depuis longtemps ». In Coville M., Morel H., Tabois S., Idées reçues sur les menstruations, Paris, Editions Le Cavalier Bleu, 2023.
BRICE Flora, « Règles Douloureuses au Travail : Cadre Juridique et Pistes D’action ». In : Accompagner les règles douloureuses dans les établissements d’enseignement supérieur et de recherche. Org. Conferénce Permanente des changé.e.s de mission Egalité et Diversité. 1ed. – 2024.
CELLARD A., « A analise documental », In : Poupart J., et al., A pesquisa qualitativa. Enfoques epistemokogicos metodologicos, Petropolis, Editora Vocez, 1997, 295
FEDERICI, Silvia. Calibã e a Bruxa : mulheres, corpo e acumulação primitiva. São Paulo: Elefante, 2017.
FONTENELLE Agathe, « Droit et santé menstruelle : derrière un tabou de santé publique, l’intérêt d’un congé menstruel ? », Journal de droit de la santé et de l’assurance maladie, 2022, 35.
FOUCAULT, Michel. Crise da medicina ou crise da antimedicina. Verve, 18: 167-194. 2010.
HOOKS, Bell. O feminismo é para todo mundo: políticas arrebatadoras. [Tradução Bhuvi Lubanio]. 10ª Edição. Rio de Janeiro: Rosa dos Tempo, 2020.
LEGRAND Aliona, « Les autres règles au travail. Analyse des enjeux socio-politiques liés à l’invisibilisation menstruelle dans le monde professionnel », Sociologies Pratiques 47, 2023, p. 109-111.
PAREDES, Julieta. Uma ruptura epistemológica com o feminismo ocidental. In: Pensamento feminista hoje: perspectivas decoloniais / org. Heloisa Buarque de Hollanda - 1. ed. - Rio de Janeiro: Bazar do Tempo, 2020.
Rattachements institutionnels Stephanie Tabois, Laboratoire Gresco, Université de Poitiers Isabel Prado et Tatiana Wargas, Fondation Oswaldo Cruz (FIOCRUZ / BRÉSIL) Courriels stephanie.tabois@univ-poitiers.fr belprado14@gmail.com twargas@gmail.com Session souhaitée RT 34/RT19
RT session 6
vendredi 11:00 - 13:00
Thomas Douniès, Postdoctorant (Université Catholique de Louvain/ISPOLE)
Thomas Douniès, Postdoctorant (Université Catholique de Louvain/ISPOLE)
- cyprien tasset , matthieu adam,irene ramos - Démobilisation, contre-mobilisation et re-mobilisation sanitaire. Analyse d’une enquête par questionnaire sur les expériences, pratiques & représentations de la pandémie de covid en 2024.
Démobilisation, contre-mobilisation et re-mobilisation sanitaire. Analyse d’une enquête par questionnaire sur les expériences, pratiques & représentations de la pandémie de covid en 2024.
×En déconfinant vers le grand public des divergences d’opinion entre professionnels médicaux, sur un sujet d’intérêt vital, la pandémie de covid a fait éclater une crise de la délégation épistémique aux acteurs officiels de la Santé publique. Cette crise, à laquelle les sciences sociales ont contribué à travers les prises de position de chercheurs comme L. Mucchielli, s’est manifestée notamment par des microrésistances quotidiennes (Barrault-Stella, 2023 ; Juanals, 2023), des mobilisations organisées, et l’émergence de figures prescriptrices nouvelles, ou du moins nouvellement connues (Jiry et Nicey, 2022, §8). Elle a donné lieu à des parcours, parfois sinueux, d’engagement critique (Gaillaguet, 2022), et a été publiquement mise en forme, aussi bien par le gouvernement que par les plus visibles de ses détracteurs, comme opposant la confiance à la défiance (dans le progrès et la rationalité des autorités médicales). Mobilisée massivement et spectaculairement clivée autour de l’incertitude pandémique au début des années 2020, la population française semble désormais avoir convergé dans un récit, publiquement peu contesté, de la fin de la pandémie et du retour à la normale. On peut néanmoins se demander, au-delà de la seule question vaccinale pour laquelle un suivi par sondage a été maintenu un peu plus longtemps (Ward & al, 2024), si l’incertitude et les divergences se sont résorbées. Des traces demeurent-elles, en 2024, dans les comportements, les connaissances médicales acquises, et les perceptions du risque, d’un événement pandémique ayant été aussi mobilisateur ? Ces traces se réduisent-elles à un axe de polarisation confiance/défiance ? Nous présenterons ici les résultats d’une enquête par questionnaire administrée en ligne (n = 2000 réponses complètes) au cours du printemps 2024, avec l’aide de l’association de patient.es Winslow Santé Publique. Le questionnaire porte sur les expériences du covid, la poursuite ou non de certains comportements de prévention (vaccination, port de masque), les connaissances et opinions relatives à la fin de la crise sanitaire, la perception du risque, certaines connaissances relatives au covid (comme son mode de transmission, sur lequel les discours des autorités sanitaires nationales et internationales ont varié), et les caractéristiques sociodémographiques classiques, y-compris un indice de préférence politique. Nous présenterons le contexte de notre questionnement, les enjeux méthodologiques de la diffusion de l’enquête, la morphologie de l’échantillon, et la structuration de l’espace des réponses, projeté en analyse des correspondances multiples. Celle-ci montre que le niveau d’inquiétude et de vigilance pandémique demeure un axe d’opposition structurant, irréductible à l’opposition entre la politique sanitaire gouvernementale et sa critique complotiste (Bergem, 2022). Deux façons contrastées et socialement différenciées de se penser quitte du risque pandémique s’opposent à un pôle de vigilance prolongée. Enfin, nous nous interrogerons sur la contribution du champ des idées écologiques aux récits de la fin de la pandémie à gauche (Winslow Santé Publique, 2024). Références :- Barrault-Stella, L., (2023), « Résister à l’État en conjoncture critique ? Le confinement du printemps 2020 dans un village rural et montagnard », Sociologie, 14 (2) : 241–258.
- Bergem, I. M. (2024). Anti-vaccination as political dissent – a post-political reading of Yellow Vests’ accounts of Covid-19, vaccines and the Health pass. Philosophy & Social Criticism, 50(8), 1218-1243. https://doi.org/10.1177/01914537221141462
- Juanals, B. (2023) . Collectifs de contestation dans l’espace urbain et les médias numériques Une étude médiatique et visuelle pendant la pandémie de la Covid-19. Communication & Organisation, n° 63(1), 21-46. https://shs-cairn-info.ezproxy.uca.fr/revue-communication-et-organisation-2023-1-page-21?lang=fr.
- Gaillaguet, J. “Comprendre l’expérience critique ordinaire : Enjeux épistémiques et méthodologiques d’une enquête sur l’hésitation vaccinale”, Questions Vives, n° 37, connection on 14 January 2025. URL: http://journals.openedition.org/questionsvives/6693; DOI: https://doi.org/10.4000/questionsvives.6693
- Giry, G. et J. Nicey, « Des vérités plurielles ? », Revue des sciences sociales, n°67, 2022, consulté le 20 janvier 2025. URL : http://journals.openedition.org/revss/8113 ; DOI : https://doi.org/10.4000/revss.8113
- Ward J.K., Privault S., Touzet H., Le Breton A., Verger P., Peretti-Watel P., La recherche sur les aspects humains et sociaux de la vaccination en France depuis 2020 - CNRS-INSERM-ORS Provence-Alpes-Côte d'Azur, Villejuif, 192 pages, 2024.
- Winslow Santé Publique (2024). « Il faut défendre les invulnérables. Lecture critique de ce qu’on s’est laissé dire, à gauche, sur la pandémie de covid ». Multitudes, septembre 2024.
- juliette froger-lefebvre , marie mathieu,anne-lise dall\'agnola - Gouverner les corps des femmes par leur « capital génétique ». Refus et adhésion aux chirurgies préventives dans le cas des cancers « génétiques » et « féminins »
Gouverner les corps des femmes par leur « capital génétique ». Refus et adhésion aux chirurgies préventives dans le cas des cancers « génétiques » et « féminins »
×Juliette FROGER-LEFEBVRE (GEMASS-CNRS) juliette.froger-lefebvre@cnrs.fr
Marie MATHIEU (Cermes3 – Inserm)
Anne-Lise DALL’AGNOLA (GEMASS-CNRS)
Axe 2 : les effets des politiques de santé et leur réception
Résumé : À partir d’un terrain mené au sein d’un service d’oncogénétique d’un hôpital public, cette communication vise à interroger l’adhésion différenciée des patientes en fonction de caractéristiques sociales face à ce mode de gouvernance des corps; norme médicale et politique qui fait des corps des femmes, des corps opérables. - lise laudren - « Endométriose et socialisation politique. Comment l’endométriose façonne les rapports au féminisme et à l’environnement »
« Endométriose et socialisation politique. Comment l’endométriose façonne les rapports au féminisme et à l’environnement »
×L’endométriose tend depuis les années 2010 à faire l’objet d’une médiatisation et d’une politisation croissantes, tout particulièrement sous l’angle des violences gynécologiques. A partir d’une recherche par entretiens menés auprès de quarante femmes atteintes d’endométriose, cette communication entend interroger comment les expériences de cette maladie chronique peuvent façonner les rapports au politique, et plus particulièrement au féminisme et à l’environnement. Cette communication montrera que la confrontation récurrente des femmes atteintes d’endométriose à l’ordre médical peut favoriser l’incorporation de dispositions au féminisme. Cependant, si celles qui en sont atteintes tendent à « retourner vers le naturel » après le diagnostic pour s’extraire de l’encadrement médical de leurs corps, l’adoption de pratiques corporelles plus « écologiques », ne s’accompagne pas ou peu d’une politisation environnementale de l’endométriose, en raison de l’imbrication de celle-ci dans l’ordre du genre. - ruggero iori , auréline cardoso - Résistances et réappropriations autour de la norme gynécologique : quelle politisation de la santé sexuelle selon les patientes ? (sous axe 2)
Résistances et réappropriations autour de la norme gynécologique : quelle politisation de la santé sexuelle selon les patientes ? (sous axe 2)
×Cette communication explore la remise en cause de la « norme gynécologique » et les formes de politisation de l’intime qu’elle suscite. À partir d’entretiens et d’observations, elle analyse comment certaines femmes adoptent certaines pratiques gynécologiques mêlant recherche d’autonomie et engagement militant. Elle met en lumière les inégalités sociales dans ces dynamiques et interroge les liens entre résistances individuelles, politisation des pratiques et inégalités d’accès aux soins. Auréline Cardoso, post-doctorante, Université de Strasbourg et CEET. aureline.cardoso@univ-tlse2.fr et Ruggero Iori, MCF, Université de Cergy, Laboratoire EMA (Ecoles, Mutations, Apprentissages) et CEET (Centre d’Etudes de l’Emploi et du Travail). ruggero.iori@cyu.fr
Sessions Croisées
mercredi 9 juillet 2025 09:00 - 10:30
RT18 - RT session 3
Syndicalisme et politique : troubles dans l'autonomie ?
Animation : Clément Petitjean Discussion: Emilien Julliard
Animation : Clément Petitjean Discussion: Emilien Julliard
- guillaume genoud - « Ni un appoint ni un alibi » : le Syndicat des travailleurs corses et la construction d’une légitimité syndicale autonome (1984-1991)
« Ni un appoint ni un alibi » : le Syndicat des travailleurs corses et la construction d’une légitimité syndicale autonome (1984-1991)
×GENOUD Guillaume Doctorant (Université d'Evry - Paris-Saclay, IDHE.S) guillaume.genoud@outlook.com - emma nemesien , tristan haute - Rapports au syndicalisme et comportements et attitudes politiques en Belgique (1970-2014) : quelle « dépilarisation » ?
Rapports au syndicalisme et comportements et attitudes politiques en Belgique (1970-2014) : quelle « dépilarisation » ?
× - melaine robert - La fin des PTT en 1990 : une réforme produite à la croisée des champs politique et syndical
La fin des PTT en 1990 : une réforme produite à la croisée des champs politique et syndical
× - thomas vaïsse - Syndicalisme dans la fonction publique territoriale : le cas marseillais
Syndicalisme dans la fonction publique territoriale : le cas marseillais
×En se basant sur une enquête ethnographique sur le syndicalisme municipal dans le cadre d'une thèse sur le travail des agentes municipales des écoles commencée en 2020, cette communication s'intéresse aux interactions et aux interdépendances entre le syndicalisme municipal et le champ politique, que ce soit le personnel politique ou administratif. Elle tend à les analyser aussi bien à l'aune de la configuration sociale actuelle et passée, mais aussi des évolutions politiques et économiques locales et nationales. Il s'agit ainsi de penser les possibles troubles existants comme représentatifs des relations clientélaires qui se reproduisent dans la gouvernance municipale mais aussi comme des possibles dernières voies d’intervention des classes dites populaires dans l’arène publique.
mercredi 9 juillet 2025 11:00 - 13:00
RT18 - RT session 4
Engagements environnementaux, syndicaux et partisans: quelle articulation des temps sociaux des militant·es?
Discussion et animation: Emilien Julliard, Marianne Le Gagneur, Gabriel Montrieux, Océane Sipan, Nicolas Simonpoli et Valerya Viera Giraldo
Discussion et animation: Emilien Julliard, Marianne Le Gagneur, Gabriel Montrieux, Océane Sipan, Nicolas Simonpoli et Valerya Viera Giraldo
- ripart armelle - Bosser dans l’urgence climatique ? Quand militer et travailler s’entremêlent au sein d’une société coopérative d’intérêt collectif
Bosser dans l’urgence climatique ? Quand militer et travailler s’entremêlent au sein d’une société coopérative d’intérêt collectif
×En choisissant de travailler pour une coopérative étiquetée comme « militante », les ingénieur·es récemment diplômé·es qui rejoignent cette entreprise de fourniture d’électricité verte se retrouvent au cœur de dynamiques d’organisation du travail, traduisant l’urgence climatique en engagement politique. Les frontières entre travail, militantisme et temps personnel y sont floues, certaines activités militantes s’intégrant au quotidien professionnel. En revenant sur la construction de ces espaces, cette communication vise à souligner la porosité des temps de vie des salarié·es de la coopérative, permise par la disponibilité temporelle dont ils et elles disposent. - lucas lam - Le sacerdoce collectif de la députation : Tensions et combinaisons entre le mandat et la vie familiale des député-es français-es
Le sacerdoce collectif de la députation : Tensions et combinaisons entre le mandat et la vie familiale des député-es français-es
×En s’insérant dans la session croisée RT18-RT34-RT48, cette proposition de communication propose d’interroger les interactions entre l’exercice du mandat de député-e et la vie familiale des élu-es. En me basant sur 32 entretiens réalisés auprès de député-es, enfants de député-es et attaché-es parlementaires ; j’interroge les manières dont les élu-es négocient et organisent leur vie familiale à l’aune des structures genrées du travail domestique. Je montre notamment que les absences répétées du domicile, dues aux déplacements au Palais-Bourbon et en circonscription, permettent aux femmes de renégocier des configurations domestiques initialement genrées. Ainsi, j’analyse les mécanismes qui permettent le réarrangement des rôles familiaux et domestiques suivant la députation. - lucile quéré - Produire des enfants écologistes. Division générationnelle et genrée du travail dans un collectif écologiste de familles
Produire des enfants écologistes. Division générationnelle et genrée du travail dans un collectif écologiste de familles
× - nathan daligault - L’écologie intégrale à l’épreuve du temps : quelles temporalités chez les écologistes chrétiens ?
L’écologie intégrale à l’épreuve du temps : quelles temporalités chez les écologistes chrétiens ?
×Cette communication se propose d'explorer le rapport au temps dans les communautés d'écologie intégrale, inspirées par l'encyclique Laudato Si'. En s'appuyant sur une ethnographie mêlant observations et entretiens, elle examine la manière dont s'organise le temps entre habitants d'éco-hameaux et de tiers-lieux militants. Surtout, elle s'intéresse à l'articulation de temps communautaires, liturgiques, professionnels et familiaux dans ces utopies éco-spirituelles en tension. - valledor eugénie - Déstructuration des temps de vie et des relations sociales en contexte d’engagement auprès des personnes exilées aux frontières
Déstructuration des temps de vie et des relations sociales en contexte d’engagement auprès des personnes exilées aux frontières
×Cette communication explore la manière dont les temps sociaux se trouvent désarticulés dans le cadre de l’engagement auprès des personnes exilées aux frontières. À partir d’une enquête menée au sein d’associations et de collectifs militants, nous chercherons à comprendre comment l’urgence, la pluralité des tâches et l’intensité des situations modifient les rythmes de vie des acteurs. Ce phénomène est particulièrement marqué par la disparition de temps distincts entre travail, militantisme et vie personnelle, source de tensions, de formes de régulations informelles, mais aussi à l’origine d’une identité collective maintenant l’action dans le temps long.
Autres créneaux
mercredi 11:00 - 13:00
Santé publique, normes biomédicales et (dé)politisation - Elaboration et mise en œuvre des politiques de santé
Discutant : Jean-Baptiste Paranthoën, (CR INRAE/IRISSO)
- félix viaud - Boire à la santé des intérêts. Alignement et désalignement des intérêts économiques des producteurs d’alcool sur la fabrique des politiques de santé publique en France
Boire à la santé des intérêts. Alignement et désalignement des intérêts économiques des producteurs d’alcool sur la fabrique des politiques de santé publique en France
×Cette communication analyse l'influence des intérêts économiques de l'industrie de l'alcool et du vin sur la construction des politiques publiques de santé en France, en s'intéressant particulièrement aux conditions expliquant l'adoption ou le rejet des positions des alcooliers par le législateur. Pour ce faire, elle mobilise une analyse comparative de cas contrastées (assouplissements et tentatives d’assouplissements de la loi Évin, débats sur la fiscalité comportementale) et explore les dynamiques d'alignement et de désalignement des intérêts de la filière alcool sur les processus décisionnels. - sylvain besle , estelle vallier - La dérégulation scientifique des soins du cancer en France
La dérégulation scientifique des soins du cancer en France
×Sylvain Besle (Inserm, Cermes3 ; sylvain.besle@inserm.fr) ; Estelle Vallier (Inserm, Cermes3 ; estelle.vallier@inserm.fr) Cette communication s'inscrit dans le premier axe de l'appel à communication. Elle interroge les relations entre biomédecine et politique autour des enjeux de dérégulation des soins liés aux transformations de la recherche clinique dans le domaine de la cancérologie. Il s'agit également d'étudier les formes de mobilisation et de (re)politisation induite par ces dérégulations autour de la constitution de coalition de professionnels de santé, patients, industriels et régulateurs. - ali choukroun - Zoonoses, bioterrorisme ou "maladies infectieuses émergentes" (MIE) ? La circulation d'une référence savante à l'intersection de trois cadrages
Zoonoses, bioterrorisme ou "maladies infectieuses émergentes" (MIE) ? La circulation d'une référence savante à l'intersection de trois cadrages
×Nom, prénom du(des) auteur.e(s) : Ali Choukroun Rattachements institutionnels : Triangle (UMR 5206) Courriel de contact : ali.choukroun@sciencespo-lyon.fr Sous-axe souhaité : 1 Titre de la communication : Zoonoses, bioterrorisme ou "maladies infectieuses émergentes" (MIE) ? La circulation d'une référence savante à l'intersection de trois cadrages - cécile lavier - Les Etats de la vaccination : L’invention permanente des campagnes en milieu scolaire
Les Etats de la vaccination : L’invention permanente des campagnes en milieu scolaire
×Cécile Lavier, doctorante au Centre de Sociologie des Organisations (CNRS/Sciences Po) cecile.lavier@sciencespo.fr Proposition pour l’axe 1. Modalités de construction et de reconfiguration des politiques de santé - marion serot - L’urgence d’agir ! Retour sur la mise en œuvre d’une politique de santé sur le chemsex à Paris
L’urgence d’agir ! Retour sur la mise en œuvre d’une politique de santé sur le chemsex à Paris
×Nom/ prénom : Serot Marion Laboratoires de rattachement : CEMS (EHESS), CRIDUP (Université Paris 1 Panthéon Sorbonne). Mail : Marion.serot@ehess.fr Titre : L’urgence d’agir ! Retour sur la mise en œuvre d’une politique de santé sur le chemsex à Paris Résumé : Cette communication propose de revenir sur la genèse et les modalités d’élaboration d’une politique de santé locale sur le chemsex mise en œuvre par la Direction de la Santé Publique de la Ville de Paris. Elle s'appuie sur une enquête de terrain ethnographique réalisée dans le cadre d’une thèse de sociologie politique, en contrat CIFRE à la Ville de Paris (cf. proposition ci-dessous) La communication proposée s’inscrit dans le premier axe de l’appel à communication de la session croisée RT19-RT34.
