À partir d’une enquête réalisée auprès de personnes ayant travaillé dans différents secteurs d’activité, mais sans lien avec la terre, et s’étant ensuite reconverties en vigneron•es, cette communication cherchera à rendre compte d’une double bifurcation.Loin des discours sur le quiting, les enqueté•es rendent compte d’un rapport à la terre, au travail de la terre et à la production autonome d’un produit de qualité, moins travaillé par une quête de sens que par l’évidence d’une passion. En parallèle, la reconversion professionnelle donne le plus souvent lieu à une conversion de la terre grâce a des méthodes supposément plus respectueuses de l’environnement.Notre contribution portera sur une série de paradoxes et de contradictions relatifs au travail et à l’emploi, au modèle économique des exploitations, au mode d’articulation travail et hors travail et à l’activité professionnelle pensée comme engagement politique en faveur de l’environnement.
Les menstruations représentent un sujet relativement tabou et peu abordé dans l’espace du travail. Dans cette communication, nous montrerons que selon les environnements professionnels et la trajectoire des travailleuses·rs, les règles ne sont pas perçues ni vécues de la même manière. Les conditions de travail influent fortement sur les vécus des règles et ont donc des répercussions sur la santé menstruelle des travailleuses.
Depuis la médiatisation de suicides au travail de salariés de grandes entreprises en France (Renault, France Télécom…) à la fin des années 2000, les partenaires sociaux ont érigé la prévention des risques psychosociaux (RPS) en priorité nationale, comme le manifestent depuis lors les Plans Nationaux Santé-Travail et une série d’Accords Nationaux Interprofessionnels (ANI), dont celui de 2020, consacré à la santé au travail et transposé dans la loi de 2021. C’est le niveau de l’entreprise, jugé plus opérationnel, qui a été désigné comme premier acteur de la prise en charge des RPS, comme l’a entériné le « plan d’urgence pour la prévention du stress au travail » de 2009, transposant l’ANI sur le stress au travail de 2008. Ce choix du niveau de l’entreprise s’inscrit dans une tendance plus large à la décentralisation des négociations collectives. En 2011, sur les 1 500 entreprises de plus de 1000 salariés, 600 auraient abouti à un accord sur la prévention des RPS (DGT, 2011), et la plupart ont fait le choix d’instances de pilotage ad hoc, dédiées aux RPS. Ces accords rendent plus que jamais nécessaire une meilleure connaissance des dispositifs de prévention des RPS effectivement mis en place et du rôle qu’ils jouent dans la prise en charge de la santé au travail dans les organisations publiques et privées (Mias et Woolmark, 2018). Cette connaissance est d’autant plus nécessaire que la thématique de la qualité de vie au travail (QVT), portée par l’Accord national interprofessionnel de 2013, réaffirmée dans l’ANI de 2020 puis la loi sur la santé au travail de 2021, s’est largement imposée en entreprise, souvent en se substituant à celle de la prévention des RPS. La QVT est en effet présentée comme pouvant, à certaines conditions, aller plus loin dans la prévention des risques professionnels, en particulier des risques psychosociaux, en prônant une action directe sur le travail et son organisation, comme y invite la nouvelle appellation proposée par le texte de 2021, « Qualité de vie et des conditions de travail » (QVCT). Elle est cependant critiquée comme pouvant, a contrario, s’éloigner des enjeux de santé au travail pour s’orienter vers des enjeux sociétaux (handicap, diversité) d’un côté et de l’autre vers la prise en charge de la santé des salariés en dehors du travail (diététique, sport…) au nom d’un « bien-être » individuel (Héas, 2019 ; Anact, 2019).
A quels dispositifs, à quelles interventions et pratiques concrètes, et avec quels effets sur le travail et la santé des salarié·e, le souci des RPS et sa reformulation sous l’angle de la QV(C)T ont-ils donné naissance ? Traversées par la tension entre suivi des individus et action sur l’environnement de travail, les politiques de prévention des RPS et de promotion de la QVT sont profondément ambivalentes et paradoxalement porteuses d’inégalités, notamment de santé. L’un des enjeux est de montrer par quels processus ces politiques organisationnelles « sociales » comme celles de santé au travail participent concrètement et paradoxalement à la production des « régimes d’inégalité » (Acker, 2006) qui caractérisent toutes les organisations. Pour éclairer ces questions, la communication analyse le cas d’une politique d’entreprise de prévention des RPS et de promotion de la qualité de vie au travail menée au sein d’une grande entreprise du secteur bancaire, qui a mis en place plusieurs dispositifs de suivi du vécu au travail et négocié des accords collectifs sur la qualité de vie au travail. Elle s’appuie sur une enquête de type ethnographique menée entre 2017 et 2023 au sein de cette entreprise, par entretiens (n=37), par une série d’observations d’ateliers de QVT (n=7), par dépouillement d’archives syndicales (2002-2023) et par recueil de documentation (questionnaires, supports de restitution et de formation) auprès des acteur·rices tant internes à l’organisation (gestionnaires RH, médecins du travail, représentant·es d’organisations syndicales, salarié·es) qu’externes (consultant·es de différents cabinets).