Appel du RT20 Méthodes pour le congrès AFS 2021

Appel du RT20 Méthodes pour le congrès AFS 2021

Appel du RT Méthodes (RT 20) pour le neuvième congrès de

l’Association Française de Sociologie

Lille, 6 – 9 juillet 2021

 

Le « Réseau Méthodes » s’est constitué en reconnaissant le caractère indissociable des résultats de la recherche sociologique et des démarches organisant cette recherche, des analyses produites et des modalités de leur production. Autrement dit, les méthodes ne constituent pas un secteur ou un domaine particulier de la discipline, mais une dimension transversale à toute production de recherche sociologique. Par ailleurs, il ne peut y avoir de discours de la méthode déconnecté de la recherche vivante, d’enquêtes à réaliser, de pratiques de la recherche scientifique en actes.

Le « Réseau Méthodes » offre donc un espace pour approfondir et renforcer cette orientation en sociologie et dans les disciplines qui lui sont proches. Il soutient le développement d’une réflexivité sur les méthodes et les données de la recherche (production, traitement, analyse, valorisation, réflexion sur l’ouverture des données…). Pour le congrès de Lille, le réseau encourage la soumission de propositions de communication autour de deux axes : 1. « Quelles méthodes pour saisir le changement ? » et 2. « Changer de méthode sous la contrainte ». Nous accepterons également des communications sur des enjeux méthodologiques plus transversaux. Enfin, une session croisée sera organisée avec le RT 50 « Socialisations » (se reporter à l’appel spécifique à cette session croisée).

Le bureau encourage par ailleurs vivement les personnes intéressées à s’enregistrer comme membres du RT 20 sur le site de l’AFS à partir de leur compte ainsi que les personnes désireuses de s’investir dans l’animation du réseau à participer à l’assemblée générale qui aura lieu lors du congrès.

Axe 1. Quelles méthodes pour saisir le changement ?

Le premier axe ouvre la réflexion sur les méthodes et les dispositifs les plus à même de produire des connaissances sur les phénomènes liés au changement social. Qu’il s’agisse de prendre en compte des variations, des transformations, des transitions ou encore des évolutions sociales, quels choix méthodologiques s’avèrent les plus pertinents ? Comment réussir à les mettre en œuvre dans cette perspective ? Si la comparaison quantitative de séries temporelles de données transversales est un outil privilégié pour observer les variations sociales, comment mettre en place des enquêtes statistiques longitudinales et croiser ces deux niveaux d’analyse ? Les méthodes qualitatives peuvent également être utilisées pour saisir les transformations structurelles grâce à la confrontation de différentes enquêtes ou de différents types de documentations : quelles précautions sont alors nécessaires dans la comparaison de terrains réalisés à différentes époques, par différentes personnes, dans différents lieux ? À côté de l’analyse des évolutions sociales, les méthodes qualitatives se prêtent particulièrement bien à l’analyse des transformations à l’échelle individuelle, soit par l’observation directe lors d’enquêtes au long cours, soit par la reconstitution des parcours grâce aux entretiens biographiques. Les propositions de communications pourront revenir sur les enjeux liés à ces différentes méthodes et leur pertinence dans l’analyse du changement. Elles pourront également aborder la manière dont l’analyse du changement peut être anticipée lors de la conception des protocoles d’enquête. Si ce n’est pas le cas, comment faire évoluer ses méthodes d’observation, de collecte et d’analyse de données afin de prendre en compte d’éventuelles transformations ?

Les interrogations sur le choix des différentes échelles possibles du changement sont bienvenues : quelle temporalité retenir pour nos enquêtes ? Peut-on saisir le changement autrement que par des approches sociohistoriques ? Comment concilier ces dernières avec, ainsi que le suggère l’appel du congrès, « des approches plus transversales qui peuvent mieux rendre compte de la structure sociale et de sa forte inertie » ? Par ailleurs, quels types de changement observe-t-on en fonction de l’échelle géographique que l’on retient ? Comment saisir, en cas de protocole comparatiste faisant varier ces deux échelles, les changements propres au temps ou à l’espace ? Et comment articuler, dans l’enquête et l’analyse, les échelles individuelles et macrosociales, afin de comprendre, comme suggéré dans l’appel général, comment les individus transforment la société et comment la société transforme les individus ? Quelles combinaisons de méthode se sont montrées, en pratique, particulièrement adaptées à cet objectif ?

La question de l’administration de la preuve se pose également de manière particulièrement aigüe pour l’observation et l’analyse sociologique des changements. Quel type de preuves permet de rendre compte de l’existence et de la portée des transformations socio-spatiales ? Comment se définissent, au cours de l’exploitation statistique, les seuils au-delà desquels le changement est avéré ? Comment identifier le changement lors de l’analyse qualitative des matériaux : doit-il être observé ou raconté par les enquêté·es ? Dans le deuxième cas, comment se prémunir de l’illusion biographique ? Ces questionnements renvoient plus largement à la manière dont la·le sociologue place le curseur de l’interprétation et les risques qui y sont associés.

Il est en effet important de ne pas être aveuglé par la quête du changement. Ainsi que le souligne l’appel général, « Saisir le changement, c’est aussi prendre en compte ce qui le limite, ou encore les permanences ou les reproductions qu’il ne parvient pas à affecter. » : de ce point de vue, nous encourageons vivement les contributions réflexives sur les manières de saisir tout à la fois le changement et l’inertie des structures sociales.

Axe 2. “Changer de méthode sous la contrainte”

Le deuxième axe porte sur les effets de contraintes extérieures sur les protocoles empiriques, en accordant une attention accrue à la dimension temporelle. Il s’agira en premier lieu d’analyser les effets de la pandémie de la covid-19 et des restrictions sanitaires sur les méthodes mises en œuvre par la·le sociologue. Comme y invite l’appel général, nous nous interrogerons sur la manière de concilier la mise en œuvre de protocoles empiriques, et plus particulièrement qualitatifs, avec la mise en place de mesures de confinement et de distanciation sociale. Comment a-t-on pu mener à bien une enquête ethnographique, par entretiens ou sur archives en 2020 ? L’injonction à restreindre ses déplacements et ses interactions sociales modifie le rapport du chercheur et de la chercheuse à son terrain. Cette injonction peut avoir des effets sur la qualité de la relation d’enquête comme sur celle de la donnée recueillie. La méfiance que la·le sociologue suscite chez certain·es enquêté·es peut par exemple être exacerbée en période d’incertitude sanitaire. Au contraire, la présence accrue au domicile, la recherche d’interactions sociales ou encore le sentiment d’exceptionnalité de la situation peuvent également conduire à un regain d’intérêt pour les enquêtes sociologiques. Dans ces conditions, comment adapter – dans l’urgence et parfois l’incertitude – son protocole d’enquête, et quel rôle jouent les technologies de l’information et de la communication dans cette adaptation ? En ce qui concerne la qualité de la donnée, que signifie recueillir une donnée « online » ou plus généralement à distance (téléphone…) par rapport à un terrain physique ? Les enquêtés disent-ils les mêmes choses ? Comment les dynamiques de groupes peuvent-elles être heurtées par les dispositifs numériques ? Nous encourageons tout particulièrement les propositions de communication portant sur les effets de la crise de la covid-19 sur les protocoles d’enquête des mémoires de master et des thèses, de plus en plus strictement encadrés en termes de durée.

 

Mais les contraintes pesant sur les protocoles d’enquêtes ne viennent pas seulement de la situation sanitaire exceptionnelle et dérivent d’orientations politiques et de changements structurels à l’œuvre dans la recherche. Quels sont les effets de la généralisation de la précarité, de l’augmentation des contrats courts et de l’injonction à une recherche par projets sur les enquêtes sociologiques, et plus particulièrement sur les protocoles de thèse ?

 

Au vu des nombreux points de discussion possibles entre le thème général du congrès et les préoccupations méthodologiques du réseau, nous encourageons les communications sur ces deux axes. Mais les sessions du RT20 pourront aussi accueillir des communications sur des questions méthodologiques transversales.

 

Les propositions doivent faire 3 500 signes maximum et sont à déposer avant le 31/01/2021 sur le site de l’AFS (https://afs-socio.fr/). Elles doivent inclure, outre le titre et le résumé, vos nom(s), rattachement(s) institutionnel(s) et adresse(s) électronique(s).

 

Les résultats seront transmis aux auteur·e·s fin mars 2021.













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