ST2025

Session thématique « Sociologie des rapports d'âge »

L’objectif de ces sessions thématiques est d’ouvrir un espace de discussions autour de la question des rapports d’âge, c’est-à-dire de proposer une approche relationnelle de l’âge. Cette perspective invite à penser l'âge comme un système de division hiérarchisée des âges de la vie, au même titre que le sont d’autres rapports de pouvoir structurant le monde social (notamment la classe, le genre et la race). L’enjeu est alors moins d’examiner les spécificités de chaque âge (les pratiques qui le caractérisent, les institutions qui l’encadrent, etc.) que les rapports et les tensions qui existent entre les différents âges de la vie. Penser en termes de rapport d’âge suppose de considérer que la hiérarchisation des individus en fonction de leur position d'âge procède d'une minorisation et d'une subordination d’âges « minoritaires » (le jeune âge et le grand âge) à un âge « majoritaire » (l’âge adulte) (Guillaumin, 1985). Si les dominations liées à l'âge sont encore peu explorées de manière critique et si l'âge est rarement envisagé comme un rapport social, c'est en partie parce que les catégories d'âge revêtent une forme d'évidence, qui tient à leur forte naturalisation et à leur essentialisation (Rennes, 2019). Légitimées par des catégorisations biologiques associant à chaque catégorie d'âge un ensemble de caractéristiques qui leur seraient propres, les inégalités d'âge peuvent être rapprochées des inégalités de race et de genre. Penser les groupes d'âge de façon relationnelle, comme des groupes sociaux antagonistes se définissant mutuellement, apparaît donc comme un moyen de déconstruire la supposée naturalité des inégalités entre statuts d'âge. Les propositions de communication pourront s'inscrire dans un ou plusieurs des trois axes suivants : Axe 1. Penser l'adultéité comme position majoritaire Jusque récemment, la sociologie française a peu travaillé l'âge adulte. Dans la langue française, aucun terme spécifique ne permet de le désigner (contrairement à l'enfance, l'adolescence, la jeunesse ou la vieillesse). Si le terme « adultéité » commence à se diffuser en sciences sociales, son absence sémantique dans l'espace social renforce probablement l'impensé de la domination adulte. Âge étalon, perçu comme non spécifique, il peut pourtant être considéré comme l'âge majoritaire, à partir duquel sont constitués les autres âges (au même titre que la masculinité ou la blanchité). Cet axe vise à penser l'âge adulte comme une position de pouvoir. Les rapports d'âge tendent à construire l'âge adulte comme l'âge de l'autonomie, de l'indépendance, lié à une place dans la famille, mais aussi dans l'emploi en lien avec l'âge actif (Guillemard, 2010). Mais comment l'âge adulte est-il construit à partir de la mise en dépendance et de la mise sous autorité des groupes d'âge minoritaires ? Comment les adultes assoient-ils et elles leur domination ? Comment celle-ci s'articule-t-elle à des processus de naturalisation et d'essentialisalion ? S'il n'existe pas de mobilisation catégorielle des adultes explicite, observe-t-on des mobilisations menées par des adultes dans la défense de leurs intérêts particuliers et de leur place ? On pense notamment aux débats récents sur les styles éducatifs parentaux et aux fortes résistances soulevées par les pédagogies dites positives (et qui portent dans une certaine mesure une mise en cause de la domination adulte). Comment les adultes s'organisent-ils et rendent-ils inaudibles certaines affaires de dénonciation et/ou de protestation portées par des plus jeunes et des plus âgé·es ? Comment, dans un autre cadre, penser les adultes qui se font les porte-parole des causes anti-âgistes et qui, en un sens, cherchent à bousculer la domination adulte ? En l'occurrence, la dénonciation des formes de maltraitance sur les enfants ou sur les vieux·lles en EHPAD est plutôt portée par les familles et par des professionnel·les de ces structures (et donc par des adultes). Ainsi, les communications pensant l'adultéité comme position majoritaire et examinant les mécanismes de l'organisation, de la reproduction, de la pérennisation et de l'euphémisation de la domination liée à l'âge sont les bienvenues. Axe 2. La minorisation, ses formes diverses et ses résistances Le deuxième axe propose de penser conjointement les âges minorisés, à rebours du clivage institutionnel qui existe entre les champs d’études portant sur la jeunesse ou la vieillesse. Il s’agit d’examiner s’il est possible de penser ensemble les formes d'assignation et d'infériorisation éprouvées aux deux extrêmes de l'âge. À partir de travaux portant sur ces groupes, on pourra explorer la façon dont ils sont exposés à des violences spécifiques, notamment dans les institutions marquées par une non-mixité d'âge, dédiées à leur accueil et à leur prise en charge (maisons de retraite, services de gériatrie, institutions de protection de l'enfance, écoles, etc.). L'idée est de mettre en évidence, par ces travaux sur des groupes d'âge spécifiques, des processus de minorisation communs. Les communications pourront également interroger la place que les groupes d'âge minoritaires occupent dans les rapports de production (dispense/exclusion du travail salarié, délégation de travail gratuit, etc.) et donc à leur dépendance structurelle vis-à-vis du groupe majoritaire. Les groupes d'âge minorisés sont également exposés à des processus d'invisibilisation ou de silenciation, qui nous invitent à prêter attention aux tactiques, aux résistances et aux mobilisations destinées à y faire face. Peut-on repérer des pratiques de résistance, individuelles ou collectives, visant à contrer les assignations ou les violences infligées aux groupes d'âge minoritaires ? Quelles sont leur portée et leurs limites ? Dans quelle mesure les processus d'invisibilisation et de silenciation rendent-ils compte des difficultés à faire émerger une conscience d'âge ? Axe 3. Mobilités et frontières d'âge Sauf en cas de décès précoce, les individus changent régulièrement de position d'âge. Cette mobilité sociale généralisée semble spécifique aux rapports d'âge, relativement aux rapports de classe, de genre ou de race. Au cours de leur existence, les individus peuvent passer d'un groupe minorisé au groupe majoritaire des adultes. Inversement, ils et elles peuvent aussi être poussé·es à en sortir en vieillissant. Comment ces mobilités d'âge sont-elles organisées socialement ? Suscitent-elles des résistances au moment d'entrer dans l'âge adulte ? À l'inverse, quelles résistances peuvent s'observer au moment du passage de l'âge adulte à la vieillesse ? Comment ces mobilités d'âge varient-elles en fonction des positions de classe, de genre et de race des individus ? Dans quelle mesure sont-elles affectées par des processus d'assignation d'âge (infantilisation, adultification (Ferguson, 2000), etc.) et par l'âgisme, entre les groupes d'âge ou en leur sein même ? Si l'avancée en âge est généralement pensée comme unidirectionnelle, semblant reposer sur le franchissement institutionnalisé de seuils d'âge, certains travaux mettent en évidence son caractère réversible et négocié (comme dans le cas des « mijeurs », Perrot, 2019). Peut-on observer des formes de désajustement entre âge civil et âge statutaire (Rennes, 2019) ? Dans quelle mesure l'âge peut-il être envisagé comme le produit de performances normées mais perturbables (au même titre que le genre) ? Cet axe invite ainsi à explorer les pratiques de passing d'âge. Il permettra ce faisant d'interroger l'ordre et les désordres de l'âge à partir de ses frontières troubles, des pratiques de franchissement de ces frontières et des éventuelles sanctions sociales qui en découlent. Nous vous invitons à proposer des communications reposant sur des enquêtes qui croiseraient ces questions, ou pourraient être relues à la lumière des rapports d'âge, dans leur articulation avec d'autres rapports sociaux. Cela peut inclure des travaux comparatifs portant sur des contextes nationaux divers. Les contributions entrant en discussion avec la littérature scientifique internationale sont encouragées, afin de faire résonner les débats académiques français avec d'autres traditions sociologiques où l'âge a pu être investi plus largement sous l'angle de la domination et des discriminations. Une attention particulière sera prêtée aux propositions questionnant les enjeux relatifs à l'environnement, entendu au sens large, au prisme des rapports d'âge, que celles-ci portent sur les processus de naturalisation de l'âge, les ségrégations spatiales liées à l'âge, les rapports de pouvoir au sein des mobilisations environnementales, etc. Bibliographie FERGUSON, A. A. (2000), Bad Boys: Public Schools in the Making of Black Masculinity, University of Michigan Press. GUILLAUMIN, C. (1985), « Sur la notion de minorité », L’Homme et la société, 77, 1, p. 101-109. GUILLEMARD, A.-M. (2010), Les défis du vieillissement. Âge, emploi, retraite : perspectives internationales, Paris, A. Colin. PERROT, A. (2019), « Une infantilisation inévitable ? : La réversibilité de l’âge chez les jeunes exilés en France ». Genèses, n° 114, pp.75-95. RENNES, J. (2019), « Âge biologique versus âge social : une distinction problématique ». Genèses, n° 117, pp. 109-128.  

Participation au congrès

Pour participer au Congrès, il faudra adhérer à l’AFS et s’acquitter de droits d’inscription. Lors du précédent Congrès de 2023, l’adhésion s’élevait à 41€ pour les non-titulaires et 103€ pour les titulaires ; l’inscription au Congrès à 61€ pour les non-titulaires et 152€ pour les titulaires. Les tarifs pour le Congrès de Toulouse seront légèrement plus élevés (inflation). Les collègues non-titulaires qui ne peuvent être financé·es par leur laboratoire pourront, sur présentation de dossier, être exonéré·es des droits d’inscription et bénéficier d’une aide pour le transport et le logement. La procédure pour la demande d’exonération des droits d’inscription sera précisée plus tard. L’accès au Congrès se veut le plus inclusif possible :

* Des dispositifs de lutte contre les violences sexistes et sexuelles seront mis en place.

* Si vous avez besoin de services d’accompagnement en raison d’une situation de handicap, vous pourrez le signaler dans le cas où votre communication est retenue. Le comité d’organisation mettra tout en œuvre pour essayer de répondre à vos demandes.

* Si vous avez besoin de services de crèche pendant le Congrès vous pourrez le signaler au moment de l’inscription. Le comité local essayera de proposer un mode de garde.

 
Pour répondre à cet appel à communication, merci de vous connecter :













Paiement en cours

S'il vous plaît ne pas actualiser la page ou utiliser le bouton retour