Appel à communication du RT22
"Les parcours face aux défis de l'environnement"
Le RT22 « Parcours de vie et dynamiques sociales » met au centre de ses travaux l’articulation de vies individuées et des logiques collectives attachées à l’action publique, à des dispositifs politiques de mobilisation, mais aussi à des effets plus larges de structure.
Dans la perspective du 11e Congrès de l’Association Française de Sociologie sur les « Environnement(s) et inégalités », il souhaiterait questionner les relations entre les vies individuelles et les transformations du monde, de l’environnement. Le monde est devenu plus contingent, l’horizon fixe de la modernité et d’une croissance continue et infinie ont fait place à un dérèglement climatique dont il est difficile de prendre la mesure. Le monde à l'ère de l'anthropocène pourrait marquer un point de non-retour pour Gaïa. Dans ce contexte, les questions environnementales et de santé ressurgissent et émergent sous des formes particulièrement critiques.
Aussi, il s’agira d’interroger comment les trajectoires et parcours des individus sont affectées par les transformations du monde et de l'environnement, avec des effets sur le corps et la santé (pesticide, allergie), les milieux de vie (inondation, implantation d’un équipement), le travail (exposition à un risque), les mobilisations individuelles et collectives (calcul de l’empreinte écologique, mouvements militants). En cela, il ne s’agit pas tant d’opposer, terme à terme, le parcours à la trajectoire que de faire du parcours un analyseur d’une transformation de la dynamique sociale mais aussi, plus largement, du monde.
Nous proposons 4 axes pour penser les interactions entre parcours de vie et environnement(s).
1) Parcours vulnérables et changements climatiques
Les incertitudes qui pèsent sur les parcours de vie sont renforcées dans le contexte des grandes transitions énergétiques, écologiques, migratoires, géostratégiques, numériques auxquelles les sociétés sont confrontées. Elles sont démultipliées pour les individus en situation de vulnérabilité, comme l’attestent les travaux sur l’état social à distance et la dématérialisation et l’accès aux droits de classes populaires rurales ou la littéracie sur les inégalités de santé en contexte pandémique. La vulnérabilité est entendue ici dans un sens élargi, comme une dimension constitutive de l’expérience humaine et structurelle de la modernité, afin de souligner la porosité des situations mais aussi d’en appréhender les dimensions territoriales et environnementales. Les situations de vulnérabilité qui affectent les parcours de vie liées aux changements environnementaux et à leurs effets sur les territoires, à la santé ou santé mentale, à la migration, notamment dans le cas des réfugiés climatiques, seront particulièrement étudiées. Comment ces situations de vulnérabilité s’enchevêtrent-elles, avec quels effets sur les parcours de vie ? Une focale sera mise sur les inégalités qui structurent les parcours de vie en termes d’âge, de classes sociales, de genre, ou de races par l’étude des configurations produites par les ressources économiques, relationnelles et subjectives, découlant de socialisations primaires, secondaires différenciées, de savoirs accumulés lors de précédentes transitions et des temps différentiels produits par le genre.
2) Bifurcations en contexte de changements environnementaux
Les évènements climatiques dont nous ne cessons de prendre la mesure génèrent des inquiétudes croissantes, non dites, entraînant des changements parfois choisis dans les parcours, et donnant lieu à des réorientations ou des reconversions professionnelles vers des secteurs plus responsables et respectueux de l’environnement (retours à la terre, métiers liés au bien-être et au soin). En outre parallèlement, on prend conscience de nombreux effets collatéraux de tout ordre qui viennent percuter les individus dans leur corps notamment, les bouleversements dans les parcours de santé : les effets cancérigènes de l’amiante, la silicose des mineurs, les effets des pesticides qui impactent désormais la population générale et pas seulement le monde agricole, le poids des industries et des lobbies agroalimentaires, le scandale des laboratoires pharmaceutiques incitant à une consommation effrénée au nom du soin.
Dans cet axe, nous souhaitons questionner et rendre compte de bifurcations professionnelles marquées par le souci d'un développement durable ou d'une décroissance, mais aussi de turning point qui s’inscrivent comme des catastrophes ou des opportunités dans les parcours de santé et de vie. On pourra analyser les registres que les acteur·ices mobilisent pour justifier leurs bifurcations et leurs choix ou le vécu des affects ressentis, à partir de catégories telles que celle de « traumatisme ».
Enfin, le corollaire d’une bifurcation est l’introduction de changements d’orientation importants, à l’origine de certains bouleversements. La rupture dans le parcours professionnel entraîne l’émergence de nouveaux possibles. Dans cette voie, nous encourageons la présentation des effets de tels changements dans les parcours d’un point de vue individuel d’une part (à propos du bien-être subjectif, des émotions, des temporalités, de la consommation, etc., ou encore vis-à-vis de l’entourage) et collectif d’autre part (concernant les manières de produire et de faire ensemble à l’aune de ces changements).
3) Mobilisations, trajectoires militantes et constitution de causes environnementales
Cet axe invite à réfléchir et à examiner les liens entre les parcours de vie, les préoccupations relatives au changement climatique et à l'environnement au sens large (biodiversité, pollution, etc.) ainsi que les actions susceptibles d'être engendrées (ou non) en réponse à ces enjeux.
L'action (le changement) peut s'opérer à différents niveaux (individuel ou collectif) et avec des degrés d'intensité différents, en réponse à une volonté ou à une nécessité d'agir. Cet axe pourra notamment accueillir des communications qui analysent des facteurs qui facilitent ou freinent l'action et la prise de décision. Les changements, plus ou moins significatifs dans les parcours de vie sont souvent liés à des formes de réflexivité et à l'apparition d'émotions (colère, peur, anxiété, etc.), à des phénomènes d’éco-anxiété, à des "prises de conscience" et à la sensibilisation d'une diversité d'acteur·ices. Comment et avec qui ces dynamiques se construisent-elles et se développent-elles ? Dans quels contextes et dans quelles conditions sociales ?
A l'échelle individuelle, une diversité de pratiques illustre la complexité des liens entre les parcours de vie et l'environnement. Il s'agit ici, de s'intéresser particulièrement aux engagements dans une carrière militante ou activiste, mais aussi aux ajustements plus "à la marge", par exemple en repensant ses loisirs, sa consommation et sa façon de vivre, en renonçant à certaines pratiques ou en adoptant de nouvelles. Ces modifications, plus ou moins importantes, renvoient parfois à des bifurcations (cf. axe 2) ou des ruptures biographiques. Elles peuvent par ailleurs suggérer des perturbations au sein des réseaux d'appartenance et une réorganisation des sociabilités, lorsque ces dernières sont en décalage avec les nouvelles aspirations et pratiques. Elles posent dès lors la question du collectif et nous interrogent sur les liens sociaux et politiques des individus. Aussi, les communications pourront évoquer la façon dont se constituent les mobilisations et causes politiques, en lien avec les thématiques du Congrès. Elles pourront également interroger les parcours et les mobilisations d'acteur·ices se positionnant à l'encontre de ces positions (notamment climato-sceptiques).
4) Parcours de recherche, parcours de chercheur·es à l'épreuve des défis environnementaux
Le champ académique n'est pas coupé de son environnement et est lui aussi traversé par ses transformations. Ce dernier axe sera ainsi l'occasion de questionner les parcours des chercheur·es face aux défis environnementaux. Il s'agira d'analyser comment ces défis influencent leur parcours professionnel et leurs pratiques de recherche. En quoi ce parcours est-il affecté ? Comment les méthodes de recherche évoluent-elles pour intégrer ces enjeux ? Quelles réflexions (individuelles et collectives) en matière de recherche éco-responsable sont-elles menées ? Et de quelles manières ces défis transforment-ils les objets de recherche, en modifiant des problématiques existantes ou en faisant émerger de nouveaux sujets ?
Au niveau institutionnel, la question de l'empreinte écologique des chercheur·es est de plus en plus mise en avant et de nombreux outils et formations sont mis en place pour l'évaluer. Cette attention se reflète notamment dans les critères d'évaluation de l'HCERES, qui encourage, par exemple, la mise en place d'une politique de gestion des déplacements intégrant des critères de développement durable, voire de sobriété. Ces critères d'évaluation témoignent d'une prise de conscience croissante au sein du monde académique, incitant les institutions et les chercheur·es à repenser leurs pratiques pour réduire leur impact environnemental, incitation pouvant être vécue par certain·es comme une injonction.
A l'inverse, cet axe pourra mettre en lumière les obstacles et les leviers, notamment scientifiques, économiques et administratifs, que rencontrent les chercheur·es qui souhaitent faire évoluer leurs pratiques.
Cet appel à communications n’a pas prétention à être exhaustif et les pistes évoquées ci-dessus sont forcément partielles. Par ailleurs, certaines propositions pourront se trouver à l'articulation de plusieurs axes.
Modalités d'envoi des propositions de communications
Les propositions de communication, d’une taille maximale d’une page (environ 3 500 caractères, hors bibliographie), devront être déposées au format PDF avant le 15 janvier 2025 sur le site de l’AFS. Les propositions doivent être jointes également aux deux responsables du RT22 : Catherine Négroni (catherine.negroni@gmail.com) et Pierrine Robin (pierrine.robin@u-pec.fr) en précisant bien l'axe dans lequel s’insère la communication.
Les auteur·es seront notifié·es des résultats de la sélection des propositions avant le 15 février 2025.
Les propositions de communication indiqueront la problématique, la méthodologie et les données mobilisées, voire les principaux résultats, qui seront présentés lors du congrès.
Elles comporteront les informations suivantes :
Pour participer au Congrès, il faudra adhérer à l’AFS et s’acquitter de droits d’inscription. Lors du précédent Congrès de 2023, l’adhésion s’élevait à 41€ pour les non-titulaires et 103€ pour les titulaires ; l’inscription au Congrès à 61€ pour les non-titulaires et 152€ pour les titulaires. Les tarifs pour le Congrès de Toulouse seront légèrement plus élevés (inflation). Les collègues non-titulaires qui ne peuvent être financé.es par leur laboratoire pourront, sur présentation de dossier, être exonéré.es des droits d’inscription et bénéficier d’une aide pour le transport et le logement. La procédure pour la demande d’exonération des droits d’inscription sera précisée plus tard.
L’accès au Congrès se veut le plus inclusif possible :
* Des dispositifs de lutte contre les violences sexistes et sexuelles seront mis en place.
* Si vous avez besoin de services d’accompagnement en raison d’une situation de handicap, vous pourrez le signaler dans le cas où votre communication est retenue. Le comité d’organisation mettra tout en œuvre pour essayer de répondre à vos demandes.
* Si vous avez besoin de services de crèche pendant le Congrès, vous pourrez le signaler au moment de l’inscription. Le comité local essayera de proposer un mode de garde.
Dans l'attente de vos propositions avec plaisir !