APPEL À COMMUNICATIONS

RT29 « Sciences et techniques en société : savoirs, pratiques, instruments et institutions »

« Environnement(s) et inégalités »

8 - 11 juillet 2025 à Toulouse

Propositions de communication à soumettre avant le 17 janvier 2025

Dans le cadre du 11ème congrès de l’Association Française de Sociologie (AFS) qui se tiendra du 8 au 10 juillet 2025 à Toulouse, le réseau thématique « Sciences et techniques en société : savoirs, pratiques, instruments et institutions » (RT29) organise ses sessions consacrées à la sociologie de la production et de la diffusion des sciences, techniques et savoirs dans les sociétés contemporaines. Deux types de sessions seront organisés : 1- des sessions thématiques du réseau accueilleront des communications de 20 minutes (discussion incluse) sur l’inscription sociale des sciences, techniques et savoirs. Une partie d’entre elles portera plus spécifiquement sur la thématique du congrès, pour laquelle le RT29 a préparé l’appel à communications ci-dessous, organisé autour de trois axes ; 2- des sessions croisées organisées avec d'autres réseaux de l'AFS suivront des modalités spécifiques précisées dans les appels dédiés.

1. Récits et promesses technoscientifiques face aux transformations environnementales

Face aux problématiques environnementales, il existe une économie prolifique des grands récits et des promesses technoscientifiques. Le solutionnisme technologique et l’impératif de sobriété sont deux exemples parmi d’autres d'imaginaires en concurrence. Avec Pierre-Benoît Joly (2015), de nombreux travaux ont analysé les effets complexes de promesses technoscientifiques, telles que la dépolitisation des enjeux, le déplacement des risques et des responsabilités, l’exacerbation des inégalités, la captation des ressources, etc. Comment ces promesses s’adossent-elles aux sciences réglementaires, à des dispositifs techno-scientifiques et des outils de mesure (e.g. outils de modélisation, indicateurs écologiques) ? En quoi peuvent-elles favoriser certains cadrages des problèmes environnementaux et certain·es acteur·ices ou narratifs, tout en en laissant d’autres à la marge ? Les propositions qui s’intéressent à l’influence de considérations politiques, économiques et sociales dans l’établissement de ces promesses, ainsi qu’aux inégalités induites (Hecht, 2023), ont ici toute leur place. Quelle place les dispositifs technologiques et scientifiques occupent-ils dans ces promesses et comment façonnent-ils les représentations ordinaires, présentes et futures, des problèmes environnementaux ? Quels collectifs défendent ces objets porteurs de sens, et avec quels objectifs ? (e.g. communautés low-tech ou open source). Enfin, quelles sont les autres façons dont les enjeux environnementaux nous font reconsidérer l’avenir ? La promesse, avec la prospective et les études de risque (Muniesa & Doganova, 2020), étant les principales manières dont le futur est envisagé en régime de capitalisme mondialisé, quels autres rapports à l’avenir et autres formes d’anticipation existent et par quels collectifs sont-ils portés ? En les analysant, les propositions de communication pourront ainsi contribuer à repeupler les imaginaires socio-techniques de l’environnement.

2. Écologisation des pratiques scientifiques et institutionnelles

Les préoccupations environnementales constituent un opérateur de transformation des activités scientifiques. Ces transformations adviennent à plusieurs niveaux, tant à celui des modalités de conduite de la recherche que de la structuration des communautés académiques, des hiérarchies disciplinaires ou de l’administration des établissements. Les propositions pourront ainsi examiner l’écologisation des pratiques et des politiques de recherche, au double sens d’intégrer les problématiques environnementales dans leurs activités et de rendre ces dernières plus durables (Mormont, 2013). Nous les invitons à montrer cette écologisation en pratique, à travers la recomposition des méthodes, des agendas et des questions de recherche, l’abandon d’objets disparus, obsolètes ou déprioritisés, ou encore l’adaptation ou le détournement d’instruments ou de métriques. Les propositions pourront également examiner la synergie entre la montée des préoccupations environnementales et la généralisation de nouveaux modes de conduite de la recherche marqués par l’interdisciplinarité, le financement par projets, et les collaborations avec des acteur·ices extra-académiques (riverains, collectivités, acteurs économiques locaux, etc.). Elles pourront s’intéresser autant aux transformations initiées par les communautés de chercheur·ses, que celles encouragées par leurs institutions. D’une part, les communautés scientifiques repensent leur responsabilité dans l’advenue des changements environnementaux locaux et globaux à travers des collectifs militants (comme Scientist Rebellion) ou de recherche (comme le GDR Labo1point5). Certaines institutions créent de nouveaux services, critères d’évaluation ou dispositifs de financement de sorte à engager la recherche dans les enjeux environnementaux contemporains. Les propositions comparatives entre spécialités, organismes ou pays qui souligneraient les inégales capacités à réagir aux transformations environnementales sont les bienvenues à cet égard.

3. Controverses et hiérarchisations des savoirs autour des enjeux environnementaux

Les enjeux environnementaux suscitent d’importantes controverses quant aux manières de définir les bons et les mauvais savoirs susceptibles de les gérer. Les propositions de communication pourront examiner la manière dont l’environnement est vecteur de transformations dans la constitution et la mobilisation des savoirs, comme en témoignent les débats concernant la dangerosité des OGM, l’exposition à l’amiante ou aux pesticides, l’enfouissement des déchets nucléaires, etc. Elles pourront s’intéresser à la manière dont se dispute la place de la science dans l’élaboration des politiques publiques et des réglementations environnementales. Les propositions pourront également examiner la manière dont des spécialités luttent pour en obtenir la compétence, par exemple les sciences régulatrices, sciences sociales et sciences de l’environnement. Les mobilisations écologiques sont un autre domaine privilégié du développement de méthodes et de savoirs sur l’environnement, à plus ou moins grande distance des productions scientifiques légitimes. Comment a lieu en pratique la hiérarchisation entre savoirs experts et profanes (Jasanoff, 2004 ; Wynne, 2004) ? Comment les savoirs s’inscrivent-ils dans le travail militant ? Les propositions de communications pourront par exemple se pencher sur la place des savoirs incarnés (épidémiologie populaire, etc.) ou invisibilisés (agnotologie, undone science) (Frickel, 2010) ; sur les phénomènes contemporains de contestation des savoirs experts autour des discours complotistes ou sceptiques ; sur la réappropriation de preuves scientifiques par des non professionnel·les de la recherche.   Modalités de soumission Le RT29 suit le calendrier affiché par le CE de l’AFS : les propositions de communication sont donc à déposer avant le 17 janvier 2025 sur le site de l’AFS. En cas de modification de la date de dépôt par le CE de l’AFS, le RT 29 appliquera automatiquement le nouveau calendrier.

• Les propositions de communications respecteront la charte du RT29. Notez en particulier que chaque personne ne peut déposer qu’une seule proposition de communication.
• Elles ne dépasseront pas 3 000 signes espaces compris. Elles seront déposées dans l’onglet “proposition” sur l’interface de l’AFS.
• Lors du dépôt de la proposition, le bureau du RT29 ne demande pas de résumer la proposition de communication. A la place, sur l’interface de l’AFS, l’onglet “résumé de la communication” contiendra les informations suivantes:-Auteur·e 1 : NOM Prénom, adresse mail de contact, statut [doctorant·e, docteur·e, titulaire], affiliation. [si pertinent, répétez pour tous·tes les auteur·ices] -Mots-clés (5 maximum) -Axe de la proposition [“Appel thématique” si elle relève de l’argumentaire du congrès (le cas échéant, précisez l’axe considéré)  ou “communication blanche” si la proposition correspond au périmètre plus général du RT29, en dehors des appels thématiques du congrès]. -Noms des porteur·euses du projet finançant la recherche présentée [si pertinent].

  Pour participer au Congrès, il faudra adhérer à l’AFS et s’acquitter de droits d’inscription. Lors du précédent Congrès de 2023, l’adhésion s’élevait à 41€ pour les non-titulaires et 103€ pour les titulaires ; l’inscription au Congrès à 61€ pour les non-titulaires et 152€ pour les titulaires. Les tarifs pour le Congrès de Toulouse seront légèrement plus élevés (inflation). Les collègues non-titulaires qui ne peuvent être financé·es par leur laboratoire pourront, sur présentation de dossier, être exonéré·es des droits d’inscription et bénéficier d’une aide pour le transport et le logement. La procédure pour la demande d’exonération des droits d’inscription sera précisée plus tard. L’accès au Congrès se veut le plus inclusif possible :

• Des dispositifs de lutte contre les violences sexistes et sexuelles seront mis en place.
• Si vous avez besoin de services d’accompagnement en raison d’une situation de handicap, vous pourrez le signaler dans le cas où votre communication est retenue. Le comité d’organisation mettra tout en œuvre pour essayer de répondre à vos demandes.
• Si vous avez besoin de services de crèche pendant le Congrès vous pourrez le signaler au moment de l’inscription. Le comité local essayera de proposer un mode de garde.

Par ailleurs, le RT29 tiendra son assemblée générale, comme les autres réseaux thématiques, durant le congrès. Ce sera l’occasion de dresser un bilan des activités au cours du mandat écoulé et de voter la composition du bureau 2025-2027 du réseau thématique. Les règles de fonctionnement du bureau sont les suivantes : les membres du bureau n’ayant pas atteint la durée maximale de leur mandat peuvent choisir de rester ; le nombre de sièges ouverts dépend ainsi du nombre de départs ; cette élection est organisée à bulletin secret et sur des critères stricts de parité. Toute personne ayant déjà communiqué ou soumis une proposition de communication lors d’un événement organisé par le RT29 est la bienvenue pour rejoindre le bureau. Les candidatures peuvent être soumises à l’avance, par mail, au bureau du RT29 ou déposées au début de l'assemblée générale. Les personnes intéressées, quel quesoit leur avancement dans leur carrière, ne doivent pas hésiter à se manifester auprès du bureau. Bibliographie Frickel, S. (2010). Undone Science: Charting Social Movement and Civil Society Challenges to Research Agenda Setting, Agenda Setting. Science, Technologie & Human Values. 1;35(4): pp. 444-473. Hecht, G. (2023). Residual Governance. How South Africa Foretells Planetary Futures. Duke University Press. Jasanoff, S. (2004). States of Knowledge The Co-production of Science and the Social Order. Routledge : London & New York. 332 p. Joly, P.-B. (2015). Le régime des promesses technoscientifiques. In Audétat, M. Pourquoi tant de promesses, Paris : Hermann, pp. 31-48. Mormont, M. (2013). Écologisation : entre sciences, conventions et pratiques. Natures Sciences Sociétés, Vol. 21(2), pp. 159-160. Muniesa, F., & Doganova, L. (2020). The time that money requires: Use of the future and critique of the present in financial valuation. Finance and Society, 6(2), 95–113. doi:10.2218/finsoc.v6i2.5269 Wynne, B. (2004). May the Sheep Safely Graze? A Reflexive View of the Expert-Lay Knowledge Divide. In Lash, S., Szerszynski, B., & Wynne, B. (Eds.), Risk, Environment and Modernity: Towards a New Ecology, London: Sage, pp. 44-83.