RT42

Appel à communications du RT42 pour le congrès de l'Afs, Toulouse, 8-11 juillet 2025

Les axes  proposés sont indicatifs : ils visent à mettre en avant la transversalité de la question environnementale dans les phénomènes élitaires. Le bureau du RT souligne que toutes les propositions s’inscrivant dans le cadre de la sociologie des élites seront examinées. Les inégalités environnementales peuvent être comprises dans un sens large, qui ne se limite pas aux relations entre les individus et la nature, mais qui inclut aussi les différents espaces dans lesquels les élites évoluent et interagissent.  Axe 1 De bien vertueuses élites ? Environnement et moralisation du capitalisme  Le traitement des enjeux environnementaux à l'œuvre par exemple dans les rhétoriques morales du « capitalisme vert » est révélateur de mécanismes de réappropriation plus larges s’appliquant à d’autres causes. Les communications attendues dans cet axe pourront s’intéresser aux promoteur·ices des politiques de « moralisation du capitalisme ». Quelles opportunités professionnelles ou symboliques ces réappropriations offrent-elles à des groupes originellement impliqués dans la diffusion de telles revendications réformatrices ? Peut-on objectiver, parmi les élites économiques et politiques, les propriétés, les ressources et les trajectoires les plus susceptibles de produire de telles entreprises de légitimation ? Comment expliciter ce qui, au sein des « entreprises de moralisation » menées par les grandes firmes, relève de la stratégie commerciale (image de marque, greenwashing), de la conformation juridique (compliance) et de la stratégie d’influence (lobbying) ? Les communications pourront porter sur la place essentielle de la philanthropie dans la légitimation des causes et des statuts élitaires. La question de la moralisation du capitalisme pourra aussi être saisie par l'évolution de l'environnement normatif dans lequel évoluent les élites — particulièrement les lois et codes de (bonne) gouvernance — afin de questionner plus généralement la manière dont elles font évoluer leur propre environnement. Enfin, face au constat du caractère largement stratégique de certaines prises de position publiques aux effets souvent limités, un risque possible pour les sociologues des élites est d’appréhender les populations qu’ils étudient en leur prêtant un parfait cynisme quant à l’ensemble de leurs mobilisations « morales » ou « éthiques ». Comment rendre objectivement compte des hypothétiques tensions que rencontrent les élites entre d’éventuels idéaux progressistes d’un côté et des intérêts de classe de l’autre ? Les communications portant sur les enjeux où se cristallisent de tels dilemmes seront les bienvenues. Axe 2. Protection de l’environnement et luttes internes aux champs du pouvoir  Si les rapports à l'environnement, à l'écologie et au changement climatique deviennent des enjeux incontournables pour les élites, toutes n’adoptent pas le même positionnement. Ce deuxième axe met l'accent sur les luttes et les concurrences internes aux classes dominantes, en examinant en quoi le problème social de la « protection de l'environnement » peut ou non constituer un enjeu de lutte entre élites de différents champs (économique et industriel, politique, scientifique, administratif, culturel, etc.). Comment les élites tentent-elles d’imposer leur(s) vision(s) de l’environnement, et en quoi reconfigurent-elles ainsi les champs du pouvoir  ? On pourra également s’interroger sous les formes plus ou moins ouvertes ou insidieuses de déni climatique de la part des élites dirigeantes - en s’intéressant par exemple à la répression des mobilisations écologistes,à la promotion de « solutions » technologiques comme seule réponse à la crise environnementale, ou encore à des formes d’apathie environnementale et d’indifférence à l’environnement. Les communications portant sur la manière dont les élites scientifiques et techniques s’investissent dans les enjeux liés au climat et à l’environnement (par exemple à propos de la production d’énergies renouvelables) seront les bienvenues : sous cet angle, on pourrait ainsi réexaminer les luttes internes au champ scientifique, et les liens complexes qu’il entretient avec les champs économiques et politiques.  Axe 3. Styles de vie élitaires et environnement Est-il heuristique de chercher à définir les élites à partir de leur empreinte carbone, c'est-à-dire de leurs pratiques, de leurs styles de vie et de leurs habitudes de consommation ? Peut-on dégager, à partir de l'étude des cultures matérielles qui prédominent au sein des milieux élitaires, un rapport socialement indexé à la « nature  » ou aux « natures » ? Cet axe propose de voir comment les travaux sur les pratiques élitaires, résidentielles, culturelles et liées au voyage, intègrent, à la marge ou de manière centrale, une réflexion sur les rapports à l'environnement, à l'écologie et au changement climatique. Les communications pourront également porter sur la manière dont les élites, par leurs styles de vie, veillent à préserver leur environnement propre, souvent au mépris de celui des autres.  L'appartenance aux élites ou aux classes supérieures peut classiquement se caractériser par la compétition et la recherche de statut, qui se jouent en partie sur des rapports de prédation, d’appropriation et d'exploitation des ressources naturelles. La monopolisation de certains espaces privilégiés peut également s’opérer à travers des formes plus subtiles, telles que les stratégies collectives visant à la préservation de sites « naturels » constitutifs d’un « patrimoine » à défendre. S'ensuivent, en particulier chez les ultra-riches, des modes de vie carbonifères, très en lien avec les industries les plus polluantes (jets privés, yachts, industrie du luxe). En plus d'avoir un coût environnemental, ces pratiques de consommation ostentatoire reposent sur des formes particulièrement violentes et inégalitaires de domination économique. On pourra donc penser aux inégalités spatiales (l’évitement de la pollution industrielle par exemple dans les choix résidentiels), aux dégâts engendrés par l'auto-ségrégation des classes dominantes, et plus généralement aux pratiques élitaires de préservation des chances de vie. Les propositions pourront également aborder les revendications de sobriété et l’invisibilisation des signaux de richesse les plus ostentatoires.  Enfin, les communications pourront analyser comment les pratiques matérielles et symboliques des élites idéalisent et esthétisent certaines modalités de l’environnement et du paysage (par la villégiature, l’occupation d’îles privées, la pratique de sports alpins, etc.). Les pratiques élitaires qui se traduisent par des rapports vus comme privilégiés à la « nature » ont non seulement un coût environnemental, mais elles participent aussi à une idéologie de la réussite et de l'exploit individuel.   Axe 4. Élites et inégalités environnementales  Les défis environnementaux, marqués par une surexploitation des ressources, le réchauffement global de la planète et les prédictions alarmantes pour les décennies à venir, démultiplient les inégalités d’accès à un environnement de qualité. Ces disparités s’inscrivent par ailleurs dans un contexte plus général caractérisé par de très fortes inégalités sociales et économiques. Si de profonds écarts subsistent entre certains pays du Nord global et d’autres du Sud global, l’écart entre les revenus des plus riches et des plus pauvres au sein même des pays s’est en outre fortement accentué durant les dernières décennies. Ce dernier axe, plus général, propose ainsi d’interroger le lien entre élites et inégalités – nationales et/ou globales – sous l’angle environnemental. Parmi les questionnements possibles, les pistes suivantes sont proposées : Dans quelle mesure les inégalités environnementales recoupent-elles les inégalités sociales, aussi bien en ce qui concerne l’impact des dégâts environnementaux sur les populations qu’en termes de luttes et de mobilisations ? Quels sont le rôle et la place des problèmes environnementaux – par exemple l’exposition à la pollution ou aux catastrophes environnementales – dans les conflits de classe ? Quels sont les différents moyens – comme les procès en écocide – mis en œuvre par les classes moyennes et populaires pour exprimer ces revendications à l’encontre des élites ? Dans quelle mesure les ONG environnementales représentent-elles la société civile face aux élites et une forme de contre-pouvoir face aux États? Comment les élites adressent-elles de leur côté des revendications liées aux inégalités environnementales ? 

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Modalités de soumission Les propositions de communication sont à déposer avant le 15 janvier 2025 sur la page du RT 42  sur le site de l’AFS : https://afs-socio.fr/rt/rt42/ Elles ne doivent pas excéder 3 500 signes maximum (hors bibliographie) et mentionner impérativement les éléments suivants : nom, prénom du (des) auteur·ice(s), rattachements institutionnels, courriel de contact, axe(s) souhaité(s), titre de la communication, méthodologie de recherche. Les propositions reçues seront anonymisées avant d’être examinées par plusieurs évaluateur·ices membres du RT selon les critères suivants : a) inscription dans les thématiques du RT ; b) pertinence de la problématique et du cadre d’analyse ; c) travail de terrain et présentation des matériaux empiriques.   Les décisions seront communiquées aux auteur·ices fin février.  Nous rappelons que pour participer au Congrès, il faudra adhérer à l’AFS et s’acquitter de droits d’inscription. Lors du précédent Congrès de 2023, l’adhésion s’élevait à 41€ pour les non-titulaires et 103€ pour les titulaires ; l’inscription au Congrès à 61€ pour les non-titulaires et 152€ pour les titulaires. Les tarifs pour le Congrès de Toulouse seront légèrement plus élevés (inflation). Les collègues non-titulaires qui ne peuvent être financé·es par leur laboratoire pourront, sur présentation de dossier, être exonéré·es des droits d’inscription et bénéficier d’une aide pour le transport et le logement. La procédure pour la demande d’exonération des droits d’inscription sera précisée plus tard. L’accès au Congrès se veut le plus inclusif possible : * Des dispositifs de lutte contre les violences sexistes et sexuelles seront mis en place. * Si vous avez besoin de services d’accompagnement en raison d’une situation de handicap, vous pourrez le signaler dans le cas où votre communication est retenue. Le comité d’organisation mettra tout en œuvre pour essayer de répondre à vos demandes. * Si vous avez besoin de services de crèche pendant le Congrès vous pourrez le signaler au moment de l’inscription. Le comité local essayera de proposer un mode de garde.           
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