À l’occasion du XIe congrès de l’AFS, le RT 18 appelle des communications qui prennent au sérieux le positionnement des différents acteurs des relations professionnelles – travailleurs et travailleuses, mobilisées ou non, syndicalistes, direction d’entreprises, pouvoirs publics, militant·es des organisations patronales, etc. – face aux enjeux environnementaux et plus largement aux enjeux de travail au sein d'un environnement mêlant nature et société . Cet appel prend sens au regard de discours dominants – y compris savants –, qui tendent à désigner les êtres humains, en général, comme cause de destruction des conditions d'habitabilité de la Terre, plutôt que le capitalisme en tant que mode de production spécifique et historiquement situé. En opposition à l’idée d'anthropocène, synonyme de destruction de l’environnement naturel, les courants écomarxistes préfèrent parler d’ère capitalocène, fondée sur l’exploitation du travail et de la nature. Cette perspective, qui recouvre des analyses diverses, a le mérite d’introduire des responsabilités différenciées selon les groupes sociaux et les pays, inscrits au sein de relations inégalitaires de domination et d’exploitation. De plus, elle permet de questionner la notion de « transition écologique » dans son acception dominante, faite de propositions technologiques et de moralisation de la consommation, comme autant de figures d’un verdissement du capitalisme. Au regard de ces considérations préliminaires, les acteurs des relations professionnelles paraissent en première ligne des tensions autour des bouleversements environnementaux actuels et à venir.
L'appel du RT 18 se décline en trois axes auxquels s'ajoutent trois sessions croisées avec d'autres réseaux thématiques.
Axe 1. Ce que la question environnementale fait au syndicalisme
Les communications de cet axe sont invitées à interroger la manière dont la cause environnementale (dans ses expressions diverses) est appréhendée par les organisations syndicales (que ce soit au niveau international, national ou local).
Historiquement, la question environnementale a surtout été abordée par le mouvement ouvrier sous l’angle des risques professionnels et de la santé au travail. Toutefois, la mise en exergue de la question environnementale par une multitude d'organismes (comme les COP) a progressivement poussé les principales organisations syndicales à prendre parti et aborder les enjeux d'environnement en un sens plus large que la seule question sanitaire. Ces enjeux irriguent désormais les discours et les pratiques syndicales, au niveau national et local. Les syndicats se questionnent sur les transformations de la production déterminées par le paradigme de la « transition écologique ». Des tensions peuvent ainsi apparaître au sein d’une même organisation entre ses différents niveaux (confédéral ou local) en lien avec le secteur d’activité (les fédérations). De fait, les secteurs les plus polluants (pétrochimie, raffinerie, métallurgie…) sont aussi souvent ceux où le syndicalisme est historiquement le mieux implanté, ce qui impose aux syndicats d'y adopter une position.
Dès lors, dans quelle mesure les revendications dites environnementale demeurent-elles liées à la santé au travail et dans quelle mesure abordent-elles d'autres aspects ayant trait à l' « environnement » ? Que font les syndicats lorsque « transition écologique » rime avec suppression d’emplois ? Comment mobilisent-ils les concepts de « transition écologique » ou encore de « transition juste » ? L’invitation consiste ici à ne pas considérer le concept de « transition écologique » comme allant de soi, mais implique au contraire des rapports asymétriques entre les pays du Nord (où la « transition écologique » désigne avant tout une transition énergétique) et les pays du Sud (souvent caractérisés par une économie extractiviste polluante et source d’importantes inégalités).
Enfin, les communications pourront s'intéresser à la mesure dans laquelle la question environnementale permet de révéler des mécanismes profonds du syndicalisme. Il s'agit par exemple d'interroger en quoi les processus de négociations collectives se trouvent affectés par des évolutions du droit, qui prennent en compte l'impact environnemental des activités de production. Quid des processus de négociation dans un tel contexte ? Quel rôle les organisations syndicales jouent-elles pour les travailleurs et travailleuses confronté·es à un « conflit éthique environnemental » ? Quel rôle y jouent d'autres acteurs, tels que les ONG, dans la mesure où ils participent à questionner le fait syndical ?
Axe 2. Les environnements de travail au prisme des relations professionnelles
Le deuxième axe portera sur les environnements de travail dans leurs différentes dimensions (économique, technique, etc.). Cette notion d'environnement, à laquelle est parfois préférée celle de contexte, désigne autant une situation dans l'espace et dans le temps, que les interactions sociales induites par cette situation. Considérée dans ce sens large, la notion d'environnement implique d'observer les effets des transformations de l'activité de travail et des conditions de travail sur les relations professionnelles, mais aussi comment ces dernières transforment les environnement de travail.
Par exemple, les communications pourront s'intéresser aux conséquences des processus de numérisation du travail, aussi bien que du recours au télétravail ou aux technologies d'intelligence artificielle, sur les relations professionnelles. On s'intéressera de plus à ce que ces processus font aux objets de la négociation collective, aussi bien qu'à leurs effets sur les conflits individuels et collectifs au travail. En retour, les communications pourront revenir sur la façon dont les conflits du travail et les négociations collectives façonnent les environnements de travail, en interrogeant par exemple leur conséquences sur les sociabilités professionnelles (en relation avec une individualisation croissante de la relation salariale) ou sur la gestion des espaces et des temps de travail.
Axe 3. Les relations professionnelles face aux inégalités sociales
L’organisation capitaliste de la production et la division du travail qu’elle implique ont durablement structuré les inégalités entre les catégories professionnelles, et plus largement les classes sociales. De plus, les transformations récentes du salariat ont encouragé de nouvelles dynamiques inégalitaires, avec par exemple, l’individualisation des rémunérations et la précarisation croissante de certaines catégories de travailleuses et travailleurs.
Cet axe explorera la manière dont les espaces du travail et des relations professionnelles (le service ou l’atelier, l’établissement, l’entreprise, les branches…) fabriquent les inégalités socioprofessionnelles. Il s’agira également de voir comment les différents rapports sociaux (genre, race, âge…) sont saisis dans ces espaces et produisent des traitements différenciés des travailleurs et travailleuses. Dans un contexte où, dans le cadre des négociations collectives, de plus en plus de dispositifs formels sont mis en place au nom de « l’égalité » et de la « diversité » , une attention particulière pourra être portée sur les effets de ces dispositifs et sur ce qui leur échappe.
Les axes présentées ci-dessus constituent des suggestions. Des communications ne s'inscrivant pas dans ces axes, mais ayant pour objet les relations professionnelles (au sens des relations entre les salarié·es et leurs représentant·es, les employeurs et l'État, qu'elles prennent la forme de négociations ou de conflits) pourront être accueillies dans les sessions du RT18.
Les propositions de communication devront s'appuyer sur des enquêtes empiriques solides, qualitatives, quantitatives ou mixtes. Elles préciseront la démarche de recherche adoptée. Elles pourront intégrer une perspective historique. L'analyse de cas étrangers ou la comparaison internationale seront valorisées.
Calendrier
Les propositions devront compter environ 3 000 signes et être déposées sur le site de l'Association française de sociologie pour le 17 janvier 2025 au plus tard.
Un retour du RT est prévu pour mi-mars 2025.
Afin d'organiser la discussion scientifique, les auteurs et autrices des propositions acceptées devront envoyer une version détaillée de leur contribution (30 000 à 50 000 signes tout inclus) avant le 8 juin 2025.
Informations pratiques
Pour participer au Congrès, il faudra adhérer à l’AFS et s’acquitter de droits d’inscription. Lors du précédent Congrès de 2023, l’adhésion s’élevait à 41€ pour les non-titulaires et 103€ pour les titulaires ; l’inscription au Congrès à 61€ pour les non-titulaires et 152€ pour les titulaires. Les tarifs pour le Congrès de Toulouse seront légèrement plus élevés (inflation). Les collègues non-titulaires qui ne peuvent être financé.es par leur laboratoire pourront, sur présentation de dossier, être exonéré.es des droits d’inscription et bénéficier d’une aide pour le transport et le logement. La procédure pour la demande d’exonération des droits d’inscription sera précisée plus tard.
L’accès au Congrès se veut le plus inclusif possible :
* Des dispositifs de lutte contre les violences sexistes et sexuelles seront mis en place.
* Si vous avez besoin de services d’accompagnement en raison d’une situation de handicap, vous pourrez le signaler dans le cas où votre communication est retenue. Le comité d’organisation mettra tout en œuvre pour essayer de répondre à vos demandes.
* Si vous avez besoin de services de crèche pendant le Congrès vous pourrez le signaler au moment de l’inscription. Le comité local essayera de proposer un mode de garde.