RT4

Appel à communications du RT4 pour le congrès AFS de Toulouse

Dans la lignée de l’appel général du 11e congrès de l’AFS, nous souhaitons appeler les chercheuses et chercheurs à penser les articulations entre ”environnement(s) et inégalités” dans les domaines de l'éducation et la formation, et ce, notamment - mais pas exclusivement - dans les axes proposés ci-dessous. Le réseau thématique 4 - Sociologie de l'éducation et de la formation - propose un appel à communication en quatre axes, accompagnés de 4 sessions croisées, avec les RT1, le RT16, le RT19, le RT37 et le RT50, qui permettent de prolonger ces axes et d’élargir à d’autres problématiques. Si les recherches en sociologie de l'éducation et de la formation s’intéressent de longue date aux relations de l’école avec son environnement social, les recherches plus récentes permettent de renouveler en partie les questionnements en interrogeant différentes dimensions de cet environnement. L’environnement de l’école est social, c’est-à-dire aussi professionnel, territorial ou spatial, bâtimentaire ou matériel, etc.   A l’occasion du prochain congrès, nous souhaitons mettre en lumière la manière dont les chercheuses et chercheurs travaillent aujourd’hui les relations de l’éducation et de la formation avec l'environnement dans une ou plusieurs de ces dimensions. La question du dérèglement climatique et du déclin de la biodiversité prend une place croissante dans l’école et la formation, et occupe donc une place importante dans notre appel. Néanmoins, les contributions pourront également porter sur la manière dont les autres formes d’environnements s’articulent avec l’évolution des inégalités en éducation et de formation. Nous sollicitons également des contributions qui questionnent, y compris d’un point de vue épistémologique, l’usage du terme d’environnement en éducation ou qui interrogent les interactions entre “environnements” et éducation ou formation, ou encore les interactions entre les différentes formes d’environnement (environnemental, social, économique…). De façon générale, et de manière transversale aux différents axes, nous invitons les collègues à être attentives et attentifs à la terminologie utilisée : pourquoi utiliser, ou non, “environnement” pour parler du milieu et du contexte?   Axe 1 Environnement, éducation et formation : quelles articulations?   Cet axe propose d’aborder les articulations entre éducation, formation et environnement, en se focalisant sur la « nature » dans son acception étroite. Si l’École a depuis longtemps pris la nature pour objet d’étude et d’expérience - entre autres -, on se demande si cette objectification a été redéfinie voire remise en question, et si tel est le cas, depuis quand et comment. L'objectif est d'examiner la place et les rôles attribués à la « nature » (qu’il s’agira de définir) dans le champ de l’éducation et de la formation, que ce soit à travers les contenus ou à travers les pratiques pédagogiques spécifiques, telles que les classes vertes, les classes et écoles dehors ou les sorties d’observation. Les enjeux environnementaux et climatiques modifient-ils les curricula actuels ? L’objectification de la nature dans l’éducation est-elle en train de céder la place à une approche plus intégrée, où la nature n’est plus simplement un objet d'étude et d'exploitation ? Comment les curricula ont-ils évolué pour intégrer ces préoccupations ? Et de quelle manière les savoirs et les pratiques liés à l’environnement sont-ils structurés et hiérarchisés, et contribuent-ils à renforcer ou à modifier ces hiérarchies entre élèves et familles? A ce propos, il s’agira notamment de porter l’attention aux jugements scolaires et sociaux portés par les institutions et les acteurs de l’éducation et comment l'intégration des enjeux environnementaux dans les programmes peut créer de nouvelles formes d’inégalités ou de distinctions sociales.   Parallèlement, nous invitons à interroger les appropriations différenciées de ces savoirs et pratiques à/sur/par l’environnement, ainsi que les inégalités qu’elles peuvent générer. Celles-ci peuvent se produire à la fois entre les institutions éducatives elles-mêmes (par exemple, à travers les pratiques des Comités d’Éducation à la Santé, à la Citoyenneté et à l’Environnement, CESCE), et entre jeunes, familles, et les divers acteurs de l’éducation. Comment les normes véhiculées par ces savoirs et pratiques influent-elles sur les socialisations familiales et juvéniles ? Et comment interagissent-elles ? Il s’agira de questionner comment certains élèves et familles peuvent adhérer pleinement, tandis que d’autres peuvent s’y opposer, les négocier ou les ignorer. Quels types de tensions, voire de résistances, émergent, et sous quelles formes (scolaire, politique, sociale) ?   Enfin, les communications sont également invitées à s’intéresser aux pratiques éducatives liées à l’environnement dans les mouvements sociaux, comme les grèves des jeunes pour le climat. Ces mobilisations remettent-elles en cause les curricula actuels sur l’environnement ? Proposent-elles de nouvelles pratiques éducatives, et si oui, à l’adresse de qui et avec quelles finalités ? Quelles logiques de subversion ou de résistance y sont à l'œuvre, et quels rapports de pouvoir et hiérarchies y émergent ou s’y (re) déploient ? Les communications pourront ainsi explorer comment ces espaces de mobilisation s’articulent avec les pratiques éducatives formelles et quelles transformations ils induisent, à la fois sur les plans éducatif et politique.   En complément, une session croisée avec le le RT16 (Sociologie clinique) et RT46 (Formation, Certification, Qualification) portera spécifiquement sur les interactions entre environnement et enseignement supérieur. Cette session se concentrera sur les enjeux spécifiques que pose l’intégration des questions environnementales dans l’enseignement supérieur et dans la formation professionnelle, comment ces institutions se saisissent de ces problématiques et quelles résistances s’y déploient.   Axe 2 Consommation et inégalités en éducation et formation   Cet axe propose d’interroger le lien entre inégalités en éducation et formation et consommation. La sociologie a mis en évidence l’influence des ressources culturelles familiales dans les apprentissages des élèves et les choix d’orientation. Cette perspective, particulièrement heuristique, a cependant contribué à minorer le poids des ressources économiques et, partant, le poids de la consommation, dans la construction des inégalités sociales face à l’école et à la formation. Malgré la gratuité de l’école, la scolarité à un coût non négligeable pour les familles (fournitures, coopératives, sorties et voyages scolaires, etc.), qui pèse inégalement sur leur budget. La question se pose également avec acuité lorsque l’on s’intéresse à la formation, qu’elle soit universitaire ou non. Par ailleurs, des travaux ont mis en évidence l’importance des conditions matérielles dans la réussite scolaire des enfants, en termes d’espace de travail ou encore d’accès aux ressources numériques. L’intensification de la compétition scolaire amène les familles à considérer l’éducation comme un investissement, de sorte qu’elles mobilisent de plus en plus leurs ressources économiques pour faire réussir leurs enfants. Cela se traduit par des pratiques diverses, telles que le recours au soutien et au coaching scolaire, à l’enseignement privé, ou encore par la pratique des séjours linguistiques. Dans quelle mesure ces pratiques se développent-elles et quelles sont les familles qui y recourent ? Comment ces pratiques ont-elles évolué et dans quelle mesure témoignent-t-elles d’un rapport instrumental à la scolarité ? Les familles cherchent-elles, par ces pratiques, à convertir leurs ressources économiques en ressources culturelles ? Quels avantages scolaires en tirent effectivement les élèves qui en bénéficient ? Si la dimension économique des pratiques évoquées précédemment est évidente, les communications pourront également interroger les conditions économiques des pratiques culturelles scolairement les plus rentables, et plus largement la manière dont les ressources économiques et culturelles sont mobilisées par les familles dans un même mouvement. Autrement dit, il s’agit d’interroger, à nouveau frais, les stratégies d’investissement et de placement scolaires des familles, avec une attention particulière à leur dimension économique.   Face à l’importance de ces inégalités économiques et sociales, les pouvoirs publics, au premier rang desquelles les collectivités territoriales, mènent des politiques plus ou moins volontaristes, pour favoriser l’accès de toutes les familles à la culture légitime, ou encore pour prendre en charge les frais induits par la scolarité, qu’il s’agisse des fournitures scolaires, des appareils électroniques, des sorties et des voyages pédagogiques, des transports, voire de la restauration scolaire. Ces mesures permettent-elles de réduire de manière significative les inégalités scolaires ? Quelles sont les collectivités qui développent tout particulièrement ces mesures ? En laissant largement l’initiative au niveau local, le risque n’est-il pas de déplacer les inégalités scolaires au niveau des territoires ? Certaines collectivités subventionnent aussi très largement des acteurs extérieurs à l’école, qu’il s’agisse d’associations de lutte contre l’échec scolaire ou d’entreprises de soutien scolaire, via des vouchers distribuées aux familles, tandis que d’autres financent au-delà des obligations légales les établissements scolaires privés. Si certaines de ces mesures poursuivent un même objectif de réduction des inégalités sociales devant l’école, d’autres contribuent de façon presque explicite à renforcer la ségrégation scolaire. Là encore, il s’agira d’interroger les effets de ces mesures, y compris lorsqu’elles sont potentiellement contre-productives, mais aussi la construction et les justifications de ces politiques publiques, ainsi que leur réception par les familles.   Axe 3  L’environnement scolaire comme facteur d’inégalités   Depuis les années 1980, les recherches en éducation ont mis en lumière l’effet de l’établissement sur les apprentissages et les trajectoires des élèves, certains travaux montrant que les conditions matérielles et sociales des écoles influencent fortement leurs performances et leurs attitudes. Cet axe propose de revisiter ces analyses à l’aune des nouveaux enjeux qui traversent l’environnement scolaire, notamment les exigences de développement durable, la qualité des infrastructures, et la diversification des espaces éducatifs, qu’ils soient locaux ou numériques. Il s’agit notamment de comprendre comment ces transformations peuvent renforcer ou atténuer les inégalités scolaires et dans l’enseignement supérieur.   Les initiatives de rénovation et de végétalisation des espaces scolaires, encouragées par les politiques de développement durable, ont pour objectif d’améliorer le bien-être des élèves. L’accès à des espaces végétalisés favoriserait la concentration, le développement socio-émotionnel, et les performances scolaires. Au-delà des considérations paysagistes, des recherches antérieures sur le climat scolaire permettent d'envisager l'architecture des bâtiments et l'agencement des espaces comme des leviers pour limiter des effusions de violences qui pourraient être perpétrées dans des espaces à l'abri du regard des adultes (toilettes, vestiaires, etc.). Comment les environnement architecturaux et paysagers, souvent pensés pour apaiser les tensions, influencent-ils réellement les conditions d’apprentissage, la sécurité et le bien-être des élèves ? Dans quelle mesure contribuent-ils à réduire ou, au contraire, à accentuer les disparités entre établissements ?   Le ministère de la transition écologique indique que le secteur du bâtiment représente une part importante de la consommation énergétique nationale (43 %), et les établissements scolaires, pour la plupart construits dans les années 1970 ou avant, sont particulièrement concernés. La rénovation du bâti scolaire devient un enjeu, non seulement pour répondre aux défis climatiques, mais aussi pour garantir de bonnes conditions de scolarisation. Les écoles confrontées à des problèmes d’isolation, de ventilation et d’humidité, offrent des environnements peu propices aux apprentissages. Elles sont particulièrement concentrées dans les zones défavorisées comme en témoignent les mobilisations récentes en Seine-Saint-Denis contre l'insalubrité. L’accès à des espaces verts ou à des infrastructures à proximité compense partiellement ces conditions, tant leur accessibilité varie selon les territoires. Comment les conditions de travail détériorées affectent-elles les scolarités des élèves et des étudiant·es ? Quelles initiatives locales ou politiques sont mises en œuvre pour y faire face ? Au sein même des établissements, la réflexion sur l’effet des espaces d’apprentissage peut porter sur les aspects matériels (disposition du mobilier, flexibilité des espaces, outils pédagogiques disponibles) et sociaux (taille des classes, organisation des groupes de besoin). Dans quelle mesure la configuration interne aux espaces scolaires influence-t-elle les dynamiques pédagogiques et les inégalités d’apprentissage ? Comment les choix en matière d’aménagement contribuent-ils à façonner l’expérience scolaire des élèves ?   Enfin, le développement des outils numériques et des partenariats invite à interroger les limites de la notion d'effet d'établissement, à l'heure où l'expérience scolaire s'étend au-delà des murs de l'école. La pandémie de COVID-19 a accéléré l’expansion des environnements éducatifs numériques, transformant durablement les pratiques d’enseignement. Les élèves en difficulté, les moins autonomes vis-à-vis du savoir scolaire semblent souffrir davantage d'un encadrement relâché à distance. Dans quelles conditions l'enseignement numérique engendre-t-il des inégalités d'apprentissage ou au contraire peut-il être envisagé comme un outil d'accessibilité en faveur de l'inclusion ? Les acteurs de l’éducation sont incités à tisser des liens avec les collectivités territoriales et les associations pour enrichir l’offre éducative, l'adapter aussi bien aux problématiques locales que sociétales. Ces partenariats interrogent les disparités d'accès aux ressources et d'engagement des professionnels. Dans quelles conditions les partenariats sont-ils construits et sur quels critères les élèves en bénéficient-ils?   Toutes ces interrogations sur les effets de telle ou telle mesure, en particulier à l’échelle des établissements, méritent une vigilance particulière des sociologues de l’éducation et de la formation. Si la sociologie peut, par ses approches et ses méthodes, y apporter des réponses, elle doit également interroger la construction récente de ces questions comme problème publics. Quels en sont les enjeux sociaux et politiques ? Quelles conceptions de l’école et des individus sous-tendent-elles ? Les débats ouverts sur la mesure d’un effet propre de l’établissement méritent d’être poursuivis dans la discipline. En effet, l’établissement étant lui-même inscrit dans un contexte local particulier, mesurer son effet propre a-t-il du sens, sachant que toute chose n’est pas égale par ailleurs ? Au-delà de ce débat, le risque n’est-il pas d’apporter des solutions supposément techniques face aux difficultés que rencontrent l’école, participant à dépolitiser la question scolaire ?   Une session croisée avec le RT19 « Santé », permettra de pousser la réflexion sur la manière dont l'école prend en compte les questions de santé des élèves à travers les espaces qu’elle aménage et les dispositifs qu’elle propose. D'une part, la communauté éducative est toujours plus incitée à développer le bien-être, les compétences psychosociales des élèves et à s’adapter à leurs besoins physiques et psychiques. D'autre part, elle construit un discours pathologisant certaines pratiques juvéniles telles que l'usage des écrans (jeux vidéos, smartphones, réseaux sociaux), la consommation de certains aliments ou certaines substances ou encore certains aspects de la vie affective et sexuelle. L'analyse de l'accompagnement à la santé par l'école permettra de questionner le rôle de cette institution. Dans quelle mesure contribue-t-elle effectivement à améliorer le bien-être des élèves, à rapprocher certains élèves des soins ou au contraire à les en éloigner ?   Session croisée RT4 avec le RT1 : L’environnement professionnel de l’éducation et de la formation. Responsables: Samuel Pinto, Rémi Deslyper et Alicia Jacquot (RT4) et Sophie Divay (RT1)   Session croisée RT4 avec le RT43 et le RT50. La socialisation religieuse dans l’enfance (session croisée avec le RT43 et le RT50). Référente pour le RT4: Diane-Sophie Girin.   Consignes générales   Les propositions de communication (2500 signes maximum, espaces compris, hors titre et bibliographie) sont à déposer avant début février sur le site de l’AFS et en réponse aux appels de la session générale ou des sessions croisées. La sélection aura lieu courant février. Elles devront indiquer clairement l’objet de la présentation et la manière dont celle-ci s’inscrit dans les axes thématiques proposés dans l’appel, ainsi que les méthodes et le type de matériaux mobilisés et une bibliographie des références citées. Les propositions devront impérativement comporter les informations suivantes :
  • Nom, Prénom
  • Statut (EC, doctorant·e, docteur·e...)
  • Institution de rattachement
  • Adresse mail de contact
  • Éventuel(s) axe(s) souhaité(s)
  • Titre de la communication
  Pour des contacts et renseignements sur l’appel de ce réseau : rt4.afs@gmail.com Pour toute info sur le RT4: https://rt4.hypotheses.org/   Pour participer au Congrès, il faudra adhérer à l’AFS et s’acquitter de droits d’inscription. Lors du précédent Congrès de 2023, l’adhésion s’élevait à 41€ pour les non-titulaires et 103€ pour les titulaires ; l’inscription au Congrès à 61€ pour les non-titulaires et 152€ pour les titulaires. Les tarifs pour le Congrès de Toulouse seront légèrement plus élevés (inflation). Les collègues non-titulaires qui ne peuvent être financé.es par leur laboratoire pourront, sur présentation de dossier, être exonéré.es des droits d’inscription et bénéficier d’une aide pour le transport et le logement. La procédure pour la demande d’exonération des droits d’inscription sera précisée plus tard.   L’accès au Congrès se veut le plus inclusif possible : - Des dispositifs de lutte contre les violences sexistes et sexuelles seront mis en place. - Si vous avez besoin de services d’accompagnement en raison d’une situation de handicap, vous pourrez le signaler dans le cas où votre communication est retenue. Le comité d’organisation mettra tout en œuvre pour essayer de répondre à vos demandes. - Si vous avez besoin de services de crèche pendant le Congrès vous pourrez le signaler au moment de l’inscription. Le comité local essayera de proposer un mode de garde.  
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