RT50

Session croisée RT4/RT43/RT50 : Interroger la socialisation religieuse dans l’enfance. Contextes, modalités et incorporations

Les travaux portant sur la socialisation primaire connaissent un fort dynamisme. Des recherches récentes ont contribué à renouveler le champ en s’intéressant à la dimension genrée (Court, 2010 ; Mennesson, 2011), politique (Bargel, 2009 ; Lignier et Pagis, 2017), sentimentale (Diter, 2019) ou encore raciale (Brun, 2022) des apprentissages. Pourtant, force est de constater que la socialisation religieuse est très peu explorée dans la littérature (Dazey et Souanef, à paraître ; Grisez, à paraître). Des études fondamentales dans le champ de la sociologie de l’enfance et de la famille mentionnent la place de la religion dans l’emploi du temps et l’univers symbolique des enfants (Lareau, 2011 ; Lahire, 2019), sans toutefois s’attarder sur le déroulement de ces activités (en famille, à l’école du dimanche, etc.) ni sur les dispositions acquises par les enfants. D’autres s’intéressent au lien entretenu à la religion à l’âge adulte, en montrant l’hétérogénéité des manières de se dire croyant·e au sein d’une même famille (Beaud, 2018) ou encore les variations dans la transmission de l’appartenance religieuse selon la confession (Maudet, 2021 ; Simon et Tiberj, 2013). Certain·es se penchent sur la réactivation des dispositions religieuses acquises durant l’enfance (Ducloux, 2021 ; Béraud, Galembert, Rostaing, 2016). Ainsi, les dispositions et les identifications sont souvent étudiées a posteriori, par exemple en demandant aux adultes de se remémorer leur socialisation religieuse enfantine (Wuthnow, 1999). Toutefois, peu de travaux ouvrent la boîte noire de la socialisation religieuse primaire en train de se faire, en intégrant le point de vue des enfants et leurs appropriations des messages religieux. Du côté de l’école, des enquêtes articulant la sociologie des religions à la sociologie de l’éducation se penchent sur l’enseignement des « faits religieux » en contexte scolaire. Certaines étudient son apparition et ses méthodes pédagogiques (Borne, Willaime, 2007 ; Saint-Martin, 2019), d’autres son déroulement et sa réception par les jeunes (Béraud, Willaime, 2009). Néanmoins, ces travaux intègrent peu l’approche dispositionnaliste pour saisir, au-delà des dispositifs éducatifs, ce qui est incorporé. Il semble essentiel d’élargir la focale : nous en savons très peu sur le contexte, les modalités, les intentions et les pratiques des agent·es socialisateurs·trices. Le curriculum (formel, réel, caché) et les pédagogies mobilisées (traditionnelles, alternatives) dans l’enseignement ou les activités confessionnelles sont peu documentés dans le contexte français (Girin, 2022), moins encore dans l’enfance. Cela paraît d’autant plus surprenant que l’histoire de la forme scolaire est faite de continuités et de ruptures entre écoles chrétiennes et publiques : l’école de la République est héritière du modèle d’éducation jésuite (Durkheim, 2014). Quant au catéchisme, il apparait au moment où se développe la forme scolaire : les leçons découpées en questions-réponses répondent à une progression pédagogique, elles doivent être apprises dans le détail et retenues par cœur (Vincent, 1980). Dans le prolongement de ces travaux, la session croisée entre les RT 4, 43 et 50 vise à mettre en dialogue des recherches sur l’éducation et les socialisations religieuses dans l’enfance. Les communications pourront porter sur les processus de formation et de transformation (Darmon, 2016) des enfants dans différents espaces : école, famille, activités extrascolaires, etc. Comment ces contextes façonnent-ils les dispositions religieuses des enfants ? Quels sont les principaux·ales agent·es socialisateurs·trices religieux (parents, enseignant·es, aumoniers·ères, pairs, manuels, réseaux sociaux, médias) ? Quels sont les contenus véhiculés (savoirs, savoir-être, savoir-faire, visions du monde, perceptions de l’ordre social) ? Quelles sont les modalités concrètes de la socialisation ? Les communications pourront s’intéresser à ce qui se passe au sein de chacune des instances socialisatrices (dans la famille, au sein de l’école, dans le lieu de culte, etc.) et entre elles (continuité, discontinuité, mise en cohérence, harmonie, dissonance). Les propositions pourront prêter attention non seulement aux stratégies visant à transmettre le religieux, mais aussi aux dimensions plus implicites de la socialisation. Les recherches sur la réception et l’interprétation des normes du côté des enfants sont également bienvenues. Quelles sont leurs attitudes face à l’enseignement religieux ? Incorporent-ils·elles des dispositions qui contribuent à « inscrire » des croyances dans les corps (Lagroye, 2009) ? Dans quelle mesure font-ils·elles  « leur » (Masclet, 2015) une appartenance, une croyance, une pratique ou une tradition ? Hiérarchisent-ils·elles les contenus transmis ? Les participant·es seront invité·es à considérer les processus d’identification et de construction de dispositions religieuses au croisement de différents rapports sociaux (classe, genre, race, âge, etc.). L’appel est ouvert à des travaux portant sur divers espaces géographiques ou historiques. Bibliographie : Bargel L., 2009, « Socialisation politique », in Fillieule O., Mathieu L., Péchu C., Dictionnaire des mouvements sociaux, Presses de Sciences Po, p. 510-517. Beaud S., 2018, La France des Belhoumi. Portraits de famille (1977-2017), Paris, La Découverte. Béraud C., de Galembert C., Rostaing C., 2016, De la religion en prison, Rennes, PUR. Béraud C., Willaime J.-P. (dir.), 2009, Les jeunes, l’école et la religion, Paris, Bayard. Borne D., Willaime J.-P. (dir.), 2007, Enseigner les faits religieux. Quels enjeux ?, Paris, Armand Colin. Brun S., 2022, « La socialisation raciale : enseignements de la sociologie étatsunienne et perspectives françaises », Sociologie, n2, vol. 13, p. 199-217. Court M., 2010, Corps de filles, corps de garçons : une construction sociale, Paris, La Dispute. Darmon M., 2016, La socialisation, 3e édition, Paris, Armand Colin. Dazey M. et Souanef K., à paraître, « Pour une sociologie des religions sensible au social… et au théologique », Archives de sciences sociales des religions. Diter K., 2019, L’Enfance des sentiments. La construction et l’intériorisation des règles des sentiments affectifs et amoureux chez les enfants de 6 à 11 ans, thèse de doctorat, Paris, Université Paris‐Saclay. Ducloux T., 2021, « Des socialisations régressives ? L’exemple de la production carcérale du religieux », Genèses, vol. 124, n°3, p. 77-96. Durkheim É., 2014, L’Évolution pédagogique en France, Paris, Puf. Girin D.-S., 2022, « Mobiliser la pédagogie Montessori en écoles musulmanes : entre recherche de distinction et gestion du stigmate », Les Sciences de l’éducation – Pour l’Ère nouvelle, vol 55, n°1, p. 109-125. Grisez É., à paraître, « S’approprier le catholicisme ou s’en distancier. La socialisation religieuse dans les écoles primaires catholiques sous contrat », Agora débats/jeunesses, n°98, p.56-72. Lagroye J., 2009, Appartenir à une institution. Catholiques en France aujourd’hui, Paris, Economica. Lahire B. (dir.), 2019, Enfances de classe. De l’inégalité parmi les enfants, Paris, Seuil. Lareau A., 2011, Unequal Childhoods. Class, Race, and Family Life. With an Update a Decade Later, 2e édition, Berkeley, University of California Press. Lignier W., Pagis J., 2017, L’enfance de l’ordre. Comment les enfants perçoivent le monde social, Paris, Le Seuil. Masclet C., 2015, « Le féminisme en héritage ? Enfants de militantes de la deuxième vague », Politix, n°109, p.45-68. Maudet M., 2021, « Si l’amour rend aveugle, la religion lui redonne la vue. Homogamie sociale et homogamie religieuse chez les catholiques et les musulman·es en France », Sociologie, n3, vol. 12, p. 227-246. Mennesson C., 2011, « Socialisation familiale et investissement des filles et des garçons dans les pratiques culturelles et sportives associatives », Réseaux, n168‐169, p. 87‐110. Saint-Martin I., 2019, Peut-on parler des religions à l’école ?, Paris, Albin Michel. Simon P., Tiberj V., 2013, Sécularisation ou regain religieux : la religiosité des immigrés et de leurs descendants, Documents de travail 196, p. 2-37. Wuthnow R., 1999, Growing Up Religious. Christians and Jews and Their Journeys of Faith, Boston, Beacon Press. Envoi des propositions de communication Les propositions de communication, d’une taille maximale de 2 500 signes (espaces compris), devront mentionner les informations suivantes :
  • Nom et prénom de la/des auteur·es
  • Adresse(s) électronique(s)
  • Fonction(s)
  • Discipline(s)
  • Institution(s) de rattachement
Les propositions de communication sont à déposer avant la mi-janvier 2025 sur la plateforme ouverte sur le site de l’Association française de sociologie. Elles sont ensuite évaluées par les coordinatrices de la session croisée, Diane-Sophie Girin et Émilie Grisez. Les communications devront s’appuyer sur un matériau empirique original dont elles présenteront les modalités de production et d’analyse. La sélection sera fondée sur les critères énoncés ci-dessous :
  • Pertinence de la proposition par rapport à la thématique de la session croisée
  • Qualité et rigueur de la présentation des matériaux
  • Originalité et intérêt scientifique de la proposition
La décision sera communiquée aux auteur·es mi-mars. Conditions et aménagements La participation au congrès de l’AFS est soumise à l’adhésion à l’association et l'acquittement de droits d’inscription au congrès. Lors du précédent Congrès de 2023, l’adhésion s’élevait à 41€ pour les non-titulaires et 103€ pour les titulaires ; l’inscription au Congrès à 61€ pour les non-titulaires et 152€ pour les titulaires. Les tarifs pour le Congrès de Toulouse seront légèrement plus élevés (en raison de l’inflation). Ces frais peuvent être pris en charge par les laboratoires. Les collègues non-titulaires qui ne peuvent être financé·es par leur laboratoire pourront, sur présentation de dossier, être exonéré·es des droits d’inscription et bénéficier d’une aide pour le transport et le logement. La procédure pour la demande d’exonération des droits d’inscription sera précisée plus tard. L’accès au Congrès se veut le plus inclusif possible :
  • Des dispositifs de lutte contre les violences sexistes et sexuelles seront mis en place.
  • Si vous avez besoin de services d’accompagnement en raison d’une situation de handicap, vous pourrez le signaler dans le cas où votre communication est retenue. Le comité d’organisation mettra tout en œuvre pour essayer de répondre à vos demandes.
  • Si vous avez besoin de services de crèche pendant le Congrès vous pourrez le signaler au moment de l’inscription. Le comité local essayera de proposer un mode de garde.
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