RT34

L’intersectorisation des politiques sociales

Cette session croisée entre le RT6 et le RT34 vise à interroger les dynamiques d’intersectorisation dans le domaine des politiques sociales selon trois angles : les dynamiques intersectorielles des réformes des politiques sociales ; les confrontations et transformations des pratiques et représentations professionnelles par l’intersectorisation ; l’expérience des destinataires des politiques sociales face à cette recomposition des frontières de l’action publique. A un premier niveau, l’intersectorisation désigne des logiques de décloisonnement des périmètres d’intervention des administrations et des organisations impliquées dans l’action publique. Les réformes visant une intégration croissante des segments d’intervention répondent souvent au constat d’une insuffisance, voire d’une crise de l’action publique sectorielle. On peut pourtant se demander si la promotion d’une approche intégrée correspond à un ajustement à des problèmes de plus en plus complexes - ou du moins, construits comme tels - ou si elle obéit plutôt à des transformations des rapports de forces au sein du champ bureaucratique. Nous invitons ainsi à prendre au sérieux les justifications des reconfigurations intersectorielles, sans omettre les conditions objectives de leur mise en œuvre. En France, les politiques sociales sont particulièrement concernées par ces déplacements de frontières, en particulier depuis les années 2000. Difficilement délimitables et à la croisée de nombreux secteurs d’action publique, elles sont d’autant plus visées par l’injonction au décloisonnement qu’elles sont constamment soumises à des logiques d’évaluation exogènes, en vue de limiter les dépenses publiques. Comment analyser ces logiques et leurs effets ? Qui sont les protagonistes qui les pensent, les défendent, les réalisent ou s’y opposent ? Des sommets des institutions internationales ou des États, jusqu’aux collectivités territoriales et administrations déconcentrées, l’intersectorisation s’exerce à tous les échelons. Tandis que les collectivités locales voient leurs domaines de compétences sans cesse redéfinis, on observe des fusions d’administrations (ex. Direccte et DDCS-PP dans les DREETS), parfois au sein de nouvelles instances (ex. DIHAL), mais aussi la réaffirmation de distinctions sectorielles (DDASS devenues DDCS-PP et ARS). Que disent ces re-délimitations des frontières de l’action publique et quels arbitrages les déterminent ? L’intersectorialité de l’action publique peut également être saisie au niveau de celles et ceux qui la mettent en œuvre : les frontières sectorielles sont bien souvent aussi des frontières professionnelles, de sorte que les acteur·trices de terrain sont amené·es à s’ajuster à des manières de travailler, des normes et des contraintes parfois très différentes de celles propres à leur groupe de référence ou au cadre de travail dans lequel ils et elles évoluent. Comment la division du travail est-elle modifiée par l’intersectorisation de l’action publique ? Comment les catégories professionnelles circulent-elles d’un secteur à l’autre ? Comment des pratiques et représentations issues du secteur privé s’y diffusent-elles ? Si l’intersectorialité se traduit par des encouragements à la coopération professionnelle, on observe aussi des désaccords, des évitements, des négociations, qui traduisent la défense de territoires professionnels établis. Dès lors, quelles sont les configurations professionnelles qui résultent de l’intersectorisation ? Quels secteurs et groupes professionnels entrent concrètement en jeu ? Dans quelle mesure les rapports de force qui traversent l’action publique se répercutent-ils sur les pratiques et représentations des groupes professionnels en présence ? Ces pratiques et représentations professionnelles favorisent-elles ou non en retour les réformes organisationnelles ? Mot d’ordre de l’action publique et des politiques sociales en particulier, le travail partenarial incarne bien cette injonction à l’intersectorisation. Il se retrouve couramment dans le traitement de la pauvreté ou de la marginalité, et s’inscrit jusque dans le contenu des formations au travail social. Si ces partenariats prennent des formes diverses, ils se donnent à voir de façon emblématique dans l’essor des postes de coordination, qui suscitent aussi des interrogations : s’agit-il de nouveaux “métiers flous” ? Quel est le profil et le rapport au travail de ceux et surtout celles qui occupent ces postes ? Ce travail de coordination contribue-t-il à rallonger, ou à l’inverse à raccourcir les chaînes de décision publique sur le terrain des interactions avec les administré·es ? L’intersectorisation des politiques sociales peut être appréhendée du point de vue de leurs usager·es. Cette reconfiguration de l’action publique s’accompagne en effet de processus ambivalents : d’une part une dématérialisation de la relation administrative, à travers l’avènement d’un État-plateforme, d’autre part l’allongement des circuits de leur prise en charge, par la multiplication des guichets et protagonistes relevant d’organisations de plus en plus diversifiées. Deux axes de réflexion sont alors suggérés. Premièrement, il s’agit d’interroger l’intersectorisation à l’aune des perceptions de ceux et celles qui en font l’expérience. Quelle compréhension les publics ont-ils de la division du travail qui structure l’intervention sociale ? Si l’intersectorisation est légitimée en vertu de son efficacité dans la résolution de problèmes sociaux multidimensionnels, dans quelle mesure les destinataires des politiques sociales évaluent-ils sa pertinence quant à la prise en charge de leur situation ? Qu’est-ce que le vécu du redéploiement à l’œuvre dans les politiques sociales nous apprend sur les perceptions ordinaires des contours de l’État et de ses délimitations internes dans la France contemporaine ? Deuxièmement, il s’agit d’explorer les effets de l’intersectorisation sur les usager·es des politiques sociales. En quoi le décloisonnement des secteurs d’intervention joue-t-il sur l’accès aux prestations et services sociaux ? En quoi la navigation des usager·es entre des espaces bureaucratiques pluriels et leurs protagonistes multiples, qui charrient des définitions parfois concurrentes de leurs problèmes et leurs besoins, nécessite et forge-t-elle des dispositions et des savoir-faire spécifiques ? Dans quelle mesure l’intersectorisation des politiques sociales constitue-t-elle un facteur d’aggravation des inégalités entre usager·es, en renforçant les difficultés à faire valoir leur cas et leurs droits ou facilite-t-elle à l’inverse leur accès aux institutions ?

Modalités de soumission :

Les propositions de communication de 3 500 signes maximum devront préciser les éléments suivants :

Nom, prénom du(des) auteur.e(s)

Rattachements institutionnels

Courriel de contact

Sous-axe souhaité

Titre de la communication

Calendrier :

31 janvier 2023 (minuit) : réception des propositions de communication sur le site de l’AFS (https://afs-socio.fr/rt/rt34/)

Mi-mars 2023 : réponse du RT34

4-7 juillet 2023 : congrès de l’AFS













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