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AAC RT4 x RT5 - AFS 2023 - Interroger les frontières entre mondes de l’enfance et mondes du travail

Alors que la fin du 19ème siècle et le début du 20ème ont constitué un moment où la dynamique était, du moins en Europe et dans les pays du Nord, de soustraire l'enfance au travail et au monde du travail, par l'intermédiaire d'un cadre juridique et de la scolarisation des classes populaires (l’école de J. Ferry se voulait à ce titre un « sanctuaire »), un certain nombre de transformations économiques récentes invitent à réinterroger ce processus. Dans les sociétés occidentales contemporaines, les enfants sont en effet confrontés de plus en plus tôt à des injonctions et à des catégories de perception de l'économie néo-libérale, qui circulent via l'institution scolaire (Laval, Vergne, Clément, Dreux, 2012) (les savoirs et connaissances se déclinent par exemple en « compétences » que l'élève doit désormais apprendre à « valoriser » via le Portfolio diffusé par l'ONISEP), mais qui tendent également à se diffuser dans d’autres instances de socialisation de l’enfance, comme la famille. Dans ce contexte, cette session souhaite s’interroger sur l’évolution contemporaine des frontières entre « monde de l'enfance » et « monde du travail ». Comment les enfants d’aujourd’hui sont-ils confrontés aux réalités et aux catégories du monde du travail ? Comment apprennent-ils à se représenter ce monde et les hiérarchies qui le structurent ? Un premier axe de réflexion portera sur la construction des représentations du monde du travail. Dans le prolongement des travaux de B. Zarca (1999) ou de W. Lignier et J. Pagis (2017), il s’agira d’interroger la façon dont les enfants s’approprient les catégories du monde du travail et apprennent à percevoir les réalités auxquelles elles renvoient (comment ils constituent, par exemple, leurs représentations de ce que sont un « salaire », un « patron » ou un « fonctionnaire »). On s’intéressera également à la façon dont les enfants constituent leurs représentations des différents métiers, et à la manière socialement différenciée dont ils apprennent éventuellement à s’y projeter. Dans la continuité de travaux déjà existants (Epiphane, 2007, Streib et al., 2016), on pourra aborder ces questions en se centrant sur le rôle des industries culturelles. Mais on pourra également s’intéresser au rôle que jouent d’autres agents de socialisation, comme la famille, l’école ou les groupes de pairs. Un second axe de réflexion portera sur la façon dont les logiques d’employabilité pénètrent l’univers quotidien des enfants. Si des travaux ont déjà commencé à documenter l'emprise croissante de ces logiques sur l'école au niveau de l’enseignement secondaire (Tanguy, 2016) et supérieur (Chambard, 2020), on s’intéressera ici aux niveaux les plus précoces de la scolarité : l’école primaire et le collège. À ces étapes de la scolarité, où les enjeux d’insertion professionnelle ne sont pas encore directement présents, il s’agira de se demander dans quelle mesure sont néanmoins introduits des “savoir-être” pensés en référence à l’horizon professionnel. Les logiques véhiculées par l’évaluation par compétences et l’injonction à l’autonomie (Millet et Croizet, 2016) pourront être questionnées. Les communications consacrées à la famille seront également bienvenues, notamment pour examiner dans quelle mesure et comment les activités de loisirs des enfants font l’objet de stratégies éducatives parentales visant à façonner des capacités ou des “skills” valorisables dans le monde du travail.   Les propositions de communications devront se limiter à 2 500 signes maximum et sont à déposer avant le 31/01/2023 sur le site de l’AFS (https://afs-socio.fr/rt/rt5/ ou https://afs-socio.fr/rt/rt4/). Outre le titre de la communication, elles devront inclure, les nom(s), rattachement(s) institutionnel(s) et adresse(s) électronique(s) des auteurs et des autrices. Bibliographie CHAMBARD O. (2020), Business Model. L’Université, nouveau laboratoire de l’idéologie entrepreneuriale, Paris : La Découverte. EPIPHANE D. (2007), « My tailor is a man… La représentation des métiers dans les livres pour enfants », Travail, genre et sociétés, n°18, p. 65-85. LAVAL C., VERGNE F., CLÉMENT P., DREUX G. (2012), La nouvelle école capitaliste, Paris : La Découverte. LIGNIER W., PAGIS J. (2017), L’enfance de l’ordre. Comment les enfants perçoivent le monde social, Paris : Seuil. MILLET M., CROIZET J-C. (2017), L’école des incapables? La maternelle, un apprentissage de la domination, Paris : La Dispute. STREIB J. et al. (2016), « Benign Inequality : Frames of Poverty and Social Class Inequality in Children’s Movies », Journal of poverty, n°1, p. 1-19. TANGUY L. (2016), Enseigner l’esprit d’entreprise à l’école. Le tournant politique des années 1980-2000 en France, Paris  : La Dispute. ZARCA B. (1999), « Le sens social des enfants », Sociétés contemporaines, n°36, p. 67-101.












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