RT27

AAC RT27 Lille 2021 : Les changements des intellectuel.les et de l\'expertise : savoirs et pouvoirs

Dans le cadre du 9e congrès de l’AFS, le RT 27 prévoit d’organiser deux sessions blanches. Celles-ci accueilleront des communications s’inscrivant dans un ou plusieurs axes du réseau : - l’étude des professions intellectuelles - l’analyse des formes d’engagement de leurs membres (critique sociale, expertise, prophétisme etc.) - la sociologie de l’expertise et de ses usages - la sociologie historique des idées politiques et des savoirs - les études de circulation et de réception des savoirs, des intellectuel.les et des expert.es - la réflexion sur les modèles et techniques d’enquête propres à la sociologie des intellectuel.les. (pour plus de détails sur ces axes, cliquez ici) Quatre autres sessions porteront sur des thématiques en lien avec le thème général du congrès : les changements construits par les intellectuel·les et les discontinuités de leurs trajectoires (1) ; les connaissances et luttes intellectuelles liées à la crise écologique (2) ; les savoirs et techniques de prévision (3) ; les changements de la sociologie des intellectuel·les et de l’expertise (4). Les modalités de soumission des propositions sont précisées à la fin de ce document.

Session thématique 1 :  « Intellectuel·les et expert·es face au(x) changement(s) »

En relation avec la thématique générale du congrès, la session propose d'étudier les savoirs relatifs aux changements, les changements des discours et pratiques des intellectuel·les et des expert.es, ainsi que les appréciations normatives de ces changements. La session s’intéressera aux définitions, approches, visions normatives et enjeux de la thématique du changement dans les discours et les luttes d’intellectuel·les et d’expert·es. Elle examinera la coexistence et la concurrence de conceptions différentes du changement lors de controverses ou au sein de champs, de disciplines et de mouvements politiques particuliers. Les communications pourront étudier comment des intellectuel·es et des expert·es analysent, promeuvent, relativisent et contestent des changements, qu’il s’agisse de transformations de longue durée ou d’événements bouleversant une conjoncture, au service de critiques sociales et politiques. Il s’agira aussi d’étudier comment les discours sur le changement prennent part aux positionnements politiques et aux logiques d’engagement d’intellectuel·les et d’expert·es. Sur ce plan, les propositions pourront privilégier l’analyse d’individus, de groupes et de courants de pensée se définissant comme progressistes, révolutionnaires ou conservateurs. Cette session sera également ouverte à des travaux analysant les changements des discours, des pratiques et des relations des intellectuel·les et expert·es, et tout particulièrement leurs processus de (dé)politisation et de « conversion ». Si des travaux sur les « anonymes » ont pu mettre en avant le poids des continuités politiques (par exemple au regard des conséquences biographiques de l’engagement dans les « années 1968 »), les trajectoires des intellectuels sont bien plus souvent analysées en termes de transformations, de « conversions » ou de « trahisons ». Il s’agira d’interroger cette réalité, et de saisir les conditions de possibilité de trajectoires analysées au prisme de la conversion, de la bifurcation ou de la continuité. Ces changements pourront être mis en relation avec des transformations des champs intellectuels et de leurs relations avec d’autres champs, des processus de vieillissement social et intellectuel, des effets d’hystérésis, la constitution et la dissolution de solidarités politiques ou académiques, etc. Des communications pourront analyser les discontinuités des parcours d’intellectuel·les, ainsi que des controverses associées à de supposés "reniements intellectuels". Plus généralement, les propositions peuvent envisager comment certains changements des discours et engagements d’intellectuel·les et d’expert.es sont constitutifs de leurs stratégies, de la réception de leurs travaux et de leur légitimité à intervenir dans des espaces politiques et médiatiques. L'étude de la notion de changement et de ses appropriations permettra également de revenir sur la construction même du pouvoir et des figures d'intellectuel.le et d'expert·e. Enfin, les communications pourront interroger les changements intellectuels au regard non seulement des intellectuel·les eux-mêmes, mais aussi du rôle des intermédiaires dans ces dynamiques, qu’il s’agisse de maisons d’édition ou de médias. Le thème du changement sera donc étudié à l’aide de problématiques et d’approches variées (analyses de trajectoires, de controverses, de logiques d’engagement, etc.) dans le cadre de cette session thématique examinant à la fois le rapport au changement des intellectuel·les et des expert.es et les discontinuités de leurs trajectoires intellectuelles et politiques. Les terrains non-francophones seront appréciés.

Session thématique 2 : « Savoirs et savant·es de la crise écologique »

Cette session examine les relations entre les transformations des activités et des professions intellectuelles, la définition des problèmes environnementaux, et les mobilisations et politiques publiques qui leur sont associées. Les communications pourront d’abord s’interroger sur les formes et les conditions de possibilité des interventions publiques des intellectuel·les et des expert·es au sujet des problèmes environnementaux. On pourra revenir sur les conditions de production des différents types de savoirs mobilisés, transformés et créés pour construire les problèmes politiques et sociaux liés à l'environnement. Les propositions peuvent aussi porter sur les canaux institutionnels au moyen desquels ces savoirs transitent en direction du champ politique. Lorsque ces circulations s’opèrent via l’intervention directe des scientifiques ou intellectuel·les, on pourra s’intéresser aux formes que celle-ci prend, aux registres mobilisés (prophétique, expert etc.) et aux ressources rendant possible les interventions au-delà des espaces académiques et intellectuels. Dans les autres cas, l’attention pourra porter sur les chaînes de médiation qui relaient, traduisent et hiérarchisent la parole savante dans les médias, au sein des institutions et organisations politiques, associatives ou militantes, ainsi que sur les déplacements ou formes de politisation qui en résultent. Les communications pourront enfin réfléchir aux échelles, espaces, niveaux et temporalités où interviennent les savoirs et les savant.es pour construire les problèmes écologiques : comment circulent les connaissances et les professionnels entre les espaces nationaux, entre les arènes locales, nationales et internationales, ou entre les époques ? Comment ces déplacements transforment-ils les savoirs et leurs usages ? Un deuxième ensemble de réflexions concerne les relations entre les savoirs produits par les intellectuel·les et les expert·es et ceux d’autres acteurs sociaux. Il s’agira d’une part de rapporter la problématisation politique de l’environnement à des controverses et concurrences scientifiques. On pourra notamment chercher à démêler les logiques qui sous-tendent ces controverses, que celles-ci renvoient aux incertitudes ou débats proprement scientifiques et aux opportunités politiques qu’ils ouvrent, ou à des facteurs essentiellement politiques (usages politiques différenciés de la science, opposition d’intérêts économiques, sociaux ou politiques, arbitrages politiques entre l’écologie et d’autres enjeux etc.). D’autre part, on s’interrogera sur les interdépendances entre les discours scientifiques et non scientifiques. Comment des notions servant à construire et politiser les questions environnementales – la crise environnementale, l’anthropocène, l’urgence climatique, le réchauffement climatique, la biodiversité, la transition écologique, la justice climatique, le green new deal etc. – sont-elles définies et interprétées à via des relations entre savant.es et profanes, à l’intersection d’espaces scientifiques, politiques, militants, culturels et médiatiques ? A ce sujet, les communications devront articuler l’étude des discours et celle des relations sociales qui les rendent possibles et/ou agissants. Enfin, les communications pourront s’intéresser aux changements des champs intellectuels et scientifiques liés aux enjeux environnementaux et à leur politisation. Il s’agira par exemple d’étudier comment les oppositions politiques relatives aux questions environnementales se réfractent au sein de ces espaces, que ce soit via l’importation de problématiques issues d’espaces militants ou l’appréciation de travaux académiques au regard de leurs affinités avec des mouvements politiques se revendiquant ou non de l’écologie. D’autres sujets de questionnement concernent la réorientation par les questions écologiques des concepts, méthodes, approches et finalités des activités scientifiques et intellectuelles. Des communications pourront examiner la réévaluation de théories et de disciplines au service de problématiques environnementales, et plus généralement comment ces dernières prennent part à la hiérarchisation des savoirs. La session pourra enfin permettre de réfléchir aux relations, idées, institutions et dispositifs d’action publique qui favorisent, freinent et orientent les recherches consacrées aux problèmes environnementaux. L’analyse peut porter aussi bien sur la représentation d’intérêts industriels dans le champ académique que sur des obstacles épistémiques comme ceux suggérés par la critique du sociocentrisme, ou encore sur la genèse et les usages de cette critique. Les transformations des champs intellectuels liées aux problèmes environnementaux gagneraient être comparées à celles occasionnées par d’autres luttes intellectuelles, politiques et sociales (luttes de classe, féminisme, décolonisation, etc.).

Session thématique 3 : « Prédire et prescrire : savoirs et techniques d'objectivation de l’avenir »

Prévoir le changement et la reproduction des relations sociales est une démarche routinière dans le cadre des activités scientifiques et intellectuelles, ainsi qu’un vecteur de leur participation à la fabrique de l’ordre social. Pour examiner comment les intellectuel·les et les expert·es prennent part au travail social d’imagination et d’anticipation de l’avenir, cette session propose trois pistes de recherche. La première porte sur la place des savoirs et techniques de prévision de l’avenir dans la division du travail scientifique et intellectuel. Les communications pourront s’interroger sur la manière dont des disciplines, des théories et des méthodes se distinguent et se font concurrence en objectivant différemment le futur et en revendiquant ou non cette compétence. Elles pourront examiner comment des techniques de prévision de l’avenir circulent entre les disciplines et participent à leur hiérarchisation. Par exemple, on pourra s’intéresser aux usages des prédictions dans le développement et la légitimation de théories économiques, ou dans la valorisation de méthodes quantitatives particulières. Le questionnement pourra aussi porter sur les conditions sociales de différenciation de savoirs (semi-)spécialisés dans l’imagination ou l’objectivation du futur (prospective, futurologie, science-fiction, collapsologie, études des risques etc.). Les caractéristiques des savoirs et techniques de prédiction, comme les visions de l’avenir qu’ils génèrent, devront être rapportés aux relations internes aux professions et champs intellectuels, à leurs relations avec d’autres champs, et/ou à des transformations sociales plus générales, qu’elles soient de longue ou de courte durée. Un deuxième axe de réflexion est la prévision comme forme d’engagement et vecteur de politisation des intellectuel·les et des expert·es. Des communications pourront poursuivre les réflexions sur les relations entre les rôles d’intellectuel·le, d’expert·e et de prophète. Elles pourront s’intéresser à la pluralité des formes d’intervention publique via la prédiction, ainsi qu’aux conditions de production, de réception et de légitimation de diverses prophéties « savantes », que ce soit au sein de champs ou de professions intellectuelles particulières ou auprès d’un large public. Les utopies construites par les sciences sociales et la littérature, les représentations fictionnelles de problèmes futurs, la popularisation du mythe du « grand remplacement » et la réception du thème de « la fin de l’histoire » sont des exemples de phénomènes pouvant être analysés au prisme de l’engagement par la prédiction. La réflexion pourra être étendue aux effets des prédictions – et notamment des prédictions réussies et ratées – sur les trajectoires d’intellectuel·les et d’expert·es. On s’intéressera aussi à l’appropriation de techniques et de savoirs de prévision – comme ceux de la démographie et de l’économie – par des intellectuel·les politisées et par des mouvements politiques, conservateurs notamment. Le troisième axe de réflexion concerne la prévision comme objectif et instrument d’action publique. L'élargissement des fonctions et moyens d’action de l'État a fait de la prévision l'une des missions de la puissance publique, qui mobilise divers acteurs publics et privés, nationaux et internationaux. Des projections économiques à l’étude des risques environnementaux et nucléaires, l'activité de prévision est devenue un élément central tant du débat public que de la justification des politiques publiques. A la manière de la succession des outils statistiques à disposition des États mise en évidence par Alain Desrosières, peut-on distinguer des configurations historiques dans lesquelles certains outils sont plus utilisés que d'autres ? Les communications pourront s'intéresser aux institutions publiques où s’objectivent des visions du futur, ainsi qu’aux expert·es spécialisé·es dans la prévision au service d’Etats et d’institutions internationales. Si le Plan semble, en France, un opérateur central de dans les années 1950 et 1960, d'autres lieux, parfois internationaux, semblent également proposer des modes de prévision innovants, et parfois peu étudiés, à l'image du Club de Rome à l'OCDE, ou du groupe Futuribles où sont impliqués plusieurs hauts fonctionnaires internationaux. Cette réflexion pourrait également interroger les changements du rôle de l'État à l'aune de ses outils de prévision, en liant la réflexion sur les outils d'objectivation du futur aux référentiels d'action publique promus par les planificateurs et planificatrices.

Session thématique 4 : « Les changements de la sociologie des intellectuel·les et de l'expertise »

Les communications pourront proposer une réflexion sur l’autonomisation et les développements de la sociologie des intellectuel·les et de l’expertise, ses relations avec d’autres disciplines et sous-champs de recherche, ainsi que sur les mouvements théoriques, méthodologiques et empiriques qui l’ont travaillé. La sociologie des intellectuel·les et de l’expertise s’est en effet nourrie de dialogues avec d’autres disciplines – l’histoire culturelle, la généalogie foulcadienne ou de l’action publique, etc. – et de courants de recherche qui ont émergé à l’étranger (histoire des concepts, « école de Cambridge », sociologie des professions et des disciplines, etc.). On pourra également s’interroger sur les trajectoires de chercheurs et de chercheuses qui ont contribué à ces évolutions, ou encore analyser la réception et l’appropriation de nouveaux concepts et approches. Dans une perspective plus méthodologique, cette session s’intéressera aussi aux travaux articulant la sociologie des intellectuel·les et de l’expertise avec des objets et des méthodes plus propres à d’autres sous-champs. Ces croisements peuvent avoir des incidences sur l’approche des professions intellectuelles, le choix de terrains d’enquête et la sélection de méthodes quantitatives et qualitatives. En prenant pour objets leurs propres recherches ou d’autres travaux de sociologie des intellectuel·les et de l’expertise, les communicant·es pourront examiner comment ce champ d’étude participe à la réflexion sur les méthodes de la sociologie. Les propositions pourront notamment porter sur la construction d’enquêtes associant l’étude des producteurs d’idées à celle des institutions où ces idées sont produites, diffusées et valorisées (universités, think tank, associations, syndicats, partis, édition, presse, médias audiovisuels, école, université, etc.).  

Modalités de soumission des propositions

Les propositions de communications comprendront un titre et ne dépasseront pas 1500 signes (espaces compris). Elles doivent préciser clairement les démarches empiriques sur lesquelles s'appuiera la présentation.

Les propositions doivent également mentionner la session à laquelle elles sont destinées (session blanche ou session thématique particulière).

Les propositions de communication sont à déposer avant le 30 janvier 2021 sur le site de l’AFS (voir en bas de cette page)

En cas de problème pour déposer une communication sur ce site, merci de nous écrire à l’adresse socio.intellectuels@gmail.com, en joignant la proposition dans un format Word ou équivalent.

Le bureau du RT27 : Antoine Aubert, Constantin Brissaud, Jean-Michel Chahsiche, Corinne Delmas (coresponsable), Lucile Dumont, Isabelle Gouarné, Mathieu Hauchecorne, Jérôme Pacouret (coresponsable), Tristan Rouquet Contact : socio.intellectuels@gmail.com corinne.delmas@univ-nantes.fr pacouret.jerome@gmail.com  












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