RT11

AAC RT 11 Lille 2021 : Consommation, numérique et changement(s)

De par les promesses qu’il charrie, l’émergence et la pérennisation de nouvelles pratiques sociales qu’il engendre ou réciproquement par son absence, le changement se trouve au cœur des champs de la consommation et du numérique. La période actuelle de crise sanitaire ne fait que le confirmer. L’appel à communication du RT 11 « sociologie de la consommation et du numérique » se déclinera en quatre axes afin de regrouper les divers questionnements suscités par le thème du congrès de la AFS à Lille, « Changer ? ». Nous y ajoutons des considérations plus spécifiques qui concernent la session croisée avec le RT 15 « sociologie de la jeunesse ».

La distribution et la différentiation sociale de la consommation : quel changement ?

Fidèles aux travaux pionniers de la sociologie de la consommation, les communications attendues par le RT11 pourront interroger la thématique du changement social par le prisme de la consommation. D’une part, le changement de la structure sociale provoque-t-il des ruptures dans la structure des dépenses des Français, mesurée par l’enquête Budget de familles de l’INSEE ? Quelles transformations ou quelles permanences les données macroéconomiques et macrosociales font-elles apparaître ? Les grandes variables sont-elles toujours pertinentes pour expliquer les inégalités en matière de consommation ? En somme, la consommation reste-t-elle le reflet de la stratification sociale ou bien son observation à un niveau macrosocial ou plus fin témoigne-t-elle de glissements appelant de nouvelles hiérarchies ? D’autre part, on peut se demander si des changements structurels notables – qu’ils soient dans la plus grande place des outils numériques, de la préoccupation environnementale, ou de formes dites « collaboratives » – influencent réellement les décisions des individus en matière d’achat, si les intentions se concrétisent dans l’action. Le pouvoir normatif et prescriptif de différents changements demande ainsi à être questionné. En la matière, le cas de l’alimentation semble particulièrement intéressant à examiner. La promotion de nouvelles normes, l’essor ou le renouveau d’infrastructures (AMAP, marché fermier, ventes à la ferme) ou leur relative démocratisation (drive fermier durant le premier confinement) engendrent-ils de nouvelles routines en matière d’approvisionnement ? Et ce dans quelles catégories sociales ? Un autre questionnement concerne l’homogénéité des pratiques culturelles numériques, dans la continuité de l’enquête nationale récurrente sur les pratiques culturelles des français. Du reste, comment nommer ces pratiques qui englobent notamment les jeux vidéo, l’usage des réseaux sociaux et la production/visionnage en masse de vidéos en ligne ? S’agit-il de pratiques (numériques) culturelles, de pratiques de consommation ? Les deux ? Comment comprendre également le rôle central qu’elles donnent à la sphère privée, et notamment à l’espace domestique ? Quelles sociabilités les accompagnent, et peut-être aussi, quelles communautés acquièrent à cette occasion une place nouvelle au sein du quotidien ?

L’équipement de la consommation par des outils numériques et les changements induits

Les communications pourront aussi interroger les éventuels changements de la consommation liés à l’apparition de nouvelles formes d’encadrement marchand via les outils numériques. De quelle façon les consommateurs sont-ils aujourd’hui « équipés » en situation d’achat ? Comment les applications, les avis en ligne, les moteurs de recherche, les algorithmes, les sites marchands, les nudges sont-ils conçus ? Comment les individus se les approprient-ils ? À l’échelle individuelle, comment ces dispositifs s’insèrent-ils dans le quotidien des consommateurs ? Et à côté de ces dispositifs d’orientation des comportements souvent très individualisés, quelle place occupent encore les publics, notamment sur des espaces de partage comme youtube ou facebook ? Dans quelle mesure peut-on aujourd’hui parler de « consommateur numérique » ? Du côté des acteurs de l’offre, comment ceux-ci s’adaptent-ils à l’équipement numérique des consommateurs et comment le renforcent-ils, pour l’orienter vers leurs propres intérêts ? En dehors de la sphère marchande, la « numérisation » des services de l’Etat engendre une nouvelle forme de bureaucratisation et enjoint les citoyens, y compris les plus âgés et les plus éloignés du numérique, à s’adapter. Quelle est alors la nature de ce « changement », tel qu’il est vécu ?

Crise sanitaire et changements

La crise sanitaire du Covid-19 et la crise économique qui la prolonge ont entraîné de nouvelles contraintes pesant sur les budgets des ménages et, plus globalement, de nouvelles inégalités entre milieux sociaux. Les communications pourront proposer une réflexion sur la force de l’évènement et sa capacité à engendrer des changements plus ou moins durables sur les décisions des consommateurs mais aussi, plus largement, sur les acteurs structurant une culture marchande. Comment la pandémie et ses conséquences économiques ont-elles pu réaménager durablement les processus de consommation incluant la décision, le déplacement vers le lieu d’achat, le moment de l’acquisition, le rangement, la préparation, l’usage et l’abandon (transformation en déchets) des biens ? Quelles valeurs voit-on se consolider (l’exaltation du local, le durable…) et s’incarnent-elles dans des comportements effectifs à la faveur de la crise sanitaire ? Y a-t-il eu véritablement un « arrêt » de la consommation pendant la crise sanitaire, voire l’émergence d’une éthique de la sobriété, ou s’agit-il simplement d’un report de consommation, par le truchement d’une épargne provisoire ? Plus largement, comment le commerce et la consommation ont-ils changé à la faveur de la crise sanitaire ? L’entreprise Amazon cristallise les polémiques et est vue, durant le second confinement, comme une pieuvre menaçant le « petit commerce » spécialisé. Quelle est la réalité de cette représentation qui réactive une nouvelle fois le mythe de sa disparition inéluctable ? Est-ce que le click-and-collect a vocation à perdurer ? Et qu’est-ce que la consommation en ligne, qui progresse inexorablement, change à la consommation, notamment sur la pratique des courses alimentaires comparée parfois à un « approvisionnement » au début de la crise sanitaire ? L’opposition en ligne-hors ligne n’est-elle pas insatisfaisante et quels sont les intermédiaires, nouveaux ou non (points relais, etc.), qui s’imposent ? Enfin, la crise sanitaire a vu apparaître de multiples comportements de bricolage, qu’ils aient trait à de la création artistique et humoristique en ligne, ou à la fabrication artisanale de masques en tissu, souvent pour être donnés à des tiers (on peut parler alors de Do-it-Yourself for Others). Les communications pourront aborder ces aspects, de même que l’émergence des masques comme objet de consommation (de luxe, de mode, d’affirmation de son identité). Elles pourront aussi se pencher sur l’existence d’une sociabilité quasi exclusivement en ligne, faisant la part belle à des formes sociotechniques plus ou moins pérennes (apéros Zoom ou groupes Whatsapp).

Les données et les technologies numériques comme changement « imposé » à la sociologie ?

Enfin, les communications pourront interroger les changements qui caractérisent la réalisation des enquêtes menées sur la consommation, les pratiques numériques, même si tous les champs de la sociologie sont potentiellement concernés par la collecte de données numériques, notamment sur le Web. De manière très générale, une grande partie des reconfigurations contemporaines sont, à tort ou à raison, attribuées à des effets de la diffusion du numérique parmi une grande variété de sphères sociales, à tel point que le numérique se trouve lui-même associé à l’idée de transformation. Quelle est la nature de cette transformation ? Quelles sont ces incidences au plan méthodologique et épistémologique, notamment sur les catégories forgées et la représentation du monde social ? Est-ce un changement imposé auquel il convient de résister ? Dans quelle mesure les transformations technologiques, ou encore l’essor de nouveaux types de matériaux et de données massives collectés sur Internet, ont-ils transformé les raisonnements, les approches, les concepts mobilisés par les sociologues ? Pour en revenir à la crise sanitaire, en quoi la recherche sur la consommation et les pratiques numériques a-t-elle été perturbée ? Cela a-t-il suscité une créativité méthodologique, notamment pour faire face à la situation inédite de confinement ? Quel retour sur l’usage qui se généralise de solutions de visioconférence pour effectuer des entretiens individuels ou de groupes ? Quelle est alors la nature des données collectées ?

Session croisée RT 11/RT 15

Cette session commune au RT « sociologie de la jeunesse » et au RT 11 « sociologie de la consommation et du numérique » propose de mettre en saillance les enjeux autour des usages numériques des jeunes, de même que leur capacité (ou non) d’indure de nouveaux comportements et de nouvelles représentations. Cette session s’intéressera aux manières d’agir collectivement en ligne, de même qu’aux types d’applications mobilisées pour ce faire. Il s’agira par exemple de se pencher sur le profil des « activistes » afin d’interroger une éventuelle spécificité liée à l’âge, sans pour autant mettre de côté les catégories sociales, le genre, les territoires et les origines ethnoraciales…. Cette session pourra être l’occasion de se pencher sur les mobilisations politiques qui surviennent depuis plusieurs années à l’image de « #MeToo » appelant à la libération de la parole des victimes d’agressions et de harcèlement sexuels sur les réseaux sociaux née ne 2010 puis relancée en 2017 par l’affaire Weinstein. L’année 2018 a été marquée par le mouvement « #MeToo » et sa déclinaison « #balancetonporc », qui ont fait émerger des milliers de témoignages sur les violences sexistes et sexuelles quotidiennes. Si les femmes de tous âges ont largement contribué au mouvement #metoo, d’autres exemples portent davantage sur les jeunes comme c’est le cas de « #balancetontiktokeur » pour dénoncer les violences et chantages sexuels mis en place par des influenceurs « Tiktokeurs » sur cette application prisée des adolescent·e·s. C’est aussi le cas de la campagne « #balancetonbahut » qui s’est rapidement diffusé sur les médias sociaux à la rentrée 2020 dénonçant le sexisme dans les règlements intérieurs des établissements du second degré (photos, vidéos à l’appui). Ou encore, plus récemment, de « #balancetafac » lancé par les étudiant·e·s pour dénoncer les conditions d’accueil dans les universités et la non application des protocoles sanitaires. Les outils numériques et les médias sociaux sont aujourd’hui au cœur des actions et des mobilisations collectives et ne sont pas sans effets sur la socialisation et les sociabilités politiques. L’entraide dans le travail scolaire est également concernée. On pourra ainsi s’interroger sur les liens entre les activités en ligne et hors ligne et sur les spécificités – s’il y en a – des jeunes dans leurs mobilisations dont ils et elles sont parfois à l’initiative ("#balancetonbahut"), parfois uniquement concerné·e·s (comme c’est le cas avec « #youthforclimate »), et à d’autres moments impliqués. Nous proposons dans cette session d’explorer les multiples dimensions de ces mobilisations numériques contemporaines, qui concernent les plus jeunes, pour mieux penser les enjeux politiques qui les traversent. Pour ce thème, les propositions de communication sont à déposer sur la pape dédiée à cette session croisée.   Soumission des propositions de communication Les propositions de communication sont à déposer avant le 30 janvier 2021 sur le site de l’AFS (voir en bas de cette page) et doivent contenir : - La formulation d’une problématique sociologique et le matériau empirique sur lequel s’appuiera la réflexion (les communications de nature théorique ne seront néanmoins pas exclues a priori). - Des résultats - Le nom, prénom, adresse postale, institution de rattachement, adresse courriel, de chaque auteur - En cas d’auteurs multiples, le nom de l’auteur « contact » - Le titre de la proposition de communication - Un résumé de 1 500 signes, espace compris, maximum - La proposition de communication consistera en un seul fichier, nommé : « AFS2019-RT11-NOMdu1erauteur », en .doc, .docx, .pdf, ou .rtf   Calendrier
  • Proposition attendue pour le 31 janvier 2021 dernier délai
  • Ouverture des inscriptions au congrès : 15 mars
  • Fin janvier - mi mars : étude par les RT des propositions reçus
  • Mi/fin mars : sélection des communications
  • Mi-avril : publication du programme des RT sur le site de l’AFS
A noter qu’à l’issue du congrès, un projet de publication sera engagé sur la base des résumés longs (4 pages maximum) demandés pour le 1er juin.      












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