RT33

AAC RT15/RT 33 Lille 2021 : La jeunesse, âge du changement familial

Combiné au passage de « l’école à la vie professionnelle », celui de « la famille d’origine à la famille de procréation » par lequel les individus accèdent à une position stabilisée sur le marché matrimonial est un processus constitutif de la jeunesse (Mauger, 2010). Dès lors, les rapports réciproques de la jeunesse et de l’institution familiale peuvent être examinées sous l’angle du « changement » de plusieurs façons. Un premier questionnement considère la jeunesse en tant qu’ « âge de la vie » au cours duquel s’opère un double mouvement de réajustement des liens avec la famille d’origine, marqués par un plus grand respect de l’autonomie de chacun (de Singly, 2000 ; Ramos, 2006) d’une part, et d’engagement dans des relations affectivo-sexuelles et de construction conjugale d’autre part. Cette séquence biographique de changement connaît néanmoins de multiples variations selon les ancrages sociaux des jeunes et de leur famille, en matière de catégorie sociale et de genre notamment. Et si le changement passe par une autonomisation progressive de la part des jeunes, la famille d’origine (parents, collatéraux, familles élargie) continue de peser sur la façon dont ces derniers construisent à leur tour leurs propres foyers. Mais l’attention peut aussi être portée sur la configuration familiale d’origine qui subit des transformations au fur et à mesure de l’entrée des enfants successifs dans cet âge de la vie. Les socialisations familiales vécues au sein d’une même fratrie varient alors selon le critère du rang en son sein : ainsi évoluent les relations entre collatéraux, l’organisation de l’espace familial, l’intensité des cadrages parentaux, etc. au fil de l’histoire familiale. Sont visés ici les recompositions de la famille du fait de l’entrée en jeunesse de ses membres et leurs effets (en termes de configuration, de socialisation des membres restants, etc.). Un deuxième axe cible davantage les transformations historiques de l’articulation jeunesse/famille et ses déclinaisons locales/régionales. Comment les constructions familiales et conjugales engagées par les jeunes sont impactées par les évolutions des familles observées ces deux dernières décennies (comme la proportion doublée de famille monoparentales entre 1990 et 2017, majoritairement composées de mères avec leurs enfants et qui concernent d’abord les ménages les moins diplômés et les plus exposés à la précarité, données INSEE) ? Et comment les jeunes en retour contribuent eux-mêmes et elles-mêmes à transformer l’institution-famille du fait des foyers qu’ils construisent ? Les nouvelles normes dont ils et elles sont porteurs (en termes de rapport entre conjugalité et cohabitation, de rapport à l’hétéronormativité, etc.) et leur inscription dans de nouvelles formes d’alliance conjugales témoignent de possibles « effets de génération » dont il convient d’analyser la portée. Ces phénomènes pourront également être abordés sous l’angle des variations territoriales qu’ils observent.   Enfin, deux « effets de moment » pourront être au centre des discussions : une crise sanitaire, économique et sociale surgit un peu plus d’une dizaine d’année après la précédente, dont les effets se font encore sentir pour les générations confrontées à la mise en ménage dans les années 2008 (arrêt de la hausse du niveau de fécondité et retard du premier enfant, Pinson, 2013). Dispose-t-on de premiers éléments pour saisir les nombreux canaux par lesquels la crise sanitaire actuelle influe sur le cours des constructions conjugales et familiales des jeunes d’aujourd’hui ? L’accès à un emploi, à un logement, les décohabitations/cohabitations/recohabitation contraintes du fait d’une période de confinement, la fragilité des liens avec des famille d’origine confrontées au risque sanitaire, à la maladie, voire à la mort, l’absence d’horizons temporels : autant de contraintes dont on peut faire l’hypothèse qu’elles pèsent sur la constitution des ménages juvéniles. À l’indétermination qui caractérise cet « âge de la vie » (Mauger, 2010, Van de Velde, 2008) s’ajoute l’indétermination qui caractérise le moment que nous traversons. Et en la matière, les ressources matérielles et sociales pour y faire face, fonctionnant comme autant de filets de sécurité, restent inégalement distribuées (Portela et Raynaud, 2019).  
Les propositions de communication sont à déposer avant le 15 février 2021 sur le site de l’AFS (voir en bas de cette page)
   












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