RT44

AAC RT 44 Lille 2021 : "Justice!" - Aspirations récentes à la justice sociale et théories de l'émancipation

Le RTT 44 s’est réorienté pour intégrer davantage les théories critiques au moment où l’AFS élaborait sa thématique du congrès de Lille (2021) autour des questions du changement social. Sans doute ces évolutions parallèles témoignent-elles en partie de la demande de justice qui s’est développée depuis quelques années de par le monde et à laquelle nous faisons écho dans le titre de notre appel. Le RT 44 entend en effet interroger à la fois les théories et les pratiques émancipatrices à la lumière de l’actualité du débat.

La justice sociale après Rawls : aggravation des inégalités et éclatement des références

Si le cri « Justice ! » souligne l’urgence de la révolte face à l’oppression, l’injustice sociale est plus aisée à cerner que la demande de justice. La question de la justice sociale n’a été appréhendée que tardivement en France comme objet sociologique. Si les travaux de Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron (1971) peuvent être considérés comme précurseurs dans la mesure où ils soulignaient la place de la rhétorique méritocratique dans la reproduction des inégalités sociales au sein de et via l’institution scolaire, il faut néanmoins attendre le milieu des années 1990 pour que cette question commence à s’autonomiser en tant que (sous) champ de recherche et que les différentes formes de justice sociale soient étudiées en tant que telles. A cet égard, la pensée anglo-saxonne en général et celle de John Rawls en particulier sont déterminantes. Rétrospectivement, sa transposition de la philosophie morale à la sociologie, enrichie par les apports de Amartya Sen (1992) depuis l’économie du développement, a permis d’asseoir théoriquement une approche instrumentale, réformatrice et pragmatique, découplant notamment la problématique des inégalités sociales en « inégalités justes » et « inégalités injustes », même si des auteurs portés sur la théorie critique et l’égalité s’en inspirent également (Savidan, 2021).

C’est cet héritage anglo-saxon qui a permis l’autonomisation d’un sous champ académique autour de la justice sociale. Dans le même temps, cette émergence de l’objet justice sociale coïncide avec le renforcement des inégalités sociales en France et ailleurs depuis le tournant des années 1980-1990, en particulier dans le domaine de l’éducation, de la santé ou de l’emploi (Observatoire des inégalités, 2006 ; 2019) et d’une manière plus générale pour ce qui concerne les revenus du capital (Piketty, 2013). Une première période, dans les années 1980-1990, a vu ainsi se médiatiser des thèmes comme l’exclusion, le mal-logement, puis, un peu plus tard, le manque de reconnaissance. Il s’en est suivi, sur le plan académique, l’enjeu de resituer l’activité des acteurs dans la dynamique de la vie sociale, ouvrant la voie à une interrogation sur le sens ordinaire de la justice, au travers des attitudes et des pratiques courantes des individus. Ce sont l’étude des « conduites relatives à la justice dans la vie réelle » (Elster, 1995b, p. 84), l’attention portée au lien social, comme juxtaposition d’agencements locaux (Friedberg, 1993), aux approches pluralistes et individualisatrices (Bellah, 1996), avec comme prolongement l’idée que la résolution des questions morales se déplace vers l’activité et le travail des acteurs en situation (Dubet, 1994). Le sens ordinaire de la justice se trouve en effet mis en œuvre par des acteurs dotés de compétences et de capacités critiques. Il décrit « ce dont les gens sont capables » (Boltanski, 1990) et ces aptitudes sont désormais prises au sérieux. Depuis les années 1990, les sociologues ont ainsi été conduits à renforcer l’observation in situ des procédures de justification par lesquelles les individus construisent des modalités de coopération que chacun pourra considérer comme justes.

Ce tournant individualisateur (mais pas individualiste au sens méthodologique, car les acteurs individuels y sont saisis en général dans des configurations de relations sociales, ce qui relève du relationnalisme méthodologique) s’accompagne d’un tournant empirique. La question de la justice sociale s’introduit en sociologie, depuis le milieu des années 1990, sous la forme d’une confrontation des théories et des idéologies dominantes aux données empiriques et aux observations de terrain. La discipline reproduit d’ailleurs en cela la manière dont l’objet « justice sociale » s’est institutionnalisé, dans des disciplines connexes comme la psychologie sociale (Kellerhals, Modak et Perrenoud, 1997 ; Sabbagh, Schmitt, 2016) ou les sciences de l’éducation (Meuret, 1999), par la multiplication des études empiriques et des reformulations théoriques sur le sentiment de justice ou sur l’équité (Guibet Lafaye, 2012).

Forte de cette double poussée individualisatrice et empirique, la justice sociale promettait de se consolider sur le plan académique. Avec le recul, la promesse d’avènement d’un sous champ cohérent de savoir cumulatif n’a pas été tenue. Une fragmentation du sous champ prenant pour objet la justice sociale s’est observée, sur la base d’une ambiguïté majeure. Le questionnement sur les formes de justice occupe en effet dès son origine une position ambiguë par rapport à la thématique des inégalités sociales. D’un côté, il tend à prolonger la question des inégalités en invitant par exemple à interroger, via la notion d’« inégalités justes », une tendance active à un niveau social global à la psychologisation des rapports sociaux et à l’individualisation de la perception des inégalités. Mais, d’un autre côté, la thématique de la justice sociale tend également à se substituer à la question des inégalités en insistant par exemple sur la multiplication des référentiels de justice (diversité, autonomie, équité, besoin, discrimination positive, mérite…) et sur les tensions qu’ils entretiennent avec le référentiel, lui aussi partiellement équivoque, d’égalité. Dans cette perspective, la thématique de la justice sociale a pu être considérée comme faisant écran à la question des inégalités sociales (Pfefferkorn, 2007), non sans raison si l’on considère ses usages politiques dans l’espace public ou les stratégies d’appropriation dont elle a pu faire l’objet.

La fragmentation académique se lit au travers de l’évolution des différents segments consacrés à la justice sociale en sociologie. La sociologie des sentiments d’injustice a connu une double évolution vers l’appréhension des discriminations et vers les sciences de l’éducation. La sociologie pragmatique, dont l’importance de l’apport est évidente, a quant à elle connu une crise interne ; certains, comme Luc Boltanski (2009), s’efforcent d’associer des acquis pragmatiques et une réorientation vers une critique globale des ordres sociaux. Dans le même temps, les enquêtes sur les valeurs se sont fortement institutionnalisées, constituant là aussi un domaine autonome, support de comparaisons internationales quantitatives très poussées, mais quelquefois décontextualisées. Cette tendance à observer des comportements individuels et la pluralité des sentiments d’injustice a renforcé la psychologie sociale d’un côté et la psychologie cognitive de l’autre, au détriment d’une sociologie qui saurait à la fois embrasser les dimensions structurelles et individuelles de la justice sociale (Barozet, 2019).

Mouvements explosifs et théories critiques

Or toutes ces évolutions ont nourri en même temps la critique, sur tous les fronts : de la critique de certaines approches des discriminations tournant le dos aux inégalités à celle de l’hermétisme partiel de la sociologie pragmatique, en passant par l’extension du paradigme égalitaire lui-même et la déconstruction de ses impensés originels, via l’essor du concept hybride du Commun, de la justice épistémique et de l’approche intersectionnelle des dominations. Citons encore la critique de la réification par la modélisation des enquêtes valeurs, ou encore la critique de la méthodologie expérimentale de la psychologie sociale, ou la mise en cause du rejet des sciences sociales par la psychologie cognitive, notamment en neurosciences. Au même moment, une partie des débats se recentre autour des mouvements sociaux qui se structurent en direction de demandes pour plus d’égalité sociale : les Occupy, les indignés, les féministes, les Gilets jaunes, entre autres groupes s’orientant en partie vers des théories à la fois de la justice distributive, de la justice procédurale et des théories de la reconnaissance. La notion même d’égalité se trouve interrogée de toutes parts, faisant aussi éclater son évidence apparente.

A cet éclatement correspondent des déplacements paradigmatiques en cours, la synthèse libérale et sociale rawlsienne étant concurrencée par une certaine renaissance d’une pensée critique protéiforme. Nous sommes ainsi passés de l’hégémonie de l’appréhension du lien social et de la cohésion sociale, associant tradition durkheimienne et appropriations sociologiques des débats autour de Rawls, à des amorces de remise en question, à travers une certaine réaffirmation de la critique sociale. Celle-ci a pu orienter les approches de la justice sociale vers un retour timide et fragile de la question de l’émancipation ; le couple critique sociale-émancipation ayant connu en sciences sociales un écho historiquement important dans le sillage de la théorie critique de l’École de Francfort (Horkheimer, 1974 ; Abensour et Muhlmann, 2002). Ainsi la sociologie de la participation, de l’éducation populaire et de l’intervention sociale s’est orientée vers des pratiques émancipatrices, dépassant parfois une « sociologie publique » pour redéfinir la frontière entre acteurs et chercheurs au sein d’une recherche collaborative (Les chercheurs ignorants, 2015). La sociologie de l’éducation et de la pédagogie a pu voir ses réflexions nourries de la pensée émancipatrice de Paulo Freire (Pereira, 2018). Le mouvement social a vu grandir les références à l’autonomie de pratiques horizontales et manifesté une explosivité, remettant au goût du jour la thématique de la spontanéité (Sainsaulieu, 2020) et de la perturbation (Ancelovici, 2020).

Par ailleurs, l’objet justice sociale a connu une forte évolution vers une sociologie spatiale, sous l’influence d’une « nouvelle géographie critique ». L’originalité du redéploiement de la question de la justice sociale dans le champ des études urbaines tient en effet dans une impulsion initiale provenant du marxisme et d’un effort pour spatialiser la pensée marxienne, prolongeant ainsi une tradition ouverte par Henri Lefebvre (Harvey 2011; Lefebvre 1986).  Ici, la justice sociale comme objet d’investigation scientifique emprunte une voie résolument critique, et s’oppose au libéralisme rawlsien dont la sociologie s’était nourrie pour l’inscrire dans son champ d’investigation.

Cependant, dans le même temps où l’on observe dans certains secteurs de la sociologie un modeste rebond localisé du couple critique sociale-émancipation, le lien entre les deux tend plus structurellement à se défaire à un niveau global. Malgré les efforts de quelques-uns pour réactiver la tradition sociologique pour articuler critique sociale et émancipation (Boltanski, 2009 ; Corcuff, 2012 ; Tarragoni, 2016a), malgré, également, un retour ténu du concept d’émancipation autant dans les pratiques contestataires que dans la recherche théorique (Sardinha 2013), la pente dominante apparaît être la marginalisation de l’imaginaire émancipateur dans les sciences sociales critiques. Cela se situe notamment au croisement de trois tendances : l’hyperspécialisation des savoirs, le poids d’une vision appauvrie et rigide du thème wébérien de « la neutralité axiologique » (Kalinowski, 2005 ; Mathieu, 2015), tout particulièrement dans l’université française dans le sillage de l’effondrement des références au marxisme, empêchant de penser dans une perspective eliasienne les équilibres de l’engagement et de la distanciation (Elias, 1993), et l’émiettement postmoderniste des significations importé des campus américains. Or, les facteurs de dissociation académique entre critique sociale et émancipation rencontrent une autre tendance active dans le champ politique, portée par des causes différentes, affaiblissant le couple critique sociale-émancipation du fait de l’affaissement, pour des raisons à chaque fois propres, des deux pôles qui l’ont incarné sur le plan politique au XXème siècle : le communisme (avec la catastrophe stalinienne, définitivement actée avec la chute du Mur de Berlin en 1989) et la social-démocratie (convertie à partir du début des années 1980 à une forme de social-libéralisme. Ce qui a laissé davantage l’espace ouvert à des usages ultra-conservateurs de la critique sociale, déconnectée d’un horizon émancipateur, dans un hypercriticisme « anti-système » empruntant souvent les canaux rhétoriques conspirationnistes, justifiant des stigmatisations xénophobes, sexistes et homophobes dans un cadre nationaliste (Corcuff, 2019), présentes jusques et y compris dans des mouvements aspirant à la justice sociale comme les Gilets jaunes.

Pourtant, la diversité et l’intensification des mouvements sociaux en 2019 et 2020 dans le monde pourraient constituer des appuis pour enrayer la disjonction politique historique entre critique sociale et émancipation. Fleurissant à la fois sur les continents asiatique, africain, européen et américain, ces mouvements ont contribué à polariser le débat, en liant d’un côté croissance des inégalités et répression, révolte et aspirations à la justice sociale de l’autre. Les revendications de justice sociale ne sont certes pas apparues homogènes mais bien malgré tout universalisables, voire internationalement enrichies, entre des aspirations à mieux vivre du point de vue des conditions matérielles d’existence, par la conservation du pouvoir d’achat et d’un système de protection sociale, mais aussi par la défense de l’environnement du fait de la crise climatique et sanitaire en cours, et du point de vue de l’émancipation politique, par la défense des libertés acquises mais aussi des libertés à venir, via un meilleur partage démocratique des pouvoirs. Dans ces cas, le débat vise donc moins à s’interroger sur ce qu’est la demande de justice sociale que sur les moyens de la renforcer et sur le développement de ses attaches avec les aspirations à l’émancipation individuelle et collective dans un cadre d’incertitude majeure sur l’avenir.

La volonté du RT est ainsi d’apporter, dans le cadre du congrès de Lille, des éléments de clarification épistémologique, théorique, méthodologique et empirique quant aux questions de justice sociale et leur lien avec celles de l’émancipation, dans un triple contexte académique, politique et social. Il s’agit, tout particulièrement, de réfléchir à la manière d’observer sociologiquement d’une part les processus d’émancipation, de les décrire, d’en expliquer la genèse, d’en situer les effets à court, moyen et long terme, sur les trajectoires des acteurs, leurs relations sociales et leurs groupes sociaux d’appartenance. D’autre part, cette réflexion peut s’élargir à la régression de certains droits, comme par exemple ceux des femmes en Europe centrale, voire à leur disparition, dans le cas de populations déplacées, de réfugiés regroupés dans des zones de non droit, exclus de certains domaines de justice voire de toute possibilité de justice, car hors du pacte social. Ces réflexions pourront être nourries par des matériaux empiriques divers, de l’entretien à l’archive, de l’observation ethnographique à l’image documentaire, mais également par le dialogue théorique entre les sciences sociales et la philosophie politique.

La structuration de la réflexion du RT 44 pour le congrès de 2021  

A l’occasion du neuvième Congrès de l’Association Française de Sociologie, qui se tiendra à Lille en 2021, un ensemble d’ateliers sera mis en place en fonction des préoccupations exprimées par les communicants et les membres du bureau. Il réunira des contributeurs chargés de poser les jalons d’une discussion collective. Ces ateliers permettront de créer et de baliser un espace de discussions entre perspectives critiques sur la justice sociale, ancrant celle-ci à la fois dans l’espace de théories critiques-émancipatrices et dans la diversité des mobilisations sociales et des résistances individualisées. Une AG (ré)élira un bureau et une coordination, conformément aux statuts de l’AFS.

Ces discussions seront structurées autour des 4 axes suivants :

  • CHANGER D’ACTEURS ? On s’intéressera dans un axe compréhensif aux tâtonnements des acteurs (Sainsaulieu, Barozet, Cortesero et Mélo, 2019), et partant des évolutions de leurs références à la justice sociale et à l’émancipation : pluralité versus polarité ? individuelles versus collectives ? Est-on toujours dans la seule pluralisation des références individuelles, discours, cités ou sentiments d’injustice, ou bien voit-on s’opérer des amorces d’articulation entre l’individuel et le collectif, le local et le global ? On s’interrogera aussi sur la teneur des acteurs sociaux, plus ou moins durables, organisés, disciplinés par une structure et un programme, voire largement spontanés dans leur expression, la formulation de leurs aspirations à la justice sociale et les moyens utilisés (Sainsaulieu, 2020). L’actualité récente nous incite en effet à une relecture de la notion de mouvements sociaux, notamment dans son rapport au pouvoir ou au contre-pouvoir (Muhlman, 2006), dans la foulée des soulèvements de 2019 et 2020, voire de l’épidémie de coronavirus en 2020.
  • CHANGER DE RAPPORTS COGNITIFS ? Au-delà des appels rituels, mais sans guère d’effets dans les pratiques académiques, à la pluri- inter-trans- disciplinarité, la fragilité tant de l’objet justice sociale que du couple critique sociale-émancipation conduit à s’interroger sur le positionnement épistémologique, théorique et méthodologique en sciences sociales d’une approche critique et compréhensive de la justice sociale et des pratiques d’émancipation, ainsi que sur ses intersections avec la philosophie et sur ses composantes axiologiques. Les rapports entre disciplines (notamment entre philosophie et sociologie, mais aussi entre sociologie politique et psychologie sociale, ou encore entre philosophie morale libérale et géographie sociale située) nous interpellent de ce point de vue, comme la question des frontières entre savoirs académiques et savoirs extra-académiques (savoirs militants, savoirs expérientiels, savoirs d’action…), ou entre savoirs et éthique politique. Ces questions se posent ainsi sur le double plan épistémologique et méthodologique : portée normative des théories sociologiques d’un côté, transactions et points de passage entre pratiques sociologiques et pratiques politiques émancipatrices de l’autre. Les contributions pourront concerner ces deux plans. Elles pourront questionner des points de théorie sociale mais aussi des pratiques de recherche, voir des usages particuliers des sciences sociales dans la cité, questionnant les rapports entre chercheurs et professionnels des sciences sociales d’un côté, et acteurs sociaux et processus émancipateurs de l’autre. Les expériences de recherche-action, de recherche collaborative, ou encore les différentes déclinaisons pratiques de la sociologie « publique », par exemple, pourront être présentées et discutées au sein de cet axe.
  • CHANGER DE MODELE ? Les grands modèles théoriques qui ont longtemps dominé les sciences sociales se trouvent à l’évidence aujourd’hui affaiblis. En conséquence, qu’advient-il des grandes entreprises modélisatrices dans ce contexte de crise épistémologique et théorique de la justice sociale ? L’approche rawlsienne conserve-t-elle une actualité pour penser la justice sociale dans un contexte marqué par un accroissement des inégalités ? Quelles sont ses limites ? La théorie critique dessinée par l’École de Francfort a-t-elle encore une actualité alors que le couple critique sociale-émancipation apparaît bringuebalant ? Quelles sont ses limites ? Quelles pourraient être des nouvelles articulations, dans le cadre de théories critiques reproblématisées, entre une sociologie de la justice sociale et une philosophie politique de la justice sociale, en rapport avec les mouvements sociaux ? Quelles sont les formes théoriques les plus adaptées à la critique d’un monde globalisé ? Par ailleurs, l’égalité, en tant que matrice normative fondatrice des sociétés démocratiques (Rosanvallon, 2011), est ébranlée depuis plusieurs décennies maintenant par les coups de boutoir répétés du néolibéralisme. Comment la refonder et sur quels fondements et pratiques (Sénac, 2017) ?
  • CHANGER LA SOCIOLOGIE ? ENSEIGNER LA SOCIOLOGIE POUR PLUS DE JUSTICE SOCIALE. La vocation critique des sciences sociales, et donc de la sociologie, ne relève pas simplement d’un intérêt de connaissance descriptif ou explicatif, mais a également été historiquement associée à un horizon d'émancipation sociale. De ce fait, il est possible de se demander comment l'enseignement de la sociologie peut participer d'un objectif de justice sociale. Les communications attendues peuvent porter sur l'étude empirique des pratiques d'enseignement de la sociologie que ce soit en lycée, dans le supérieur ou dans un cadre non-académique. Il peut s'agir également de communications qui font état des pratiques utilisées par les enseignants de sociologie. En particulier, sont attendus des récits d'expérience qui montrent comment les méthodes de la sociologie peuvent être utilisées pour favoriser un processus de conscientisation : recours à l'auto-analyse sociologique par les étudiant-e-s, réalisation d'enquêtes sociologiques par les étudiant-e-s ou encore d'autres pratiques qui visent une prise de conscience des rapports sociaux de pouvoir et un engagement vers plus de justice sociale.

D’une manière plus générale, toutes les communications travaillant selon ces 4 axes, ces questions autour de la justice sociale, telles qu’elles se trouvent en jeu dans les domaines les plus divers de la vie sociale - famille, école, travail, territoire, santé, environnement, droit, sport, etc. -, sont les bienvenues.


Les propositions de communications (5.000 caractères maximum, bibliographie et espaces compris) devront, pour être prises en considération, indiquer le nom, le statut, l’affiliation et les coordonnées de l’auteur dont une adresse électronique valide, préciser l’axe choisi, comporter un titre, expliciter synthétiquement la problématique traitée en lien avec l’argumentaire et/ou les axes, le type de méthodologie et de matériau empirique ou de sources qui caractérisent la recherche et ses principaux résultats.

Les propositions de communication sont à déposer avant le 30 janvier 2021 sur le site de l’AFS (voir en bas de cette page)

Elles devront aussi être adressées à : rt44afs@googlegroups.com

Comité d’organisation : Emmanuelle Barozet, Philippe Corcuff, Régis Cortesero, David Mélo, Géraldine Muhlmann, Irène Pereira, Ivan Sainsaulieu, Federico Tarragoni.


  

Références bibliographiques : Abensour M., Muhlmann G. 2002 (dir.). L’Ecole de Francfort : la Théorie Critique entre philosophie et sociologie. Tumultes, n° 17-18. Ancelovici, M. (2020). L’art de la perturbation. À bâbord ! (83), 32–33. Barozet E., “Entretien”, Le Monde, 1-11-2020. Bellah R. et al. 1996. Habits of the heart, individualism and commitment in America life. Berkley: University of California Press. Boltanski L. 1990. L'Amour et la Justice comme compétences. Trois essais de sociologie de l'action. Paris : Métailié. Boltanski L. 2009. De la critique. Précis de sociologie de l’émancipation. Paris : Gallimard. Bourdieu P., Passeron J-C. 1971. La reproduction. Paris : Editions de Minuit. Corcuff P. 2012. Où est passée la critique sociales ? Paris : La Découverte. Corcuff P. 2019. « De la rebellitude ultra-conservatrice et ce qu’elle fait aux sciences sociales critiques. Esquisse de clarification épistémologique et théorique ». SociologieS [AISLF], [https://journals.openedition.org/ sociologies/10462]. Dubet F. 1994. Sociologie de l’expérience. Paris : Ed. du Seuil. Elias N. 1993 [1983]. Engagement et distanciation. Contributions à la sociologie de la connaissance. Paris : Fayard. Elster J. 1995. « The Empirical Study of Justice », chap. 4 in Miller D., Walzer M. (eds.), Pluralism, Justice and Equality. Oxford: Oxford University Press. Elias N. 1993 [1983]. Engagement et distanciation. Contributions à la sociologie de la connaissance. Paris : Fayard. Friedberg E. 1993. Le pouvoir et la règle. Paris : Ed. du Seuil. Gonthier F. 2008. « Justice sociale et action publique. Des principes à leur mise en œuvre ». Coll. Problèmes politiques et sociaux, n° 949-950, juin-juillet, Paris : La documentation française. Guibet Lafaye C. 2012, Le juste et l’inacceptable. Les sentiments d’injustice contemporains et leurs raisons. Paris : PUP. Harvey, D. 2011. Le capitalisme contre le droit à la ville : Néolibéralisme, urbanisation, résistances. Amsterdam. Horkheimer M. 1974. Théorie traditionnelle et théorie critique [recueil de texte de 1933-1937]. Paris : Gallimard. Kalinowski I. 2005. « Leçons wébériennes sur la science & la propagande », in Max Weber, La science, profession & vocation. Marseille : Agone. Lefebvre, H. 1986. Le droit à la ville. Seuil. Kellerhals J., Modak M., Perrenoud D. 1997. Le sentiment de justice dans les relations sociales, Paris : PUF. Observatoire des inégalités. 2006. L’état des inégalités en France. Paris : Belin. Les chercheurs ignorants, 2015. Les recherches-actions collaboratives. Une révolution de la connaissance, Presses de l’EHESP. Lyotard J-F. 1979. La condition post-moderne. Paris, Les Éditions de Minuit. Mathieu L. 2015. « Sociologie des engagements ou sociologie engagée ? Sur quelques problèmes axiologiques qui se posent à la sociologie des mobilisations ». SociologieS [AISLF],  [http://sociologies.revues.org/5138]. Meuret D. (éd.) 1999. La justice du système éducatif. Bruxelles : De Boeck Université. Muhlmann, G. (2006). Le gros mot de contre-pouvoir. Pouvoirs, 119(4), 55-70. Pereira I. 2018. Paulo Freire, pédagogue des opprimé.e.s. Paris : Libertalia. Pfefferkorn R. 2007. Inégalités et rapports sociaux. Rapports de classe, rapports de sexes. Paris : La Dispute. Rosanvallon P. 2011. La société des égaux. Paris : Editions du Seuil. Sabbagh C, Schmitt M. (éds) 2016. Handbook of Social Justice. Theory and Research. New York : Springer Science. Sardinha, D. 2013. L’émancipation de Kant à Deleuze. Hermann. Sainsaulieu I, Barozet E, Cortesero R., Mélo D. (éds) 2019. Où est passée la justice sociale ? De l’Égalité aux tâtonnements. Villeneuve d’Ascq, Septentrion. Sainsaulieu I., 2020. Petit bréviaire de la lutte spontanée, Le Croquant. Sen, A. 1992. Inequality Reexamined. Cambridge. Harvard University Press. Savidan P., 2021. « Adorno, philosophe politique », Prismes. Théorie critique, 3- 2021 (à paraître). Sénac R. 2017. Les non-frères au pays de l’égalité. Paris : Presses de Sciences Po. Tarragoni F. 2016a. « L’émancipation dans la pensée sociologique : un point aveugle ? ». Revue du MAUSS, n° 48, p. 107-123. Tarragoni F. 2019, L’esprit démocratique du populisme. Une nouvelle analyse sociologique, La Découverte.













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