RT22

AAC RT22 Lille 2021

Le titre du congrès de 2021 « Changer » nous invite à une interrogation épistémologique sur la scientificité de la sociologie et les fondements de la discipline, sur sa spécificité disciplinaire pour appréhender le changement dans nos sociétés. La sociologie n’est-elle pas parfois aux prises avec une forme de naturalisation, avec des évidences et des allants de soi qui s’écartent de sa vocation première, celle d’adopter une posture distanciée, d’avoir un regard critique et d’étonnement afin de comprendre et de rendre compte des faits et processus sociaux tels qu’ils se présentent. L’évènement de la Covid 19 de manière frontale et tangible, nous place face à des contextes de vie bouleversés : évènement majeur qui enlève tout repère aux individus générant bifurcations et ruptures dans les parcours de vie. Ainsi, la sociologie des parcours vise à « mieux comprendre et analyser le déroulement des existences au fil du temps » (M. Bessin, 2009), en portant l’attention sur les processus temporels et relationnels à l’œuvre. Comme le rappelle en filigrane l’argumentaire du congrès, la sociologie des parcours de vie est attentive, peut-être plus qu’une autre, à la question du changement individuel et social, en ce qu’elle s’intéresse, d’un point de vue diachronique et synchronique, aux évènements, aux ruptures et bifurcations, au cours du cycle de vie, tout en interrogeant également les continuités dans les parcours. Les chercheur·es au sein du RT 22 portent l’attention aux transformations individuelles dans les parcours de vie que ce soit au sein de la sphère familiale, éducative, professionnelle, sanitaire, sociale… tout en interrogeant les dynamiques sociales à l’œuvre, en faisant varier les niveaux d’analyse. Ce congrès 2021 sera l’occasion de travailler plus spécifiquement les axes suivants :

Axe 1. Bifurcation, alternation, évènements dans les parcours 

Les cours de la vie sont faits de tournants, d’arrêts, de ruptures, de bifurcations que la notion de parcours parvient à tenir et à appréhender. Ainsi de nombreux travaux ont insisté sur le poids des évènements biographiques qui font bifurquer le cours de la vie. Mais toute trajectoire comporte des ruptures socialement programmées ou non. De nombreuses ruptures sont souhaitées par les individus. Pour la plupart des individus, des dispositifs sociaux d’amortissement des ruptures existent, mais quand ils font défaut, ces ruptures deviennent des moments fatidiques. L’alternation renvoie à un processus de transformation radicale. Elle correspond, selon P. Berger et T. Luckmann (1966), à un processus de transformation « subjectivement perçu comme total » lorsque l’individu « change de monde ». La bifurcation appréhende également une transformation radicale. Bessin, Bidart et Grossetti (2009) définissent la bifurcation comme « un changement important et brutal dans l’orientation de la trajectoire, dont à la fois le moment et l’issue étaient imprévisibles, pour l’acteur comme pour le sociologue ». Elle se caractérise par un changement qui irradie l’ensemble des sphères de vie. Elle ouvre sur un bouleversement biographique majeur et irréversible (Négroni, 2005). Enfin, le concept de double transaction, développé par C. Dubar et S. Nicourd (2017), vise à prendre en compte les inflexions du parcours dans une double dimension diachronique (sur le temps long) et synchronique (le temps de la situation qui coexiste). Le concept de double transaction vise à articuler les transactions avec soi-même et avec les autruis significatifs. Il s’agira de saisir les effets des événements biographiques sur la construction des parcours de vie à long terme, que donnent à comprendre les processus de bifurcation ou d’alternation en train de se faire, observés en situation. Une telle approche évite le piège de la tentation simplificatrice qui consiste à concevoir les événements passés et les points tournants qu’à partir des conséquences qu’ils semblent avoir eu, gommant par là même les aspérités et les frottements

Axe 2. Des parcours de vie en contextes bouleversés 

La sociologie du parcours de vie se doit de prendre en considération tout à la fois les contextes sociaux des narrations mais également les contextes sociaux et historiques dans lesquels ils se sont construits. Mais comment saisir alors l’articulation entre « les dynamiques individuelles » et « les contextes socio-historiques (Demazière et Samuel, 2010) ? Quels niveaux et échelles d’analyse mobiliser - micro, méso ou macro - (Grossetti, 2006, 2021), et qu’apporte l’approche relationnelle (Cardon, 2021), pour saisir à la fois les effets de contextes et les évènements microsociologiques (collectif F.B., 2020) ? Dès lors, en quoi les contextes historiques et sociaux aident-ils le ou la sociologue à comprendre et à donner du sens à ces parcours au-delà de leur expression narrative et subjective ? Et inversement, en quoi les parcours aident-t-ils le ou la sociologue à mieux comprendre et saisir les caractéristiques des contextes et des espaces historiques et sociaux ? En quoi cette double manière de mobiliser les parcours représente-t-elle un outil d’objectivation du social ?

Axe 3. Quelles approches pour une sociologie renouvelée ?

Les chercheur·es au sein du RT sont attentifs au sens donné par les acteurs à leurs actions et à leur réflexivité, et ont été fortement impliqué·es dans les renouvellements épistémologiques, éthiques et méthodologiques actuels à l’œuvre dans la sociologie, tout en travaillant aux renouvellements des méthodes face à la crise sanitaire actuelle. Le temps du « kairos » (Bessin, 2015), le temps de la crise se trouve au centre de la scène sociologique : on s’interrogera alors sur ce qui s’invente ou se pense, nouvelles manières d’être et/ou d’appréhender les choses ? Comment le sociologue parvient-il à comprendre les tentatives des individus qui par leurs parcours ou leurs engagements innovent et contribuent au changement des institutions, au renouvellement de valeurs qui désormais ne semblent plus faire société ? Comment repenser les approches sociologiques pour rendre compte des processus de changement ? Comment la crise sanitaire actuelle invite les chercheur·es à revisiter leurs approches méthodologiques et leurs cadres d’analyse ?

Session croisée RT22/ RT26 : Parcours de vie et réseaux personnels : logiques de changement

Les chercheurs reconnaissent depuis longtemps que les vies se vivent interdépendamment, au sein des générations et entre elles (Elder, 1994), mais ce n'est que récemment que les chercheurs en parcours de vie ont commencé à intégrer les concepts de la sociologie des réseaux sociaux dans l'étude de la dynamique des parcours de vie (Cornwell et Silverstein, 2015). L'objectif de cette session est de réunir les perspectives théoriques et méthodologiques de la sociologie des réseaux sociaux et de la sociologie des parcours de vie afin de progresser dans la compréhension de la manière dont les changements biographiques se traduisent et contribuent à l'évolution des réseaux sociaux de la personne, et inversement. Les communications peuvent porter sur des questions telles que (et pas seulement): Comment les réseaux sociaux sont façonnés par les transitions biographiques (fin des études, mariage, parentalité, retraite, etc.) ? Comment les événements du parcours de vie jouent sur la manière de relationner ? Comment la perception des tournants est médiée par l’entourage relationnel (conjugalité, famille, réseau amical, communautés…) ? Et enfin, comment les relations sociales contribuent-elles à impulser des changements dans les parcours de vie ? Quel est le rôle des “Alters” ou des “Autruis significatifs” dans les bifurcations biographiques ? Pour ce thème, les propositions de communication sont à déposer sur la pape dédiée à cette session croisée.
  Les propositions de communication (1 page, environ 3.500 caractères, bibliographie) sont attendues pour le 15 février 2021 au plus tard. Elles seront examinées par les membres du bureau qui vous reviendront vers vous avant fin mars. Les propositions de communication, indiqueront la problématique, la méthodologie et les données mobilisées, voire les principaux résultats, qui seront présentés lors du congrès. Elles comporteront : - Nom et prénom du/des auteur·es - Adresse(s) électronique(s) - Fonction(s) - Institution(s) de rattachement - La session croisée dans laquelle s’inscrit la proposition - Les mots clés (5 max.) Les propositions de communication sont à déposer avant le 15 février 2021 sur le site de l’AFS (voir en bas de cette page) et doivent être envoyées à rt22parcoursafs2021@gmail.com en précisant bien la session dans laquelle s’insère la communication. Pour toutes questions vous pouvez également vous adresser directement aux responsables du réseau RT22 Pierrine Robin (pierrine.robin@u-pec.fr), Catherine Négroni (catherine.negroni@gmail.com) et Hugo Bréant (breanthugo@gmail.com). Pour les sessions conjointes les communications pourront aussi être aussi jointes aux autres réseaux Pour la session jointe RT22/RT26 Renáta Hosnedlová (renata.hosnedlova@gmail.com) et Grégori Akermann (gregori.akermann@inrae.fr) pour le RT26. *Lien vers le RT22 https://rtparcours.hypotheses.org/author/rtparcours
 












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