RT15

AAC RT15 Lille 2021

Les recherches menées sur les jeunes et la jeunesse comme période de la vie marquée par la reproduction sociale, mais aussi par le processus d’autonomisation vis-à-vis des déterminismes familiaux, posent la question du changement, de la permanence et de la continuité et s’intéressent aux logiques sociales qui semblent parfois immuables. Génération à travers laquelle une société semble se renouveler, séquence de vie collective au cours de laquelle un groupe social se reproduit autant qu’il se recompose, âge de la vie où se dessinent des positions sociales à l’échelle des biographies : quel que soit le point de vue adopté, la thématique du « changement » semble constitutive de celle de la jeunesse. Les sociologues oscillent ainsi entre la volonté de saisir les transformations sociales dont la jeunesse est porteuse (la jeunesse comme reconfiguration, recomposition) et le souci de déceler les manifestations contemporaines de mécanismes déjà connus et documentés : la domination, la reproduction ou les inégalités sociales (la jeunesse comme éternel recommencement).

Des changements au sein de la jeunesse ?

Si dans la forme des changements existent, bouleversent-ils pour autant les constats sociologiques antérieurs ? Lorsque par exemple on s’intéresse aux « nouvelles » modalités d’accès à l’université (cf. Parcoursup) on constate d’une part qu’elles changent les règles d’accès à l’université en opérant une sélection fondée sur les seules contraintes des universités au détriment des souhaits d’orientation des jeunes, et d’autre part maintiennent une logique de sélection qui ne date pas de Parcoursup, ni même d’APB, mais bien des fondations historiques d’une université mettant à l’écart les jeunes des classes populaires, et ceux qui n’ont pas bénéficié du capital culturel suffisant pour anticiper les règles de sélection. Si l’on se penche cette fois sur les dimensions intimes de l’expérience des jeunes : les recherches menées dans ce domaine montrent bien ce que les dernières décennies ont pu révéler de changements (un accès plus libre à une information immédiate sur la sexualité, une transformation des prises de parole sur la sexualité via les réseaux sociaux, etc.), mais aussi de permanences (un âge au premier rapport sexuel demeuré stable, les difficultés de communication autour de la sexualité dans les familles, des violences sexuelles et de genre toujours aussi présentes, etc.). Quand on s’attache à étudier l’emploi et le rapport au travail, la pluralité des observations, analyses et discours interpelle : tandis que certains défendent l’idée que la jeunesse aurait changé dans son rapport au travail et à l’emploi, qu’elle serait moins individualiste, moins attachée au travail et à l’entreprise, d’autres viennent montrer le contraire. Pour autant, la permanence des inégalités dans l’accès à un emploi pérenne se traduit par une entrée dans la vie adulte marquée par la précarité et/ou le déclassement pour la part des jeunes la moins diplômée.

La jeunesse actrice ou productrice de changements ?

Les récents mouvements de jeunes posent la question de la propension des jeunes à « changer la donne », à imposer de nouvelles grilles de lecture de la société ou encore à se les approprier. Qu’il s’agisse des mobilisations autour de la crise climatique, de celles autour des réformes de l’université ou contre des dispositifs tels que le CPE ou encore de pratiques et des comportements sur les manières de faire famille, de construire son couple décohabiter/cohabiter mais aussi de travailler, on peut s’interroger sur la capacité de la jeunesse à être actrice ou productrice de changement.

Des actions destinées à changer les jeunes ?

L’encadrement des pratiques juvéniles est une constance, tant ils et elles ont été l’objet de volontés de canalisation de leurs expressions politiques, de leurs « déviances », de leurs choix. On pense ici à la répression des déviances adolescentes, à la militarisation de l’encadrement de la jeunesse (illustrée récemment par le Service national universel), ou encore à l’injonction à l’autonomie dans les dispositifs d’aide sociale à destination des jeunes précaires et à leur exclusion des dispositifs à leur majorité ou à leurs 25 ans. Les communications proposées dans le cadre du congrès pourront enfin prendre pour objet le changement dans les modalités d’appréhension sociologique de la jeunesse. Que nous apprennent de la jeunesse les recherches intersectionnelles ? Quel est l’apport des enquêtes quantitatives sur la jeunesse et l’émergence d’éventuelles nouvelles pratiques, comportements, représentations ? Comment saisir les effets des transformations historiques sur la jeunesse ? Et dans cette année 2020 si particulière, qu’en est-il des effets de la crise sanitaire : assiste-t-on à des modifications sociales structurelles entre un avant et un après Covid ou la crise n’a-t-elle fait qu’exacerber des inégalités sociales scolaires, d’insertion, professionnelle pré-existantes et accentuées depuis 2008 ? Parce que la question des « changements », de la « nouveauté » et de la « constance » interroge la sociologie de la jeunesse et afin de sonder les spécificités des changements jeunesse, nous avons choisi de construire notre appel à communication en dialogue avec d’autres réseaux thématiques (plusieurs sessions sont co-animées avec d’autres RT), là où il nous semble que la question se pose avec le plus d’acuité et d’originalité, à travers les questions des classes sociales, de la famille, des institutions, du numérique mais aussi du travail. Voici la liste des sessions communes avec les autres RT. Pour plus de détail, voir les AAC spécifiques à ces sessions :

Session 1 : travail, insertion professionnelle, précarité, classes sociales

Session commune avec les RT 5 (classes sociales, inégalités, fragmentation) et le RT 25 (travail, formation, emploi)

Session 2 : jeunesse en institution, changements attendus pour les jeunes par les institutions, quelles attentes de changements, quels objectifs ?

Session commune avec le RT 40 (sociologie des institutions)

Session 3 : Les usages numériques des jeunes leur sont-ils spécifiques ?

Session commune avec le RT 11 (sociologie de la consommation et du numérique

Session 4 : entrée dans la parentalité, nouvelles formes de parentalité, décohabitation de la famille d’origine…  

Session commune avec le RT 33 (famille, vie privée, vie publique)

Sessions non-thématiques : Des changements au sein de la jeunesse ? La jeunesse actrice et/ou productrice de changements ?

Pour ces sessions, nous accueillons des communications en lien avec l'appel général, mais qui ne s'inscriraient pas directement dans les appels entre RT. Si votre communication répond aux questionnements de l'AAC général (voir infra), sans s'inscrire dans l'une des sessions croisées, n'hésitez pas à nous l'envoyer en précisant qu'il s'agit là d'une communication pour les sessions non-thématiques.
Les propositions de communication sont à déposer avant le 30 janvier 2021 sur le site de l’AFS (voir en bas de cette page)
 












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