RT12

AAC RT12 Lille 2021

La question du changement dans les phénomènes économiques constitue une problématique très riche, qui peut engager l’analyse sociologique dans des directions diverses. Pour les sessions du congrès 2021, le réseau propose aux contributeurs de réfléchir à cette question à partir des thématiques suivantes, même si le RT accueillera également des communications hors contexte et notamment celles de recherches fondamentales en sociologie économique.

Quels changements du capitalisme face aux crises économique, sanitaire et écologique ?

Les effets cumulés des crises économiques, climatiques et sanitaires actuelles mettent en tension le relations marchandes et l’ensemble de la société. La variété des phénomènes à l’œuvre pose question : la financiarisation, l’essor des capitalisations boursières et les revenus associés, les restructurations industrielles permanentes, la globalisation et la relocalisation des chaînes de valeurs en constituent certaines entrées. Les interrogations autour de la numérisation, la digitalisation ou encore l’émergence de nouveaux acteurs économiques tels que les Gafa retiendront particulièrement notre attention. Comment comprendre l’accélération des plateformes numériques et de la digitalisation ? Quels sont les acteurs qui œuvrent à ces transformations ? On peut également interroger les changements des bases théoriques des politiques économiques, ébranlées par des situations inédites. Dans quelle mesure ces évolutions témoignent-elles de profondes ruptures dans la façon de gérer politiquement l’économie ? On pense par exemple aux taux directeurs négatifs mis en place par les principales Banques centrales mais aussi à l’injection massive de liquidités pris sur les budgets publics déjà déficitaires de la part des gouvernements pourtant parmi les plus orthodoxes de la planète en matière budgétaire. Que cela traduit-il en matière de transformations économiques et politiques ? Les interventions « quoi qu’il en coûte » des États face à la pandémie ne sont pas sans rappeler les institutions « too big to fail » lors de la précédente crise. Tandis que les politiques d’austérité budgétaires se prolongent et que l’endettement des ménages, des entreprises et des États poursuit sa marche ascendante, il importe de questionner les effets sociaux mais aussi économiques de telles politiques.

Exploiter économiquement les incertitudes

La crise sanitaire actuelle invite à penser « l’après ». Elle ébranle l’économie, affecte le monde du travail, interrompt des secteurs d’activité entiers, bouleversant ainsi les temporalités ordinaires de l’économie. Comment les acteurs économiques se projettent-ils dans ce monde incertain où les effets économiques de la crise restent difficiles à anticiper à court, à moyen et à long termes ? La crise actuelle suggère de prendre au sérieux les anticipations, objet longtemps laissé à la science économique. En étudiant les conditions de production des anticipations, les manipulations et les contestations dont elles peuvent être l’objet, les rapports de pouvoir qui les traversent, ainsi que leurs effets socio-économiques (de spéculation notamment), les travaux récents de sociologie sur le sujet nous informent de certaines dynamiques capitalistes. Ils montrent comment des acteurs économiques, de l’économie numérique et de la santé par exemple, légitiment des technologies contestées et ouvrent de nouveaux marchés en construisant des promesses, en élaborant des scénarios et en donnant à voir un futur meilleur que leurs technologies et leurs services permettraient de promouvoir. Quelles formes et quelles temporalités les anticipations économiques prennent-elles en temps de crise ? Quels acteurs revendiquent la maîtrise de l’incertitude économique et comment ? Comment des promesses sont-elles construites et à quelles fins économiques ? À quelles contestations ces promesses se heurtent-elles ?

Les mutations des organisations économiques 

Historiquement les crises sont souvent perçues comme un important facteur pour expliquer des changements de comportement des acteurs. Comment des périodes par exemple de crise économique ou sanitaire font-elles évoluer les acteurs du champ économique ? Quelles mutations ces contextes entraînent-ils pour les agents économiques eux-mêmes (vendeurs, acheteurs), mais aussi pour les institutions productrices de régulation marchande (États, agences publiques, organismes de normalisation…) ? Comment s’articulent des changements internes aux organisations (entre groupes professionnels, entre niveaux hiérarchiques, entre départements) et ceux entre firmes, entre firmes et clients ou entre firmes et régulateurs ? Ces questions concernent donc une vaste frange d’acteurs, qu’on peut aborder sous l’angle des consommateurs, des classes sociales, des professions, des organisations économiques de l’organisation du travail, des intermédiaires de marché et du numérique notamment. La sociologie économique dispose d’outils et de cadres conceptuels permettant de penser ces changements, en particulier la variété des changements entre dérégulations et nouvelles régulations.

Savoirs et dispositifs économiques en évolution

La rencontre de l’offre et de la demande est régulièrement équipée par des dispositifs d’appariement – peut-être davantage que jamais avec la généralisation des algorithmes dans la vie quotidienne. La mise en marché des biens et services suppose ainsi de les qualifier, de les regrouper selon des classes d’équivalence et souvent de les hiérarchiser : c’est tout l’enjeu des labels, certifications, normes, classements, intermédiaires marchands, etc. Tous ces dispositifs proposent des modalités d’évaluation et, le cas échéant, de valorisation de ces biens et de ces services. Les catégories économiques sont, de ce point de vue, également des catégories cognitives, souvent issues de la science économique elle-même. De nombreux travaux ont mis en évidence combien les notions de science économique sont autant prescriptives que descriptives. Celles-ci, souvent, servent à fixer les objectifs de certaines politiques publiques (en fixant horizon en termes de PIB, de ratio dette/PIB, ou de taux de chômage), puis à en évaluer quantitativement les résultats. Une notion comme celle de nudge, issue de l’économie comportementale, prétend même orienter les comportements individuels – et pas exclusivement dans la sphère économique. L’interrogation de ces dispositifs et de ces savoirs peut se conduire selon plusieurs lignes. Alors que les impératifs économiques sont contestés avec les crises écologique et sanitaire, les dispositifs d’appariement se transforment-ils ? La place de la science économique comme science de gouvernement est-elle remise en cause ? S’accompagne-t-elle de l’avènement de nouveaux savoirs, concurrents de ceux de l’économie dite orthodoxe, prétendant rendre compte des phénomènes économiques ? Jusqu’à quel point les dispositifs et les savoirs s’articulent-ils ? Quels sont les ressorts de l’influence des uns sur les autres ?
Les propositions de communication sont à déposer avant le 21 janvier 2021 sur le site de l’AFS (voir en bas de cette page) Elles devront comporter, en moins de 5000 signes, un titre, une présentation du sujet avec la question traitée, la méthodologie de la recherche, le cas échéant terrain étudié, les résultats mis en avant ainsi qu'une bibliographie sommaire. Elles indiqueront le.s axe.s ou la session croisée dans lesquelles elles s’inscrivent. Les auteur·es des propositions retenues devront envoyer leur papier (30 000 à 50 000 signes tout inclus) avant le 1e juin 2021. Sessions croisées Deux sessions croisées seront également organisées, l'une avec le RT29 « Sociologie des techniques », l'autre avec le RT30 « Sociologie de la gestion ».













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