Actualité de la sociologie clinique

Actualité de la sociologie clinique

Appel à articles pour la revue SociologieS

Actualités de la recherche en sociologie clinique

Dossier coordonné par John Cultiaux, Marie-Anne Dujarier et Édouard Robin

 

Depuis les années 1980, la sociologie clinique occupe une place croissante au sein de la discipline. Son développement en Amérique du Sud, Canada, Espagne, Turquie, Algérie, ou encore en Russie, est allé de pair avec son inscription dans les universités et associations sociologiques nationales comme internationales (AISLF, ISA). En 45 ans, de nombreuses recherches se réclamant de la sociologie clinique ont été publiées. Différents ouvrages collectifs (Gaulejac et Roy 1993 ; Aubert 2004 ; Gaulejac, Hanique et Roche 2007 ; Gaulejac, Giust-Desprairies et Massa 2013 ; Cultiaux et Fugier, 2017 ; Fortier et al. 2018 ; Arnaud G., Fugier P., Vidaillet B., 2018) et un récent Dictionnaire de sociologie clinique font état de leurs apports théoriques et méthodologiques au champ des sciences sociales (Vandevelde-Rougale et Fugier, 2019).

Ce courant sociologique se distingue par sa théorie de l’action et du sujet, son épistémologie, sa méthodologie comme par son ouverture disciplinaire. Échappant à l’opposition éculée entre structuralistes et tenants d’une théorie du sujet supposément libre, entre holisme et individualisme méthodologique, la sociologie clinique montre que le sujet, situé dans des rapports sociaux actuels, est aussi le produit d’une histoire sociale et familiale. Si son action est donc socialement conditionnée, c’est de manière plurielle et hétérogène et même régulièrement conflictuelle : la multidétermination sociopsychique crée alors une indétermination de l’action, dont le sujet cherche à répondre par une action orientée par la construction de sens. Elle produit et reproduit en retour les structures sociales. Dans ce processus sociopsychique récursif, l’individu n’est pas considéré comme un agent surdéterminé, ni comme un acteur libre et calculateur. Il est un sujet, entendu dans les deux sens de ce terme : à la fois assujetti par les déterminismes sociaux et psychiques entremêlés, mais aussi capable de faire quelque chose de ce qu’on a fait de lui, pour tenter de produire, en société, un sens à son histoire. Cette théorie s’ancre donc résolument dans la tradition sociologique, qu’elle articule avec des apports de la psychanalyse (hypothèse de l’inconscient, importance du corps et des pulsions, des mécanismes de défense, du transfert et contre-transfert…). Elle dialogue aussi avec d’autres disciplines, telles que l’anthropologie, l’histoire et la linguistique notamment.

Postulant que les sujets ont une expérience des faits sociaux dont ils sont les produits et les producteurs, le chercheur clinicien favorise la co-interprétation avec eux. De ce point de vue, l’épistémologie clinique est intervenante et proche de la recherche-action. En outre, les sociologues cliniciens se distinguent par leur souci d’explorer sociologiquement leur rapport subjectif à leurs objets et problématiques de recherche. Il s’agit non seulement de réduire les biais subjectifs mais, au-delà, d’utiliser cette connaissance réflexive, pour la recherche. Les méthodologies et outils de recherche-intervention cliniques qui ont été inventés et éprouvés depuis un demi-siècle, favorisent donc la co-interprétation (entretiens cliniques individuels et collectifs, entretiens répétés avec retour, histoires de vie, groupes d’implication et de recherche, analyse des pratiques, observation dialoguante, organidrame…), la réflexivité sociologique ainsi que la transformation sociale par la compréhension des processus sociopsychiques à l’œuvre. De ce point de vue, cette approche est une sociologie critique des processus de domination, tournée vers l’émancipation. Elle contribue également à une sociologie de la critique.

La sociologie clinique ne se définit donc pas par un objet de recherche. Les sociologues cliniciens ont d’ailleurs contribué à la compréhension d’objets aussi différents que le travail (dont le travail social), les organisations, la gestion, les relations interculturelles, les trajectoires sociales, les institutions et pratiques politiques, la famille, la sexualité, l’exclusion, les addictions, etc., contribuant à une connaissance fine des processus sociophychiques contemporains dans diverses classes et champs sociaux.

Un dossier sur les recherches en sociologies cliniques actuelles

Les articles attendus offriront de lire des résultats originaux de recherches et recherches-interventions internationales en sociologie clinique. Ils souligneront les apports, évolutions et enjeux de ce courant et permettront de penser sociologiquement sa place et son rôle dans la société contemporaine comme dans la sociologie. Elles permettront notamment de mettre en exergue, à partir de cas, 1/ ce que la sociologie clinique apporte de spécifique et d’original à la compréhension du social et à sa transformation ; 2/ les théories et méthodologies mobilisées, ainsi que leurs développements contemporains ; 3/ ce que cette sociologie apporte au champ.

Dans un premier temps, les contributeurs envoient un résumé de leur article (3000 signes) et une indication de leur pays et institution de rattachement, aux coordinateurs de la revue avant le 15/09/2020. Ils retiendront les propositions qui entrent bien dans le cadre de ce dossier et offrent une diversité d’origines géographiques.

Les articles seront alors à remettre avant le 27/02/2021. Ils doivent être originaux, ne pas avoir été soumis ailleurs et ne pas avoir été publiés dans une autre langue. Les textes seront évalués de façon anonyme par deux lecteurs. Ils n’excéderont pas les 35 000 signes (incluant tableaux, graphiques et bibliographie) et devront être accompagnés d’un résumé d’une dizaine de lignes, en anglais et en français, ainsi que de cinq mots-clés, en anglais et français également.

 

Les résumés et articles doivent être envoyés à l’adresse suivante :

actusocioclinique@tutanota.com

Responsables du numéro

Marie-Anne Dujarier, Professeure de sociologie clinique à l’Université de Paris et membre du Laboratoire de Changement Social et Politique (LCSP)

Édouard Robin, doctorant en sociologie clinique au Laboratoire de Changement Social et Politique (LCSP), Université de Paris

John Cultiaux, chercheur au Centre de recherches interdisciplinaires « Démocratie, institutions et subjectivité » (CRIDIS) de l’Université catholique de Louvain. Chargé de cours à l’Université de Namur et à l’Université Catholique de Louvain.

 

 

Références :

Arnaud G., Fugier P., Vidaillet B., 2018, Psychanalyse des organisations, Toulouse, Erès.

Aubert N. (dir), 2004, L’individu hypermoderne, Toulouse, Erès.

Cultiaux, J., Fugier, P. (dir), 2017, Face à la domination : dévoiler, résister, émanciper, Paris, L’Harmattan.

Fortier I., Hamisultane S., Ruelland I., Rhéaume J., Beghdadi S. (dir), 2018, Clinique en sciences sociales. Sens et pratiques alternatives, Québec, Presses de l’Université de Québec.

Gaulejac V. (de), Roy S., 1993 (dir), Sociologies cliniques, Paris, Hommes et perspectives.

Gaulejac V. (de), Hanique F. et Roche P. (dir), 2007, La sociologie clinique. Enjeux théoriques et méthodologiques, Toulouse, Erès.

Gaulejac V. (de), Giust-Desprairies F. et Massa A. (dir), 2013, La recherche clinique en sciences sociales, Toulouse, Erès.

Gaulejac V. de, 2019, « Histoire et enjeux contemporains de la sociologie clinique », dans Dictionnaire de sociologie clinique, Toulouse, ERES (Sociologie clinique), p. 15‑30.

Vandevelde-Rougale A. et Fugier P. (dir), 2019, Dictionnaire de sociologie clinique, Toulouse, Erès.

 













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