Fondé en 2003, dès la création de l’Association Française de Sociologie, le Réseau thématique 17 s’intéresse à la dimension somatique des agents sociaux et à la façon dont elle est administrée par le monde social, et plus spécifiquement, par les institutions. Le réseau vise ainsi à réfléchir aux renouvellements contemporains qui ont affecté la régulation publique des usages du corps humain et l’administration des populations dans leur rapport à leur santé et à leur devenir physique. Au Congrès 2006 de l’AFS, le Réseau a examiné les transformations politiques à l’œuvre dans le rapport au mourir, des soins palliatifs à l’euthanasie, et des nouveaux rituels funéraires à la législation sur les cendres des défunts. Un premier bilan de ce travail, intitulé « L’État et la mort », a été publié dans le numéro de la revue Sociétés Contemporaines (octobre 2009-75).
Puis, du rapport au cadavre et plus généralement à la matérialité corporelle en fin de vie, le RT 17 a déplacé son intérêt vers les objets suscitant le dégoût. Après une première Journée d’études en janvier 2008 à la MSH à Paris, intitulé « Humeurs et dégoût : du dispositif à l’institution », où il s’agissait d’analyser les dispositifs institutionnels et politiques chargés d’encadrer les humeurs ou excrétions du corps jugées dégoûtantes, la réflexion a porté sur la régulation institutionnelle du dégoût. Les sessions du Réseau, lors du Congrès 2009, portaient sur le « dégoût d’institution », soit le rôle joué par les institutions lorsqu’elles ont à administrer des corps, des populations et des individus suscitant socialement dégoût, répulsion ou réprobation.
Un premier bilan de ce travail, intitulé « Anatomie du dégoût », a été publié dans le numéro de la revue Ethnologie Française (2011-1). Partant de cette publication, le RT 17 a élargi sa réflexion lors du Congrès 2011 à une analyse portant sur « les métamorphoses du biologique » visant à saisir les transformations du rapport du monde social et des institutions à l’organicité et au biologique. Le Congrès 2013 a orienté la réflexion sur l’évolution et la variation sociologique des sensibilités face aux affects négatifs dans les univers professionnels. Un ouvrage collectif a été publié en 2016 aux Presses Universitaires de Rennes sous le titre Le social à l’épreuve du dégoût, avec une préface de Georges Vigarello.
L’appel à communications pour le Congrès 2015 a interrogé la tension entre constructivisme et naturalisme au cœur des pratiques sociales et l’inventivité des agents à réintroduire de la « nature » dans les dispositifs les plus artificiels. Le RT n’a pas été actif pour le Congrès de 2017. Pour le Congrès de 2019, il s’agira d’interroger les effets somatiques du déclassement social, de la mise à l’écart, la ségrégation, la relégation, ou l’atténuation de la mixité sociale. Conformément à la vocation du RT 17, nous voudrions penser cette réalité par « corps ».