Cette communication s’interroge sur la mise en mots des reconfigurations amoureuses après une rupture conjugale. Et au delà de cela comment cette mise en mot construit quelle forme de parcours ou de carrière de cette reconfiguration amoureuse.

terrain : Une enquête qualitative à partir d’entretiens de type récits longs constituera notre matériel. Nous comparerons deux échantillons l’un de 2014-15 de 15 hommes et femmes en situation de post rupture et un autre échantillon de 8 à 10 hommes et femmes ayant connu des situations de ruptures conjugales.

Dans cette communication, le couple sera étudié du point de vue de son parcours, c’est-à-dire de son processus de formation conjugale. Dès lors qu’un des deux membres du couple est incarcéré, ce processus conjugal est déstabilisé. La prison devient donc une épreuve pour le couple et la question à se poser est la suivante : comment faire une étude longitudinale du parcours de couple à l’épreuve de l’incarcération ? La réponse doit être dans l’étude de la temporalité. Pour y parvenir, des entretiens avec des détenu.e.s, des partenaires de détenu.e.s et d’ex-détenu.e.s sont en cours. Par ces entretiens, on aura des bouts de parcours et il faudra reconstruire le parcours de couple par cette mosaïque. Cette difficulté sera dépassée en mobilisant les données pertinentes au processus de couple.

A travers l'exemple des métiers de la coproduction cinématographique européenne, nous souhaitons interroger la façon dont les parcours professionnels amènent à une installation durable dans un pays. De même, cette installation s'accompagne d'une agentivité très forte, menant l'individu à assumer sa vulnérabilité et en faire une force.

Nous proposons dans cette communication de nous intéresser aux raisons qu’invoquent les adolescents et jeunes adultes ayant décroché du cadre scolaire à rejoindre une structure de retour à l’école, pour y préparer le baccalauréat. Après avoir séquencé les périodes de décrochage, d'entre-deux scolaire puis de retour à l'école, nous interrogerons plus spécifiquement l'enjeu de diplômation comme rituel d'une classe d'âge pour l'accès à l'âge adulte. Microlycée – Structure de Retour à l’école – Raccrochage – Décrochage – Entre-deux scolaire  

mots clés : engagement syndical, bifurcation, éthos professionnel, entreprise hypermoderne

L’étude socio-historique du discours produit par les SVT nous permet de retracer l’évolution de la matérialité du corps dans ce discours afin d'établir quels rapports de pouvoir l’ont historiquement constitué puis de définir dans quelle mesure ces rapports de pouvoir - en s’intégrant dans des systèmes institutionnalisés de contrôle des subjectivités adolescentes - ont participé à constituer une certaine corporéité, un certain « Nous humains ». Faisant valoir une autorité scientifique, les SVT se sont saisies et ont enseigné aux adolescent·e·s un ensemble d’objets scientifique - constitués à l’intersection de différents rapports sociaux (genre, race, classe, handicap, sexualité) - tels que le corps humain, l’organisme, le sexe, la reproduction ou l’espèce. En élevant ces objets comme autant de catégories d’objectivation, les SVT ont ainsi non seulement qualifié un sujet de leur discours mais elles ont encorporé ce sujet puis l’ont imposé comme condition nécessaire de l’être humain. Cependant, la singularité des trajectoires individuelles, la multiplicité des corps et des expériences de la domination vécues par les adolescent·es empêchent toute réification de leurs identités dans cette définition de l’humain. Iels débordent toujours déjà les cadres normatifs établis par les SVT qui les désignent alors comme « eux », les non-humains. Face à cette assignation déshumanisante, il est possible de voir dans leurs résistances à l’altérisation autant de sites de contestation des normes et de réinvention des frontières corporelles.

parcours de vie, sociologie clinique, jeunes en confit avec la loi, dispositif, diagnostic A l'articulation d'une sociologie des parcours de vie (Bessin, 2010), d'une sociologie clinique (De Gaulejac, 2007) et d'une sociologie de la santé mentale (Demailly, 2008), cette recherche ethnographique porte  sur l'analyse d'un dispositif visant l'accompagnement des transitions d'adolescents en rupture avec les institutions. La communication issue de cette recherche vise à comprendre comment les apports croisés de la sociologie des parcours de vie et la sociologie clinique des histoires de vie permettent de saisir comment les professionnels de ce dispositif  répondent aux "épreuves d'éthicité" (Ravon et Vidal-Naquet, 2016) dans l'articulation entre le social et le clinique dans l'accompagnement des processus de subjectivation des jeunes en conflit avec la loi. Comment leur propre parcours peut servir d'analyseur aux évolutions proposées dans les pratiques de diagnostic et d'accompagnement?

À partir de l’analyse des trajectoires de mobilité résidentielle des exilé·es de 16 à 35 ans lesbiennes, gays et bisexuel·les ayant fui leur pays d’origine suite à des persécutions LGBphobes, je vais montrer comment des hébergements « solidaires » chez des compatriotes hétérosexuel·les vivant en Île-de-France se mettent en place et produisent des coûts genrés. Dans un deuxième temps, je vais explorer les stratégies mobilisées par les hébergeur·ses et les hébergé·es pour taire ou ignorer l’orientation sexuelle des hébergé·es afin d’en éviter l’expulsion du foyer du/de la compatriote. Enfin, je vais mobiliser le rôle de la précarité des hébergeur·ses – et non pas leur homophobie supposée – pour expliquer leurs attitudes envers les hébergé·es LGB. Mots-clés : vulnérabilité résidentielle, compatriotes, LGB, précarité, exil

Cette présentation est une étude sur les trajectoires de vie et les changements de soi d'une seule personne, suivant les processus de transformation qui ont eu lieu dans les favelas de Rio de Janeiro au cours des deux dernières décennies et se concentrant sur la relation entre les évangéliques et les trafiquants de drogue. Sur la base d'une ethnographie de près de deux ans à Cidade de Deusfavela, la trajectoire d'une seule personne, un ancien trafiquant de drogue et un accro au crack qui est passé de l'église au trafic tout au long du travail de terrain, est présentée dans ce que l'on peut appeler la sociologie des troubles intimes ou la sociologie de l'enquête sur soi, c'est-à-dire une méthodologie qui vise à saisir les acteurs à travers leurs problèmes.

La communication s’appuie sur une recherche de sociologie compréhensive qui s’intéresse au sens des « objets d’ailleurs » dans le chez-soi et vise à appréhender les existences et les identités des habitants au prisme de l’« ici et maintenant » et du « là-bas ». Une vingtaine d'entretiens ont été menés avec des personnes qui ont vécu des types de déplacements différents: migration internationale, expatriation, voyage. Elle vise à montrer comment « l’ailleurs » - géographique, temporel, relationnel – interroge la notion de circulation, d’une certaine manière, au domicile. Cette notion de circulation est appréhendée par l'idée de micros transports ("ça me transporte") et propose une approche du fil de l'existence.

Mots-clés : Mémoire, itinéraire biographique, visites scolaires, réception, lieux de mémoire

Les pouvoirs publics sont depuis longtemps convaincus que l’action publique mémorielle constitue un moyen pour intervenir sur la société (Gensburger, Lefrance, 2017). Le recours à l’enseignement de la Shoah est notamment perçu comme l’une des solutions à privilégier pour dénoncer l’antisémitisme ou le prévenir, lutter contre l’intolérance, et protéger les sociétés démocratiques pacifiées (Drahi, 2017). A ce titre, la visite scolaire du camp d’Auschwitz-Birkenau, s’est au fil des ans imposée avec un succès sans égal. Néanmoins, le constat s’impose qu’il existe en définitive peu de travaux qui étudient directement les effets que produisent les visites d’Auschwitz-Birkenau sur les élèves français et encore moins sur ce qu’il reste des années plus tard. Les quelques études effectuées (Grandjean, 2014, Fijalkow, 2013, 2020) se concentrent sur les effets immédiats de la visite et délaissent la question des effets différés. C’est d’autant plus surprenant que les promoteurs de ces visites espèrent ou croient qu’elles peuvent constituer une expérience marquante, qui laisse une emprunte durable. L’objet de l’enquête effectuée porte sur l’expérience, les traces, les souvenirs et les conditions sociales qui favorisent l’appropriation et l’ancrage individuel et collectif (Lavabre, Haegel, 2010).

La communication proposée sera plus précisément consacrée à ce dernier point. Maurice Halbwachs (1925) affirmait que la mémoire n’est jamais figée, qu’elle évolue en fonction de ce que nous sommes, de nos trajectoires, de notre histoire biographique. Elle se vit à la hauteur de ce qu’on a vécu et de ce qu’on est. Et il existe de ce fait des conditions sociales à l’émergence, l’évocation et la formulation des souvenirs. L’enquête menée auprès d’élèves français ayant été visiteurs sur l’année scolaire 2012-2013, qui repose sur un corpus d’une soixantaine d’entretiens, a relevé que dans « l’espace[1] des visites », l’élève s’inscrit dans des dispositions qui peuvent actualiser le souvenir, assurer sa permanence ou non. Nos résultats dévoilent que l’itinéraire biographique semble avoir une incidence particulière sur la sélection des souvenirs, le mode de récit, voire la présentation de la visite d’Auschwitz. L’histoire familiale, le rapport au religieux, aux idées politiques et à l’engagement militant sont autant d’aspects qui jalonnent les histoires de vie et peuvent interférer dans la construction du souvenir. Si certains enquêtés vont mettre en avant la dimension morale forte de la visite, par l’usage de l’expression « plus jamais ça », c’est notamment le cas de ceux qui ont reçu une éducation religieuse, d’autres qui se disent ouvertement engagés politiquement font rapidement un parallèle entre ce qui s’est passé à Auschwitz pendant la Seconde Guerre Mondiale et ce qui se déroule dans notre actualité comme les évènements liés au racisme, à l’antisémitisme. Cette focalisation sur ces aspects, nous fait dire que les enquêtés, dans leurs récits, sélectionnent, hiérarchisent les souvenirs qu’ils ont de la visite mais les réinterprètent aussi au regard de leurs trajectoires et expériences vécues postérieurement à la visite d’Auschwitz.

En définitive, les parcours de vie respectifs des enquêtés ont une influence conséquente sur la mémoire collective et les souvenirs personnels.

Bibliographie

Drahi, P. (2017). Enseigner la Shoah et les questions socialement vives : Risques et défis, paroles de professeurs de collège et de lycée. Paris : L’Harmattan Logiques sociales.

Fijalkow, Y., Jalaudin, C. (2013). « Visite de camp ou pas : en quoi les élèves sont-ils si différents ? », in Fijalkow, J., & Fijalkow, Y. (dir). Les élèves face à la Shoah : Lieux, histoire, voyage. Albi : Presses du Centre universitaire Jean-François Champollion, 281-288.

Fijalkow, Y. (2020). Les visites scolaires à Auschwitz-Birkenau ont-elles un effet ? Fondation Jean Jaurès.

Gensburger, S., Lefranc S. (2017). A quoi servent les politiques de mémoire ? Paris : Presses de Sciences Po.

Grandjean, G. (2014). Les jeunes et le génocide des Juifs. Analyse sociopolitique. Bruxelles : De Boeck.

Halbwachs, M. (1925). Les Cadres sociaux de la mémoire. Paris : Alcan.

Haegel, F., Lavabre, M-C. (2010). Destins ordinaires : identité singulière et mémoire partagée. Paris : Presses de Sciences Po.

[1] Nous reprenons ici, l’expression « espace » en référence à l’article de Pette et Eloire (2016), Pôles d’organisation et engagement dans l’espace de la cause des étrangers ? in Société Contemporaines (101), 5-35. Les auteurs reprennent la définition de Mathieu (2012) qui définit un espace comme un univers « doté de logiques, de mode de fonctionnement, d’enjeux et de références propres. ».  

Depuis 2011, des millions de Syrien-nes qui ont quitté le pays suite au soulèvement populaire sans précédent débuté en mars 2011 et sa répression violente par le régime syrien. Selon les statistiques internationales, plus de 6 millions de Syrien-nes ont demandé la protection internationale, dont près d’un million au Liban, et environ vingt mille en France. L’expérience d’exil se vit dans des contextes différents du pays d’origine, et en vient donc à modifier l’environnement dans lequel se produisent les rapports sociaux. Dans quelle mesure les rapports sociaux de genre sont-y affectés par l’exil ? Quels sont les mécanismes qui sous-tendent les changements, les résistances et les continuités de ces rapports ? Quel est le rôle des « variables d’origine » et des « variables d’aboutissement » dans ces processus ? S’appuyant sur un terrain de recherche doctorale par entretiens et observation au Liban et dans les Hauts-de-France, cette communication proposera des pistes de réflexion pour penser le genre à l’aune de l’exil.

Parcours genrés : Une analyse du rôle de la spécialité du diplôme dans le parcours de vie à partir de données de registres finlandais   Introduction La spécialité du plus haute diplôme est un aspect essentiel dans les trajectoires des jeunes. Il détermine à la fois le parcours professionnel et des choix concernant la formation de la famille plus tard dans la vie et peut donc contribuer à la reproduction des inégalités entre les genres. Il est par conséquent important de prendre en compte la spécialité d’études pour mieux comprendre les trajectoires suivies par les femmes. Les trajectoires étudiés dans cet article croisent les trajectoires scolaires et les trajectoires professionnels, voire les trajectoires familiales. Étant donné que le choix de la spécialité du diplôme et de la profession ne se fait pas de manière exogène, nous adoptons une perspective intergénérationnelle et évaluons la correspondance entre les trajectoires des individus et celles de leurs mères et pères. L'objectif est de décrire des trajectoires genrés et d'évaluer comment ils sont influencés par le contexte familial. Les analyses empiriques montrent que les trajectoires au début de l'âge adulte sont influencées par le revenu des parents (Sirniö et al., 2017) et la classe sociale (Sironi et al., 2015). Malgré les changements observés au fil du temps (liés à des changements dans les attitudes des genre), les trajectoires travail-famille suivies par les mères et leurs filles sont très similaires (Samper Mejia, 2021; Vidal et al., 2020). Cependant, ces recherches n'ont pas évalué le rôle de la spécialité des études. D'autres études se concentrent sur la spécialité d'études et constatent que le statut socio-économique influence le choix de la spécialité des enfants (Keijer, 2021). La spécialité d'études, à son tour, porte sur la fertilité des femmes (Begall & Mills, 2013; Van Bavel, 2010). Cependant, ces études n’ont pas examiné les parcours de vie suivis par les hommes et femmes plus généralement. Nous contribuons à la littérature en (1) incorporant la spécialité d'études dans notre évaluation des trajectoires travail-famille des hommes et des femmes, et (2) en adoptant une perspective longitudinale et intergénérationnelle pour étudier le lien entre la spécialité d'études et la formation de la famille.   Questions de recherche Nous étudions les différences genrés dans les parcours de vie qui prennent en compte la spécialité du plus haut diplôme, le niveau d'études, la profession et la formation familiale. Ensuite nous étudions comment les différentes parcours sont liées au contexte familial.

• Dans quelle mesure les transitions au début de l'âge adulte diffèrent-elles pour les hommes et les femmes ?
• Comment ces trajectoires sont-elles influencées par le spécialités d'études des parents ?

  Données et méthodologie Cet article analyse les données des registres finlandais qui traitent la période 1977-2019 et fournissent des liens intergénérationnels. Les données nous fournissent également des informations longitudinales sur le niveau scolaire et la spécialité du diplôme (selon la classification ISCED 2011), la situation professionnelle et la catégorie professionnelle de l’emploi (selon la classification ISCO 2008), ainsi que la situation familiale des individus. Nous utilisons des analyses de sequence et cluster pour identifier les trajectoires plus souvent suivis. Nous nous concentrons sur les cohortes de naissance 1986, 1987 et 1988 et les suivons entre 16 et 31 ans. Nous évaluons les résultats des parents en 2000 lorsque la génération d'enfants a 12, 13 ou 14 ans.   Résultats Nous commençons par une évaluation des différences dans la situation familiale atteinte des femmes à l'âge de 31 ans selon les spécialités d'études. Figure 1 indique qu'environ 50 % des femmes qui ont poursuivi des études dans les domaines de la santé et de l’éducation sont mariées ou cohabitent avec des enfants. Parmi les femmes qui ont étudié les arts et les sciences humaines et ICT, moins de 30% ont des enfants à 31 ans et une part considérable (environ 30%) vit seule. Ensuite, nous intégrons la génération des parents et évaluons les différences dans la probabilité de poursuivre les cinq spécialités d'études et professions les plus courants chez les filles, les fils, les mères et les pères. Les résultats dans figure 2 montrent qu’il n'y a pas de modèle uniforme de diminution des différences genrés entre les générations, mais que les différences entre les genres ont augmenté pour certains spécialités et professions (comme la santé et l'aide sociale, et les techniciens), diminué pour d'autres (commerce, administration et droit, et les services), ou sont restés constants (par exemple pour les travailleurs des services).   Bibliographie Begall, K., & Mills, M. C. (2013). The Influence of Educational Field, Occupation, and Occupational Sex Segregation on Fertility in the Netherlands. European Sociological Review, 29(4), 720‑742. https://doi.org/10.1093/esr/jcs051 Keijer, M. G. (2021). Effects of social economic status and parenting values on adolescents’ expected field of study. Humanities and Social Sciences Communications, 8(1), 303. https://doi.org/10.1057/s41599-021-00992-7 Samper Mejia, C. (2021). The Interplay Between the Early Work and Family Trajectories of Young Adult Women Born in West Germany : Differences by Parental Origins. Journal of International Migration and Integration. https://doi.org/10.1007/s12134-021-00882-6 Sirniö, O., Kauppinen, T. M., & Martikainen, P. (2017). Intergenerational determinants of joint labor market and family formation pathways in early adulthood. Advances in Life Course Research, 34, 10‑21. https://doi.org/10.1016/j.alcr.2017.09.001 Sironi, M., Barban, N., & Impicciatore, R. (2015). Parental social class and the transition to adulthood in Italy and the United States. Advances in Life Course Research, 26, 89‑104. Van Bavel, J. (2010). Choice of study discipline and the postponement of motherhood in Europe : The impact of expected earnings, gender composition, and family attitudes. Demography, 47(2), 439‑458. https://doi.org/10.1353/dem.0.0108 Vidal, S., Lersch, P. M., Jacob, M., & Hank, K. (2020). Interdependencies in Mothers’ and Daughters’ Work-Family Life Course Trajectories : Similar but Different? Demography, 57(4), 1483‑1511. https://doi.org/10.1007/s13524-020-00899-z

Cette communication analyse comment les individus intègrent plus ou moins les bouleversements écologiques (présents et à venir) décrits par la science pour construire leurs parcours de vie, en se projetant vers des futurs envisageables, souhaitables, désirables et/ou craints.

La définition du parcours que donnent Christian Lalive d'Epinay et Dario Spini (2007) fait référence au “système de normes dont découlent d’un côté des rôles d’âge, de l’autre des transitions associées à des âges typiques”, un système qui, selon ces auteurs, “organise le flux de la vie humaine dans ses continuités (étapes) et dans ses discontinuités (transitions)”. Mais alors, que se passe-t-il lorsque la transition qui marque le passage d'une étape à une autre n'est pas tant une discontinuité limitée dans le temps, mais devient une nouvelle étape qui se prolonge sans que rien ne laisse présager qu'elle donne lieu à quelque chose de nouveau ? C'est la question à laquelle cette communication vise à répondre en étudiant la situation actuelle des jeunes adultes en situation de vulnérabilité en Espagne. Les discours de ces jeunes sont pleins d'images qui montrent comment leurs parcours de vie ont été interrompus dans une longue transition dont il semble impossible de sortir pour accéder à la vie adulte : "Je me retrouve au milieu de nulle part", "Je suis comme en stand by, paralysé", "Je suis incapable de changer de niveau", etc. À partir de ces images, nous analyserons comment ces jeunes adultes vivent leurs parcours, rendre compte de leurs trajectoires et projets de vie. Pour ce faire, nous mobiliserons un matériau collecté dans le cadre d’une enquête de terrain menée par un programme de recherche récemment achevé. Il s’agit du programme VULSOCU (« Nouvelles formes de vulnérabilité socio-existentielle, supports et care en Espagne ») qui a bénéficié d’un financement par le Programme National de Recherche d’Espagne, équivalent à une ANR française (CSO2016-76719-R. AIE, FEDER). Notre communication s’appuie sur 19 entretiens semi-directifs, 3 groupes de discussion et 2 groupes de restitution recueillis dans les communautés autonomes d’Andalousie, de Madrid et du Pays basque entre 2018 et 2021. Le travail de terrain a été réalisé auprès de jeunes adultes âgés de 25 à 35 ans en situation de vulnérabilité, c'est-à-dire disposant d'un revenu proche du seuil de pauvreté mesuré en fonction de 60 % de la médiane et en tenant compte du revenu du ménage, de ses composantes et de son âge. Tant les groupes que les entretiens ont été conçus en tenant compte du sexe et de la classe sociale d'origine. Nous avons distingué les jeunes issus de la classe moyenne et ceux issus de la classe populaire.

  Mots clés : bifurcation, travail, développement durable, rythmes, parcours de vie

L’horticulture, la production de légumes, joue un rôle central en Argentine car elle fournit des aliments et des produits frais au marché intérieur. En ce sens, compte tenu de la forte concentration de population urbaine dans le pays, cette production est généralement située aux abords des principales villes du pays, des espaces appelés ceintures vertes. Le rôle des travailleurs, l’organisation familiale, les stratégies de vie développées par les travailleurs, l’empreinte migrante des travailleurs et l’insertion précoce ont été largement étudiés dans le pays dans différentes régions. Cet article devrait comprendre comment sont les parcours de vie de ceux qui sont traversés par les dynamiques productives de l’horticulture dans un contexte de pluralisation des espaces de vie, à partir du cas du général Pueyrredón dans la province de Buenos Aires. À partir de l’étude des différents âges sociaux (enfance, jeunesse, âge adulte et vieillesse), on cherchera à comprendre de manière intégrale, en recherchant les liens et les interdépendances entre les différents âges sociaux à travers des liens inter et intragénérationnels pour la période d’étude. Quels sont les moments de vie dans la production horticole ? Quels liens générationnels sont tissés dans ce processus ? Ainsi, il est prévu d’étudier comment les différentes étapes du parcours horticole sont vécues par chaque âge social, de manière relationnelle afin de comprendre comment le processus social horticole est un mode de vie. Le travail est basé sur une stratégie qualitative à travers des entretiens approfondis semi-structurés menés avec des jeunes et des adultes issus de familles de travailleurs horticoles du Parti du Général Pueyrredón au cours des années 2018-2021, dans le cadre de la recherche doctorale de cet auteur. Il se concentrera à travers l’analyse des histoires de vie dans le cadre d’une approche biographique, identifiant les interprétations des acteurs de leurs expériences de manière subjective et intersubjective.

Dans le cadre d’une enquête ethnographique menée pour La Fondation de France sur les « solitudes » (édition 2022)[1], 31 entretiens approfondis ont été menés auprès de personnes en situation d’isolement afin d’analyser le vécu et l’expérience de personnes en situation de fragilité relationnelle. Les enquêtes menées sur ce sujet pensent majoritairement la solitude au travers de catégories économiques (niveau de revenus), sociales (niveau de diplôme, position dans l’espace social, quantité et fréquence des liens dans différentes sphères comme le travail, la famille, les amis etc.), de genre ou en termes générationnel. Ce faisant, elles écartent du champ d’investigation la question des expériences et trajectoires et tendent à invisibiliser certaines d’entre elles (concernant les personnes migrantes, personnes placées sous-main de justice, personnes LGBTQ+). Au contraire, l’enquête ethnographique menée nous permet d’interroger les conséquences, pour ces personnes, d’un passage au sein d’une institution regroupant des individus aux parcours similaires. [1] Riffaut Hadrien, Dessajan Séverine, Saurier Delphine, Hoibian Sandra, Behuet Solen, 2023, Solitudes 2022 : Regards sur les fragilités relationnelles, Rapport pour la Fondation de France, Observatoire de la Philanthropie.

La naissance d'un enfant dans un foyer modifie de façon importante les conditions et styles de vie, les emplois du temps, mais aussi les relations avec l'entourage. Comment le jeune couple parental reconfigure-t-il son réseau relationnel? Comment se réajustent les rôles sexués, générationnels, familiaux, mais aussi les rapports avec les amis, les connaissances, les collègues? Comment interfèrent les conditions concrètes et les représentations symboliques des jeunes parents? Le manque de temps est clairement invoqué pour justifier les limitations de la sociabilité, mais cela ne rend pas compte de tout ce qu'implique cette transition biographique. Les priorités changent, les "focus" évoluent, mais aussi les places sociales et symboliques. A partir d'une enquête qualitative longitudinale, le Panel de Caen, nous explorons la façon dont les reconfigurations du réseau personnel accompagnent cette transition vers la vie parentale.

S'inscrivant dans une problématique sur les présences sociales, qui soulignent les enjeux temporels et sexués du care, et qui conçoit ainsi les parcours de vie comme des processus d’attentes de care et d’injonctions genrées au care, cette communication restituera une recherche exploratoire sur des agendas paysans remplis durant 60 ans par mes parents. Ce corpus,  où est déclinée quotidiennement la chronologie des activités, visites, événements, comptes ménagers et suivis de l'élevage, permet d'observer au fil des années l'évolution des réseaux sociaux, au regard des changements biographiques. Sera discutée l’hypothèse que le travail temporel biographique consiste, au fil des âges, à ajuster ses engagements, anticiper ses déprises, renouveler ses liens et modifier son entourage en fonction des attentes de care et injonctions au care.

mots clés : engagement syndical, bifurcation, éthos professionnel, entreprise hypermoderne

L’étude socio-historique du discours produit par les SVT nous permet de retracer l’évolution de la matérialité du corps dans ce discours afin d'établir quels rapports de pouvoir l’ont historiquement constitué puis de définir dans quelle mesure ces rapports de pouvoir - en s’intégrant dans des systèmes institutionnalisés de contrôle des subjectivités adolescentes - ont participé à constituer une certaine corporéité, un certain « Nous humains ». Faisant valoir une autorité scientifique, les SVT se sont saisies et ont enseigné aux adolescent·e·s un ensemble d’objets scientifique - constitués à l’intersection de différents rapports sociaux (genre, race, classe, handicap, sexualité) - tels que le corps humain, l’organisme, le sexe, la reproduction ou l’espèce. En élevant ces objets comme autant de catégories d’objectivation, les SVT ont ainsi non seulement qualifié un sujet de leur discours mais elles ont encorporé ce sujet puis l’ont imposé comme condition nécessaire de l’être humain. Cependant, la singularité des trajectoires individuelles, la multiplicité des corps et des expériences de la domination vécues par les adolescent·es empêchent toute réification de leurs identités dans cette définition de l’humain. Iels débordent toujours déjà les cadres normatifs établis par les SVT qui les désignent alors comme « eux », les non-humains. Face à cette assignation déshumanisante, il est possible de voir dans leurs résistances à l’altérisation autant de sites de contestation des normes et de réinvention des frontières corporelles.

parcours de vie, sociologie clinique, jeunes en confit avec la loi, dispositif, diagnostic A l'articulation d'une sociologie des parcours de vie (Bessin, 2010), d'une sociologie clinique (De Gaulejac, 2007) et d'une sociologie de la santé mentale (Demailly, 2008), cette recherche ethnographique porte  sur l'analyse d'un dispositif visant l'accompagnement des transitions d'adolescents en rupture avec les institutions. La communication issue de cette recherche vise à comprendre comment les apports croisés de la sociologie des parcours de vie et la sociologie clinique des histoires de vie permettent de saisir comment les professionnels de ce dispositif  répondent aux "épreuves d'éthicité" (Ravon et Vidal-Naquet, 2016) dans l'articulation entre le social et le clinique dans l'accompagnement des processus de subjectivation des jeunes en conflit avec la loi. Comment leur propre parcours peut servir d'analyseur aux évolutions proposées dans les pratiques de diagnostic et d'accompagnement?