RT8

Vers une remise en cause des limites et frontières de l’action militaire et au sein des groupes sociaux et professionnels qui la font : nouveaux milieux, nouveaux métiers, nouvelles guerres.

La sociologie du militaire s’est en partie construite depuis son origine sur la mise en exergue de paires antagoniques (civils/militaires, troupes régulières/troupes irrégulières, vocation/banalisation du métier des armes, guerre/paix, militaires professionnels/levée en masse). Ces oppositions ont structuré les débats et sont ainsi à l’origine de différentes problématiques. Ces oppositions stéréotypées, parfois portées et promues par les forces armées elles-mêmes, fournissent une grille de lecture traditionnelle, consensuelle et aisée du phénomène militaire. Toutefois, l’institution de ces limites, de ces frontières tendent à masquer la complexité (re)découverte des dynamiques traversant l’activité et les organisations militaires, ainsi que des processus de domination à l’œuvre. Faisant écho à la thématique du congrès « Intersections, circulations », cet appel à communications a pour objet de déconstruire les questionnements classiques de la sociologie du militaire par la mise en exergue des objets, des situations actuelles ou passées, des évolutions technologiques qui ont induis ou induisent un brouillage de ces « frontières », de ces « limites » en France et à l’étranger. Cet appel à communications se décompose en quatre axes. Axe 1 - Combattants « civils » versus militaires professionnalisés ? Opposition et/ou complémentarité face aux formes de conflictualité actuelles et futures. Les deux dernière décennies ont vu les armées modernes être confrontées à des modalités de « faire la guerre », qui, si elles ne sont pas toutes nouvelles, ont en commun d’interroger les contours de la figure de l’adversaire, voire de l’invisibiliser (asymétrie, hybridation et cyberespace). Ces tendances ont conduit à réfléchir et peut-être aussi à redéfinir (élargir ?) le groupe des personnes chargés de la Défense des Etats à travers l’appel à la résilience. Cette remise en cause des frontières touche alors de nombreux champs :
  • Réserve opérationnelle, réserve citoyenne, Service National Universel, résilience (politique publique, objectifs, recrutement) outils du maintien du lien armée-Nation, véritable besoin opérationnel ou jalons d’un possible retour d’une « Nation en armes » ?
  • Externalisation (Etat des lieux et évolutions)
  • Opérations intérieures/opérations extérieures : quelle division du travail ? Temps de paix et temps de guerre ? Quelles missions face aux enjeux climatiques ?
Axe 2 : Technologies duales et combattant dual ? Alors que certaines innovations aujourd’hui incontournables (micro-ondes, GPS) sont issues du milieu militaire, on constate aujourd’hui, la mobilisation/adaptation de plus en plus courante de technologies d’abord utilisées dans un contexte civil représente une des tendances profondes des évolutions touchant les conflits et les organisations militaires. L’appel à l’innovation, le « durcissement » de certains systèmes civils, l’adaptation aux besoins militaires de logiciels de la vie quotidienne conduisent à s’interroger sur le statut de ceux qui les développent et de ceux qui les opèrent. La circulation des informations, des compétences et des formations semble s’accélérer et s’affranchir des frontières public/privé, civil/militaire. Différents thèmes pourraient être développées dans le cadre de cet axe :
  • Cybercombattant et autres combattants à distance (téléopérateurs de drones) : statut, identité et profil sociologique ;
  • Impact des nouveaux systèmes d’armes sur le recrutement, le développement de certaines nouvelles filières/spécialités (cyber, systèmes pilotés à distance, espace, Intelligence artificielle) au sein des forces armées modernes.
  • Évolution de la formation des militaires
Axe 3 – Identité militaire et identités militaires : recomposition/redistribution des rôles Les forces armées sont touchées de manière continue par des transformations pouvant trouver leurs origines dans des adaptations aux évolutions technologiques, du champ de bataille ou bien encore suite à des orientations politiques et/ou budgétaires des Etats. Ces facteurs peuvent conduire à la remise en cause des divisions du travail, le développement et le renforcement de nouveaux contextes de travail, la redéfinition et l’élargissement des compétences, l’apparition ou la mise en avant de certaines filières remettant en cause les hiérarchies professionnelles (concurrence ?). Il est alors possible d’assister à des phénomènes de recomposition et de questionnement identitaire, de redistribution des rôles, de la création de nouvelles formations, de circulations des capitaux, etc. Il est possible, de manière non exhaustive, de proposer une première liste de ces registres de recomposition :
  • Les identités militaires comme objet de réflexion et d’action des forces armées ;
  • Interarmisation (structures interarmées, opérations extérieures) : interactions professionnelles, limites, enjeux ;
  • La féminisation des forces armées : situation, évolutions, identité militaire ;
  • Multinationalité : stratégie des acteurs, ajustement identitaire ;
  • Le continuum de sécurité-défense, en particulier en métropole, en lien avec les réflexions actuellement engagées autour des réserves.
Axe 4 : Comprendre le militaire : une approche nécessairement pluridisciplinaire Une appréhension globale du fait militaire appelle à la nécessaire mobilisation des approches issues des sciences sociales et des sciences humaines. Toutefois, le plus souvent les productions scientifiques des différentes disciplines, leurs apports à la compréhension des mêmes phénomènes sont méconnus, que l’on se trouve d’un côté ou de l’autre de la frontière disciplinaire. Au-delà, de la poursuite de la réflexion autour de la circulations des approches et des connaissances entre la sociologie du militaire et d’autres sous-champs sociologiques, il s’agirait à travers cet axe de s’interroger sur l’emploi de ces travaux par les sociologues du militaire, les modalités de travail possible, voire d’illustrer ces processus avec des exemples de coopérations pluridisciplinaires. Il pourrait s’agir ici de réfléchir aux cadres conceptuels de la sociologie du militaire, à leur évolution à l’aune de plusieurs disciplines et à l’éclosion de nouvelles théories enrichies par le croisement fertile des concepts et approches paradigmatiques (exemple de la notion d’hybridité). Les propositions doivent faire 2 500 signes maximum et sont à déposer avant le 31/01/2023 sur le site de l’AFS (https://afs-socio.fr/rt/rt8/ ). Elles doivent inclure, outre le titre de la communication, vos nom(s), rattachement(s) institutionnel(s) et adresse(s) électronique(s). Calendrier prévisionnel : - 1er février – 1er mars : sélection des communications retenues par le RT - 15 mars – 15 avril : construction et communication par les RT du programme définitif (répartition des communicants par session)












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