RT24

AAC du RT24 - Lyon 2023

Les propositions de communication sont à déposer avant le 30 janvier 2021 sur le site de l’AFS (voir à la fin de cet appel pour les modalités de soumission). Le Xè Congrès de l’AFS s’organisera autour du thème : « Intersections, circulations » (voir l’argumentaire : https://afs-socio.fr/wp-content/uploads/2022/09/Appel_AFSLyon2023.pdf). Il aura lieu à Lyon du 4 juillet au 7 juillet 2023. Le Réseau Thématique (RT) 24 de l’AFS « Genre, Classe, Race. Rapports sociaux et construction de l’altérité » propose un appel à communications organisé en cinq axes, tout en ouvrant la possibilité de faire des propositions hors axes, à condition qu’elles s’inscrivent dans le thème du Congrès et dans l’articulation de plusieurs rapports sociaux. Le RT24 se réjouit du thème « intersections, circulations » car, depuis le milieu des années 2000, il interroge frontalement la question de l’articulation – de l’intersection selon une autre terminologie – des rapports sociaux de sexe, de classe, de race mais également celles de leurs modes d’articulation et des éventuelles circulations au sein des rapports de pouvoir. Si la « mode de l’intersectionnalité » a contribué à élargir le champ des recherches sociologiques qui axent la focale sur ces questions, le RT24 est aussi un espace de discussion des approches alternatives à l’intersectionnalité, à travers notamment les concepts de consubstantialité, d’intrication ou d’imbrication... Il s’interroge enfin sur l’articulation du triptyque « genre-classe-race » avec d’autres rapports de pouvoir (âge, sexualité, handicap…). Notre travail collectif, notamment au sein du bureau du RT24, s’appuie certes sur les congrès mais aussi sur nombre d’initiatives entre les congrès (journées d’études, colloques, séminaires, publications...), en particulier sur les séminaires internes qui ont animé la vie du réseau depuis 2009 et au cours desquels nous débattons des concepts, de la méthodologie et de l’épistémologie de l’articulation des rapports sociaux de sexe, de classe, de race. Pour ce congrès, la sélection des propositions donnera priorité à celles croisant au moins deux rapports sociaux et, si nous accueillerons toute proposition susceptible de répondre à l’appel de l’AFS, nous souhaitons plus particulièrement développer la réflexion commune autour des questions suivantes : Dans quelle mesure l’intersection des rapports sociaux favorise-t-elle ou contrarie-t-elle la circulation au sein de chaque rapport ? Peut-on s’émanciper de l’intersection des mécanismes objectifs et des logiques subjectives qui gouvernent les frontières sociales ? Face à la matrice de la domination et compte tenu de l’intersection des rapports sociaux, comment se construit – peut se construire – l’articulation entre résistances individuelles et résistances collectives ? Le travail et sa division restent-ils des enjeux centraux pour la sociologie des rapports sociaux quand on prend pour objet les intersections ou les circulations ? Comment observer et administrer la preuve des intersections des rapports sociaux de sexe-classe-race et des éventuelles circulations en leur sein ? Pour répondre à ces questions, les discuter ou les enrichir, nous avons choisi d’ouvrir cinq axes plus spécifiques.   Axe 1 : La frontière à l’épreuve de l’intersectionnalité et de l’imbrication des rapports sociaux Cet axe propose de s’intéresser à la notion de frontière, appréhendée ici en tant que concept polysémique et conflictuel. La frontière sera entendue dans ses dimensions spatiale, sociale et symbolique à partir d’une approche intersectionnelle ou imbricationnelle des rapports sociaux (genre/classe/race, mais aussi âge, handicap, etc.). Les communications pourront s’intéresser à l’un des différents types de frontières (par exemple entre nations, régions ou espaces ; entre individus, groupes ou catégories sociales), en analysant les multiples mécanismes en jeu dans leur établissement, leur maintien (blocage, protection, immobilité, étanchéité, etc.) ou dans leur franchissement (circulation, fuite, ouverture sélective, contournement, etc.). Ces deux approches, intersectionnalité ou imbrication des rapports sociaux, enrichissent les analyses de la frontière et permettent d’élaborer de nouvelles réflexions sur la variation des expériences et des parcours de celles et ceux situé·e·s à l’intersection de différentes dominations. Elles invitent, également et simultanément, à interroger les phénomènes de « marquage de frontière » entre « Eux » et « Nous », et à complexifier les analyses des trajectoires en termes de mobilité sociale en croisant classe et sexe/genre, mais aussi race. Ainsi, nous pourrons par exemple :
  • Examiner la façon dont le genre, la race, la classe (en interaction avec d’autres modalités de différenciation et de hiérarchisation sociales telles que l’âge, le handicap, etc.) s’articulent dans l’établissement des frontières entre dominant·e·s et dominé·e·s, mais aussi entre minorisé·e·s ;
  • Étudier les formes contemporaines d’interaction entre la « face externe » de la frontière (rapports entre groupes sociaux, frontière entre « Nous » et « Eux », désignation et assignation identitaire) et la « face interne » de la frontière (rapport du groupe à lui-même, à son histoire, auto-identification et sentiment d’appartenance) ;
  • Se focaliser sur la matérialité des frontières nationales et des espaces frontaliers, ou les circulations, sélections et blocages qui caractérisent les frontières entre pays et entre Nord global et Sud global ;
  • Analyser les frontières à partir de ceux et celles qui travaillent à leur construction et à leur maintien, entre groupes sociaux ou entre États-nation (police, border industry, etc.), ou encore examiner les catégories institutionnelles et pratiques, utilisées ou manipulées, par les acteurs et actrices pour les construire et entretenir.
Enfin, sont bienvenues les communications traitant des aspects méthodologiques de l’étude de la frontière, des postures permettant de saisir leur franchissement ou contournement ainsi que les processus de différenciation qu’elles produisent. Dans quelle mesure la·le chercheur·se doit jouer de ces frontières pour mener son enquête ?   Axe 2 : Violences et circulations dans une perspective d’imbrication des rapports sociaux Cet axe souhaite interroger la manière dont l’expérience des violences informe les processus de circulations, qu’il s’agisse de mouvements dans l’espace géographique, dans l’espace social, de micro-circulations ou de circulations à grandes échelles, dans une perspective d’intersectionnalité ou d’imbrication des rapports sociaux (race, classe, genre, handicap, âge…). Comment la violence circule-t-elle ? Par quels moyens ? Selon quel contexte les actions des individus, des groupes sociaux, des institutions sont-elles pensées comme violentes ? Qu’est-ce que les violences disent des rapports sociaux, de leur intersection et imbrication ? Les circulations de personnes minorisées, notamment lorsqu’elles se font dans l’espace public ou semi-public, à des échelles transnationales ou au sein de lieux tels que le lieu de travail, peuvent les exposer à des violences. Les circulations, quels que soient leurs motifs, peuvent devenir alors toutes contraignantes, marquées par la peur ou l’anticipation des violences, changeant dès lors leur nature et les pratiques qui y sont attachées. Le cas du harcèlement de rue, des agressions homophobes ou des violences vécues au cours des parcours migratoires, qu’elles viennent des institutions ou des individus, exemplifient la manière dont la circulation peut être impactée par la violence. On accueillera également les propositions qui analysent les obstacles à la circulation et à l’accessibilité comme des violences. Le RT invite également à réfléchir aux violences comme moyen de contrôler les circulations. L’arrivée de technologie de surveillance, caméras, applications ou logiciels, permettant de repérer et suivre les personnes dans leurs déplacements modifie sensiblement les modalités de contrôle socio-spatial, qu’il soit exercé par des individus ou des institutions. Les situations de violence ou de risques de violence peuvent également constituer le point de départ de certaines circulations. Ce sera alors l’occasion de questionner les circulations en tant qu’expériences de fuite. Seront également bienvenues les communications portant sur la construction institutionnelle de fuites légitimes et de fuites illégitimes, et de la nécessité pour les personnes de savoir (se) présenter comme victimes de violences afin de justifier leur départ et leur arrivée. C’est ici qu’il sera possible de s’intéresser notamment aux expériences réfugié.e.s, politiques, LGBT… mais aussi à la situation des femmes ayant fui le domicile conjugal ou encore du traitement institutionnel des fugues de mineur·e·s.   Axe 3 : Lecture intersectionnelle de (l'histoire de) la sociologie Cet axe invite à présenter les recherches qui pensent la constitution de la sociologie en interrogeant les rapports sociaux de domination qui la traversent et la façonnent. Comment repenser l’histoire de la sociologie et les récits qui en sont proposés à l’aune de l’articulation des rapports sociaux de sexe, classe et race ? Si les inégalités sont au cœur de plusieurs travaux dans cette discipline, comment faire pour intégrer ces réflexions pour penser sa propre histoire ? Les noms les plus connus de l’histoire de cette discipline sont notamment des hommes, souvent issus de milieux aisés. Comment cette composition a-t-elle façonné la constitution de cette discipline ? Comment retrouver d’autres figures qui ont participé, de plusieurs manières, à son émergence et son développement mais qui sont devenues invisibles aujourd’hui (petites mains de la recherche, traductrices, chercheuses) ? Nous accueillerons les communications qui revisitent et réinterrogent la matérialité de la pratique sociologique à partir de l’articulation des rapports sociaux. Une attention particulière sera portée aux dispositifs méthodologiques : Comment (re)lire les corpus de sources documentaires (correspondances, témoignages, biographies) et exploiter des archives personnelles et institutionnelles des grandes enquêtes, colloques ou laboratoires dans une perspective d’imbrication des rapports sociaux ? Par ailleurs, sont encouragées les propositions qui interrogent la place des savoirs produits par des groupes minoritaires (au sens de mis en situation de moindre pouvoir et marginalisés) et les logiques qui président ou non à leur intégration à la sociologie académique. Les contributions attendues sont invitées à poursuivre les réflexions pionnières menées au sujet de l’entrée des minoritaires dans le domaine théorique. Il s’agira notamment d’examiner en quoi les savoirs et perspectives de recherches des minoritaires continuent d’être posés comme illégitimes voire invalidés, tout en contribuant à la transformation des méthodes, des théories sociologiques, et des perspectives dans la façon de penser les rapports sociaux. Comment s’est opérée l’institutionnalisation des savoirs féministes mais également de la sociologie du racisme et des relations interethniques ? Comment analyser les logiques d’invisibilisation, de dépolitisation, de particularisation, de disqualification et de marginalisation de certaines « communautés épistémiques » à l’œuvre dans les espaces académiques ? Il s’agira également de réintégrer la présence des intellectuel·le·s étranger·e·s dans l’histoire de la sociologie. Comment cette présence a-t-elle influencé cette discipline ? Comment se déroulent les relations avec les sociologues des pays du « Sud » et comment les rapports post-coloniaux traversent-ils les échanges et la production théorique ? Les recherches qui ré-examinent les manières de faire de la sociologie sous l’angle de la division sexuée, ethnique et internationale du travail intellectuel sont encouragées.   Axe 4 : Migrations, santé et intersectionnalité (proposition conjointe RT19 et RT24) On accueillera ici avec intérêt les communications s’interrogeant sur ce que les migrations dans leur imbrication avec les rapports de sexe, de race et de classe font à la santé. Il s’agira de questionner l’effet des migrations sur la santé des personnes migrantes mais aussi la façon dont ces dernières sont largement assignées au travail de care et mobilisées dans les systèmes de santé et de soins. Différents travaux montrent comment le durcissement des frontières contribue à dégrader les conditions de vie des migrant·e·s, à rendre problématique leur accès à la santé et aux soins et à les surexposer à certaines maladies dont le VIH. A cet égard, comment les politiques migratoires, les discriminations et la stigmatisation des personnes migrantes affectent-elles leur accès aux soins, la qualité de leur prise en charge et leurs rapports à la santé ? On pourra notamment questionner la façon dont les différents rapports sociaux s’articulent en la matière pour produire des configurations singulières, parfois contradictoires, voire paradoxales. Ainsi comment les discours compassionnels qui appellent à « sauver » les femmes migrantes et les minorités sexuelles des pays du « Sud » entrent-ils en contradiction avec la stigmatisation des migrant·e·s comme bénéficiaires indu·e·s du système de santé ? Quels en sont les effets en matière d’accès aux soins en fonction des différents éléments de la position sociale (sexe, classe, race, génération, sexualité, etc.) ? Parallèlement depuis les années 70, les femmes (et les hommes) du « Tiers-monde » sont désormais « intégrées » dans l’économie mondiale comme productrices de force de travail qui vont être utilisées et « consommées » dans les régions industrialisées du monde, tout particulièrement dans les secteurs de la santé et des soins. Les communications pourront interroger l’assignation des personnes migrantes à ces secteurs, la division du travail (internationale ou locale) qui y prend place et les phénomènes d’exploitation qui entrent en jeu. Dans cette perspective, les effets de l’assignation de certains hommes migrants au travail du care sur les rapports sociaux de sexe et de race et sur les masculinités pourront être questionnés.   Axe 5 : Sciences et techniques au prisme des rapports sociaux d’altérisation (proposition conjointe RT29 et RT24) Cette session propose d’accueillir des contributions explorant le croisement entre des objets, des questions, des outils, des méthodes et des approches relevant des deux RT. Du côté des sciences et des techniques, un ensemble de travaux s’est attaché, ces dernières décennies, à articuler et à conjuguer les apports des Science and Technologie Studies (STS) et des Postcolonial feminist Studies. Du côté des études féministes, l’analyse des rapports sociaux de sexe, de classe et de race ont souligné l’importance du sujet de connaissance et du caractère situé des savoirs produits ainsi que l’invisibilisation et minorisation de certains groupes sociaux. Si les approches au sein de ces deux sous-domaines sont multiples, et des expressions comme « invisibilisation » ou « justice épistémique » peuvent circuler de l’un à l’autre, les pratiques d’enquête qui y prévalent sont différentes. Les études des sciences apparaissent plus enclines à privilégier l’entrée par les scientifiques et les experts – c’est-à-dire des personnes plutôt situées en haut de l’échelle sociale ; tandis que les études sur l'intersectionnalité et la naturalisation des différences sociales se sont historiquement surtout focalisées sur les classes populaires et autres groupes sociaux en situation de subordination – c’est-à-dire des personnes le plus souvent positionnées en bas de l’échelle sociale. La question des savoirs peut être une porte d’entrée vers l’analyse des rapports sociaux inégaux – de domination, alors que d’autres travaux font le chemin inverse. Ces deux courants d’étude s’intéressent aux savoirs et aux questions épistémiques, mais ils ont ainsi tendance à privilégier des entrées contrastées. D'où l'intérêt de les faire travailler ensemble, de voir comment ces approches peuvent se compléter, se combiner plutôt que de les dissocier. Cette session croisée fait ainsi le pari de la fécondité d’un croisement entre les études des sciences et les études pointant les conditions sociales et historiques hégémoniques de leur production, dans la perspective d’un enrichissement mutuel. Voilà quelques questions qui sont autant d’invitations pour celles et ceux qui voudraient proposer une communication. Comment la science produit-elle et consolide-t-elle la frontière avec les savoirs "autres" et les autres du savoir ? Comment enquêter sur l’articulation sciences/autres savoirs sans essentialiser ni l’identité des subalternes, ni celles des scientifiques ? Comment les études STS prennent-elles en compte les dimensions variées de genre, de classe, d’âge ou de race, ainsi que les situations de santé et de handicap ? Comment les STS abordent-elles les savoirs dits traditionnels et autochtones ? Comment les scientifiques et leurs institutions contribuent-ils à exclure et délégitimer d'autres formes de savoirs ? Comment des mises en récit de l’histoire des sciences et des savoirs concourent-elles à la production et à la reproduction de savoirs hégémoniques ? Comment les sciences s’adossent-elles à une nébuleuse de personnes qu’elle assigne à la position de subalternes ? Comment analyser les rapports sociaux de genre/classe/race au cœur de l’activité scientifique ? Comment penser un rééquilibrage et impulser une symétrie en pratique, par nos manières d’approcher les savoirs ? Cet axe est ouvert à l’ensemble des propositions empiriques et théoriques susceptibles d’éclairer ce questionnement collectif. Les propositions de communication de 4000 signes ainsi qu’une bibliographie doivent être envoyées à rt24.afs@gmail.com et afs.rt29@gmail.com. Cette session sera également l’occasion d’échanger des références bibliographiques communes. Les cinq lectures suivantes sont proposées par les organisateurs et organisatrices de cette session croisée en guise d’introduction à ces échanges à venir : Warwick Anderson, 2009, “From subjugated knowledge to conjugated subjects: science and globalisation, or postcolonial studies of science?”, Postcolonial Studies, vol.12, n°4, 2009, pp. 389-400. Artemisa Flores Espinola, 2012, « Subjectivité et connaissance : réflexion sur les épistémologies du point de vue », Cahiers du genre nº 53, pp. 99-120. Suman Seth, 2009, “Putting Knowledge in its Place: Science, Colonialism, and the postcolonial”, Postcolonial Studies, vol.12, n°4, pp. 373-388. Simon Shapin, 1989, “The Invisible Technician”, American Scientist, Vol. 77, No. 6, pp. 554-563. Banu Subramaniam, Laura Foster, Sandra Harding, Deboleena Roy et Kim TallBear, 2017, “Feminism, postcolonialism et technoscience”, in Ulrike Felt, Rayvon Fouche, Clark A. Miller, Laurel Smith-Doerr, The Handbook of Science and Technology Studies, Fourth Edition, Cambridge MA: The MIT Press, pp. 407-434.    

Quelle que soit la proposition de communication – de 5000 signes maximum, espaces et bibliographie éventuelle compris –, nous attendons qu’elle présente les dispositifs méthodologiques mobilisés. Chaque proposition sera déposée sur le site de l’AFS, avant le 31 janvier (si problème, nous contacter à cette adresse rt24.afs@gmail.com, mais toutes les propositions devront être déposées sur le site de l’AFS). La procédure de sélection des propositions sera anonymisée (sauf axe 5) et une réponse sera apportée à chacun·e courant mars.

     












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