RT42

AAC RT 42 Lyon 2023 Intersections et circulations des élites

RT 42 – Intersections et circulations des élites

Les questions de circulation et d’intersection interrogent la sociologie des élites quant à l’opportunité de dynamiser les cadres d’analyse bien établis en termes de classes dominantes et de reproduction sociale. Le thème du congrès est pour nous l’occasion de revenir sur quatre axes de travail :
  1. Les circulations dans les parcours de vie et les carrières des élites
Par-delà la pluralité de ses méthodes, la sociologie des élites compte parmi ses principaux objets de recherche diverses formes de circulation des dominant·es entre différentes sphères sociales (analyses du pantouflage, revolving doors, cercles mondains, think tanks, management public-privé, etc.) ou aires géographiques (voyages de formation, usages des hiérarchies universitaires internationales, expériences d’expatriation, plurilinguisme, etc.). Les communications attendues dans cet axe porteront sur les modes de socialisation à l’œuvre, la conversion et l’articulation des capitaux d’une sphère et/ou d’une aire à l’autre, ainsi que les effets de ces circulations sur les parcours de vie. On pourra ainsi s’intéresser aux trajectoires d’ascension et de déclassement social singulières ou collectives et aux types de positions auxquelles elles aboutissent (périphérique, centrale, intermédiaire, etc.). Loin de considérer l’élite comme un groupe clos sur lui-même de tout temps et en tout lieu, on se demandera quelles en sont les conditions d’accès et de maintien. L'analyse de trajectoires singulières ou collectives sera ainsi fortement encouragée.   Une attention particulière pourra être accordée aux dimensions spatiales des circulations, à la fois pour souligner les effets de la multiplicité ou de l’unicité des ancrages locaux dans les trajectoires de pouvoir, mais aussi pour saisir de manière plus générale comment les mobilités spatiales (résidentielles, professionnelles, etc.) permettent d’élargir ou non la « surface sociale » de certains groupes élitaires ; il s’agit autrement dit de savoir très concrètement qui circule et jusqu’où dans le champ du pouvoir. Il sera également possible d’examiner les logiques de ces circulations et leur pouvoir éventuel de légitimation. Par exemple, les mobilités à l'étranger ont souvent pour effet de légitimer l'accès à des positions élitaires. Enfin, on pourra s’interroger sur la manière dont ces circulations recréent des barrières sociales et des domaines réservés. Les élites érigent des frontières entre leurs espaces et ceux des autres, leurs mobilités pouvant s’effectuer dans des cadres restreints et des circuits fermés. C’est donc aussi une invitation à analyser, et éventuellement dépasser, l’opposition entre circulation et non-circulation, entre mobilité et ancrage national ou local. Les “carrières” pour les concepts ou les catégories d’action publique invitent aussi à s’interroger sur celles des idées au sens large (notions, concepts, mots-clés, éléments de langage, etc.). Du point de vue des circulations et des trajectoires, il importe en effet de s’interroger sur le rôle charnière des idées et de celles et ceux qui les portent  (intellectuel·les, savant·es, expert·es ou encore économistes) dans l’aide à la décision publique, dans les transferts de politiques publiques, dans l’hybridation des cultures politiques nationales ou (si l’on pense aux travaux sur l’OCDE ou sur la Banque mondiale) dans l’imposition de normes transnationales de gouvernance et de gestion. Ainsi, les communications programmées dans cet axe pourraient chercher à préciser ce que recouvrent par exemple les circulations et les trajectoires propres à des idées (rénovation, ringardisation, disparition, changement de camps, etc.) qui participent ou ont participé d’une manière ou d’une autre à la légitimation de l’ordre dominant.   2. Crises, changements de régime et mobilités statutaires L’analyse des crises politiques et financières fait ressortir une dimension de la sociologie des élites qui, bien qu’elle soit régulièrement mobilisée, fait rarement l’objet de comparaisons : celle de la circulation des élites et des mobilités statutaires qui s’opèrent dans ces périodes de désectorisation et de transformations structurelles sur le plan social et politique. Les communications pourront porter sur des terrains français ou étrangers. Ces derniers sont particulièrement bienvenus dans cet axe qui pourra notamment accueillir des travaux sur les transformations consécutives aux “révolutions arabes”, sur les expériences est-européennes, sud-américaines, africaines ou asiatiques de changement de régime, de crises ou de conflits. L’objectif de cet axe sera en effet de permettre de faire dialoguer ces travaux et développer des pistes de comparaison de ces situations politiques singulières par l’entrée des mobilités statutaires des élites. Les communications pourront interroger les phénomènes de (non)circulations, reproductions et adaptations des élites dans les moments critiques, sans se limiter aux seules élites politiques et économiques. Elles pourront s’intéresser aux pratiques de maintien en position dominante et comparer, entres autres éléments, les ressources-clés de ces processus, le rôle joué par les élites militaires et policières en comparaison à celui joué par les élites politiques et économiques, les effets de l’ingérence des institutions construites par les grandes puissances et de leurs contestations ainsi que les stratégies et les (dés)investissements de ces espaces par les élites des régimes concernés ou encore la question des interactions entre espaces nationaux et transnationaux. Les communications pourront également aborder les dimensions transnationales des mobilités statutaires des élites en étudiant les parcours biographiques d’exil et de refuge, et les contraintes et des entraves, politiques notamment, à ces circulations. Ces questions permettront d’aborder comment les crises peuvent redéfinir les rapports de pouvoir entre groupes élitaires à l’échelle transnationale.   3. Les intersections entre échelles d’observation et d'analyse (locales, nationales, internationales) Une difficulté méthodologique permanente dans l’analyse des classes dominantes et du champ du pouvoir consiste à identifier l’articulation entre échelles d’analyse (locales, nationales, inter et transnationales). Plusieurs stratégies de recherche ont été développées. La première consiste à rendre compte des intrications entre champ du pouvoir global, champs du pouvoir national et pouvoirs locaux, en s’appuyant par exemple sur l’exploration d’espaces définis comme interstitiels ou faibles (think tanks, réseaux d’expertise, etc.). La seconde relève de l’analyse de réseaux et teste les recoupements entre caractéristiques structurales à plusieurs niveaux. La troisième consiste à passer du micro au macro en raisonnant en termes d’opérateurs d’échelles (reproduction, bifurcation, etc.). La quatrième stratégie consiste à raisonner à un niveau méso, transnational en définissant cet espace social intermédiaire et ambivalent comme l’espace par excellence de l’intersection entre groupes dirigeants. Les communications accueillies dans cet axe reposeront sur une proposition méthodologique ou épistémologique à même de répondre à cet enjeu d’articulation des échelles dans l’analyse de la circulation des élites.   4. L'articulation genre/classe/”race” dans l'analyse des élites Les approches sociologiques se définissant comme intersectionnelles visent à expliquer les rapports de domination (en particulier leurs points aveugles) par la prise en compte conjointe des rapports de classe, de genre et de “race”. Si la sociologie des élites est fortement marquée, historiquement, par la problématique de classe, les travaux récents sur la féminisation des carrières dirigeantes ont apporté des éléments importants à l’analyse : persistance du plafond de verre, égalité élitiste (ou féminisme néolibéral), nouvelles formes de socialisation professionnelle et d’action collective, etc. Malgré ces avancées, la sociologie française des élites reste peu attentive aux questions de domination liées aux assignations ethno-raciales (entendues dans leur acception la plus large, les discriminations pouvant aussi être fondées sur la nationalité, la religion ou le lieu de résidence). Celles-ci restent trop souvent un impensé de la sous-discipline, plus encline à entrer dans ce questionnement via des approches macrosociales empruntées aux postcolonial studies qu’à travers l’analyse située des différentes formes de racisme institutionnalisé. Aussi, la contribution des approches se centrant sur les interactions entre le genre, la classe et la "race" (à la fois dans la sélection, le recrutement ou la mise à l’écart des élites, ainsi que dans la différenciation et les processus de distinction entre elles) pourra être interrogée. Plus généralement, l’apport des démarches intersectionnelles nous semble plus décisif par leur contribution à une analyse combinée des facteurs explicatifs que lorsqu’elles sont appropriées de façon partielle sous forme d’explication monocausale. Cet axe entend également accueillir des propositions de communication qui, toujours du point de vue de l'intrication du genre, de la classe et de l’appartenance ethnoraciale, envisagent la non-circulation des élites, ou tout au moins ne prennent pas leur circulation comme allant de soi. Les élites occupant généralement des positions dominantes, sont souvent perçues comme non marquées du point de vue du genre et de la “race”. Elles peuvent apparaître comme partageant le même privilège épistémique et offrent un espace idéal à l’intérieur duquel comprendre ces dynamiques de différenciation et de hiérarchisation. Pourraient ainsi être mobilisées les enquêtes documentant la féminisation des sommets de l’État et des institutions internationales, les politiques de diversité et d'inclusion à l'intérieur des grandes firmes capitalistes, la progression de l'égalité professionnelle dans le monde des entreprises ou encore les dispositifs d'ouverture des grandes écoles et des universités de prestige. Dans la perspective de la thématique générale du congrès, il serait alors intéressant de se demander, par exemple, si ces phénomènes de circulation contribuent véritablement à diversifier l'origine sociodémographique des élites, ou bien si elles ne font que renforcer, par des processus d'absorption et de conformation qu'il faudrait alors finement décrire, leur homogénéité. Pour le dire autrement, la volonté d'ouverture des élites, leur prétention à la tolérance, conduit-elle à un bouleversement des normes sociales sur lesquelles elles fondent leur magistère ? Observe-t-on au contraire des formes de récupération et de captation par lesquelles les classes supérieures digèrent, pour ainsi dire, l'aspiration démocratique des sociétés et la critique qui est faite à leur entre-soi ?   Envoi des propositions de communication Les propositions de communication, d’une taille maximale de 2 500 signes (espaces compris), devront mentionner les informations suivantes :
  • Nom et prénom du/des auteur.e.s
  • Adresse(s) électronique(s)
  • Fonction(s)
  • Discipline(s)
  • Institution(s) de rattachement
  • Le cas échéant, session croisée dans laquelle s’inscrit la proposition
Les propositions de communication sont à déposer au plus tard le 27 janvier 2022 sur le site de l’AFS (voir en bas de cette page). Les décisions seront communiquées aux auteur.e.s fin février.   Le bureau du RT 42












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