10e Congrès de l’Association française de sociologie - Lyon
Les individus, les idées, les savoirs, les biens ou encore les virus circulent largement, à l’intersection de plusieurs espaces et rapports sociaux. Ces circulations sont parfois souhaitées ou recherchées, donnant lieu à des échanges, des hybridations, des appropriations. Elles sont aussi contestées, en raison de leurs conséquences sur l’environnement, la santé ou au nom d’un risque, d’un danger ou d’une idéologie. Les conflits, les guerres, les politiques migratoires nous rappellent le poids des frontières et de leurs effets matériels et symboliques. Ces différents constats invitent les sociologues à penser les circulations et les intersections, et posent des questions très concrètes. Comment les travailler, les caractériser, les documenter et les analyser en sociologue ? De quelle façon identifier l’importance de ces phénomènes, leurs transgressions et leurs transformations? Ce sont là quelques interrogations que nous aborderons lors du Congrès de l’Association française de sociologie organisé à Lyon en 2023 avec le Centre Max Weber et le laboratoire Triangle. Nous soulignerons les enjeux théoriques de ces problématiques, la diversité des situations observées ainsi que les tensions que ces catégories font apparaître.
La thématique générale du Congrès invite à une analyse des circulations, de leurs organisations, de leurs acteurs et actrices, de leurs régulateurs, de leurs normes et de leurs valeurs. Comment s’organisent les mouvements de personnes dans un monde où les questions de frontières, de migrations, de liberté de circulation sont particulièrement discutées ? Plus largement, il s’agira de s’interroger sur les parcours des individus dans l’espace social, sur les frontières et les différentes manières de franchir, sans exhaustivité, les catégories d’âge, de sexe, de sexualité, de santé, les positions dans les rapports de classe, ethnoraciaux, ou encore de validité. Quelles analyses proposer des ajustements, des conversions, des traversées, ou au contraire des immobilités ? On a pu observer ces dernières années à la fois l’augmentation de flux de personnes, de marchandises ou d’informations, mais aussi leurs restrictions, voire leurs confinements dans des espaces précis. Cela a occasionné des débats qui concernent non seulement les échanges internationaux (comme, récemment, à l’occasion des “crises” migratoires, des controverses quant à la diffusion de vaccins ou de la parution de rapports sur le réchauffement climatique), mais aussi plus locaux (par exemple en France sur l’accès aux services publics dans les zones rurales). Comment s’agencent concrètement ces mouvements de personnes et ces diffusions de biens matériels et immatériels ? Quelles tensions observe-t-on ? Comment aussi penser l’absence de circulation, l’immobilité, le conservatisme vis-à-vis de ces mouvements ? Et quelle place doit-on donner dans l’analyse à ceux et à celles qui sont aux marges de leur catégorie ?
Les circulations et leurs intersections peuvent s’appréhender à partir des catégories de pensée. Celles de la science, et en particulier la sociologie, mais aussi d’autres acteurs et actrices du monde social. Quelles sont les conditions sociales à la circulation des idées, des normes et des valeurs entre aires géographiques, au sein des espaces sociaux et dans le temps? Par quels canaux, agents et institutions? Comment sont-elles appropriées, réceptionnées, rejetées? Quelles sont les tensions entre des approches qui se présentent comme situées et d’autres qui se revendiquent comme universelles ? Il s’agira également de s’interroger sur les croisements opérés par le monde social et les intersections qui en découlent. Cela peut se décliner en saisissant et enquêtant les entre- croisements et renforcements de plusieurs formes de dominations, d’inégalités sociales, de discriminations, de ressources et de capitaux. Ces dernières années, les pensées du social qui appréhendent les intersections ont beaucoup circulé et ont suscité des polémiques dans le champ politique, ainsi qu’en sciences sociales. Tout en soulignant les apports de ces analyses critiques, comment concevoir les résistances à l’intersectionnalité, mais aussi sa circulation et son appropriation? Quelles sont les conséquences de l’absence de prise en compte de ces formes d’inégalités? Quelles sont les conditions de possibilité de la circulation de la parole des groupes minoritaires ?
Le congrès sera l’occasion d’interroger les liens et échanges entre la sociologie et les autres disciplines. Face aux injonctions à la pluridisciplinarité ou à l’interdisciplinarité, quelles sont les modalités d’un véritable dialogue, tant au niveau de la recherche que de l’enseignement? Quelle place est donnée aux sociologues? Quelles compétences revendiquer? Comment maintenir et valoriser les spécificités théoriques et épistémologiques des disciplines en général, et de la sociologie en particulier? Sur un autre plan, la sociologie française se voit régulièrement accusée d’être peu intégrée dans les échanges internationaux. Qu’en est-il réellement ? Comment et pourquoi améliorer les choses ? Les données, concepts et diplômé-e-s de la sociologie circulent dans différents espaces qu’ils soient associatifs, administratifs, économiques, médiatiques ou encore militants. Ces circulations sont à l’intersection de plusieurs registres d’action : dans certains cas une demande sociale d’expertise; dans d’autres, une volonté de diffusion de la sociologie au plus grand nombre; ou encore des injonctions de financeurs ou de tutelles. Dans quelles conditions ces circulations se déploient-elles ? Quels en sont les bénéfices et les coûts, à la fois pour la discipline, ses travailleurs et travailleuses, mais aussi pour les autres mondes sociaux? Comment se popularisent les concepts, les analyses et les techniques du sociologue, en dehors de la sociologie? Cette interrogation est d’autant plus importante dans un contexte de raréfaction des postes dans l’Enseignement Supérieur et la Recherche (ESR). Quelle place la sociologie fait-elle réellement aux sociologues qui sont à l’intersection entre différents mondes sociaux ? Quelle place accorde vraiment la sociologie aux minorités, avec quels effets sur la production de connaissances ? Plus globalement, quel est l’avenir pour ses précaires, sans postes et non titulaires? Comment penser le métier de sociologue en dehors de l’ESR ?
Le texte de l'appel est disponible ici en pdfAnimation : Pierre Brasseur, Alice Olivier, Artemisa Flores-Espínola pour le comité exécutif de l'Association française de Sociologie.
Un forum des revues est mis en place durant le congrès où vous pourrez échanger avec des membres des comités de rédaction sur les modes d'organisation des revues et/ou les modalités de soumission d'articles ou de dossiers. Un représentant de l'Association Pour la Sociologie de l'Entreprise répondra également à vos questions sur des recherches et des débouchés professionnels pour les docteurs en sociologie").
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