Depuis quelques décennies, le groupe professionnel des infirmières fait l’objet d’importantes mutations. Face au problème public de désertification médicale et d’émergence de nouveaux besoins en santé notamment en matière de dépendance, de maladies chroniques et de vieillissement de la population, les infirmières sont appelées à jouer un rôle de plus en plus central dans la prise en charge des malades. Dans le secteur hospitalier et extra-hospitalier et notamment en soins primaires, ainsi qu’entre ces secteurs, la promotion de « soins coordonnés » passe par le développement de nouvelles organisations (en particulier des maisons de santé pluriprofessionnelles (MSP), des centres de santé et des communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS)), de nouveaux instruments de coordination (protocoles pluriprofessionnels de soins, dossier médical partagé, expérimentations de nouvelles rémunérations pour des prises en charge coordonnées…), la redéfinition des rôles professionnels (délégation de tâches, pratiques avancées, nouvelles compétences pour des paramédicaux) et l’apparition de nouveaux métiers (infirmiers de coordination). Ces transformations diverses participent à redéfinir les environnements de travail des infirmières et à étendre leur juridiction professionnelle, impactant ce faisant les relations qu’elles entretiennent avec d'autres groupes professionnels, notamment les médecins.
Dans un secteur historiquement caractérisé par des hiérarchies professionnelles et de genre fortes, quels sont les effets de ces redéfinitions des environnements de travail sur les segmentations internes du groupe professionnel, sur les frontières de juridictions avec d’autres groupes (les médecins mais aussi les travailleurs sociaux, les aides-soignantes), l’autonomie au travail des infirmières et la capacité du groupe professionnel à faire valoir de nouveaux domaines de compétences ?
La session thématique entend renouveler l’analyse des mutations de ce groupe professionnel, historiquement subordonné à l’autorité médicale (même si un « rôle propre » leur a été reconnu à partir de 1978, s’ajoutant au rôle prescrit par les médecins), et jusque-là contrainte de renoncer à ce rôle propre et d’endosser un rôle administratif et d’organisation des services hospitaliers pour progresser dans la hiérarchie paramédicale. Les propositions de communication pourront s’inscrire dans l’un, voire plusieurs, des quatre axes (ci-dessous). Les intervenant.es de la session thématique présenteront des enquêtes sociologiques réalisées dans des contextes variés (établissements de santé et soins primaires) et à différentes échelles :
Axe 1 : Nouvelles organisations et mutations du groupe professionnel
Comment les évolutions organisationnelles récentes (MSP, CPTS, organisations de coordination ville-hôpital) participent-elles (ou non) aux mutations de la profession ? Réciproquement, quel rôle jouent les infirmières dans l’émergence de ces nouvelles modalités d’exercice et de coopération en santé ? Sont-elles actrices de changement ou parviennent-elle à s’emparer (ou non) de nouvelles modalités d’exercice définies par d’autres ? Ces organisations émergentes entraînent en effet des modifications locales dans les relations entre groupes professionnels et apparaissent comme des espaces où se développent de nouveaux rôles professionnels, voire parfois de nouveaux métiers infirmiers. Plus globalement, il s’agira dans ce premier axe de repenser la profession infirmière dans des organisations qui ne sont plus seulement hospitalo- et médico-centrées.
Axe 2 : Nouveaux territoires professionnels, faisceau de tâches et savoirs
Les délégations de tâches protocolisées, les arrangements informels entre professionnel.les sur le lieu de travail, mais aussi les nouvelles tâches ou métiers de la coordination ou la valorisation de nouveaux savoirs (notamment informels ou de care) participent-ils à une redéfinition de la juridiction infirmière ? Le cas échéant, quelles en sont les implications au niveau des relations que ce groupe professionnel entretient avec les autres ? Il s’agira dans ce deuxième axe d’analyser l’évolution de l’activité infirmière à la lumière des savoirs et compétences professionnelles nouvellement reconnus ou valorisés : travail de coordination, travail émotionnel, savoirs informels, nouveaux savoirs cliniques et intervention dans le travail de diagnostic, etc.
Axe 3 : Organisations professionnelles et mobilisations collectives
À une échelle plus macro, comment la profession s’organise à travers différentes instances (syndicats, Ordre des infirmiers, URPS) ? Quelles capacités de négociation ont-elles, notamment par rapport à la profession médicale, historiquement très bien organisée dans leur dialogue avec les pouvoirs publics ? Quelles sont les lignes de fractures au sein du groupe professionnel ? Il s’agira dans ce troisième axe d’analyser les évolutions récentes des formes de représentations professionnelles infirmières et leur capacité à s’affirmer comme interlocutrice pour les pouvoirs publics et les autres professionnels, leur permettant de négocier (ou non) les modalités de leur exercice.
Axe 4 : Emploi, santé, carrières
Dans des environnements en tension comme l’hôpital public et face aux frontières professionnelles en cours de redéfinition, comment dure-t-on dans le métier ? Comment envisage-t-on son évolution professionnelle ? Il s’agira dans ce dernier axe de s’interroger sur les phénomènes de turn over, d’épuisement, de burn out, susceptibles d’engendrer des aménagements de postes et des bifurcations professionnelles, permises par le développement de nouveaux modes d’exercices et des reconfigurations de territoires infirmiers (IPA, Asalée, coordination, etc.). Plus largement, cet axe portera sur les stratégies, plus ou moins durables, déployées par les infirmières pour réaliser et/ou diversifier leur activité professionnelle : appui sur le collectif de travail, addictions pour “tenir” en poste, etc.
Modalités de soumission Les propositions de communication sont à déposer sur le site de l’AFS avant le 17 janvier 2025. Elles devront comporter les nom, prénom, institution de rattachement et adresse mail du ou des auteurs, le titre de la communication, les mots clés (6 max) et, en moins de 5000 signes, une présentation du sujet : question traitée, méthodologie de la recherche, le cas échéant terrain étudié, résultats mis en avant, bibliographie sommaire. Les propositions seront anonymisées et évaluées collectivement par les membres de la session thématique.
Équipe de coordination de la session thématique : Daniel Benamouzig (CSO), Claire Bodelet (IRIS), Camille Boubal (Enseis), Cécile Fournier (IRDES), Julia Legrand (Dysolab), Noémie Morize (IRDES), Anne Moyal (EHESP) et Magali Robelet (Centre Max Weber).
Participation au congrès
Pour participer au Congrès, il faudra adhérer à l’AFS et s’acquitter de droits d’inscription. Lors du précédent Congrès de 2023, l’adhésion s’élevait à 41€ pour les non-titulaires et 103€ pour les titulaires ; l’inscription au Congrès à 61€ pour les non-titulaires et 152€ pour les titulaires. Les tarifs pour le Congrès de Toulouse seront légèrement plus élevés (inflation). Les collègues non-titulaires qui ne peuvent être financé·es par leur laboratoire pourront, sur présentation de dossier, être exonéré·es des droits d’inscription et bénéficier d’une aide pour le transport et le logement. La procédure pour la demande d’exonération des droits d’inscription sera précisée plus tard. L’accès au Congrès se veut le plus inclusif possible :
* Des dispositifs de lutte contre les violences sexistes et sexuelles seront mis en place.
* Si vous avez besoin de services d’accompagnement en raison d’une situation de handicap, vous pourrez le signaler dans le cas où votre communication est retenue. Le comité d’organisation mettra tout en œuvre pour essayer de répondre à vos demandes.
* Si vous avez besoin de services de crèche pendant le Congrès vous pourrez le signaler au moment de l’inscription. Le comité local essayera de proposer un mode de garde.