RT9

APPEL À COMMUNICATIONS du RT9 « Sociologie de l’urbain et des territoires »

Si les réflexions relatives à la place qu’il convient de laisser à l’environnement - ou de revendiquer pour celui-ci - dans l’analyse sociologique ne sont pas nouvelles, l’urgence et les catastrophes écologiques en cours nous obligent à nous questionner plus radicalement. La thématique du 11e congrès de l’Association Française de Sociologie offre ainsi une excellente occasion de s’interroger de manière plus précise sur les différentes façons de théoriser ou de traiter dans l’analyse du fait urbain et des espaces la place de l’environnement ou des environnements. Interroger les phénomènes urbains et ruraux à partir de ces notions peut engager l’analyse sociologique dans une série de directions esquissées dans les trois axes de cet appel. Le réseau propose aux contributeur.trices de réfléchir à partir de ces questionnements, mais accueillera également, dans un quatrième axe, des communications portant sur d’autres enjeux centraux de la sociologie de l’urbain et des territoires. Axe 1 : Environnement(s), milieux, et espaces de vie. La sociologie de l’urbain et des territoires à l’épreuve de ses terrains et de ses catégories d’analyse La thématique du congrès nous amène à revisiter la notion d’environnement en relation avec celles de milieu et d’espace de vie, et à évaluer leur pertinence pour aborder les thèmes classiques de la sociologie de l’urbain, du rural ou plus généralement des approches spatialisées des sciences sociales. Les communications pourront à cet égard proposer un éclaircissement conceptuel (à partir d’une base empirique) sur ces catégories traditionnelles de la discipline (en convoquant également d’autres disciplines), leur interchangeabilité et les débats dont elles ont pu faire l’objet. On pense par exemple à la critique du “milieu urbain” tel qu’envisagé par les sociologues de l’Ecole de Chicago ou à la manière dont l'environnement a pu prendre le pas sur le concept d’ambiance ou d'atmosphère (encore privilégié par certain.es urbanistes et architectes). La polysémie du terme d’environnement invite ainsi à des éclaircissements tant théoriques que méthodologiques. Ces éclaircissements doivent permettre d’aborder à nouveaux frais les relations entre espace et groupes sociaux : quelles dimensions de l’environnement peuvent être envisagées comme constitutives des positions sociales ? En quoi la notion d’environnement permet-elle d’appréhender le rôle de l’espace dans les socialisations individuelles ? Le tournant environnementaliste de la sociologie nous amène ensuite à interroger la manière dont la sociologie de l’urbain et des territoires peut contribuer à l’étude des relations entre humains et non-humains, en prenant au sérieux les matérialités qui composent l’espace, qu’il s’agisse d’objets, de matières (carbone, sous-sols, ressources énergétiques), de réseaux et d’infrastructures, ou de la diversité des formes de vivant (animaux, plantes, insectes, virus etc.). Les communiquant.es sont ainsi invité.es à réfléchir à ce que représente l’environnement “urbain”, “périurbain” ou “rural” dans cette perspective, aux significations dont ces catégories sont investies et aux processus concrets à travers lesquels différents environnements façonnent les styles de vie. “Environnements”, “milieux” et “espaces de vie” pourront être envisagés à différentes échelles (logement, quartier, commune, etc.). Les communications pourront par exemple traiter du rapport des occupant.es aux caractéristiques physiques de leur logement (isolement, rénovation énergétique, coûts énergétique à supporter pour des ménages socialement différenciés, expériences de la chaleur et du froid etc.). Mais elles pourront également appréhender comment différents groupes sociaux se livrent à un travail d’appropriation et de définition d’entités non-humaines (la “nature” en général ou certaines composantes en particulier), que cette appropriation se fasse “pour” ou “contre” la cause écologique (on pense notamment aux processus d’artificialisation des sols, aux pratiques récréatives, aux activités agricoles, aux processus de patrimonialisation...). Si la nature constitue un enjeu disputé et faisant l’objet de convoitise (comme le montre les enquêtes sur la gentrification rurale), les communiquant.es sont également invité.es à se pencher sur leurs dimensions repoussoir (par exemple à travers la question des cafards et des punaises de lit dans les intérieurs, ou de la présence d’animaux non domestiqués dans les villes). Il s’agit enfin, sur un plan plus épistémologique, de se demander comment les dégradations de l’environnement et le dérèglement climatique reconfigurent les terrains et les approches traditionnelles de la sociologie de l’urbain et des territoires. A côté des enjeux d’adaptation du bâti et des infrastructures urbaines, comment les impératifs écologiques nous imposent-ils de penser une sociologie plus qu’humaine, ou dans notre cas peut être une sociologie “plus qu’urbaine” ? Comment le souci de l’environnement et l’engagement des sociologues interviennent-ils dans la redéfinition de leurs objets ? Quels sont les profits symboliques ou au contraire les sanctions académiques attendues de ces repositionnements ? Axe 2 : Inégalités environnementales, écologies différenciées, ancrage spatial et intersectionnalités Dans le prolongement du premier axe, les communications pourront ensuite porter sur les inégalités environnementales et la manière dont elles s’inscrivent dans l’espace, qu’il soit local ou global. Il s’agira d’interroger comment les espaces habités et pratiqués interviennent, en lien avec les positions sociales, dans l’exposition différenciée aux dégradations environnementales (autour des notions de justice environnementale ou de racisme environnemental), les inégalités d’accès aux aménités naturelles mais également les contributions aux dégradations de l’environnement. Les communications pourront à cet égard se pencher sur les pratiques de mobilité quotidienne ou touristiques, mais également à la reproduction d’attaches territoriales et de leurs ressorts ou incidences écologiques. Le RT9 souhaite ensuite mettre l’accent sur la manière dont les dimensions spatiales des enjeux environnementaux s’articulent à l’imbrication des rapports de domination, dans une approche intersectionnelle attentive aux rapports de classe, de genre et de race, mais aussi d’âge, de handicap, de nationalité, d’orientation sexuelle...Dans cette optique, les communications pourront s’intéresser à la manière dont le croisement de ces perspectives, spatiale et intersectionnelle, permet de renouveler la compréhension des inégalités environnementales. Comment les rapports de domination s’entrecroisent-ils dans et par l’espace ? On peut se demander, par exemple, dans quelle mesure des pratiques spatiales corrélées au genre, à l’âge ou encore au handicap, aggravent ou au contraire atténuent des inégalités sociales et/ou raciales du point de vue de l’exposition à la pollution atmosphérique ou de l’accès à la nature. A l’inverse, les inégalités environnementales viennent-elles bouleverser la géographie des hiérarchies plurielles du monde social ? Dans une perspective plus subjective, les présentations pourront également s’attacher à la manière dont sont perçues et vécues les inégalités environnementales en fonction des positions des acteur·rices et des groupes étudiés dans différents rapports de domination. En prolongeant cette réflexion, ce deuxième axe vise aussi à penser les dimensions spatiales des rapports sociaux dans l’élaboration et dans la mise en œuvre d’écologies différenciées. Alors que l’association de l’écologie aux hommes de classes moyennes supérieures blanches a été battue en brèche par les recherches sur l’écoféminisme, l’« écologisme des pauvres », le « black environmentalism » ou encore l’« environnementalisme indigène », cette remise en cause s’enrichit de plus en plus d’approches intersectionnelles. Or, nombre de travaux montrent également comment les relations aux lieux, vécus ou fantasmés, paradis perdus, à défendre ou à construire, nourrissent les écologies. A la croisée de ces réflexions, les communications pourront s’attacher à la manière dont l’expérience et la perception de l’espace, modelées par l’imbrication de différents rapports de domination, produisent des écologies spécifiques, qui peuvent s’opposer ou se combiner. On peut penser, par exemple, à des formes d’écologisme pragmatique de femmes de classe populaire (nées de la tension entre un rôle sexué dans la prise en charge de l’espace domestique et la dégradation environnementale des lieux de résidence) ou encore aux écoféminismes indigènes et/ou décoloniaux (liés – également - à une autochtonie réelle ou supposée). En retour, on peut également se demander comment ces écologies différenciées impactent la façon de concevoir l’espace (entre cosmovisions et « grand partage »), de l’occuper (des parcs naturels aux zones à défendre, de l’écoconstruction high-tech à l’habitat traditionnel), d’y circuler (restreignant ou augmentant les déplacements, selon différents modes de transport allant de la marche à la voiture électrique) et, in fine, de le transformer. Enfin, dans une perspective plus théorique, cet axe invite à explorer, dans une démarche comparative, les places dévolues ou à accorder à l’environnement et à l’espace dans l’approche intersectionnelle. Alors que le développement d’un regard intersectionnel conduit à élargir le spectre des axes de différenciation sociale considérés, peut-on considérer que l’espace et l’environnement sont également à l'origine de rapports de domination à la fois spécifiques et croisés aux autres formes de domination ? S’agit-il, au contraire, de dimensions mineures ou de reflets d'autres formes de domination ? Comment ces questionnements s’articulent-ils avec les débats et controverses qui animent la sociologie urbaine et la sociologie de l’environnement, en particulier autour des « effets de lieu » et de la prise en compte des « non-humains » ? Axe 3 : Conflits et mobilisations autour des environnements et des écologies L’actualité témoigne d’une recrudescence de la politisation de l’environnement ainsi que d’une importance croissante des enjeux environnementaux ou écologiques dans les logiques de conflictualisation – comme en attestent des mouvements comme les Soulèvements de la Terre ou les nombreuses oppositions locales à l’installation d’infrastructures énergétiques (panneaux photovoltaïques, éoliennes...). Ces mobilisations s’inscrivent dans une histoire longue des conflits environnementaux et plus largement des conflits d’usage autour d’un espace partagé. Cet axe vise à interroger les conflits et mobilisations environnementales dans leur dimension spatiale : que ce soit autour de l’enjeu (usages et usagers d’une portion d’espace) ou du répertoire d’actions (occupation et appropriation de l’espace, échelles des collectifs et des actions collectives), sans oublier les configurations territoriales spécifiques dans lesquelles ces conflictualités viennent s’inscrire (sentiers de dépendance, histoire du peuplement, stratifications sociales locales...). Les communications pourront interroger comment l’autochtonie, mais également les mobilités et circulations, constituent des ressources voire des conditions de l’engagement dans ces dynamiques contestataires environnementales. Quels rapports à l’espace entretiennent les militant·es ? Dans quelle mesure l’espace (ou l’environnement) constitue-t-il un ressort de politisation ? De quelles façons les conflictualités s’articulent-elles aux (re)configurations résidentielles du terrain étudié ? Comment l’exploration des rapports différenciés à l’espace local permet-elle de comprendre les perceptions divergentes du devenir d’un même territoire de la part des différents groupes ? Ces communications pourront alors interroger les effets de la socialisation résidentielle sur l’engagement dans le cadre spécifique de ces conflits environnementaux. Par ailleurs, on pourra interroger les propriétés sociales et les trajectoires professionnelles et résidentielles des personnes impliquées tout comme les diverses formes d’alliances et mésalliances ou de coalitions de pouvoir à l’échelle locale ou encore les conflits, rivalités entre groupes aux intérêts divergents. Les mobilisations abordées pourront donner à voir des degrés de conflictualité variés (allant de politisations discrètes à des mobilisations protestataires plus visibles). On cherchera également à interroger les usages politiques et sociaux différenciés de la cause environnementale tout comme ses effets sociaux et politiques dans l’espace local. Comment la cause environnementale est-elle défendue, contestée voire instrumentalisée ? Par quels acteurs et pour la défense de quels espaces ? Que nous apprennent ces conflictualités sur les rapports au territoire des groupes sociaux et sur leurs volontés et leurs capacités différenciées à peser sur les trajectoires environnementales à différentes échelles (celles du quartier, de la commune, de l’intercommunalité...) ? Au-delà des oppositions, l’engagement écologique ou environnemental peut également prendre la forme d’initiatives collectives, à l’instar par exemple des AMAP, des potagers urbains, des réappropriations de friches ou encore des coopératives d’autoconsommation citoyennes. Quels sont les espaces (ré)investis par ces engagements ? Par quels acteurs et selon quelles modalités le sont-ils ? De quelles pratiques et interactions sociales ces espaces peuvent-ils être les supports ? Qu’est-ce que l’étude empirique de ces formes d’engagement environnemental révèle-t-elle de la persistance ou de la reconfiguration des inégalités sociospatiales dans différents contextes ? Les communications qui aborderaient de tels questionnements sont les bienvenues. Axe 4 : Varia et ouvertures aux thématiques classiques du RT9 Pour finir, rappelons que des travaux et propositions originales portant sur les questions plus classiques liées aux questions urbaines et aux enjeux de territoires seront bien entendu également appréciés et évalués. Nous invitons les chercheur.euses travaillant sur des objets centraux pour le RT9 à soumettre des propositions afin de dédier, à Toulouse, une partie des échanges aux nouveautés scientifiques et débats actuels qui traversent nos thématiques.   Comment proposer une communication ? Les propositions de communication (3000 signes maximum, espaces compris, hors bibliographie) sont à déposer avant le 15 janvier 2025 sur le site de l’AFS et à envoyer par mail à l’adresse : rt9afs@gmail.com. Elles devront impérativement répondre aux normes suivantes pour faciliter l’opération d’anonymisation : Page 1 : ● Nom, Prénom ● Institution de rattachement ● Adresse mail de contact Page 2 : ● Axe(s) souhaité(s) ● Titre de la communication ● Résumé de la communication. Les propositions devront indiquer clairement l’objet de la présentation et la manière dont celle-ci s’inscrit dans les axes thématiques proposés dans l’appel, ainsi que les méthodes et le type de matériaux mobilisés. Pour participer au Congrès, il faudra adhérer à l’AFS et s’acquitter de droits d’inscription. Lors du précédent Congrès de 2023, l’adhésion s’élevait à 41€ pour les non-titulaires et 103€ pour les titulaires ; l’inscription au Congrès à 61€ pour les non-titulaires et 152€ pour les titulaires. Les tarifs pour le Congrès de Toulouse seront légèrement plus élevés (inflation). Les collègues non-titulaires qui ne peuvent être financé.es par leur laboratoire pourront, sur présentation de dossier, être exonéré.es des droits d’inscription et bénéficier d’une aide pour le transport et le logement. La procédure pour la demande d’exonération des droits d’inscription sera précisée plus tard. L’accès au Congrès se veut le plus inclusif possible : - Des dispositifs de lutte contre les violences sexistes et sexuelles seront mis en place. - Si vous avez besoin de services d’accompagnement en raison d’une situation de handicap, vous pourrez le signaler dans le cas où votre communication est retenue. Le comité d’organisation mettra tout en œuvre pour essayer de répondre à vos demandes. - Si vous avez besoin de services de crèche pendant le Congrès vous pourrez le signaler au moment de l’inscription. Le comité local essayera de proposer un mode de garde.   Le Bureau du RT9 Eliza Benites-Gambirazio ((ENS Paris-Saclay - IDHE.S) - coresponsable du RT9 Audrey Cherubin (Université Paris 3 Sorbonne-Nouvelle/CREDA) Garance Clément (Université de Haute-Alsace - SAGE) - coresponsable du RT9 Camille Gardesse (Ecole d’Urbanisme de Paris - Lab'Urba) Anaïs Collet (Université de Strasbourg/SAGE) Colin Giraud (Université Paris-Nanterre/CRESPPA-CSU) Laura Guérin (ENSAPVS/LAVUE) - coresponsable du RT9 Hélène Jeanmougin (Université Aix-Marseille - Mesopolhis) Romane Joly (Unistra - SAGE) Elise Palomares (Université de Rouen - Dysolab) Marie Quarrey (Université de Strasbourg - SAGE) Thomas Sigaud (Université de Tours - Citeres) - coresponsable du RT9 Félicie Roux (Université Champollion (Albi), LISST-CERS) Hélène Steinmetz (Université du Havre - IDEES) Cécile Vignal (Université de Lille - Clersé)
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