Les propositions de communication sont à déposer avant le 15 janvier sur le site de l’AFS. Le XIè Congrès de l’AFS s’organisera autour du thème : « Environnement(s) et inégalités ». Il aura lieu à Toulouse du 8 juillet au 11 juillet 2025 (voir modalité de participation à la fin de l’appel). Le Réseau Thématique (RT) 24 de l’AFS « Genre, Classe, Race. Rapports sociaux et construction de l’altérité » propose un appel à communications organisé en cinq axes, tout en ouvrant la possibilité de faire des propositions hors axes, à condition qu’elles s’inscrivent dans le thème du Congrès et dans l’articulation de plusieurs rapports sociaux.
Au sein du RT24, nous débattons des concepts, de la méthodologie et de l’épistémologie de l’articulation des rapports sociaux de sexe, de classe, de race. Pour ce congrès, la sélection des propositions donnera priorité à celles croisant au moins deux rapports sociaux et, si nous accueillerons toute proposition susceptible de répondre à l’appel de l’AFS, nous souhaitons plus particulièrement développer la réflexion commune autour des questions suivantes : comment les rapports sociaux façonnent le(s) environnement(s), et en retour, comment les environnements participent-ils à la construction et à la reproduction des rapports sociaux de domination – de sexe, de classe et de race notamment – et des inégalités sous-jacentes ?
Il s'agit de replacer les rapports sociaux au sein des lieux et espaces où ils se déroulent, et de prendre au sérieux le poids de ces espaces et leurs spécificités dans l'instauration, le maintien ou la déstabilisation de ces rapports. Nous laissons volontairement planer un flou sur ce que signifie « environnement » afin d'inviter des travaux portant sur divers types d'environnements, qu'il s'agisse d'environnements urbains, péri-urbains, ou ruraux, ou qui comparent un même phénomène au regard des divers espaces où il peut se dérouler par exemple.
Enfin, pour rejoindre le bureau du RT24, il faut avoir communiqué au sein du RT24, soit dans le cadre du Congrès de l’AFS, soit lors du séminaire du réseau.
Axe 1 : Luttes et appropriations autour des espaces et des environnements
Cet axe propose de s’intéresser à la manière dont les rapports sociaux façonnent l’accès à l’environnement et ses usages et en retour comment les usages, appropriations et divisions des espaces s’inscrivent dans la dynamique des rapports de domination. On s’intéressera notamment à l’appropriation des espaces par différents groupes sociaux (luttes pour l’accès aux espaces naturels et touristiques, aux habitats, relégation spatiale de groupes minorisés). On peut penser par exemple au maintien d’environnements dits « naturels » comme les parcs nationaux et les réserves, ou à l’extractivisme et ses effets sur les populations minorisées. On peut se demander comment les rapports de pouvoir entre groupe sociaux conditionnent l’accès à l’espace et à un environnement favorable (accès aux espaces verts, aux espaces de loisirs…). Il sera également possible de s’intéresser aux environnements comme lieux de circulation, de traverse, aux questions de mobilités (migratoires, pendulaires…), et à leurs effets sur différentes catégories sociales et sur les inégalités qu’elles peuvent participer à produire. Les appropriations des questions environnementales par les groupes sociaux peuvent aussi être interrogées : usages des questions écologiques dans les luttes pour l’espace dans la transformation urbaine, injonctions à l’écologie ou diffusion de représentations sur la capacité de certains groupes sociaux à se soucier de l’écologie, etc.
Les luttes autour de l’environnement peuvent aussi se déployer à une échelle plus large, dans le cas de travaux sur le « colonialisme vert » par exemple, sur l’exploitation coloniale des territoires et leurs prolongements dans la décolonisation.
Axe 2 : Mobilisation écologique et perspectives queer et féministes : conflictualités et alliances
Cet axe propose d’explorer les tensions, conflictualités et alliances qu’entretiennent les courants de pensée écologistes et féministes, depuis un prisme attentif aux rapports sociaux de domination.
D’abord, nous proposons d’interroger le vaste champ de l’écoféminisme, en tant que théorisation et mouvement politique articulant la domination des hommes sur les femmes et celle des humain·e·s sur la Nature. Il peut notamment être interrogé au prisme de son rapport à l’essentialisme : quels conflits et quelles alliances ont été tissées au sein des groupes féministes par rapport à cette originelle et épineuse question ? Quelles autres lignes de fracture ou de convergence sont apparues dans les mouvements sociaux suite à la diffusion de la perspective écoféministe ?
Deuxièmement, nous nous intéressons aux oppositions et recompositions entre certains pans de l’écologie politique, différents courants
queer et féministes, et le mouvement anti-industriel. Ce dernier se distingue par une critique radicale des technologies, notamment des nanotechnologies, de l'industrie énergétique, mais aussi parfois des techniques de procréation médicalement assistée, des traitements hormonaux et des interventions chirurgicales. Dans ces cas, il n'est pas rare qu'il prenne la forme d’attaques frontales contre les féministes, les lesbiennes et les personnes trans. Si de plus en plus de textes et d’émissions [1] ont acté « le naufrage réactionnaire du mouvement anti-industriel » et son virage antiféministe, transphobe et islamophobe, d’autres collectifs appellent à une critique féministe de l’industrialisation du monde et à une constellation d’affinités anarchistes, écologistes, antispécistes, queer et trans-féministes [2]. Une socio-histoire des conflits théoriques et du renouvellement des luttes anti-industrielles,
queer et féministes, de même que l’ethnographie des différents groupes mobilisés les uns contre ou avec les autres seraient les bienvenues.
Enfin, ces dernières années ont vu se multiplier des critiques féministes,
queer et décoloniales d’une écologie blanche et bourgeoise. Dans quelle mesure les perspectives critiques sur l’écologie comme projet politique prolongent ou confrontent-elles l’idée selon laquelle la fabrique du quotidien porte un enjeu révolutionnaire ? Quelles analyses offrent ces analyses des pratiques individuelles de consommation ou des modes de production ?
Les intervenant·e·s sont invité·e·s à retracer les débats théoriques entre ces différentes approches, afin d'explorer les articulations entre ces débats et les pratiques politiques concrètes, la composition des collectifs militants, etc. Pour cela, des analyses socio-historiques mobilisant différents types d’archives sont aussi bienvenues que les ethnographies de mobilisations.
Axe 3 : (In)justices environnementales et inégalité de santé - Session croisée avec le RT 19 (Santé, médecine, maladie et handicap)
L’essor du capitalisme et de l’industrialisation ont abouti à une surexposition des ouvrier·e·s et des agriculteur.rice.s à différentes sortes de polluants. L’adoption progressive par les pouvoirs publics de contraintes réglementaires dans le but de protéger les populations a souvent engendré l’exportation des dégradations environnementales des métropoles vers les territoires (post)colonisés et, plus généralement, des pays du Nord vers ceux du Sud. Simultanément, dans les pays occidentaux les populations racisées et/ou de classes populaires précarisées sont reléguées dans des espaces de ségrégation dégradés sur le plan environnemental et sont amenées à fréquemment travailler dans des environnements détériorés et dangereux pour la santé. On peut observer des effets différents selon le genre.
L’objet de cette session conjointe est d’interroger les effets des inégalités environnementales de classe, de race et de genre sur la santé des groupes minorisés ; les polluants entraînent de nombreux problèmes de santé tels que cancer, stérilité, malformation du fœtus, handicap, mortalité précoce… On pourra, par exemple, s’interroger sur les ressorts sociaux de la production d'environnements dégradés et nocifs pour la santé en général, et la santé reproductive en particulier (la dégradation de l’environnement peut avoir des effets sur la fécondité des hommes et des femmes, par exemple). Dans quelle mesure s’accompagne-t-elle de formes de relativisation des effets des polluants et autres substances ou pratiques nocives sur la santé lorsque des minoritaires sont exposé·e·s ? On pourra, en outre, questionner les outils disponibles pour objectiver les effets sur la santé des injustices environnementales.
De manière plus générale, l’environnement pourra également être entendu dans un sens plus large. Les contributions interrogeant les effets sur la santé des environnements sociaux auxquels les minoritaires sont assignés sont également bienvenues.
Axe 4 : Migrations et inégalités environnementales au prisme du droit et de la justice - Session croisée avec le RT 13 (Sociologie du droit et de la justice)
Cette session croisée mettra la focale sur la manière dont le droit et la justice sont mobilisés dans la lutte contre les catastrophes climatiques, l'exploitation et la privation des ressources naturelles, mais aussi les violences subies par les personnes impliquées dans les luttes contre les méga-projets extractivistes, pour la défense des territoires, et par les populations locales expropriées victimes d'exils forcés.
En partant du constat que les femmes ainsi que les populations racialisées autochtones sont les premières concernées par ces formes d'exploitation et de privation spécifiques, cette session entend analyser la place du droit et des arènes judiciaires dans le gouvernement des migrations environnementales, au prisme d'un ensemble de rapports de pouvoir imbriqués (de genre, de classe, de race) mais également des (dés)équilibres inégalitaires au niveau mondial. Dans quelle mesure la reconnaissance de migrations environnementales fait-elle l’objet de luttes juridiques ? Que dit le droit sur le droit à vivre dans un environnement sain pour les populations autochtones ? Que fait le droit pour protéger les
defensoras de l'environnement, lorsqu'elles sont contraintes de quitter leur pays d'origine suite aux menaces et violences qu'elles subissent ? Quelles arènes judiciaires sont investies par ces luttes contre les inégalités environnementales ? Comment et pourquoi les formes de mobilisation contre les inégalités environnementales changent depuis l'exil ? Quelles contraintes juridiques viennent façonner les possibilités de s'investir dans la lutte depuis l'étranger ?
Toutes recherches qui adoptent une perspective intersectionnelle pour penser les inégalités produites par et/ou combattues à travers les arènes juridiques et judiciaires sont bienvenues.
Axe 5 : Retour du naturel
Cet axe propose d’accueillir les recherches qui prolongent le travail de déconstruction des multiples formes de naturalisation auxquelles la sociologie reste confrontée, telles que la biologisation des comportements et l’essentialisation des rapports de pouvoir. Il s’ouvre aux travaux poursuivant les réflexions autour de la fabrication des groupes minorisés - donc naturalisés - par les rapports sociaux de sexe, classe, race, âge. Repartant des principales contributions de Colette Guillaumin sur l’idée d’une construction sociale de groupes réputés « naturels » et sur la fondation
en nature des rapports de pouvoir entre ces groupes, cet axe accueille les recherches qui, dans une perspective intersectionnelle, poursuivent le travail de déconstruction des schèmes biologisants, essentialisants, naturalisants structurant la dynamique des rapports sociaux de domination.
Le renouvellement des discours naturalistes prennent de plus en plus de place dans les débats politiques mais aussi dans les sciences sociales. La mouvance anti-woke, les appels à « sauver la différence des sexes » se multiplient (notamment dans les débats sur les trans) ainsi que des discours qui naturalisent les rapports Nord-Sud sous couvert de « différences culturelles », dans un contexte marqué par la montée de l’extrême droite dans plusieurs pays des continents européen et américain. La réactualisation de la notion de race par les sciences de la nature, la biologie, la médecine ou les sciences cognitives invite la sociologie à poursuivre les recherches et proposer des outils face au développement de la biologie et de la génétique qui favorise des lectures du social à l’aune des neurosciences. Quelles analyses proposer face au développement des tests génétiques (d'ancestralité, de généalogie) ? En quoi les études de genre et les «
critical race studies » notamment participent d’un renouvellement des façons de penser ces questions au prisme de l’articulation des rapports sociaux ?
Nous encourageons également les propositions qui renouvellent des pistes de recherches sur l’étude des processus de minorisation et examinent en quoi les analyses théoriques produites par les groupes minorisés permet de « désessentialiser » certaines catégories de pensée du social. Il s’agira de comprendre comment les mouvements sociaux et la réflexion de groupes minorisés contribuent à la critique des mécanismes de naturalisation de rapports de domination et/ou comment ils s’approprient une production universitaire sur le sujet pour penser leurs combats et luttes contre les effets de cette naturalisation.
Nous accueillerons également les communications qui revisitent et réinterrogent la matérialité de la pratique sociologique à partir d’un regard intersectionnel. Une attention particulière sera portée aux dispositifs méthodologiques : comment dépasser les biais essentialistes qui structurent les pratiques de l’observation ethnographique ? Quels dispositifs d’enquête mettre en place et comment interroger les activités de classement et d’ordonnancement du réel à l’œuvre sur les terrains ?
[1] « Bilan critique du courant anti-industriel », podcast Zoom écologie du 18 octobre 2022, radio Fréquences Paris Plurielles. URL :
https://zoom-ecologie.net/?Bilan-critique-du-courant-anti-industriel ; Brochure « Le naufrage réactionnaire du mouvement anti-industriel. Histoire de dix ans », publiée le 7 décembre 2023 sur Paris Luttes Info. URL :
https://paris-luttes.info/le-naufrage-reactionnaire-du-17598
[2] « Casser leurs machines, fabriquer les nôtres », entretien avec Amel Sabbah, Naiké Desquesnes et Mathieu Brier réalisé par Léna Silberzahn et Pierre de Jouvancourt, publié le 5 septembre 2024 sur
Terrestres. URL :
https://www.terrestres.org/2024/09/05/casser-leurs-machines-fabriquer-les-notres/ ; Brochure « La transidentité n’est pas un transhumanisme » publiée sur Infokiosques par Alex B. le 17 mai 2021. URL :
https://infokiosques.net/spip.php?page=lire&id_article=1805
Pour participer au Congrès, il faudra adhérer à l’AFS et s’acquitter de droits d’inscription. Lors du précédent Congrès de 2023, l’adhésion s’élevait à 41€ pour les non-titulaires et 103€ pour les titulaires ; l’inscription au Congrès à 61€ pour les non-titulaires et 152€ pour les titulaires. Les tarifs pour le Congrès de Toulouse seront légèrement plus élevés (inflation). Les collègues non-titulaires qui ne peuvent être financé×es par leur laboratoire pourront, sur présentation de dossier, être exonéré×es des droits d’inscription et bénéficier d’une aide pour le transport et le logement. La procédure pour la demande d’exonération des droits d’inscription sera précisée plus tard.
L’accès au Congrès se veut le plus inclusif possible :
- Des dispositifs de lutte contre les violences sexistes et sexuelles seront mis en place.
- Si vous avez besoin de services d’accompagnement en raison d’une situation de handicap, vous pourrez le signaler dans le cas où votre communication est retenue. Le comité d’organisation mettra tout en œuvre pour essayer de répondre à vos demandes.
- Si vous avez besoin de services de crèche pendant le Congrès vous pourrez le signaler au moment de l’inscription. Le comité local essayera de proposer un mode de garde.