RT12

Appel à communications du RT12 Sociologie Economique

Congrès de l’Association Française de Sociologie 2025

« Environnement(s) et inégalités »

8 - 11 juillet 2025 à Toulouse

APPEL À COMMUNICATIONS RT12 – « Sociologie économique »

 

Propositions de communication à soumettre avant le 17 janvier 2025

  Appréhendées à l’aune des phénomènes économiques, les enjeux d’environnement(s) et d’inégalités constituent une problématique très riche, qui peut engager l’analyse dans diverses directions qui, ensemble, invitent à interroger l’opposition souvent mise en avant entre « l’économie » et « l’écologie ». Pour les sessions du congrès 2025, le réseau propose aux contributeurs et contributrices de réfléchir à cette question à partir des thématiques suivantes, sans prôner un cadre théorique ou épistémologique spécifique. Le RT accueillera également des communications hors thématique, en particulier celles portant sur des recherches fondamentales en sociologie économique.  
  1. La marchandisation de la nature
La marchandisation, ou commodification, de la nature est au cœur des questionnements de sociologie économique de l’environnement. Depuis l’ouvrage classique de Karl Polanyi nous enjoignant à étudier les processus de « désencastrement » de l’économie, de nombreux travaux se sont employés à étudier les contextes sociohistoriques expliquant la mise en marché d’un ensemble toujours plus important d’entités environnementales : vivantes, issues du vivant, voire hybrides. Le désencastrement a notamment pour effet l’intégration progressive d’éléments qui, pour des raisons souvent morales et techniques, n’étaient et ne pouvaient pas être sources de profits marchands. Comment caractériser le processus de marchandisation de la nature, à l’heure où les problématiques environnementales sont toujours davantage mises à l’agenda ? À quels types de contestations morales et politiques cette marchandisation se heurte-t-elle ? Les communications pourront mobiliser plusieurs concepts pour saisir les différentes séquences, acteurs et dispositifs concourant à cette mise en marché : capitalisation, assetization, valorisation, valuation, dispositifs de calcul, indicateurs, etc. Elles pourront également porter sur des objets particuliers, comme le marché foncier ou les activités extractivistes. Enfin, elles pourront interroger les limites de cette marchandisation ou le rôle joué par l’État dans ce processus, par exemple en se concentrant sur la sanctuarisation de la biodiversité.
  1. Environnements, genre et inégalités économiques
Différents travaux ont souligné l'importance des inégalités de genre au sein des organisations, par exemple au niveau de la division du travail, du salaire ou encore de l'évolution des carrières, et dans l'espace domestique. Plus récemment, des recherches ont montré le poids du genre dans les inégalités d'accumulation du capital. Cet axe propose de poursuivre ces réflexions en articulant environnements (de travail, domestique, spatial, social, matériel, politique, etc.), rapports économiques et inégalités de genre. Comment se reconfigurent les rapports de genre et la division sexuée du travail dans les organisations ? Comment les rapports de genre structurent-ils l'accès à (ou l'exclusion de) l'accumulation de capital ? Des contributions portant plus précisément sur la dimension écologique sont également attendues. Dans les entreprises, ce sont souvent des femmes au sein de professions féminisées qui portent les causes sociales. Retrouve-t-on cette division du travail pour les causes environnementales dans les organisations ? Les femmes se chargent-elles davantage de la prise en compte de la question environnementale au sein du foyer, par exemple en termes de choix de consommation ? Les analyses portant sur l'articulation des autres rapports sociaux (race, âge, classe) sont les bienvenues.
  1. Verdir l’économie
Ces dernières années ont vu fleurir l’usage du qualificatif « vert » accolé à la terminologie économique. La « croissance verte », la « finance verte » et autres marchés du verdissement viennent désigner des initiatives reposant sur la promotion de dispositifs marchands et technologiques pour compenser les externalités négatives des activités économiques sur l'environnement, voire directement contribuer à la transition écologique. Le RT accueillera les communications s’intéressant aux nouveaux objets et secteurs liés à l’intégration des préoccupations écologiques dans les logiques économiques. Il s’agira de préciser ce que la sociologie économique peut apporter à la compréhension des conditions d’émergence et effets de ces marchés du verdissement. Sur quelles configurations relationnelles, institutionnelles et historiques s'appuie le développement de ces marchés « verts » ? Que nous disent-elles des interactions entre mondes économiques et mobilisations écologistes ? Ces initiatives aboutissent-elles à de réels changements ou s’apparentent-elles à une simple récupération de la critique environnementale ? Diminuent-elles ou amplifient-elles les inégalités qui fondent la critique sociale ? En quoi l’introduction de critères environnementaux vient-elle modifier les règles de la concurrence sur les marchés considérés ?
  1. Les modèles alternatifs de production
Les stratégies d’adaptation de l’économie au changement climatique sont souvent résumées par une expression simple : « décarboner l’économie ». Celle-ci désigne un ensemble de transformations de l’appareil productif qui visent notamment à le rendre moins consommateur ou producteur d’énergies fossiles. Les communications proposées pourront éclairer ces transformations à l’aune de secteurs économiques aussi différents que l’agriculture, la finance, l’industrie, etc. La construction de modalités alternatives de production consiste d’abord à remplacer certains intrants par d’autres, par exemple en substituant une source d’énergie renouvelable à une autre, mobilisant des énergies fossiles ou à convertir une agriculture « conventionnelle » vers une autre, « biologique » ou moins consommatrice d’intrants chimiques. Mais elle suppose aussi de réorganiser les chaînes d’approvisionnement de l’économie, aussi bien en amont qu’en aval de la production – notamment afin de les raccourcir. Enfin, cela suppose la mise en place de nouveaux circuits de financement de l’économie, généralement décrits par l’expression de « finance verte ». Ces modalités originales de financement supposent souvent de redéfinir les critères d’efficacité d’un investissement, afin d’atténuer le rôle que joue la seule rentabilité de court terme.
  1. Rapports Nord-Sud et gouvernance mondiale
Le présent appel encourage aussi les communications traitant les enjeux Nord-Sud que la lutte contre le changement climatique peut soulever. On pourra d’abord accueillir des travaux sur les politiques et pratiques d’adaptation que les États et populations du Sud global réalisent pour anticiper/supporter les désordres environnementaux. Au-delà d’adaptations sectorielles de grande ampleur (comme l’abandon de modèles extractivistes au profit d’autres modèles de développement), les défis environnementaux créent-ils des opportunités marchandes, voire provoquent-ils l’émergence de nouveaux marchés, y compris informels, autour de nouveaux services ou produits (l’eau douce par exemple) ? Ensuite, la définition de politiques mondiales contre le réchauffement climatique (protocole de Kyoto notamment) a reposé sur le choix d’instruments marchands, à l’instar du marché de la compensation volontaire du carbone, qui produit de forts déséquilibres entre pays du Nord gros consommateurs et pays du Sud à qui sont achetés des droits à polluer : quel bilan réaliser vingt ans après sa mise en place ? Le cas des énergies dites renouvelables reconduit également ces rapports : les Nords profitent d’une énergie qui se veut plus écologique, en s’appuyant sur l’extraction de minerais des Suds et l’exploitation d’une main d’œuvre précaire. Les consommations moins carnées comme celles à base de soja rejouent quant à elles ces rapports en entraînant davantage de déforestations, des violences envers les populations locales, un appauvrissement des terres... Plus largement, comment analyser la gouvernance mondiale de la lutte contre les dégâts environnementaux plaçant les instruments économiques au cœur de leur résolution et quelles inégalités sociales, générationnelles et géographiques ces instruments produisent-ils ?
  1. Consommation et production engagées
Si la politisation du marché n’est pas nouvelle, celle-ci apparaît comme l’un des moyens possibles de lutte contre le changement climatique et les inégalités économiques et sociales. Elle se traduit par des pratiques de consommation et de production dites « engagées » par lesquelles des citoyen·nes expriment directement par leurs choix marchands des positions militantes ou politiques. Quelles sont ces pratiques aujourd’hui, qui s’en emparent, pour défendre quelles causes et avec quels effets ? Souvent critiquées pour leur caractère inégalitaire, la consommation et la production engagées reposent d’abord sur des différentiels de ressources socio-économiques qui n’offrent pas les mêmes capacités d’expression sur les marchés. Quelles sont les caractéristiques sociales des consommateurs·trices et producteurs·trices engagé.es actuel·les ? Quels clivages en termes de classe, genre, race, âge, ou encore origine géographique ces pratiques dessinent-elles, notamment lorsqu’elles visent la préservation de l’environnement ? À quels enjeux de distinction ou à quelles socialisations politiques différenciées renvoient-elles le cas échéant ? Quelles formes concrètes, innovantes ou non, prennent ces démarches aujourd’hui ? Par ailleurs, les causes défendues par ces pratiques entrent parfois en tension : s’agit-il de s’engager contre les inégalités (et si oui lesquelles) et/ou pour préserver l’environnement (et comment) ? Dans quelle mesure ces causes s’avèrent-elles compatibles ? Dans une perspective dynamique cette fois, certains enjeux paraissent-ils prendre l’ascendant sur d’autres ? Enfin, consommer ou produire « mieux » équivaut-il nécessairement à produire/consommer « moins » ? Ces initiatives individuelles sont-elles complémentaires ou concurrentes d’une réflexion en termes de responsabilité collective des dégâts environnementaux et que conclure plus largement de ces perspectives en termes de changement social et politique ?
  1. Les savoirs économiques
La science économique constitue la « science de gouvernement » par excellence, orientant les décisions des acteurs économiques et contribuant à informer de manière décisive les politiques publiques. Les savoirs économiques jouent donc un rôle central dans l’appréhension des phénomènes environnementaux. Le RT encourage notamment les propositions de communication explorant la mobilisation de ces savoirs par deux catégories d’acteurs. Les administrations publiques, d’abord. Comment les paramètres environnementaux sont-ils intégrés dans les modèles des économistes (des analyses d’impact, aux évaluations, en passant par les prévisions) ? Quels sont les effets de cette intégration sur la poursuite d’objectifs environnementaux ? Les acteurs privés, ensuite. Dans le cadre de la responsabilité environnementale des entreprises, comment construire des savoirs (ou organiser de l’ignorance) pour équiper les plans de verdissement ? La construction de tels savoirs est particulièrement cruciale pour certains secteurs qui, comme celui de l’assurance, doivent préciser mettre en risque des événements incertains au point que leur assurabilité n’est plus nécessairement acquise, à l’instar des futures catastrophes de grande magnitude. Enfin, quelle place ménager aux savoirs profanes, portés par des mouvements sociaux, alternatifs, ou militants, qui voient dans le changement climatique la preuve d’une nécessaire remise en cause des savoirs économiques dominants - par exemple autour du thème du « capitalocène » ?     Modalités de soumission Les propositions de communication sont à déposer sur le site de l’AFS avant le 17 janvier 2025. Elles devront comporter les nom, prénom, institution de rattachement et adresse mail du ou des auteurs, le titre de la communication, les mots clés (6 max) et, en moins de 5000 signes, une présentation du sujet : question traitée, méthodologie de la recherche, le cas échéant terrain étudié, résultats mis en avant, bibliographie sommaire. Les propositions seront anonymisées et évaluées collectivement par les membres du bureau du RT. Informations importantes concernant le congrès  Pour participer au Congrès, il faudra adhérer à l’AFS et s’acquitter de droits d’inscription. Lors du précédent Congrès de 2023, l’adhésion s’élevait à 41€ pour les non-titulaires et 103€ pour les titulaires ; l’inscription au Congrès à 61€ pour les non-titulaires et 152€ pour les titulaires. Les tarifs pour le Congrès de Toulouse seront légèrement plus élevés (inflation). Les collègues non-titulaires qui ne peuvent être financé·es par leur laboratoire pourront, sur présentation de dossier, être exonéré·es des droits d’inscription et bénéficier d’une aide pour le transport et le logement. La procédure pour la demande d’exonération des droits d’inscription sera précisée plus tard. L’accès au Congrès se veut le plus inclusif possible : * Des dispositifs de lutte contre les violences sexistes et sexuelles seront mis en place. * Si vous avez besoin de services d’accompagnement en raison d’une situation de handicap, vous pourrez le signaler dans le cas où votre communication est retenue. Le comité d’organisation mettra tout en œuvre pour essayer de répondre à vos demandes. * Si vous avez besoin de services de crèche pendant le Congrès vous pourrez le signaler au moment de l’inscription. Le comité local essayera de proposer un mode de garde.
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