RT19

AAC RT19 Lille 2021

Dans une perspective sociologique, la maladie et le handicap sont considérés comme des facteurs potentiels de changement à de multiples échelles. Dans cet appel à communication pour le congrès de l’AFS 2021, nous proposons huit axes de réflexion sur le changement dans le domaine sanitaire, en partant de l’échelle la plus microsociale. Tous les axes peuvent intégrer des communications sur le thème de la pandémie de Covid-19, qui nous prouve, s’il en était encore besoin, à quel point la maladie peut bouleverser le cours ordinaire de nos existences.

Axe 1. L’expérience de la maladie et du handicap, un facteur de changement ?

L’expérience personnelle de la maladie, et des changements de condition corporelle ou psychique, peut occasionner des bifurcations biographiques, une adaptation des modes de vie et des transformations identitaires. Les personnes concernées déploient des stratégies pour en atténuer les conséquences, voire retourner le stigmate qui est associé à leur condition et tenter de l’inscrire positivement dans leur trajectoire sociale. L’irruption de troubles et l’évolution des incapacités contribuent aussi à recomposer les liens sociaux des personnes concernées avec leur entourage familial, amical et professionnel. Ces situations rendent plus visibles les relations de care et mettent en lumière les inégalités sociales de classe, de race et de genre face à la maladie et au handicap. Comment ces changements liés à l’expérience de la maladie et du handicap sont-ils vécus à l’échelle des individus et de leur entourage ? Les perturbations en matière de santé peuvent en outre être des éléments déclencheurs de mobilisations menées par les personnes concernées, leur entourage ou des professionnels, pour faire reconnaître l’existence de troubles, les qualifier comme des maladies ou des sources d’incapacités. Des systèmes d’entraide collective se mettent en place dans l’espace physique comme virtuel, ainsi que des actions pour améliorer le système de soins et la formation des soignants ou orienter la recherche biomédicale. Quelles formes prennent les mobilisations actuelles pour la santé ? À quelles conditions débouchent-elles sur des changements significatifs pour les personnes affectées ? Pendant la pandémie de Covid-19, des malades ont cessé de faire appel aux professionnel·les de santé. Quels ont été leurs motifs ? Comment analyser les effets du confinement sur la santé physique et mentale des individus dans cette période d’isolement social, et parfois de renonciation aux soins, sans précédent ?

Axe 2. Quelles évolutions dans les relations entre malades et professionnel·les de la santé ?

Dans les années 1990, sous l’impulsion des associations de malades du sida, le pouvoir de négociation des patient.es face aux professionnel·les de la santé s’est accru. De nouveaux droits des patient.es (accès à l’information, consentement aux soins…) ont été inscrits dans la loi de 2002, ainsi que dans des chartes éthiques. Cette évolution est-elle encore d’actualité ? Les promesses de recul du paternalisme médical et de plus grande démocratie sanitaire sont-elles en train de se réaliser ? Les patient.es et leurs représentant.es participeraient de manière accrue aux décisions concernant leurs soins, à la gestion des établissements de santé, à l’organisation des soins de premier recours ou aux délibérations des agences sanitaires. Que constate-t-on en pratique ? Qu’en est-il de l’intégration de « patient.es experts » ou pairs aidant.es dans les lieux de soins et de formation ? Quelle forme prend la participation des profanes, par exemple les associations de patient.es, ou encore les personnes qui habitent sur un territoire, à l’action publique dans le domaine sanitaire ? Un des sujets majeurs de négociation entre malades et professionnels de la santé porte sur l’accès aux soins. Constate-t-on toujours des discriminations dans cet accès, selon la manière dont le personnel de santé catégorise les personnes sur la base de leur niveau de formation et de revenus, leurs origines, leurs capacités linguistiques ou leur genre ? Pendant la pandémie de Covid-19, le problème de l’inégalité d’accès aux soins pour les malades a été soulevé dans l’espace public. Quels ont été les discours et les pratiques des professionnel·les et des pouvoirs publics ? Comme pour d’autres pathologies, les malades ne se répartissent pas au hasard dans l’espace social. La pandémie a frappé prioritairement des populations défavorisées sur le plan socio-économique et des personnes âgées. Dans quelle mesure l’épidémie a-t-elle joué un rôle de révélateur des inégalités sociales et des manières de hiérarchiser des catégories de patient.es ou de défunt.es ? Quels dispositifs de lutte contre ces inégalités ont émergé à cette occasion ?

Axe 3. Savoirs, sciences et innovations biomédicales

 (Session commune avec le RT29 Sciences et techniques en société) : Le domaine de la santé se caractérise par un renouvellement rapide des connaissances et des techniques. Le développement des innovations biomédicales en vient à incarner l’utilité des sciences, comme dans le cas des nouveaux médicaments. Le récit de leurs succès contribue à nourrir la promesse d’une amélioration permanente : par exemple l’Intelligence Artificielle devrait révolutionner le traitement des données de santé et les tests génomiques pourrait permettre de prédire les maladies que nous allons développer. En période de crise sanitaire, comme durant l’épidémie de Covid-19, ces attentes n’en sont que plus fortes. Elles donnent lieu à des positions divergentes entre les experts sur leur efficacité et leur mise en œuvre dans des mesures de santé publique. Il convient alors d’interroger la diversité des phénomènes rassemblés sous le terme d’innovation biomédicale, les dynamiques scientifiques et économiques qui s’y mêlent et les conséquences de ces nouveaux savoirs et dispositifs en matière de définition et de gestion des risques sanitaires. Comment se construisent les savoirs biomédicaux, autour de quelles collaborations et avec quelles controverses ? Comment des innovations parviennent-elles, ou non, à devenir des pratiques cliniques courantes ? Comment les médecins, les chercheurs, les pouvoirs publics, les industriels et les patients interviennent-ils dans la régulation de ces innovations ? Quels sont les effets de ces innovations, et des promesses associées, sur le public et les patients, en particulier durant l’épidémie de Covid-19 ? Pour ce thème, les propositions de communication sont à déposer sur la pape dédiée à cette session croisée.

Axe 4. Changements observables dans les pratiques professionnelles et réorganisation du système de soins

 (Session commune avec le RT 1 – Savoirs, travail, professions) Les innovations pour améliorer la qualité des soins, la coordination des professionnel·le·s ou l’usage des ressources, modifient l’organisation du travail à l’hôpital et dans le secteur libéral. Des groupes ou segments professionnels utilisent ces changements pour renégocier les frontières de leur domaine d’activité, dans le cadre d’injonctions croissantes à l’inter ou à la pluri-professionnalité. Comment évoluent les pratiques, la division du travail et les relations entre les différentes professions du soin ? Pour adapter les pratiques professionnelles aux nouvelles connaissances et diversifier les filières de recrutement, les formations évoluent, à l’image des études infirmières qui ont été universitarisées ou la première année de médecine qui a été réformée. Quelles conséquences ont ces changements sur les format·rice·eur·s, les étudiant·e·s et les malades, ainsi que sur l’avenir de ces groupes professionnels ? Certains de ces changements, en particulier quand ils sont organisationnels et promus par les pouvoirs publics, suscitent l’opposition de groupes professionnels. Par exemple, le secteur hospitalier est régulièrement en grève contre le renforcement des contraintes gestionnaires, dénoncées comme une source de dégradation des conditions de travail et de la qualité des soins. A l’inverse, certains groupes d’acteurs en libéral acceptent les contraintes pour bénéficier de financements publics supplémentaires. Quelles formes prennent les mobilisations pour ou contre la rationalisation des soins ? Enfin, la pandémie de la Covid 19 a suscité une réorganisation accélérée du système de soins. Des hôpitaux ont déprogrammé des interventions. Des administrations sanitaires ont transféré des patients entre régions ou pays. Des praticien·ne·s ont vu leur patientèle cesser de consulter. Comment l’offre et la demande de soins se sont-elles recomposées dans ces circonstances inédites ? Que disent ces changements des modes de régulation du système de santé, des inégalités d’accès aux soins et des éventuelles sur- ou sous-prescriptions et consommations de soins ? Pour ce thème, les propositions de communication sont à déposer sur la pape dédiée à cette session croisée.

Axe 5. Relations professionnelles et syndicalisme à l’aune de la crise sanitaire

 (Session commune avec le RT18 Relations professionnelles) La crise sanitaire provoquée par l’épidémie de Covid-19 a mis à l’épreuve les capacités collectives de régulation professionnelle dans les entreprises comme dans les organisations publiques. Dans les EHPAD, comme dans les cliniques et les hôpitaux, elle a soulevé la question des conditions de travail et celle des moyens, des salaires et des emplois. En provoquant un éclatement des cadres temporels du travail (gardes prolongées etc.), une exposition accrue aux risques professionnels et une réorganisation des activités et des services (priorisation des activités par exemple), elle a impacté les professionnels de santé dans leur travail, mais aussi dans le rapport travail/hors travail. Elle a pu donner lieu à l’expression d’une conflictualité aux manifestations singulières. Elle a pu aussi faire l’objet d’intenses discussions et de négociations avec les représentants du personnel et les organisations syndicales. Ailleurs, les plans de continuité d’activité puis de reprise d’activité ont fait l’objet d’une importante mise en discussion avec les représentants des salariés, voire de conflits, ou au contraire ont procédé d’une démarche unilatérale sans délibération ni débat. Pour ce thème, les propositions de communication sont à déposer sur la pape dédiée à cette session croisée.

Axe 6. Changements environnementaux et santé

(Session commune avec le RT 38 Sociologie de l’environnement) Le surgissement de la Covid-19 a réactualisé la question des liens entre environnement et santé humaine. Aux effets des pollutions publicisés grâce aux mobilisations collectives viennent s’ajouter les problèmes causés par la destruction des écosystèmes. Dans le cadre du congrès, les Réseaux Thématiques de la sociologie de l’environnement (RT38) et de la santé, médecine, maladie et handicap (RT19) ont souhaité se réunir pour ouvrir un espace de réflexion commun sur les transformations des liens entre environnement et santé. Comment la prise en compte des effets environnementaux sur la santé a-t-elle évolué ? Quels sont les jeux d’acteurs impliqués dans la définition de ces problèmes ? Qu’en est-il des risques de transmission des maladies animales à l’être humain et réciproquement ? Que disent-ils des rapports de pouvoir entre médecine vétérinaire et médecine humaine ? On constate par ailleurs que l’alignement de la « raison sanitaire » sur les préoccupations environnementales ne va pas de soi. L’usage des masques jetables pour lutter contre la pandémie génère une quantité importante de déchets plastiques. La lutte contre les maladies vectorielles suffit pour justifier des actions, comme le lâcher de moustiques mâles stérilisés, sans que l’on connaisse leurs effets sur l’environnement. Cette session conjointe sera alors l’occasion d’interroger la façon dont le champ de la santé intègre ou non la transition écologique. Comment l’impératif écologique se matérialise-t-il dans les pratiques des professionnel·les de santé ? Quelles résistances provoque-t-il ? Dans quelles mesures les pouvoirs publics prennent-ils en compte les effets sur l’environnement des politiques de santé ? Pour ce thème, les propositions de communication sont à déposer sur la pape dédiée à cette session croisée.

Axe 7. Santé et sexualité : nouvelles mobilisations, pratiques et représentations

(Session commune avec le RT28 Recherches en sciences sociales sur la sexualité) Depuis les années 2000, on assiste à un renouvellement des questionnements sur la relation entre santé et sexualité : qu’il s’agisse notamment de la santé des LGBT+, de la constitution des violences sexuelles en problème public, de la place de la sexualité dans l’expérience de la maladie chronique et du handicap ou encore des effets de l’essor des nouvelles technologies et dispositifs biomédicaux. De quelles façons les individus, mais aussi les collectifs, se saisissent-ils de ces évolutions ? Comment s’articulent-elles aux inégalités liées au genre, à l’âge, à la classe sociale ou encore à l’assignation raciale ? Quelles sont les nouvelles mobilisations dans le domaine de la santé et de la sexualité ? Quel est le rôle joué par les professionnel·le·s de santé dans ces changements ? Ou encore, comment les évolutions techniques thérapeutiques et préventives transforment-elles ou sont-elles transformées par les pratiques sexuelles et affectives ? Pour ce thème, les propositions de communication sont à déposer sur la pape dédiée à cette session croisée.

Axe 8. La sociologie, facteur de changement dans le système de santé ?

Des sociologues interviennent dans les médias et les organismes de formation, ou comme expert·e·s auprès des pouvoirs publics, pour donner leur interprétation des problèmes sanitaires. Leurs analyses sont parfois utilisées par des associations de patients ou des professionnels de la santé. A quelles conditions et de quelle manière la sociologie peut-elle être un facteur de changement dans le système de soins et la société ? Dans quelle mesure intervient-elle dans la définition des problèmes publics, et contribue-t-elle à influencer les professionnel·les œuvrant dans le domaine de la santé ou à modifier des représentations sociales dans le grand public ? Participer à des recherches pluridisciplinaires avec des médecins, des artistes ou des chercheur.es mobilisant d’autres sciences humaines et sociales (histoire, anthropologie, droit, science politique…) permet-il à la sociologie d’élargir son audience et de gagner en légitimité ? Certaines périodes, comme celle des grèves hospitalières ou la pandémie de Covid-19, ont été qualifiées de crise du fait des changements qu’elles ont induits. En quoi ces crises représentent-elles des opportunités pour les sociologues de mieux mettre en valeur leurs apports pour obtenir des changements sociaux ?  
Modalités de soumission : Le temps alloué aux intervenants sera de 15 mn maximum. Les propositions de communication sont à déposer avant le 30 janvier 2021 sur le site de l’AFS (voir en bas de cette page) Le format attendu des propositions est de 3 000 signes maximum (espaces compris), comprenant : - le titre, - l’objet de recherche, - la question de recherche ou la problématique, - la méthodologie, - les principaux résultats, - la ou les axes choisis dans l’appel à communication ci-dessus, - Merci de mentionner également s’il s’agit d’un travail de thèse en cours. Vous pouvez signaler si votre proposition s'inscrit éventuellement dans plusieurs axes de l'appel à communication. Nous rattacherons alors la communication à l'axe qui nous semblera le plus pertinent. Nous vous remercions de soumettre une seule proposition de communication par auteur en réponse à cet appel à communication du RT19, qu'il s'agisse de thématiques proposées par le RT19 seul ou de sessions conjointes avec un autre RT. Les propositions seront sélectionnées en fonction de leur qualité scientifique et de l’intérêt du matériau empirique mobilisé.  












Paiement en cours

S'il vous plaît ne pas actualiser la page ou utiliser le bouton retour