RT46

« Intersections, circulations »

Axe 1 - La formation, un outil pour circuler dans l'espace social ?

De façon croissante depuis plus de cinquante ans, la formation professionnelle est au centre des politiques d'éducation, de formation et d’emploi. Sa diffusion est associée à une ambition, faire des bénéficiaires et plus globalement « des apprenant·es » des actrices et acteurs de leur parcours. Pour cela, des droits sont adoptés et des dispositifs mis en œuvre faisant de la formation tout au long de la vie une sorte d’évidence dans un contexte de transformation du marché du travail et de l’économie. En formation initiale, secondaire ou supérieure, l'apprentissage se développe sous couvert d'insertion facilitée. En formation professionnelle continue, parfois présentée comme une « seconde chance », les ambitions d'insertion, « d'employabilité » et de mobilité sont régulièrement convoquées. Dès lors, il nous paraît important d’interroger les effets de la formation sur les parcours de ses usager·es. Il s’agira dans un premier temps de saisir le public de la formation. Si les différences d’usage de la formation à partir des catégories socioprofessionnelles ou de l’âge sont bien connues, les inégalités sexuées ont également donné lieu à quelques recherches mais d’autres sources d’inégalités demeurent beaucoup moins analysées à l’instar de la couleur de peau, des patronymes ou du handicap. Par conséquent, qui peut utiliser la formation pour faciliter sa mobilité sociale horizontale ou verticale ? Dans un second temps, nous souhaitons mieux éclairer les usages de la formation. Est-ce que les différentes populations formées parviennent à mobiliser la formation pour construire leur parcours ? Au-delà du capital économique, culturel et social, la formation est-elle un outil pour circuler dans l’espace social ?  

Axe 2 - Construction des politiques publiques et des dispositifs, circulation des actrices et acteurs et des connaissances

Les recherches consacrées aux réformes de la formation mettent en valeur le poids croissant de l'emploi dans les argumentaires et les mesures prises, au nom de l'adéquation formation-emploi. Elles montrent également une rupture progressive, mais constante, avec l’esprit émancipateur visé par la loi de 1971 en dépit de certaines ambiguïtés. Les unes après les autres, elles soulignent le processus d’individualisation, voire de personnalisation, de la formation, ainsi que la diffusion de modèles, concepts, dispositifs... d'un espace social à l'autre (on pense par exemple au modèle de l'individu entrepreneur de sa carrière qui trame les réformes de l'éducation, de la formation et de la certification, aux compétences, référentiels, etc.). Parmi ces recherches, certaines s’attachent à mesurer les effets des dispositifs et des actions de formation sur les individus alors que l’injonction leur est faite de construire et/ou maintenir leur employabilité. D’autres s’intéressent aux actrices et acteurs intermédiaires dont l’activité professionnelle consiste à appliquer le modèle individualiste de la formation. D’autres encore rendent compte des modes de production des politiques et des dispositifs mis en place, et/ou des modes d’appropriation de cette logique d'individualisation par les organisations productives et les branches professionnelles. Cet axe propose d’interroger le processus d’individualisation des personnes, ses mots-clés, ses porteurs et ses diffuseurs, via les politiques publiques de formation et les dispositifs qu’elles créent et institutionnalisent. Les propositions de communications pourront par exemple s’interroger sur les niveaux de réalité suivants. Quels sont les référentiels d’idées et de croyances à l’origine de la production de ces politiques et de ces dispositifs ? Dans quels réseaux d’actrices et acteurs et d’institutions circulent-ils (enseignement, formation continue, éducation populaire, ressources humaines...) ? Des chaînes d’interdépendance existent-elles entre ces actrices et acteurs ? Peut-on identifier des relations entre monde académique, monde du conseil, Parlement et gouvernement ? Plus précisément, quels liens existent entre chercheur·ses, consultant·es, parlementaires et membres de cabinets ministériels ? Si ces dépendances existent, de quelle nature sont-elles, et à quoi aboutissent-elles en termes de politiques de formation et de dispositifs ? Des débats, des désaccords et des tensions existent-ils entre ces mondes sociaux et ces actrices et acteurs, et permettent-ils de comprendre pourquoi d’autres possibles n’ont pas vu le jour ?  

Axe 3 - Appropriations des dispositifs, usages et pratiques

Nombre de travaux s’intéressant à la formation soulignent la démultiplication des dispositifs mais aussi des usages et des pratiques en la matière, tout particulièrement dans le cadre de la montée en charge de la « sécurisation des parcours professionnels », participant à ce que le secteur soit régulièrement qualifié de « maquis ». Un simple coup d’œil sur ce domaine de la formation révèle la multiplicité des acteurs institutionnels, des prestataires (organismes publics ou parapublics, opérateurs privés, cabinets indépendants, etc.), des publics et des perspectives poursuivies (qualification, insertion, reconversion, développement professionnel, personnel…) mais aussi des statuts d’exercice, des conditions de travail, des parcours et des formations des professionnel·les de ces métiers qui, sous bien des aspects, semblent « balkanisés ». Dès lors, qu’est-ce que cette hétérogénéité fait aux métiers, aux pratiques et aux usages de la formation ? La démultiplication des dispositifs va-t-elle de pair avec une forme de démocratisation en la matière ? Participe-t-elle avant tout d’une logique de marchandisation à la faveur de la création de besoins nouveaux au nom du développement de soi, de la prise en main de son propre parcours et de l’épanouissement personnel ? Repère-t-on une forme de démocratisation ou sont-ce plutôt quelques catégories seulement d’individus qui recourent à plusieurs de ces dispositifs dans le temps ? Qui recourt à quel type de dispositif et pour quelle finalité ? Observe-t-on des parcours types de circulation entre différents dispositifs de formation ? Les professionnel·les sont également marqués par une tendance forte à la polyvalence entre différentes prestations et modalités d’accompagnement, voire par une certaine pluriactivité, passant d’une forme d’accompagnement à une autre, ou exerçant simultanément dans différents organismes, sur différents dispositifs de formation. Dès lors, comment ces professionnel·les se représentent les métiers de la formation ? Peut-on identifier des formes de transversalité et de circulations entre différents dispositifs relevant de ce secteur ? La circulation entre différents dispositifs de formation, de professionnalisation, de sécurisation des parcours ou d’insertion impacte-t-elle les pratiques et l’identité professionnelle des professionnel·les de la formation ? Contribue-t-elle à façonner des identités partagées ? Repère-t-on des formes de segmentation marquées moins par le type de dispositif ou de pratique que par exemple par le parcours et les caractéristiques socio-économiques des professionnel·les et/ou des usager·ères ? Et quels outils conceptuels permettent de définir l’espace d’intervention des professionnel·les de l’accompagnement et de rendre compte des dynamiques de structuration et d’organisation professionnelle (profession, champ, segment, groupe ou monde professionnel) ?  

Conditions de soumission

Les propositions de communication (2500 signes maximum, espaces compris, hors titre et bibliographie) sont à déposer avant le 31 janvier 2023 minuit sur le site de l’AFS. La sélection aura lieu courant février. Elles devront indiquer clairement l’objet de la présentation et la manière dont celle-ci s’inscrit dans les axes thématiques proposés dans l’appel, ainsi que les méthodes et le type de matériaux mobilisés et une bibliographie des références citées. Les propositions devront impérativement comporter les informations suivantes : Nom(s), Prénom(s) Statut(s) (doctorant·e, docteur·e, postdoc, MCF, PU, CR, DR...) Institution(s) de rattachement Adresse(s) mail(s) de contact Axe(s) souhaité(s) Titre de la communication Contacts : Fabienne Maillard (fabienne.maillard@univ-paris8.fr) et Emmanuel de Lescure (emmanuel.delescure@u-paris.fr)












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