En souvenir de Nicole Mosconi (1942-2021)

Nicole Mosconi (1942 – 2021)

En souvenir de Nicole Mosconi (1942-2021)

Nicole Mosconi a eu un parcours d’excellence qui ne ressemble pas aux trajectoires météores dont le système universitaire français fait aujourd’hui la promotion. Sa vie professionnelle est le reflet de la manière dont les sciences de l’éducation construisaient les carrières dans les années 70, entre expérience de terrain, militantisme et recherche. Agrégée de philosophie, enseignante de lycée, elle est nommée Maîtresse de conférence à Paris X Nanterre puis Professeure de sciences de l’éducation en 1994.

Dans sa thèse, soutenue en 1986, elle pose des questions bien impertinentes pour l’époque : la mixité est-elle vraiment une garantie pour l’égalité hommes femmes ? L’égalité des chances, est-ce tout à fait l’égalité ? Si aujourd’hui, les réponses à ces questions ne font plus de doute, c’est bien grâce à ses travaux pionniers parus aux Presses universitaires de France en 1989 (La mixité dans l’enseignement secondaire : un faux semblant ?) puis son HDR parut chez L’Harmattan en 1994 (Femmes et savoirs. La société, l’école et la division sexuelle des savoirs).

Elle y montre que l’école mixte est en réalité une école au masculin neutre, dans laquelle les filles sont priées de s’aligner sur un universel en réalité androcentré. Elle montre également comment les savoirs officiels transmis par l’École restent profondément androcentrés. Son dernier ouvrage original qui regroupe l’ensemble de ses réflexions théoriques (De la croyance à la Différence des sexes) est sorti en 2016 chez L’Harmattan.

En œuvrant au sein de l’Association nationale des études féministes (ANEF), de l’Institut Émilie Châtelet, du réseau MAGE via la revue Travail, Genre et Sociétés, de l’Association de recherche pour le genre en éducation formation (ARGEF) via la revue GEF, elle a considérablement contribué à institutionnaliser les recherches sur le genre en éducation.

L’annonce de son décès en février 2021 a provoqué nombre de témoignages de sympathie, qui, unanimement, soulignaient à la fois l’importance de son héritage scientifique, mais aussi ses qualités humaines, sa gentillesse et sa modestie.

Isabelle Collet, Université de Genève (G-RIRE)













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