RT28

AAC RT28 Lille 2021

De #MeToo aux mobilisations contre les violences envers les femmes, des livres de self help comme Notre corps, nous-mêmes au foisonnement des blogs sur le plaisir féminin, des débats sur le mariage des personnes de même sexe à ceux sur les droits des personnes transgenres, ces dernières années ont été le théâtre d’un mouvement d’extension des questions sexuelles, c’est-à-dire de mise à l’agenda des questions de genre et de sexualité et d’expansion des sujets politisés. Ces mobilisations et ces débats interrogent tout autant l’ordre des sexes et sa binarité que l’hétérosexualité comme système et le consentement comme principe de régulation de la sexualité. Pour autant, quelle est la portée de ces transformations ? Existe t-il des changements dans la sexualité, tant au niveau des pratiques que des représentations ? Faut-il interpréter ces débats comme l’aube d’un nouvel ordre sexuel ou plutôt comme une ruse de la domination masculine et de l’hétérosexualité ? De quels outils la sociologie dispose-t-elle pour objectiver ces changements et quel est son “poids” face à la foule d’expert·e·s autoproclamé·e·s de la sexualité? Comme nous y invite la thématique générale du congrès “Changer ?”, nous envisagerons la sexualité à la fois sous l’angle des transformations de problématisations, mais aussi sous la forme d’un état des lieux de ces différents changements, et de ses conditions. Nous proposons de centrer nos réflexions autour de 5 axes. Ces pistes de recherches n’en excluent pas d’autres, et toute proposition mobilisant les outils des sciences sociales de la sexualité est bienvenue.

Axe 1 : Sociologie de la sexualité, méthodes et réflexivité

Ce premier axe s’intéresse de manière réflexive à la sociologie de la sexualité, à son statut comme discours relativement à d’autres formes d’expertise, et à ses méthodes. En effet, les mobilisations autour de la question des violences sexuelles et de genre ainsi que le développement d’espaces médiatiques (podcasts, mais aussi réseaux sociaux) consacrés à la sexualité, et en particulier à la question du plaisir féminin, semblent rendre particulièrement cruciale l’existence de travaux de sociologie sur la sexualité. Quelle place occupe t-elle dans cet espace, face à des discours fondés sur l’expérience ou des expertises ne reposant pas sur des enquêtes ? La politisation et la forte médiatisation des questions sexuelles, à propos desquelles les paroles d’expert·e·s se multiplient, interrogent à la fois la place du discours sociologique et la position du/de la sociologue, au regard d’engagements militants. Par ailleurs, les méthodes et les terrains de la sociologie de la sexualité se sont diversifiés en raison de la diffusion rapide des technologies de l’information et de la communication et de l’usage des réseaux sociaux. Si cette situation n’est pas propre à la sociologie de la sexualité, on peut se demander ce qu’elle peut avoir de spécifique (aborder des terrains ou des populations dont l’accès est souvent difficile par exemple) et ce que ces nouvelles sources peuvent apporter aux terrains et méthodologies plus conventionnels. Des réflexions sur les conditions de pertinence des enquêtes quantitatives (en face à face, par téléphone ou encore par internet, ainsi que l’utilisation de big data voire de données administratives), mais également sur la diversité des méthodes qualitatives (entretiens en face-à-face, en visioconférence et par téléphone, recueil de récits écrits, observations, ou encore ethnographie en ligne) et ce que chacune engendre sont les bienvenues, de même que des considérations sur les éventuelles questions éthiques spécifiques à l’enquête sur la sexualité.

Axe 2 : Session croisée avec le RT19 “Santé, Malade et Handicap” : Santé et sexualité - nouvelles mobilisations, pratiques et représentations

Dans cette session croisée RT19 - RT28, nous souhaitons recevoir des communications qui traitent simultanément des questions de santé, maladie et handicap et de sexualité. Depuis les années 2000, on assiste à un renouvellement des questionnements sur la relation entre santé et sexualité : qu’il s’agisse notamment de la santé des LGBT+, de la constitution des violences sexuelles en problème politique et de santé publique, de la place de la sexualité dans l’expérience de la maladie chronique et du handicap ou encore des effets de l’essor des nouvelles technologies et dispositifs biomédicaux. De quelles façons les individus mais aussi les collectifs se saisissent-ils de ces évolutions ? Comment s’articulent-elles aux inégalités liées au genre, à l’âge, à la classe sociale ou encore à la race ? Les communications pourront traiter des nouvelles mobilisations dans le domaine de la santé et de la sexualité ou encore interroger le rôle joué par les professionnel·le·s de santé dans ces changements. Une attention particulière sera également accordée à la manière dont les évolutions techniques sanitaires et préventives transforment ou sont transformées par les pratiques sexuelles et affectives. Si vous souhaitez répondre à cette session croisée, merci de le faire via cet appel à communication spécifique : sur la page dédiée à cette session croisée.

Axe 3 : Mobilisations, transformations de l’ordre des sexes et de la sexualité 

Les mobilisations sociales et politiques constituent un autre aspect que cet appel à communications souhaite explorer. Qu’il s’agisse de mobilisations qui réclament des formes de reconnaissance sociale ou légale ou, à l’inverse de celles cherchant à en limiter les possibilités au nom de la défense de « la famille traditionnelle » ou de l’ « ordre des sexes », toutes sont révélatrices de tensions et mutations qui parcourent nos sociétés. Il peut s’agir d’une part de mobilisations relatives à certaines pratiques sexuelles – et au sujet desquelles des formes de reconnaissance institutionnalisées sont réclamées ou à l’inverse devraient faire l’objet d’une proscription -, d’activités individuelles ou professionnelles engageant la sexualité (qui peuvent elles aussi être contestées ou mises en avant : luttes des travailleurs·euses du sexe par ex.) ou encore d’activités susceptibles d’être pensées comme des problèmes publics car affectant certaines catégories de la société (mobilisation contre la pédophilie, le harcèlement sexuel, etc.). D’autre part, il peut aussi s’agir de mobilisations et contre-mobilisations remettant en cause les formes de parenté ou la binarité des genres (droits reproductifs, reconnaissance des personnes intersexes, changement de genre, reconnaissance du non-binarisme, etc.). Nous accueillerons des propositions appréhendant aussi bien des mobilisations spécifiques, que celles proposant des analyses comparatives et internationales ou sur la longue durée.

Axe 4 : Changer au fil de la vie : événements, sociabilités et résistances 

Les transformations de l’ordre sexuel vont de pair avec des transformations individuelles. Au fil des trajectoires, les identifications, pratiques et représentations du genre et de la sexualité peuvent être amenées à évoluer. Ces évolutions peuvent être abordées sous trois angles, non nécessairement exclusifs.Les trajectoires de genre et de sexualité changent parfois à l’occasion d’un événement qui bouleverse le cours de la vie. Une rupture conjugale, des difficultés familiales, une rencontre, un engagement politique ou encore un épisode de violence, sont autant de ruptures biographiques qui peuvent transformer des existences. Cet axe invite à se pencher sur de tels événements et à investiguer les mutations subjectives et sociales qu’ils provoquent, depuis les petites mobilités jusqu’aux plus spectaculaires. Parallèlement, la découverte et l’acceptation de nouvelles pratiques s’effectue parfois sur un temps plus long, à travers le développement de nouvelles sociabilités, qui déplacent la frontière entre le domaine des pratiques acceptables, et celui des pratiques indésirables ou interdites. Dans cette perspective, cet axe sera l’occasion d’étudier de quelles manières l’adoption de nouvelles représentations et de nouveaux comportements sexuels découle de l’inscription dans de nouvelles sociabilités, que ces dernières tiennent de l’ordre de nouvelles relations informelles (amitiés, etc.), ou de l’ordre de groupes plus réflexifs en termes de genre, comme les mouvements féministes et LGBTQI+. Dans cette perspective, les communications cherchant à articuler l’influence de ces sociabilités sur l’interprétation et la gestion d’événements singuliers (comme ceux exposés plus haut) seront particulièrement bienvenues. Néanmoins, les socialisations sexuelles et de genre ne changent jamais du tout au tout. L’engagement féministe par exemple, permet rarement de s’affranchir complètement. Dans certains milieux sociaux, un discours égalitaire tend à s’imposer, mais sans induire des transformations profondes dans les comportements. La bonne volonté féministe, gayfriendly et transfriendly se heurte bien souvent à des résistances dues au poids de la socialisation hétérosexuelle et de genre. Entre ethos égalitaire et réflexes hétéronormés, les individus font face à des injonctions contradictoires en matière de genre et de sexualité. Se pose alors la question de la gestion de ces tensions : faut-il chercher à « se changer soi » ? À « changer le·s partenaire·s » ? À « changer de partenaire·s » ? S’intéressant à la nature et à la temporalité du changement, cet axe propose également d’investiguer les tensions qui émaillent les trajectoires de chacun.e.

Axe 5 : L’Etat face à un nouvel ordre sexuel ? 

Dans ce mouvement d’extension des questions sexuelles depuis #metoo, quel rôle jouent les institutions étatiques et leurs agents ? Les institutions pénales (police, justice), sociales (l’école notamment) comme médicales prennent t-elles en charge ce nouvel ordre sexuel qui se redéfinit autour du consentement ? Intègrent t-elles davantage ces préoccupations dans les formations, dans l’encadrement des pratiques professionnelles que ce soit par des guides de bonnes pratiques destinés aux enseignants, des formations pour accueillir les victimes dans les services de police, ou pour prévenir l’apparition des violences obstétricales ? Cela transforme t-il les pratiques et les représentations des policier·e·s, magistrat·e·s, gynécologues, enseignant·e·s, etc. ? Le mouvement #metoo, s’il repose avant tout sur une logique de naming and shaming qui s’est appuyée sur les réseaux sociaux, a t-il eu pour effet de judiciariser les violences sexuelles, au sens où les victimes s’autoriseraient davantage à porter plainte et où les professionnel·le·s seraient plus prompts à entendre leurs voix ? Ou au contraire rencontre t-il des résistances voire une indifférence de la part des professionnel·le·s ? De la même manière, la politisation des violences obstétricales a t-elle rendu plus probable leur dénonciation et la refonte des pratiques des professionnel·le·s de soin et de santé ? On retiendra donc des propositions qui s’intéressent à la manière dont les institutions étatiques gouvernent les corps et les populations depuis #metoo et dont elles participent, infléchissent, résistent, donnent corps (ou non) à ce nouvel ordre sexuel.
Les propositions de communication d’une taille maximale de 2 500 signes (espaces compris) sont à déposer avant le 30 janvier 2021 sur le site de l’AFS (voir en bas de cette page). La décision du bureau du RT28 sera communiquée aux auteur-e-s fin février. Une proposition acceptée pour le congrès sera effectivement prise en compte dès lors que les communicants auront satisfait aux exigences de l’AFS en adhérant à l’Association Française de Sociologie (ou en s’assurant que leur adhésion est à jour), en s’inscrivant au congrès et en déposant leurs résumés sur le site de l’AFS. Cette responsabilité incombe aux auteur.e.s.  

Contacts : 

Gwénaëlle Mainsant (gwenaelle.mainsant@gmail.com) et Pierre Brasseur (brasseurph@gmail.com) Membres du bureau du RT28 « Recherches en sciences sociales sur la sexualité » : Aline Henninger, Anthony Fouet, Cécile Thomé, Emmanuel Beaubatie, Gwénaëlle Mainsant (responsable) ,Hugo Bouvard, Marie Bergström, Marion Maudet, Mélanie Perez, Mickaël Durand, Mona Claro, Pierre Brasseur (responsable), Régis Schlagdenhauffen, Victor Coutolleau, Yaël Eched, Yagos Koliopanos.












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