RT12

APPEL À COMMUNICATIONS du RT12 « Sociologie économique »

 

S’inscrivant dans la thématique générale du congrès de 2019 de l’Association Française de Sociologie « Classer, déclasser, reclasser », le réseau thématique 12 « Sociologie économique » propose aux contributeurs/trices de réfléchir à partir des axes thématiques suivants :

 

1)     Les catégories indigènes de l’activité économique

 

Le premier axe de réflexion propose de s’intéresser aux catégories produites et mobilisées par les acteurs économiques. Cet angle d’approche est déjà présent dans les travaux qui mettent par exemple en évidence la catégorisation des compétences et des personnes sur le marché du travail ou celle des produits tout au long de leur circulation. Il s’agit ici d'interroger la manière dont ces catégorisations sont produites, qui sont les acteurs qui les construisent ou les mobilisent, quels types d'activités cela concerne. La catégorisation des activités ou des produits porte sur la nature et le périmètre de l’économique en général et du marché en particulier. Dans cette perspective, il est possible d’étudier les effets de catégorisation ou de recatégorisation dans des processus d’innovation qui reposent sur une extension de la sphère marchande (exemples des services à la personne ou des données personnelles). Le travail de catégorisation peut également soutenir des mécanismes de création de valeur lorsque le produit est extrait de sa condition antérieure pour être inséré dans une nouvelle catégorie. On peut aussi interroger les types de débats auxquels ces catégorisations donnent lieu et les instruments qui les supportent.

 

2)    Classer et être classé : la production de l’ordre social ?

 

Classer et être classé correspond aussi à une production de l'ordre socio-économique, entendu comme un espace concurrentiel, à la fois segmenté et stratifié. La place des classements dans l’organisation sociale de la vie économique doit ainsi être comprise en lien avec la structuration de l’ordre socio-économique. Une telle perspective invite d’abord à se pencher sur les activités et processus sociaux à l’origine des formes de classement ou de segmentation, notamment dans le fonctionnement des marchés. Qui sont les acteurs qui participent à ce « travail » de stratification ? Quelles sont les épreuves de cette élaboration ? Il pourra s’agir, ensuite, dans une optique morphologique, de saisir et de décrire les relations entre ces systèmes de classements et les stratifications de l’ordre socio-économique, mais également d’interroger le rôle des croyances et représentations dans la production et l’institutionnalisation des hiérarchies économiques. Les propositions pourront enfin s’attacher à analyser les rapports entre les classements et la temporalité de l'ordre marchand. Comment l’existence de classements dans l’économie permet-elle d’assurer une stabilité, ou au contraire de modifier l’ordre marchand ?

 

3)    Les classements dans le gouvernement économique

 

Les opérations de classement, c’est-à-dire de catégorisation et de hiérarchisation, sont au cœur du gouvernement économique. Les travaux classiques et récents, situés au croisement de la sociologie économique et de la science politique, ont ouvert des pistes de réflexion (non exhaustives) que nous invitons à prolonger et à diversifier. Une première piste consisterait à retracer la production des différents classements et analyser leur participation au fonctionnement de l’économie. En effet, les divers acteurs publics et privés qui interviennent dans la régulation de l’économie ne cessent de distinguer et de prioriser ce qui, dans les marchés, les entreprises et les pratiques individuelles, doit être pris en charge, contrôlé, interdit ou au contraire autorisé. Les débats actuels sur l’économisation des émissions carbone, sur l’interdiction de la vente de glyphosate et la légalisation de la consommation du cannabis en sont autant d’exemples. En retour, les opérations de classement réalisées dans le cadre du gouvernement économique laissent dans l’ombre ou dans l’ignorance certains phénomènes économiques que les propositions sont également invitées à explorer. Une deuxième piste serait d’analyser la manière dont les gouvernements hiérarchisent les diverses rationalités (marchande, gestionnaire, sociale, environnementale, sanitaire) qui traversent l’économie. Construire de nouvelles infrastructures, fixer les tarifs de certains services publics, plafonner les prix des marchandises, négocier le montant des salaires dans les secteurs publics et privés nécessite d’arbitrer entre des rationalités diverses et parfois concurrentes. On pourra ainsi s’intéresser aux ressorts de l’arbitrage (ou du compromis) ainsi qu’aux relations de pouvoir qui permettent d’en rendre compte. Une troisième piste pourrait enfin porter sur la place croissante de certains sous champs de la discipline économique dans les sciences de gouvernement. Le succès récent de l’économie comportementale et en particulier des nudges dans les politiques de santé, d’éducation et fiscales en fournit une illustration édifiante. Influencés par l’économie comportementale, de nombreux dispositifs actuels de gouvernement économique ciblent en priorité les pratiques individuelles, agissent sur le classement des préférences des acteurs, déclassant en retour les dimensions sociales des choix individuels, des actions collectives et des institutions.

 

4)    Catégoriser l’économie

 

La naissance et le développement de la sociologie économique ont reposé sur  un travail de catégorisation des activités et des entités économiques à partir, notamment, d’une critique des catégories de l’économie politique.

Afin de poursuivre cette réflexion collective, trois types de contributions sont particulièrement attendus : (1) des discussions  sur la filiation intellectuelle de ce travail de catégorisation et des controverses qui l’innervent, qu’il s’agisse de distinguer des logiques d’actions (rationalité en valeur, ou en finalité ; rationalité limitée ; etc.), des formes de l’échange sociale (don, marché, transfert, héritage, etc.) ou encore des types d’organisations économiques (Etat, entreprises, association) ; (2) des travaux mobilisant et discutant des usages scientifiques des catégories administratives ou issues de la statistique publique (par exemple des catégories de transactions, d’entreprises) ou, à l’inverse, de l’usage administratif des catégorisations économiques proposées par les sociologues ou les économistes ; (3) des travaux étudiant les fondements normatifs des choix de catégorisation, notamment scientifique et étatique, de l’ordre économique. Ces thèmes sont indicatifs, toute contribution permettant de nourrir une discussion sur les frontières, le contenu et les catégories de la sociologie économique est bienvenue.

 

Sessions croisées

Trois sessions croisées seront également organisées (se référer aux appels à communication correspondants) :

- avec le RT11 « Sociologie de la consommation et des usages »

- avec le RT18 « Relations professionnelles »

- avec le RT26 « Réseaux sociaux ».

 

Les propositions de communication devront comporter, en moins de 5000 signes, les éléments suivants : question traitée, méthodologie de la recherche, le cas échéant terrain étudié, résultats mis en avant, bibliographie sommaire. Afin d’organiser la discussion scientifique, les auteur.e.s des propositions acceptées devront envoyer une version détaillée de leur contribution (max. 60 000 signes, tout inclus) avant le 21 juin 2019 à l’adresse mail suivante : afs.rt12@gmail.com.













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