Appel à article pour un futur numéro de la revue Socio-logos : « Formation : Sociologue »

Appel à article pour un futur numéro de la revue Socio-logos : « Formation : Sociologue »

Formation : Sociologue

Appel à article pour un futur numéro de la revue Socio-logos

à paraître fin 2020

Direction du n° : CE de l’AFS

Parmi les nombreux griefs adressés aux formations universitaires de sociologie – et, plus largement, de sciences sociales –, leur supposée « inefficacité économique » et leur caractère idéologiquement orienté sont sûrement les plus courants.

Ces critiques ne sont pas nouvelles et ne sont pas sans lien avec le caractère « dérangeant » des savoirs sociologiques et de leur propension à décentrer le regardi. Elles ont néanmoins nettement monté en intensité ces dernières années à la faveur de l’essor des mouvements politiques autoritaires et conservateurs : du Brésil à la Turquie en passant par la Hongrie – pour ne prendre que ces casii – les formations de sociologie comptent parmi les cibles récurrentes des équipes dirigeantes en place parce qu’elles sont accusées de ne pas « génér[er] de retombées économiques immédiates »iii et de participer à la diffusion de savoirs trop « idéologisés » (i.e promouvant le « marxisme culturel »iv ou la « théorie du genre »v notamment).

En France, les filières universitaires de sociologie ont pu être dépeintes comme « des usines à chômeurs »vi et leur corps enseignant comme « gangréné » par la « culture de l’excuse »vii et, plus globalement, par des courants politiques hostiles au savoir et à la « vraie science »viii. Nombreuses sont d’ailleurs les manifestations scientifiques proposant des éclairages sur des sujets au cœur des débats publics contemporains (immigration, genre) qui ont dû subir les pressions d’acteurs politiques. Et, si les réactions de la communauté universitaire ont été nombreuses et rapides, force est de constater que nous disposons de peu d’éléments pour objectiver ce qu’être formé en sociologie « veut dire » aujourd’huiix – tant au niveau du contenu de la formation que des usages sociaux et professionnels qui en sont faits par suite par les diplômé·e·s.

Ce numéro porté par le CE de l’AFS souhaiterait contribuer à combler ces manques en accueillant des articles proposant une analyse empirique (quantitative ou qualitative) du contenu des formations comportant une composante sociologique, du public de ces formations et des devenirs professionnels qu’elles irriguent. Notre ambition serait ici de proposer un panel d’analyses sociologiquement outillées des cursus sociologiques afin de constituer un ensemble de ressources qui pourront, nous l’espérons, être utiles aux débats internes et externes à la discipline quant à sa place dans le système de formation français actuel.

Le numéro voudrait constituer l’occasion de réunir des éléments d’analyse empiriquement fondés sur trois thèmes principaux:

1. Les profils et parcours des étudiant·e·s dans les filières du supérieur français où la sociologie est enseignée ;

2. Le cursus de ces formations (au niveau thématique, théorique et méthodologique) ;

3. Les devenirs professionnels des diplômé·e·s de ces formations.

Calendrier :

. Propositions d’article (2000 mots max) à envoyer avant le 30 octobre 2019 à Pierre Brasseur (brasseurph@gmail.com) – rédacteur en chef – et Pierre Bataille (pierre.bataille@unil.ch) – rédacteur adjoint.

. Réponse aux auteur·ice·s le 1er décembre 2019

. Publication prévue fin 2020

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i Bourdieu P. (2002), « Le sociologue en question ». Dans Questions de sociologie, Paris : Minuit, p. 19-36; Martuccelli, D. (2004). « Sociologie et posture critique ». Dans Bernard Lahire (dir), À quoi sert la sociologie ?. Paris: La Découverte, pp. 137-154.

ii L’arrêt ou la diminution du financement des filières de sciences sociales a été ainsi envisagé par le gouvernement japonais (https://www.liberation.fr/planete/2015/09/25/le-japon-va-t-il-vraiment-supprimer-les-sciences-humaines-a-l-universite_1390408) et discuté par certains élus des partis populistes en Suisse https://www.lematin.ch/suisse/udc-sattaque-sciences-humaines/story/21212818.

iii https://www.liberation.fr/checknews/2019/04/29/bresil-bolsonaro-va-t-il-vraiment-supprimer-les-facultes-de-sociologie-et-de-philosophie_1723842. Sur la situation au Brésil, voir aussi le billet rédigé par Ana Paula Hey (Professeur de Sociologie à l’Université de São Paulo) et Carlos Benedito Martins (Professeur de Sociologie à l’Université de Brasília, Président de la Société Brésilienne de Sociologie) sur le carnet Hypothèses de l’Association française de sociologie: https://afs.hypotheses.org/409.

viii https://www.acrimed.org/Le-Point-et-Pour-la-science-mettent-de-l-ordre.

ix Les travaux et réflexions d’ampleur menés sur le sujet portaient principalement sur les effets de la deuxième démocratisation du supérieur, soit les étudiant·e.s de sociologie formé·e·s entre le début des années 1990 et le début des années 2000 (Beaud, S. (2012), « La sociologie française au milieu du gué ». SociologieS. Repéré à http://journals.openedition.org/sociologies/3880; Chenu, A. (2002), « Une institution sans intention ». Actes de la recherche en sciences sociales, (141‑142), 46‑61; Piriou, O. (2008), « Que deviennent les diplômés de sociologie ? Un état de la discipline et de son avenir ». Socio-logos . Revue de l’association française de sociologie, (3). Repéré à http://journals.openedition.org/socio-logos/1622). Parmi les travaux récents, ceux de Y. Renisio ont néanmoins permis d’objectiver le recrutement social particulier des étudiant·e·s en sociologie (Renisio, Y. (2015), « L’origine sociale des disciplines ». Actes de la recherche en sciences sociales, (210), 10‑27).













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