RT3

Appel à communication du Réseau Thématique 3 « Normes, déviances et réactions sociales » : Déviances, délinquance, sans-abrisme et mondes de la rue - Classements, déclassements et réactions sociales

 8ème Congrès de l’Association Française de Sociologie

Aix-en- Provence (27-30 août 2019)

 

 Appel à communication du Réseau Thématique 3 « Normes, déviances et réactions sociales »

Déviances, délinquance, sans-abrisme et mondes de la rue

Classements, déclassements et réactions sociales

Le 8ème congrès de l’Association Française de Sociologie, dont le titre est « Classer, déclasser, reclasser » invite le RT 3 « Normes, déviances et réactions sociales » à interroger les processus de classement et de catégorisation à la croisée des activités sociales ordinaires, de la production de l’ordre social, des modes de gouvernement ou encore des catégories analytiques produites par les sociologues eux-mêmes.

Dans ce cadre, le RT3 propose de mener une réflexion focalisée sur l’articulation entre le sans-abrisme, les mondes de la rue, la délinquance, la déviance, le contrôle social et la gestion sociale et pénale de ces mondes. Car les procédés de classement, déclassement et reclassement sont au centre des questionnements et des pratiques assistancielles et socio-judiciaires liées à la gestion des mondes de la rue. Plus encore, c’est en nous concentrant ici sur la situation sociale, sanitaire, juridique, etc. des personnes sans-abri (incluant de façon élargie les personnes privées de logements, les habitants de bidonvilles, de squats, d’habitat non conventionnel…) que nous souhaitons interroger les réalités des mondes de la rue.

Dans cet appel, il convient aussi de prendre au sérieux l’expérience quotidienne des personnes en situation de grande pauvreté et stigmatisées, notamment en ce qui concerne leurs représentations et pratiques de la déviance et de la délinquance. L’ambition de cet appel est notamment d’offrir un espace scientifique permettant de se situer à la croisée des chemins entre l’expérience vécue et la gestion institutionnelle de la grande précarité, particulièrement à l’égard des « illégalismes » ; et de pouvoir ainsi articuler des espaces de recherche qui ont parfois eu tendance à traiter ces problématiques de façon séparée.

Parler des « SDF », des « squatters », des « mal-logés », des habitants des bidonvilles, etc., permet d’interroger les processus de catégorisation, de marginalisation et d’exclusion qui traversent les sociétés occidentales ainsi que les dispositifs institutionnels d’assistance et de répression mis en place pour accompagner et contrôler les acteurs des mondes de la rue. Les sciences sociales ont bien souvent traité de ces questions à partir d’une sociologie des inégalités sociales, des classes (ou cultures) populaires ou encore de l’intervention sociale. Ces angles d’approches se sont toutefois recentrés sur l’analyse des structures sociales macrosociologiques ou des institutions relatives aux politiques de « cohésion sociale » par exemple. D’autres travaux traitent de pratiques ou d’expériences vécues au niveau plus microsociologique. Or, les recherches sur la délinquance, la violence ou la prison sont souvent peu intégrées aux travaux sur le sans-abrisme et les mondes de la rue. Il ressort que les sciences sociales, et particulièrement la sociologie, se sont nettement concentrées sur l’histoire du traitement médiatique et politique de ces problèmes sociaux, sur les politiques publiques et les dispositifs d’assistance mise en place pour les sans-abri, sur les formes d’engagement et d’intervention qui se sont développées, ou encore sur la vie quotidienne des personnes sans-abri, de manière plus anthropologique.

Dans ce contexte, nous proposons d’aborder le sans-abrisme et les mondes de la rue sous l’angle de la sociologie de la déviance, de la délinquance et de la réaction sociale. Il s’agit d’explorer plusieurs dimensions relatives aux pratiques déviantes et de délinquance impliquant des personnes sans-abri et des réactions sociales face ces phénomènes : de quelles perceptions de la loi, des institutions d’encadrement, de la prison, etc. les populations en grande marginalité sont-elles porteuses ? Quels sens ces personnes donnent-elles à leurs pratiques déviantes et/ou illégales ? Endossent-elles l’étiquetage ou bien le dénoncent elles ? Dans quelle mesure une situation d’extrême pauvreté et de marginalisation peut conduire à commettre des infractions ? Quels sont les effets des sanctions pénales dans les parcours de vie ou de « survie » de ces personnes ? Ces sanctions favorisent-elles d’abord un processus de marginalisation ou permettent-elles d’enclencher un processus de réinsertion ?

En définitive, cet appel interroge les manières de « classer, reclasser et déclasser » les populations fortement précarisées. Dans cette optique, nous n’oublierons pas de questionner la pertinence même des catégories sociologiques que nous produisons à l’égard des sans-abri et des mondes de la rue.

Les propositions peuvent se situer au croisement de plusieurs axes :

AXE 1 : Les pratiques déviantes et délinquantes au quotidien : cet axe se focalise sur les pratiques catégorisées comme déviantes et délinquantes des personnes sans-abri et des mondes de la rue, notamment en décrivant les formes et les conséquences de celles-ci sur la vie quotidienne des individus et des groupes. Cet axe s’intéresse également aux représentations, justifications et rapports à la loi des sans-abri. Il interroge la diversité des personnes en situation de rue, leurs rapports à la légalité et le sens qu’elles accordent à leurs actes délinquants.

AXE 2 : L’expérience carcérale dans les parcours biographiques : cet axe prête attention à l’expérience judiciaire et carcérale et à leurs effets sur la « carrière de survie » et les parcours biographiques. Ces effets peuvent être très divers, allant par exemple, de l’enclenchement d’un parcours de réinsertion à l’enfoncement dans la marginalité, en passant par l’utilisation stratégique de la prison (comme protection ou abri).

AXE 3 : Les dispositifs et modes d’intervention sociale ciblant les sans-abri : cet axe s’intéresse aux modalités concrètes d’intervention sociale, culturelle, sportive, etc. ciblant précisément les personnes précarisées connaissant des problématiques de marginalisation, de délinquance, d’enfermement carcérale et/ou psychiatrique, etc.

AXE 4 : Les approches méthodologiques dans l’étude des mondes de la rue : ce dernier axe est consacré aux réflexions méthodologiques et/ou déontologiques au sujet de l’étude du sans-abrisme et des populations fortement précarisées. Il vise à interroger les catégories d’analyse et les techniques de recherche adoptées pour étudier les réalités des mondes de la rue, tout comme les types de réflexivité à mettre en œuvre dans les enquêtes auprès de populations marginalisées et stigmatisées.

Modalités de soumission

Les communications d’une longueur de 3000 signes maximum (espaces compris), devront être, d’une part, proposées sur le site de l’AFS dans la rubrique du congrès qui correspond aux propositions de communications des RT et, d’autre part, envoyées à ces adresses : manuel.boucher@univ-perp.fr ; thibaut.besozzi@univ-lorraine.frclaire.lagu@irtsnormandie.ids.fr au tard le 15 février 2019.

Ces propositions comporteront un titre et préciseront le ou les axes dans lesquels elles s’inscrivent. Elles préciseront l’objet de la recherche, la problématique, les terrains d’enquête et les méthodes mobilisées ainsi que les principaux résultats qui seront présentés (y compris lorsqu’ils sont encore à l’état provisoire).

Les auteurs indiqueront dans leur proposition une adresse électronique sur laquelle ils peuvent être contactés.

Les avis du comité de sélection leur seront transmis d’ici le 29 mars 2019.

Comité scientifique : Thibaut Besozzi ; Manuel Boucher ; Hervé Marchal ; Patrick Bruneteaux ; Mohamed Belqasmi ; Adrien Maret ; Laura Delcourt ; Jean-Baptiste Daubeuf ; Guillaume Neveu ; Konstantinos (Costa) Delimitsos ; Giorgia Macilotti.













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